Carbon Tracker

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Carbon Tracker est un think tank basé à Londres qui étudie les effets du réchauffement climatique sur les marchés financiers.

Carbon Tracker a popularisé la notion de « bulle carbone », qui décrit l'incompatibilité entre le développement continu du financement de projets de recherche, exploitation et utilisation de combustibles fossiles et la lutte contre le changement climatique[1],[2].

Selon son rapport publié le , les grandes compagnies pétro-gazières continuent en 2019 d’investir dans des projets « incompatibles avec les objectifs climatiques et menaçant les intérêts des actionnaires »[3].

Histoire et travail

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Carbon Tracker a été fondé par le gestionnaire de fonds britannique Mark Campanale, et d'abord présidé par Jeremy Leggett[4].

Les deux premiers rapports de l'organisation - Unburnable Carbon (2011)[5] et Unburnable Carbon (2013) [6]- soutenaient que près des deux tiers des réserves et ressources connues de pétrole, de charbon et de gaz ne pourraient pas être brûlées tout en évitant des niveaux dangereux de changement climatique. Comme le résume Martin Wolf, chroniqueur au Financial Times: « La conclusion est assez simple : brûler des réserves connues de combustibles fossiles est incompatible avec la réalisation des objectifs climatiques que les gouvernements se sont fixés »[7].

Fin 2015, l'Accord de Paris vise à rester nettement en dessous des « +2 °C en 2100 » par rapport aux températures préindustrielles ; grâce à un effort accru pour atteindre la cible de 1,5 °C, ce qui implique que le CO2 émis dans l'atmosphère d'ici 2050 ne dépasse pas un " budget carbone " de 900 GT (gigatonnes)[8]. S'appuyant sur l' « Institut de recherche sur les impacts du climat de Potsdam », Carbon Tracker a montré que les réserves et ressources mondiales de charbon, de pétrole et de gaz émettront plus de trois fois cette quantité, soit environ 2 800 gigatonnes. Si l’on finance le développement et la production de combustibles fossiles qui pourraient ne jamais être consommés, les investisseurs sont exposés au risque d'actifs irrécupérables, rendus non rentables par les réglementations climatiques et les alternatives technologiques telles que les énergies renouvelables conclue l’ONG[9].

En abordant la question des effets du changement climatique sous un angle économique, le think tank a contribué à faire reculer le déni du changement climatique dans une partie des milieux de la finance.
Reuters a décrit cette idée – idée selon laquelle les investisseurs finançaient une "bulle de carbone" - comme faisant désormais partie du "lexique des changements climatiques". Elle a servi de fondement aux alertes lancées par le gouverneur de la Banque d'Angleterre (Mark Carney) au sujet des actifs irrécupérables. Elle a aussi incité des groupes comme le fonds souverain norvégien à se défaire de milliards d'actifs en combustibles fossiles[10].

Carbon Tracker a ensuite travaillé sur les conséquences financières et climatiques d'une réduction de la demande, et sur les effets de différents scénarios la réduction des émissions de carbone pour différents combustibles fossiles[11],[12],[13],[14].

Mark Carney s'est fait l'écho des avertissements de Carbon Tracker sur les actifs irrécupérables dans un discours prononcé devant les assureurs de Londres en 2015 [12] suivi du lancement d'un groupe de travail sur les informations financières relatives au climat, placé sous les auspices du Conseil de stabilité financière[15].

Dans le scénario « NPS » de l’AIE (New Policies Scenario) intégrant les engagements actuels des différents pays pour lutter contre les émissions de gaz à effet de serre, le futur réchauffement est estimé à 2,7 °C. Pour suivre les trajectoires de scénarios compatibles avec l’accord de Paris, la consommation d’énergies fossiles devrait être fortement réduite : les nouveaux projets d’exploitation d’hydrocarbures devraient ainsi être limités et seuls les moins coûteux d’entre eux permettront in fine de dégager « une rentabilité suffisante » selon Carbon Tracker. Concrètement, les dépenses d’investissement (CAPEX) des groupes pétroliers et gaziers devraient être réduites de 83% dans un scénario de réchauffement de 1,6 °C (scénario « B2S » de l’AIE) par rapport au scénario tendanciel « NPS », selon les estimations de Carbon Tracker.

Après l’Accord de Paris (2015)

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Après avoir étudié les scénarios de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), Carbon Tracker conclut que près de 50 milliards de dollars ont été investis en 2018 par les grandes compagnies pétrolières et gazières pour trouver de nouvelles ressources fossiles, dont l’exploitation sera, si elle se fait, incompatibles avec une trajectoire de réchauffement limitée à 1,7-1,8 °C. En 2018, « les investissements (CAPEX) de l'ensemble de l'industrie pétrolière et gazière en amont se sont élevés à environ 550 milliards de dollars » », note Andrew Grant « les exemples les plus flagrants d'investissements non conformes à l'accord de Paris ».

