André Achiary

André Achiary
Fonctions
Secrétaire général de la préfecture de la Manche (d)
Sous-préfet de Guelma (d)
-
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 74 ans)
MadridVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
André Jean AchiaryVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Conjoint
Henriette Achiary (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Conflit
Distinctions

André Jean Achiary (né le à Tarbes (France), mort à Madrid (Espagne) le )[1], passé par les jeunesses socialistes, devient commissaire de police à Alger (Algérie) et sera accusé d'avoir recouru à la torture en particulier dans la répression des communistes entre 1940 et 1942.

Il prépare et participe à l'opération d'accueil du débarquement allié en par la neutralisation de l'Armée d'Afrique puis devient sous-préfet de Guelma (département de Constantine- Algérie). En mai-, il contribue aux massacres de Guelma. Plus tard, il organise des manifestations et se trouve accusé d'avoir préparé des attentats des « ultras » de l'Algérie française (1955-1956) avant son expulsion d'Algérie par le ministre-résident Robert Lacoste.

Avant-guerre

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André Achiary est le fils de Léon Achiary, adhérent à la SFIO qui épousa en 1925, à Alger, Henriette Sergent, de famille coloniale passée au moins par l'Indochine. Il grandit en Kabylie et à Alger. Les parents semblent vivre ensemble bien avant leur mariage, d'abord dans la région pyrénéenne puis avant et après la guerre de 1914-1918. À Alger, André connut les Jeunesses socialistes et, dans les années 1920, il fut élève au lycée d'Alger. Licencié en droit, reçu second en 1934 au concours de commissaire de police, il est nommé en 1935 au service de la Sûreté à Alger. En 1938, il devient sur le département d'Alger le responsable de la Brigade de Surveillance du territoire.

Pendant la Seconde Guerre mondiale

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Dès 1939, il s'illustre par l'arrestation, et parfois la disparition, de plusieurs dizaines d'agents de l'Axe, surtout italiens, Allemands et autochtones recrutés par les nazis. En contact avec Londres par le réseau d'information des Forces françaises combattantes en Afrique du Nord (AFR) créé par le socialiste Paul Schmitt[2] dès l'automne 1940 et surtout par le réseau polono-britannique F2, il poursuit les communistes alors alliés aux Soviétiques, puis brise leurs tentatives de réorganisation clandestines, traquant notamment l'imprimerie clandestine de La Lutte sociale. Selon ses adversaires, il n'a souvent pas la main légère pour ses compagnons de résistance, fussent-ils gaullistes ou socialistes, lorsqu'ils sont en état d'arrestation et qu'il est nécessaire de donner le change. Pour certains qui furent ses compagnons dans le secret de la Résistance, il paraît « un petit bonhomme râblé[3], rageur, au visage intelligent et vif, sympathique et qui accueille les bras ouverts tous ceux qui parlent de faire quelque chose »[4]. (L'auteur de l'affirmation, Geneviève Dumais, est alors la maîtresse de Jean Rigault, devenu l'un des adjoints de François Darlan, et dès lors peu en phase avec le gaulliste de choc que fut Achiary). Impulsif, capable d'être violent, il sera accusé d'une opiomanie qui ne serait apparue que bien plus tard.

Soupçonné de double jeu par ses chefs vichystes et muté à Sétif, il en revient pour participer avec les responsables du réseau AFR à l'ultime préparation des opérations destinées à faciliter de l'intérieur le débarquement anglo-saxon en Afrique du Nord qui est au départ prévu pour s'étendre jusqu'à Bône (département de Constantine ; Annaba aujourd'hui). Il travaille alors avec Henri d'Astier de La Vigerie[5] et José Aboulker, principaux artisans du débarquement allié. Dans la nuit du débarquement, le , il organise l'installation des résistants au commissariat central d'Alger, qui sera décoré de la Médaille de Résistance. Avec l'aide d'une grande majorité des agents, il y établira le PC de la résistance. Il fera incarcérer là tous les adversaires vichystes interpellés par les Volontaires de place ou les policiers. Il fera aussi du Commissariat le central radio au profit des résistants, ayant fait couper avec son collègue Bringard toutes les autres communications téléphoniques de la ville.

