Le Capitaine Fracasse

Le Capitaine Fracasse
Page de titre de l’édition 1874 chez François Polo illustrée par Gustave Doré.
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Œuvre dérivée

Le Capitaine Fracasse est un roman de cape et d'épée de Théophile Gautier, initialement paru en feuilleton dans la Revue nationale et étrangère du au , puis publié en volume chez Charpentier en [1].

Il a fait l'objet de nombreuses adaptations à la scène, à la télévision et au cinéma.

L'histoire se déroule entre 1637 et 1643 sous Louis XIII. Le baron de Sigognac, dernier héritier de l'illustre famille des Sigognac et jeune noble désargenté, vit reclus dans son manoir landais qui tombe en ruine[a]. Un soir d'hiver, il tombe amoureux d'Isabelle, jeune actrice d’une troupe de comédiens égarés à qui il a offert l'hospitalité ; l'attirance est réciproque. Le lendemain, sur la proposition des voyageurs, Sigognac décide de les suivre dans leurs aventures. Après de nombreuses péripéties, le baron remplace sur les planches le Matamore, mort de froid lors d'une tempête de neige. Il prend alors le nom de scène de « Capitaine Fracasse ».

Après qu'Isabelle a refusé sa main pour ne pas ternir son nom, Sigognac doit lutter contre un rival, le duc de Vallombreuse. Le duc qui s'est vu renvoyer froidement par la jeune comédienne, femme de haute vertu, s'efforce d'écarter le baron qu'il considère comme le principal obstacle à son objectif. Les deux hommes se battent en duel et le duc est blessé au bras. Devant la difficulté à triompher de Sigognac, Vallombreuse ordonne à ses laquais de s'en charger. Après trois tentatives infructueuses, ils engagent un assassin réputé. Nouvel échec du tueur qui passe dans le camp du baron à la suite du combat.

En dernier recours, le duc fait enlever Isabelle. Il est presque mortellement blessé lors d'un nouveau duel avec Sigognac, venu avec ses camarades comédiens au secours de la belle. Le père du duc intervient à un moment critique pour son jeune fils, en reconnaissant en Isabelle la fille qu'il a eue avec une grande actrice. Le jeune Vallombreuse courtisait donc sa demi-sœur.

La condition d'Isabelle n'étant plus un obstacle, Vallombreuse étant passé d'amant sans scrupules à frère attentionné, le mariage peut enfin être célébré à l'initiative de ce dernier. Isabelle fait réparer en secret le castel délabré de Sigognac. De retour dans le castel remis à neuf, les jeunes époux peuvent couler des jours heureux. En voulant enterrer son vieux chat dans le jardin du château, le baron découvre le trésor enfoui par l'un de ses aïeux. La fortune des Sigognac peut perdurer.

Le blason des Sigognac : d'azur à trois cigognes d'or.[3] Soutenu par la devise de la famille : Alta petunt[4].

Vu par les critiques du temps comme « un pastiche de Scarron sous les couleurs du romantisme »[5], un « Roman-album à l’usage des artistes, des amateurs d’estampes, des collecteurs d’Abraham Bosse et de Callot », (Sainte-Beuve[b]), une « Illustration fantasque et riche de Scarron, très analogue aux contresens capricieux et charmants de Gustave Doré illustrant La Fontaine », (Émile Faguet[c]), René Jasinski y voit, en revanche, une « sorte de contre-partie truculente, à la fois héroïque et bouffonne, prêtant aux péripéties mouvementées et aux scènes pittoresques » à Mademoiselle de Maupin, dont la genèse a été concomitante à celle du Capitaine Fracasse[8]. De fait, la verve de Mademoiselle de Maupin se retrouve dans Le Capitaine Fracasse, qui reproduit le ton du XVIIe siècle[9], en pastichant le vieux français de Marie-Madeleine de Scudéry[10]. Le seul « engouement pour tout ce qui était vieux, pittoresque et caractéristique[11] » de Gautier ne suffit pas à expliquer la facture volontairement démodée et anachronique de l'œuvre[d] ; pour Béatrice Didier, il s’agit, en réalité, d’une stratégie d’écriture visant à lui permettre de s’abstraire totalement de la réalité de son temps[13].