Les rapports de Carbon Tracker incluent[16] :

  • Unburnable carbon – Are the world's financial markets carrying a bubble? (2011)
  • Unburnable carbon 2013: Wasted capital and stranded assets (2013, recherche menée en collaboration avec l'Institut de recherche Grantham sur le changement climatique et l'environnement à la London School of Economics) [17]
  • Carbon Supply Cost Curves series:
    • Carbon Supply Cost Curves: Evaluating Financial Risk to Oil Capital Expenditures (2014)[18],[19],
    • Carbon Supply Cost Curves: Evaluating Financial Risk to Coal Capital Expenditures (2014)[20]
    • Carbon Supply Cost Curves: Evaluating Financial Risk to Gas Capital Expenditures (2015)[21]
  • Lost in Transition: How the energy sector is missing potential demand destruction (2015)[22],[23]
  • The $2 Trillion Stranded Asset Danger Zone: How fossil fuel firms risk destroying investor returns (2015)[24]
  • Sense and Sensitivity: Maximising Value with a 2D Portfolio (2016)[25],[26]
  • Expect the Unexpected: The Disruptive Power of Low-carbon Technology (2017, recherche conjointe avec le Grantham Ins titute - Climate Change and Environment de l'Imperial College de Londres)[27],[28].

Dans les médias

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  • En 2012, un article de Rolling Stone rédigé par l'écrivain et militant Bill McKibben a présenté les recherches de Carbon Tracker sur la «bulle de carbone» à un public plus large [29],[30].Cet article a conduit McKibben à lancer une campagne appelant à « désinvestir » dans les combustibles fossiles. En décembre 2015, des organisations gérant plus de 5,46 milliards de dollars se sont engagées dans des désinvestissements partiels ou totaux [31],[32].
  • Les analyses de Carbon Tracker ont été citées par les banques d’investissement HSBC [33], Citi [34] et JP Morgan [35], telles que Accenture [36] et la Banque centrale néerlandaise [37].
  • Le Think tank a aussi provoqué des réponses de la part de grandes entreprises pétrolières : ExxonMobil a ainsi déclaré être "confiant qu'aucune de nos réserves d'hydrocarbures n'est actuellement ou ne sera "bloquée"[38]. Chevron, tout en admettant que" certains actifs à coût élevé dans le monde entier pourrait être affecté par un cas hypothétique de limitation des émissions de gaz à effet de serre », a également soutenu que le risque lié aux actifs immobilisés est « gérable »[39]. BP [40] et Statoil [41] ont également exprimé leurs positions.

Risques pour les actionnaires

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Carbon Tracker alerte les investisseurs et épargnants sur le risque de perte de valeur de certains actifs (stranded assets).

Pour Andrew Grant, « la meilleure façon de préserver la valeur pour les actionnaires et de s'aligner sur les objectifs climatiques est de se concentrer sur des projets à faible coût qui dégageront les meilleurs rendements » alors que les forages profonds coutent de plus en plus cher et nécessitent de plus en plus d’énergie à quantité identique d’énergie finale produite.

En 2019, selon le think tank, c’est ExxonMobil qui présente « le plus grand risque de dévalorisation de ses actifs » (avec 90% d’investissements potentiels durant la période 2019-2030 jugés incompatibles avec une trajectoire « +1,6 °C »), suivi de Shell (70%), de Total (67%), de Chevron (60%) et BP (57%).

