Chérif

Un chérif, chérifou ou Aïdara, Haïdara (chérifa, au féminin)[1], ou son diminutif cherief[2], ou charif (arabe : شريف Sharīf, pl. شرفاء Shurafāʾ), ou chorfa (en arabe maghrébin, donnant le mot أشراف, ʾašrāf, « nobles ») est un descendant de Mahomet par sa fille Fatima et son conjoint Ali via l'un de ses deux petits-fils, Hassan et Hussein.

Plusieurs dynasties régnantes au Maghreb ont un fondateur se réclamant de la lignée du prophète.

Carte du royaume idrisside (788-985)
Généalogie des chérifs saadiens et alaouites du Maroc, démontrant leur lien de parenté

Au Maroc, les dynasties idrisside, saadienne et alaouite sont chérifiennes.

Idris Ier (Moulay Idriss) est l'arrière-arrière-petit-fils de Ali ibn Abi Talib et de Fatima Zahra, fille du prophète Mahomet et de Khadija. Idris Ier s'est échappé au Maroc pour fuir le massacre de sa famille par les abbassides en 786. En 788, il fut accueilli par les berbères de la région de Walili (Volubilis), ville berbère romanisée près de Meknès. Il est le fondateur de la ville de Fès. Il est mort empoisonné, selon la rumeur par un serviteur envoyé par le calife Haroun al-Rachid en 791, laissant sa femme Kenza al-Ourbiya enceinte. Son fils Idriss II accède au trône à l'âge de onze ans. Son tombeau se trouve à Moulay Idriss Zerhoun, village à flanc de montagne près des ruines de Volubilis. Les descendants d'Idriss II gouverneront le pays jusqu'à la seconde moitié du Xe siècle, quand leur pouvoir s'effondre face aux invasions des tribus zénètes aux ordres des Omeyades de Cordoue ou des Fatimides. Cinq siècles plus tard, un chérif idrisside est intronisé, mais son règne prendra fin au bout de 6 ans et aucun chérif idrisside n'est intronisé par la suite.

Les descendants des chérifs Idrissides vivent au Nord du Maroc[3] : Fès, Meknès, Ouazzane, Moulay Idriss Zerhoun, Beni Arous (région de Larache), Tétouan, Hyayna, Chefchaouen, Rabat, Salé, Sefrou, Tanger, Taza, Taounate, Figuig et Les montagnes des béni znassen (Berkane).

À partir du XVIe siècle, les Saadiens et les Alaouites, issus de chérifs originaires de Yanbu établis au sud du Maroc, se succèdent en régnant sur le Maroc.

Les chérifs du Maroc étant essentiellement de souche hassanide, on retrouve néanmoins quelques familles de souche husseinide établies principalement à Fès.

En Algérie

[modifier | modifier le code]

On trouve également des chérifs idrissides dans l'ouest et le nord Algérien : Tlemcen, Ain Temouchent, Sidi-Bel-Abbès, Mostaganem, Mascara, Chlef, Relizane, Oran et en Kabylie, ainsi que des Sûlaymânîdes et des Senoussides, de la lignée de Sûlâymân Ier de Tlemcen, frère d'Idrīss Ier du Maroc.

À l'est de l'Algérie : (les Awlad Kadi de Biskra sont les descendants de Ali Ibn Idrîs [4], El Oued, Laghouat, Ouargla, Touggourt, Djelfa, Bousâada y compris la région des Aurès, il existe également des Tribus Arabes par généalogie prouvée, qui sont des descendants du prophète de l'islam Mūḥāmmād, les plus connues d'entre elles sont les « Banū Al-Akḥdārī »[5] dont leurs dynastie Lakhdarides descent de Muhammad Al-Akhdari Al-Qurayshi , « Banū Al-Mūtāwākkīl », « Awlād Qūrāysh » et les « Bānū Fīhr » (connu sous le nom des : ‘Ūqbīd).

