Éros de Centocelle
L’Éros de Centocelle, également connu sous le nom de l’Amour grec ou de l’Amour de Praxitèle est un type statuaire représentant le dieu grec Éros. Longtemps rattaché au sculpteur Praxitèle, il est aujourd'hui considéré comme une composition éclectique hellénistique ou romaine.
Découverte
[modifier | modifier le code]L'exemplaire éponyme est découvert en 1772 par Gavin Hamilton sur la Via Labicana, non loin de Rome, au lieu-dit Centocelle, d'où il tire son nom[1]. Le fragment, bien conservé, représente le torse et la tête d'un adolescent aux cheveux longs. En revanche, les avant-bras, les jambes et la verge sont perdus. Deux mortaises au niveau des omoplates signalent également la disparition des ailes. Après sa découverte, la statue rejoint les collections du Vatican. Elle est préparée pour une restauration : les cassures des bras et des jambes sont rectifiées pour leur permettre de recevoir des compléments ; une mortaise est pratiquée à l'arrière du bras gauche pour permettre d'agrafer un bras moderne[1]. L'intervention n'aura jamais lieu, à l'exception de la pointe du nez complétée et du testicule gauche recollé.
En 1797, l'Éros de Centocelle fait partie des œuvres d'art cédées par Pie VI à Napoléon Bonaparte, dans le cadre du traité de Tolentino. Il est exposé au musée du Louvre en 1800 avant de revenir au musée Pio-Clementino du Vatican. La découverte d'autres œuvres similaires révèle alors que la statue appartient à un type statuaire dont au moins 27 exemplaires sont connus aujourd'hui[2], dont plusieurs de taille naturelle[3], des réductions en mi-grandeur et des statuettes. Parmi les mieux conservés, outre l'exemplaire du Vatican, figurent la statue grandeur nature du musée national archéologique de Naples, dite l'Éros Farnèse, statue en mi-grandeur de la collection Niárchos, provenant sans doute de Smyrne.
Description
[modifier | modifier le code]Le type de Centocelle représente un jeune garçon nu debout et déhanché, le poids du corps reposant sur la jambe gauche et le pied de la jambe libre rejeté en arrière, le talon relevé. La tête est légèrement tournée vers la droite. Il porte des cheveux longs, bouclant sur le cou, séparés par une raie au milieu et noués sur le devant en un nœud d'Héraclès, typique de l'enfance. L'exemplaire du Vatican comporte dans le dos deux mortaises et deux surfaces de joint qui attestent de la présence d'ailes. Sur d'autres statues, les fragments d'un arc ou des traces d'arrachement sur le support permettent de reconstituer une statue d'Éros tenant un arc dans la main gauche, une flèche dans la main droite et le carquois attaché au support[1].
Attribution
[modifier | modifier le code]Ennio Quirino Visconti est le premier spécialiste à étudier la statue. Il l'attribue d'abord à la main de Praxitèle et y reconnaît l’Éros de Parion cité par Pline l'Ancien[4] pour ce sculpteur. Changeant ensuite d'avis, Visconti y voit l'Éros sculpté par Lysippe pour la cité de Thespies. Adolf Furtwängler maintient quant à lui l'attribution à Praxitèle.
Dans la culture
[modifier | modifier le code]Il est fait référence à l'Amour de Praxitèle dans le roman d'Anatole France, Les dieux ont soif, pour décrire la beauté d'un jeune militaire[5].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Martinez, p. 354.
- Antonio Corso (The Art of Praxiteles. The Development of Praxiteles' Workshop and its Cultural Tradition until the Sculptor's Acme (364-1 BC), Rome, 2004, p. 270-276) en recense 26, auxquels il faut ajouter une tête conservée au musée Ingres de Montauban, présentée par Martinez, op. cit., no 92, p. 357.
- Ce qui reste de l'Éros du Vatican mesure 0,85 mètre de haut, pour une taille complète de 1,6 mètre environ. Martinez, p. 354.
- Histoire naturelle [détail des éditions] [lire en ligne] (XXXVI, 22).
- « Page:Anatole France - Les dieux ont soif.djvu/80 - Wikisource », sur fr.wikisource.org (consulté le )
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]- autres Éros néo-attiques rattachés à Praxitèle : Éros Farnèse-Steinhäuser, Génie Borghèse
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Lexicon Iconographicum Mythologiae Classicae (LIMC), Artemis Verlag, 1981-1997, s.v. 79a.
- (en) Aileen Ajootian, « Praxiteles », Personal Styles in Greek Sculpture (s. dir. Olga Palagia et Jerome J. Pollitt), Cambridge University Press, 1998 (1re édition 1996) (ISBN 0-521-65738-5), p. 113-116.
- (de) Adolf Furtwängler, Meisterwerke der griechischen Plastik, Giesecke & Gevrient, Leipzig et Berlin, 1893, p. 540-546.
- Jean-Luc Martinez, « Praxitèle après Praxitèle », dans Praxitèle, catalogue de l'exposition au musée du Louvre, -, éditions du Louvre & Somogy, 2007 (ISBN 978-2-35031-111-1), p. 309-311 et no 94, p. 94 et 95.
- (de) Paul Zanker, Klassizistische Statues, éditions Philipp von Zabern, Mayence, 1974, p. 108-109, no 11, pl. 81.1-2.