Articles connexes

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Liens externes

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Notes et références

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  1. (en) Jackie Wills, "Carbon Tracker has changed the financial language of climate change", The Guardian, 15 May 2014 (page visited on 8 November 2016).
  2. (en) Katharine Earley, "Carbon Tracker measures oil and coal risk for investors", The Guardian, 30 April 2015 (page visited on 8 November 2016).
  3. Why none of the large oil companies are “Paris-aligned”, and what they need to do to get there, Carbon Tracker, publié le 06 septembre 2019.
  4. « September–October - The Unburnable Carbon Bubble »
  5. Carbon Tracker Initiative. (2011) Unburnable Carbon–Are the world’s financial markets carrying a carbon bubble. Carbon Tracker Initiative
  6. (en) Tracker, C. (2013) Unburnable Carbon 2013: Wasted capital and stranded assets. conjunction with the Grantham Research Institute of Climate Change and the Environment. |www.carbontracker.org.
  7. (en) « A climate fix would ruin investors », sur Financial Times
  8. Malte Meinshausen, Nicolai Meinshausen, William Hare, Sarah Raper, Katja Frieler, Reto Knutti, David Frame and Myles Allen, "Greenhouse-gas emission targets for limiting global warming to 2°C", Nature, volume 458, pages 1158-1163, 2009.
  9. (en) " At about that time, the carbon budget idea was plucked from academia by Carbon Tracker, a small London think-tank founded by Mark Campanale, one of the city’s first sustainable investment analysts. Applying the research to the world’s coal mines, oil wells and gasfields, the think-tank said that to have even a small chance of meeting the 2C target, only 565 gigatonnes of CO2 could be emitted up to 2050. But the known fossil fuel reserves of energy and mining companies were equal to 2,795 gigatonnes of CO2. So if the world ever took serious action to meet the 2C goal, most of those reserves would become “unburnable” stranded assets." Carney on climate: Stranded fossil fuel theory proves potent, Financial Times, 30 September 2015
  10. « From Bangladesh flood map to the Bank of England, a 'carbon bubble' is born », sur Reuters,
  11. « Oil Sands are Biggest Losers From Low Crude Prices: Study », sur www.bloomberg.com
  12. Carbon Tracker Sees $283 Billion of LNG Projects as Uneconomic,Bloomberg, 2015
  13. "New coal mines uneconomic as China demand growth slows: Report", Economic Times, 22 September 2014
  14. « Energy Companies Risk $2.2 Trillion as Climate Goals Cut Demand », sur www.bloomberg.com,
  15. (en) Energy Companies Risk $2.2 Trillion as Climate Goals Cut Demand, Bloomberg, 25 November 2015
  16. Brochure, Carbon Tracker Initiative (page visited on 8 November 2016).
  17. Investor Group Presses Oil Companies on 'Unburnable Carbon', Bloomberg, 2013
  18. "Climate rules could put $1.1 trl in oil investment at risk -report", Reuters, 7 May 2014
  19. "Oil groups warned over spending on high-cost areas", Financial Times, 8 May 2014
  20. "The Carbon Tracker Initiative (CTI) has also launched a new report: Carbon Supply Cost Curves: Evaluating Financial Risk to Coal Capital Expenditures, which provides investors and coal companies with a tool - the carbon supply cost curve - to help identify the projects where the most financial risk lies", Dina Medland, 'Green And Growth Can Go Hand In Hand Together', 2014, Forbes
  21. "Billions in gas projects stranded by climate change action, says thinktank", The Guardian, 7 July 2015
  22. « Lost in Transition: How the energy sector is missing potential demand destruction », sur www.carbontracker.org
  23. "Are energy companies leading shareholders astray on future fossil fuel demand?", International Business Times, 21 October 2015
  24. Oil and gas companies 'risk losing $2tn', BBC News, 25 November 2015
  25. "A study just out by the Carbon Tracker initiative has a tantalizing conclusion for the oil and gas industry. If they align their investment plans with the 2° C target on global temperatures, the upstream assets of the world's seven largest listed oil and gas companies could collectively be worth $100 billion more, it says.", Oil And Gas: Change And Prosper? A New Growth Scenario In A 2-Degree World, Forbes, 5 May 2016
  26. "Two reports issued this week suggest that investors should strive to keep the spending straitjacket on oil companies even if prices improve further. One, by Carbon Tracker [...] seeks to show that pursuing new reserves at all costs would not only be bad for the environment, it would be bad business. It argues that even if climate-change policies severely constrain demand for oil, companies will still need to produce more of the black stuff. But if oil prices are anywhere below $120 a barrel, they would produce higher returns if they carry out selective drilling of low-cost wells rather than “business as usual”.", Not-so-Big Oil, The Economist, 7 May 2016
  27. « Expect the Unexpected: The Disruptive Power of Low-carbon Technology », sur www.carbontracker.org
  28. (en) « Cheaper renewables to halt coal and oil demand growth from 2020: research »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), Reuters, .
  29. Bill McKibben "Global Warming's Terrifying New Math: Three simple numbers that add up to global catastrophe - and that make clear who the real enemy is", Rolling Stone, 19 July 2012 (page visited on 8 November 2016).
  30. Matthew C. Nisbet (March 2013). "Nature's Prophet: Bill McKibben as Journalist, Public Intellectual and Activist" (PDF) Discussion Paper Series #D-78. Joan Shorenstein Center on the Press, Politics and Public Policy, School of Communication and the Center for Social Media American University. p. 17.
  31. “I did base that article, and the subsequent divestment campaign, on CTI’s numbers,” he [Bill McKibben, n.b.] tells RTCC in an email." www.climatechangenews.com/2015/08/18/terrifying-math-how-carbon-tracker-changed-the-climate-debate/
  32. « Commitments »
  33. http://www.businessgreen.com/digital_assets/8779/hsbc_Stranded_assets_what_next.pdf
  34. « Energy Darwinism II. Why a Low Carbon Future Doesn’t Have to Cost the Earth - Climate Policy Observer » [archive du ] (consulté le )
  35. JP Morgan North American Equity Research, Clean Tech Monitor, 1 October 2013
  36. (en) « Let There Be Change », sur accenture.com (consulté le ).
  37. « http://www.dnb.nl/en/binaries/TimeforTransition_tcm47-338545.pdf?2016100316 »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  38. http://cdn.exxonmobil.com/~/media/global/files/energy-and-environment/report---energy-and-carbon---managing-the-risks.pdf
  39. (en) « The possible risk from "stranded assets" is minimal and certainly manageable » [archive du ] [PDF] (consulté le )
  40. http://www.bp.com/content/dam/bp/pdf/investors/bp-agm-notice-of-meeting-2015.pdf
  41. « Newsroom - Newsroom - statoil.com »