Selon les historiens français, l'émir Abd el-Kader serait un des descendants du prophète Mahomet[6] par la dynastie des Idrissides ; son nom complet serait alors Abd el-Kader ibn Muhyidin, ibn Mostafa (qui s’est installé définitivement dans la plaine d’Ighriss), ibn Muhammad, ibn Muhammad, ibn Abdel-Kaoui, ibn Ali, ibn Ahmed, ibn Khaled, ibn Yussef, ibn Ahmed, ibn Bachar, ibn Muhammed, ibn Massoud, ibn Taous, ibn Yacoub, ibn Abdelkaoui, ibn Ahmed, ibn Muhammad, ibn Idriss II, ibn Idriss I, ibn Abdallah El Kamel, ibn Hassan El Muthana, ibn Hassan Essabt, ibn Ali.

Selon l’historien tunisien Ibn Abi Dhiaf, la Tunisie compte plus d’une trentaine de familles chérifiennes[7].

Les familles tunisiennes descendant de Hussein ibn Ali sont les Ouana, les Khatib, les Moussouyoun et les Ben Abdeljelil de Msaken, etc.

Les familles Idrissides descendant de Hassan ibn Ali sont les Azzouz, les clans issus des Mhadhba[8] (Les Abdellatif, les Gherib, les Chibani, les Chbiseb, Ouled Haj Mousa, etc.), les Ben Azzouz (Zaghouan), les descendants de Sidi el Mouldi (Tozeur), les descendants de Sidi Amor ben Abd el Jaoued (Gafsa), les descendants de Sidi Abid (Tozeur, Redeyef, Tébessa, Bir el Ater...), les descendants de Sidi Boughanem (Kalaat Senan, Kalaat Khasba…) etc.

Divers saints tunisiens sont des cherifs : Sidi Ali el Hattab, Sidi Ahmed ben Mi’ad (Nefta), Sidi el Bechir, Sidi Mhadheb (Skhira), Sidi Khelifa (Gafsa), Sidi Ali Azzouz (Zaghouan), Sidi Amor ben Abd el Jaoued (Gafsa).

Les familles cherifiennes de Sfax sont tout d'abord la famille Driss (descendants des Idrissides) ainsi les Karray, les Rekik, les Boudaouara, les Sqa, les Triqui (ou Trigui), les Chérif, les Enneifer, ainsi que toute famille détentrice de Aâkd charaf fourni par le Bey : Fendri, Menif, etc.)

D’autres familles revendiquent aussi une ascendance chérifienne : Les Skolli, les Achour d’origine andalouse, les Kabadou, les Mohsen, les Ammari, les ‘Yaeychia, les Sassi, les Haouari, les Sidi Mansour, les Zarrouk, Les ‘Houamed et Ouled Sidi Hamed, les descendants de Sidi el Kefi, etc.

La dynastie Senoussides, issue de la confrérie religieuse Sanussia depuis 1837, émirs de Cyrénaïque à partir de 1917 et émirs de la Tripolitaine à partir de 1922, est d'ascendance chérifienne. La famille El-Sanussi descend des Sulaymanides par Ali ibn Omar, sixième sultan depuis la fondation de la dynastie .

Le dernier roi de Libye, Idris Ier, a été renversé par un coup d'état militaire en 1969. L'actuel prétendant du trône de Libye est le prince Mohammed El-Senussi.

En Mauritanie et en Afrique de l’Ouest

[modifier | modifier le code]

Comme au Maroc ou en Algérie, la Mauritanie également est reconnue comme étant un pays dans lequel certaines familles chérifiennes se sont établies. Notamment en provenance du Maroc voisin.

En effet, tout comme au royaume chérifien, Les chérifs de Mauritanie sont essentiellement de souche hassanide et d’ascendance Idrisside. On retrouve néanmoins quelques familles de souche husseinide établies principalement à Ouadane. En l’occurrence, les « Ahl Moulaye Ibrahim ».

Les familles Idrissides descendantes de Hassan ibn Ali sont les : chérifs de Tichitt (Ahl Abd el Mou’min) et les chérifs de Ahl Haj Elghourbi; « Ahl cherif Al Ak’hal » de la tribu laghlal qui remontent tous les trois a Moulaye Abdallah ibn Idriss II et les Ahl Taleb al-Mukhtar.