Après le débarquement André Achiary, conforté dans ses fonctions de commissaire aux Renseignements généraux et de chef de la Brigade de surveillance du Territoire à Alger, est placé sous les ordres d'Henri d'Astier de La Vigerie qui fait office de ministre de l'Intérieur dans le gouvernement de l'amiral Darlan qui a pris le pouvoir en Afrique du Nord. Très hostile à Darlan, Henri d'Astier monte alors un complot destiné à éliminer Darlan et à le remplacer par le comte de Paris, prétendant au trône. Achiary s'implique dans le complot jusqu'au moment de l'exécution de Darlan par Fernand Bonnier de La Chapelle, le jeune homme choisi par Henri d'Astier pour accomplir cet attentat qui a lieu le 24 décembre 1942[6]. Le 29 décembre, le général Giraud, qui succède à Darlan, fait arrêter et déporter à Laghouat une douzaine de personnes soupçonnées d'être impliquées dans l'assassinat de Darlan parmi lesquelles se trouve André Achiary. Le 9 janvier 1943, interrogé par le juge d'instruction Voituriez chargé de l'enquête, Achiary, en échange de sa liberté[7], dénonce Henri d'Astier et son homme de confiance l'abbé Cordier : " J'accuse deux personnes d'être les instigateurs directs du meurtre de l'amiral Darlan. Ces deux personnes sont : l'abbé Cordier, demeurant à Alger, 2 rue Lafayette, et Henri d'Astier de La Vigerie demeurant au même endroit, secrétaire adjoint aux Affaires politiques au Haut Commissariat en Afrique française. Ces deux personnes ont fait assassiner l'amiral Darlan et au profit du Comte de Paris[8]." Henri d'Astier et l'abbé Cordier sont alors arrêtés et mis en prison au secret absolu d'où ils ne seront libérés qu'en septembre 1943.

Achiary, au début de l'année 1943, crée à Guyotville une école du Renseignement puis, mobilisé, il fait du renseignement lors de la campagne de Tunisie suivie du débarquement en Corse. En , De Gaulle le décore de la médaille de la Résistance. En 1944, il est détaché à la Direction générale des services spéciaux comme conseiller de Jacques Soustelle, et débarque en France avec le 1er régiment de choc.

Le , il prend les fonctions de sous-préfet de Guelma, nommé par le gouverneur socialiste d'Algérie Yves Chataigneau, qui lui donne ainsi l'occasion d'accéder à la carrière préfectorale. Dans un métier qui lui est étranger, vite pris en main par le colonat, inquiet de voir arriver un sous-préfet issu de la Résistance et parlant couramment l'arabe et le kabyle, Achiary cède rapidement aux pressions qui pèsent sur lui. Confronté à plusieurs meurtres particulièrement sordides de colons et à des manifestations anti-françaises le 8 mai, il craint une insurrection arabe et croit au complot de la part de personnes qui appellent à la résistance contre l'occupant français. Il est persuadé, à travers leurs provocations, que les nationalistes du Parti du peuple algérien (PPA) sont prêts au soulèvement. Il organise le une milice coloniale forte de plusieurs centaines d'hommes, pourvue par l'armée en armes de défense, qui sévira dans la sanglante répression au cours du mois de . Il laisse s'organiser un Tribunal de Salut public qui, tous les jours, enverra à l'exécution des musulmans algériens. Bien que responsable de centaines de morts à Guelma et dans la plaine alentour, il est décoré en de la Légion d’honneur, au titre de la Résistance, décoration légitimement demandée pour lui par l'Association du 8 novembre 1942.

Après-guerre

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En , le gouverneur Chataigneau le prend à ses côtés comme secrétaire aux Affaires économiques.

Achiary est nommé en 1947 secrétaire général du préfet de la Manche (France), poste peu éloigné de Paris qui annonce pour lui une belle carrière préfectorale. Toutefois, au bout de deux mois, nostalgique, il rentre à Alger où il devient entrepreneur de travaux publics (il obtient notamment le contrat de construction de l’immeuble de la Sécurité sociale à Alger, une affaire juteuse, mais qui ne l'enrichira pas: il mourra dans l'indigence).

L'affaire Achiary

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En 1949, il est arrêté et placé sous mandat de dépôt pour séquestration et tortures dans l'exercice de ses fonctions, à la suite d'une plainte déposée en juin dernier par Me Jean-Louis Tixier-Vignancour au nom d'un de ses clients, Paul Ventron, poursuivi devant la cour de justice avec Jean Platon, fils de l'amiral [9]. Achiary était accusé d'avoir torturé Paul Ventron, Georges Pignodel et Lucien Dianoux, alors qu'ils étaient détenus pour faits de collaboration dans les locaux de la B.S.T. d'Afrique[10],[11]. Le procureur général d'Alger fit un rapport sur les agissement du juge d'Instruction Raoul Genet[12], à qui il était reproché d'avoir fait précocement libérer Achiary[13].

