Évangiles de Saint-Denis
Artiste | Enlumineurs du scriptorium de la cour carolingienne |
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Date | vers 794-800 |
Technique | enluminures sur parchemin |
Dimensions (H × L) | 28 × 20 cm |
Format | 250 folios reliés |
No d’inventaire | Latin 9387 |
Localisation |
LesÉvangiles de Saint-Denis est un manuscrit enluminé contenant les évangiles appartenant autrefois à l'abbaye de Saint-Denis. Écrit à l'encre d'or sur un parchemin teint de pourpre et décoré d'une couverture décorée d'ivoire, il est représentatif du style de l'école de la cour de Charlemagne, aux débuts de l'enluminure carolingienne. Il est actuellement conservé à la Bibliothèque nationale de France (Lat.9387).
Historique
[modifier | modifier le code]Le manuscrit aurait été donné à l'abbaye de Saint-Denis par Charles II le Chauve, abbé laïc du monastère en 867. Rien ne permet de confirmer cette tradition. Le style des décorations, la qualité du parchemin teinté de pourpre le rapproche des manuscrits du groupe d'Ada, c'est-à-dire exécuté par l'atelier de la cour impériale, sans que l'origine puisse être attestée pour autant. L'épaisseur de la peinture, l'aspect relâché de plusieurs décorations et l'absence de portraits d'évangélistes le font dater de la fin du VIIIe siècle[1].
Sa présence à Saint-Denis est attestée à partir du XIIIe siècle : des ajouts en grec ainsi que des décorations ont été ajoutées dans les années 1280. La première description du manuscrit dans la bibliothèque dionysienne date de 1505. La reliure est en grande partie modifiée au cours du XVIIIe siècle. Il entre à la bibliothèque nationale le [1].
Description
[modifier | modifier le code]Le texte
[modifier | modifier le code]Le manuscrit contient les quatre évangiles conformes au texte de la Vulgate, avec les prologues, préfaces et sommaires habituels[2] :
- le prologue du commentaire sur Matthieu de Jérôme, la lettre à Eusèbe à Carpien, la lettre de Jérôme à Damase et la lettre du pseudo-Jérôme à Damase, f.1-5
- l'évangile de Matthieu, f.6-84
- l'évangile de Marc, f.85-122
- l'évangile de Luc, f.123-200
- l'évangile de Jean, f.200-250
Sur les folios 160-161, se trouvent des annotations en grec ajoutées au XIIIe siècle accompagnées d'annotation musicales ekphonétique[2].
Les décorations
[modifier | modifier le code]L'ouvrage est écrit à l'encre d'or et d'argent sur un parchemin teinté de pourpre, comme on peut le retrouver sur d'autres manuscrits impériaux de l'époque. Chaque évangile commence par une page de titre écrite en capitales dans un cadre monumental sur un verso de page puis un incipit rédigé en majuscules sur le recto suivant. Ces pages sont décorées d'or, et des couleurs rouge, jaune, vert, bleu et blanc sur le fond pourpre[2].
- Incipit de saint Matthieu, f.18r
- Incipit de saint Marc, f.86r
La reliure
[modifier | modifier le code]La reliure a été modifiée à plusieurs reprises, mais plusieurs éléments décoratifs remontent au XIIIe et XIVe siècles : le plat supérieur est composé d'une plaque en cuivre doré, ciselé et gravé représentant saints Luc et Jean en pied sous une arcade. Le plat inférieur est composé d'une bordure d'orfèvrerie encadrant une plaque en ivoire plus ancienne[2].
Cette plaque en ivoire représente un Christ en pied bénissant, placé dans un décor architecturé fait d'une arcade et de deux colonnes cannelées[3]. Son style est proche d'autres plaques placées sur des manuscrits issus du scriptorium impérial : c'est le cas des deux plaques provenant du Psautier de Dagulf aujourd'hui conservées au musée du Louvre (MR 370-371)[4]. C'est aussi le cas d'une plaque représentant saint Jean aujourd'hui conservée aux Cloisters[5] et une autre provenant de l'évangéliaire de Lorsch aujourd'hui au Victoria and Albert Museum[6] qui sont proches de celle de saint Denis notamment dans les plis des vêtements des personnages. À ce groupe appartient aussi la plaque des évangélistes du diptyque de Bourges aujourd'hui au Cabinet des médailles (inv.55-303)[7], de même que deux plaques représentant le Christ et l'ange de saint Matthieu conservées au Musée national de Ravenne (it). Ces dernières pourraient avoir appartenu au même ensemble que la plaque de Saint-Denis. Tous ces éléments font penser que cette plaque pourrait provenir du décor original de la reliure du manuscrit[1].
- Plaques du psautier de Dagulf, musée du Louvre
- Saint Jean, The Cloisters, 1977.421
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Marie-Pierre Laffitte et Charlotte Denoël, Trésors carolingiens : Livres manuscrits de Charlemagne à Charles le Chauve, Paris, Bibliothèque nationale de France - Seuil, , 240 p. (ISBN 978-2-7177-2377-9), p. 94-97 (notice 9)
- Fabrizio Crivello, « Les Évangiles de Saint-Denis et l’influence de l’École de la cour de Charlemagne sur les scriptoria de Francie occidentale », Marie-Pierre Laffitte et Jean-Pierre Caillet (éd.), Les manuscrits carolingiens. Actes du colloque de Paris, Bibliothèque nationale de France, le , Turnhout 2009 (Bibliologia, Band 27), p. 45–88
Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
[modifier | modifier le code]- Notice du catalogue de la BNF
- Reproduction du manuscrit sur Gallica
- « Evangelia quattuor Évangiles dits de Saint-Denis. [Paris, BnF, MSS Latin 9387] », sur Europeana (consulté le )
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Trésors carolingiens, notice 9
- Notice BNF
- Plat inférieur du manuscrit sur le site de la BNF
- Notice sur le site du Louvre
- Notice de la plaque sur le site du Met.
- (en) Notice de la plaque d'ivoire sur le site du V&AM
- Les évangélistes du diptyque de Bourges sur le site de la BNF