Les Reguibat descendants de Moulaye Abdesalam Benchich également descendant de Moulaye Idriss.

Les « Ahl Moulaye Zein » et les « Ahl Mohamed Sidi Cherif » (dont est issu le cheikh Hamallah), et qui remontent tous les deux à Moulaye Omar ibn Idriss II.

Les « Ahl Ahmed Cherif » de Ouadane qui remontent eux à Moulaye Mohamed ibn Idriss II.

À noter que les chérifs de Néma et de Oualata revendiquent être descendants de Mohamed Nafs Zakiya tout comme la famille royale du Maroc, la dynastie alaouite, et le cheikh Ahmad At Tijani de la tariqa tijaniya.

En outre, certaines de ses familles ont continué leur migration vers l’Afrique de l’Ouest en particulier au Mali, au Sénégal et en Guinée, réunis en un même royaume avant la colonisation. Les familles Haïdara et Touré, des ethnies sonraï et peules, sont considérées comme chérifennes ayant émigré d'Algérie au XIXe siècle.

Dans l’océan Indien

[modifier | modifier le code]

À Madagascar

[modifier | modifier le code]

Les chérifs connus sous l'appellation « Charif » en malgache, sont les grandes familles de propriétaires terriens investis dans la culture du cacao et du café d'exportation. Quelques descendants ont occupé le poste de gouverneur sur les côtes Nord pendant la colonisation française. Mohammed V, roi du Maroc, a été exilé à Madagascar. Des femmes portent le prénom Charifa.

Ces chérifs malgaches sont résidents maintenant en Tunisie sous le nom de famille Chérif, une famille établie à Tunis.[réf. nécessaire]

Aux Comores

Les Charif aux Comores regroupent diverses familles issues de l’aristocratie arabe, notamment celles liées aux lignées prophétiques, et ayant joué un rôle central dans la culture, la politique et la religion de l’archipel. Parmi elles, les Ba Alawi, les Al Ahdal et les Ba Wazir occupent une place prépondérante. Ces familles, venues principalement du Yémen, ont profondément influencé la structure sociale comorienne[9].

1. Les Ba Alawi

Les Ba Alawi sont une célèbre famille yéménite issue de Hadramout, une région du sud de la péninsule Arabique. Ils revendiquent une descendance directe du Prophète Muhammad (PSL) par son arrière-petit-fils, l’Imam Hussein, fils de Fatima et Ali. Les Ba Alawi sont également connus sous le nom de Sayyid ou Charif, en référence à leur noble lignée.

Cette famille est marquée par un riche héritage spirituel et intellectuel, incarné par des personnalités comme le célèbre mystique yéménite Fakih al-Muqaddam, fondateur de la tariqa (confrérie) soufie des Alawiyyin au XIIe siècle. Les Ba Alawi se sont dispersés dans tout l’océan Indien, jouant un rôle central dans la diffusion de l’islam, notamment à travers le commerce et la prédication. Aux Comores, ils ont renforcé leur présence par des alliances avec les familles locales et l’établissement d’écoles religieuses.

2. Les Al Ahdal

Les Al Ahdal, également originaires de la région de Hadramout au Yémen, sont une autre famille influente installée aux Comores plus particulièrement sur l’île d’Anjouan.Ils sont reconnus pour leur connaissance profonde des sciences religieuses et leur rôle de guides spirituels.

Les Al Ahdal ont noué des relations avec les élites comoriennes en s’intégrant à la noblesse locale, contribuant ainsi à l’islamisation et à la structuration des sultanats. Leur rôle dans la propagation de l’islam sunnite et la mise en place d’institutions religieuses a laissé un impact durable sur la société comorienne.