Adaptations

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Télévision

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Bande dessinée

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  1. Volume 1, 2008 (ISBN 978-2-7560-1273-5)
  2. Volume 2, 2009 (ISBN 978-2-7560-1325-1)
  3. Volume 3, 2010 (ISBN 978-2-7560-1326-8)

Notes et références

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  1. Théophile Gautier a eu l’idée de son roman en visitant le château de Castillon, où vivaient misérablement ses cousins Agénor et Stephen d’Ismert[2].
  2. Cité par Jasinski[6].
  3. Cité par Jasinski[7].
  4. Pour Anne-Pascale Pouey-Mounou, Le Capitaine Fracasse est inspiré de la geste rabelaisienne[12]
  5. « Compagnie Artaban », sur artaban.be (consulté le ).
  6. « - La Compagnie des Ô », sur www.compagniedeso.com (consulté le )
  7. « Fracasse », sur Célestins, Théâtre de Lyon (consulté le )

Références

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  1. Gilette Ziegler, « Le Capitaine Fracasse », Europe, Paris, vol. 41, no 415,‎ , p. 250.
  2. Gaston Dupouy, « À propos du Capitaine Fracasse », Bulletin de la Société Théophile Gautier, no 2,‎ , p. 78-82.
  3. Théophile Gautier, Le Capitaine Fracasse, Gervais Charpentier, Paris, 1889, tome 2, p. 309.
  4. Théophile Gautier, Le Capitaine Fracasse, G. Charpentier, Paris, 1889, tome 2, p. 375.
  5. Félix Frank, « Essais et notices : Le Capitaine Fracasse, par M. Théophile Gautier », Revue des Deux Mondes, Paris, Modern Language Society, vol. 49, no 2,‎ , p. 508-20 (ISSN 0035-2411, lire en ligne).
  6. Charles-Augustin Sainte-Beuve, Les Nouveaux Lundis, t. VI, p. 334 & suiv.
  7. Le XIXe siècle, p. 307.
  8. René Jasinski, « Genèse et sens du Capitaine Fracasse », Revue d’histoire littéraire de la France, Paris, Presses universitaires de France, vol. 48, no 2,‎ , p. 131-156 (ISSN 0035-2411, lire en ligne).
  9. Antoine Albalat, « Le Style contemporain et ses procédés », La Nouvelle Revue, Paris, vol. 13, t. 75,‎ , p. 52 (ISSN 0184-7465, lire en ligne).
  10. Émile Zola, « M. Théophile Gautier », dans Œuvres critiques, t. 1, Paris, Cercle du livre précieux, (lire en ligne), p. 229.
  11. Johannes Vihtori Lehtonen, « Sur la Genèse du Capitaine Fracasse de Théophile Gautier », Neuphilologische Mitteilungen, Modern Language Society, vol. 16, nos 7/8,‎ , p. 195-212 (ISSN 0035-2411, lire en ligne).
  12. Anne-Pascale Pouey-Mounou, « Une œuvre en représentation. Le Capitaine Fracasse de Théophile Gautier et Rabelais », dans Jean-Charles Monferran, Hélène Védrine, Le XIXe siècle, lecteur du XVIe siècle, Paris, Classiques Garnier, coll. « Rencontres », , 679 p., illustr. ; in-8º (lire en ligne), p. 419-438.
  13. Béatrice Didier, « Le Château aboli du Capitaine Fracasse », Europe, Paris, Presses universitaires de France, vol. 57, no 601,‎ , p. 123 (ISSN 0014-2751, lire en ligne).

Liens externes

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