En mai 1949, Paul Ventron fut acquitté par la Cour de Justice de Paris, qui inséra dans le jugement que fussent poursuivis Achiary et ses complices qui avaient torturé l’accusé. Achiary fut toutefois libéré grâce à ses soutiens politiques[14].

L'Algérie française

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Lié dès 1955 aux partisans de l'Algérie française, dont Mario Faivre, qui fut mêlé avec lui à l'exécution de Darlan, et Jean-Baptiste Biaggi, il compte parmi les organisateurs de la manifestation contre la conférence d'Albert Camus sur la trêve civile, et plus encore de la mise en scène des adieux de Jacques Soustelle et de la « journée des tomates » qui fait reculer le président du Conseil français, le socialiste Guy Mollet, à Alger le .

Avec des membres de l’Union française nord-africaine, créée par Robert Martel, il est soupçonné par ses adversaires d'avoir monté l'Attentat de la rue de Thèbes dans la Casbah d’Alger, le , qui fait 73 victimes et marque un tournant tragique dans la guerre d’Algérie[15], levant les derniers scrupules -s'il en avait- de Larbi Ben M'Hidi, qui décide de porter la résistance algérienne au cœur de la ville européenne d'Alger, marquant ainsi le prélude de la « bataille d’Alger »[16]. Achiary ne fut jamais mis en cause officiellement pour ces faits.

Expulsé par le ministre-résident Robert Lacoste, il s'ennuie en France, et se retire chez sa fille, mariée à un footballeur du Real Madrid. Il vivote et meurt à Madrid en d'un cancer de la gorge.

Distinctions

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Références

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  1. Archives municipales de Tarbes, année 1909, acte de naissance no 278, cote 1E243, vues 285-286/538 (avec mentions marginales de mariage et de décès)
  2. Paul Schmitt (1908-1994), militant socialiste. Voir « L'Algérie sous le régime de Vichy » (consulté le ).
  3. Il mesure 1,72 m, selon son dossier administratif.
  4. Pierre Chamine, La Conjuration d’Alger, Paris, 1946
  5. Henri d'Astier de La Vigerie sera fait Compagnon de la Libération le 8 novembre 1943 par le général de Gaulle pour le motif suivant : "Henri d'Astier de La Vigerie commença à organiser la résistance en Afrique du Nord dès le début 1941. En mars 1942 il coordonna et unifia l'action de tous les groupements de Résistance. Il apporta l'aide la plus efficace à l'organisation d'un débarquement allié par de longs et minutieux préparatifs. Il contrôla personnellement la participation des organismes de résistance lors du 8 novembre 1942; il prit part à l'action au milieu de ses hommes dont il avait su, par son cran, entretenir l'allant et assuma lui-même les missions les plus délicates. Charles de Gaulle." (Ordre de la libération)
  6. Geoffroy d'Astier de La Vigerie, L'exécution de Darlan, La fin d'une énigme, Paris, Librinova, , 360 p. (ISBN 979-10-405-1294-3)
  7. Albert-Jean Voituriez, L'assassinat de l'amiral Darlan, 24 décembre 1942, Le témoignage du juge d'instruction, Paris, L'Esprit du temps,
  8. Extrait du procès-verbal d'information du 9 janvier 1943 établi par le juge Voituriez, Dossier d'Astier de La Vigerie et consorts, Dépôt central d'archives de la justice militaire, Le Blanc.
  9. L'arrestation de Mr André Achiary provoque en Algérie une très vive émotion
  10. Justice et raison d'État ne s'excluent pas dans l'affaire Achiary
  11. Le livre noir de l'Épuration, Henri Coston
  12. Archives Nationales : Fonds René Mayer (1912-1983). Répertoire (363AP/1-363AP/53)
  13. Le juge qui instruisait l'affaire Achiary fait l'objet d'une enquête
  14. L’énigme Soustelle
  15. Marie-Monique Robin, Escadrons de la mort, l'école française [détail des éditions], 2008, p.86
  16. Marie-Monique Robin, Escadrons de la mort, l'école française [détail des éditions], 2008, p.87

Source de l'article

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  • René Gallissot. Algérie : engagements sociaux et question coloniale, Paris, Éditions de l'Atelier, 2007
  • Luc Rudolph. Policiers contre policiers, Paris, éd. SPE, 2015.

Articles connexes

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