3. Les Ba Wazir

Les Ba Wazir sont issus de la ville de Tarim dans la région de Hadramout, descendants de ministres abassides,dont la lignée remonte à Al-Abbas, l’oncle du Prophète Muhammad (PSL).La famille Ba Wazir est connue pour ses talents politiques et diplomatiques. L’ancien président des Comores Mohamed Taki Abdoulkarim était issu de cette famille. Leur nom, qui signifie « ministre », témoigne de leurs anciens rôles administratifs sous le califat abassides.

Aux Comores, les Ba Wazir ont contribué à l’organisation des sultanats en accédant à des postes de pouvoir, à la fois comme conseillers et dirigeants. Par exemple, Boina Hadji bin Moussa Al Ba Wazir sultan du Hamahamet et fils de la princesse Fwambaya Nema Fedha est une figure notable, qui a marqué l’histoire de Mbeni. Ils ont également joué un rôle dans les alliances matrimoniales avec d’autres familles royales, consolidant ainsi leur influence politique.

Rôle et Influence

Ces trois familles ont laissé une empreinte indélébile aux Comores. En plus de leur influence politique, elles ont contribué à la diffusion du savoir religieux, notamment dans l’enseignement du soufisme et de l’islam sunnite shafiite. Leurs membres étaient non seulement des leaders politiques mais aussi des savants respectés, guidant les Comoriens dans les pratiques religieuses et la gestion des affaires locales.

Conclusion

Les Ba Alawi, Al Ahdal, et Ba Wazir font partie des familles nobles arabes qui ont façonné la culture et la société des Comores. Grâce à leur noble lignée et leurs contributions intellectuelles et politiques, elles restent des figures centrales de l’histoire comorienne, leur influence persistant jusqu’à aujourd’hui dans la mémoire collective et les structures sociales de l’archipel.


Au Moyen-Orient

[modifier | modifier le code]

En Iran, les seyyed (En persan : سـيد, « seigneur, maître ») descendent du Prophète. Les mollahs seyyed portent un turban noir.

Dans les pays arabes moyen-orientaux

[modifier | modifier le code]

La dynastie hachémite, ancienne dynastie des chérifs de la Mecque au Hedjaz, ancienne dynastie régnante en Irak et en Syrie et actuelle dynastie régnante en Jordanie, est d'ascendance chérifienne. Au Yémen la confrérie soufie ba'alawi sada centrée dans le Handramaout mais maintenant répartie dans l'océan Indien via la diaspora handhrami est dite chérifienne, retracent ainsi leurs lignées de Ahmad al- Muhajir descendant du prophète de l'islam Mahomet par le biais de son petit fils Hussein Ibn Ali.

La dynastie Lakhdaride, fondé au cours du IXe siècle sur le plateau central d'Arabie lors de l'établissement de l'Émirat Lakhdaride de Al-Yamâma par Mûhammad al-Akhdarî al-Qurayshî (fils de Yûssef al-Akhdarî fils de Ibrahim fils de Mûssa al-Jawn) est également chérifienne et répartis en tribu, les Banû Al-Ashraf Al-Akhdarî sur plusieurs territoire du Monde Arabe depuis le XIe siècle notamment en Arabie saoudite et au nord du Yémen, en Irak-Koweït, en Palestine-Jordanie et en Afrique du Nord : Égypte,Libye et Algérie.

On y retrouve aussi une presque confédération tribal, les "Al-Ashraf" qui forme les tribus et grandes familles d'ascendance à Hassan ibn Ali, principalement en Arabie Saoudite, on en retrouve aussi en Irak, Syrie et aux Émirats Arabes Unis.

Certaines tribus sont un peu plus connus, comme les Al Bu Nasser en Irak, tribu de Saddam Hussein, et les Banu Qatal, au Qatar et aux Émirats arabes unis.

Personnalités et Dynasties

[modifier | modifier le code]

Personnalités

[modifier | modifier le code]

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. Variantes francophones : « ch'rif » ou « chrif » au masc. sing. et « chérifs », « chorfa » ou « chorfas » au masc. plur. ; « chrifa » au fém. sing. et « chjehérifas », « chérifate » ou « chérifates » au fém. plur. Cf. BDLP.
  2. La Patronymie dans les dairas de Timezrit, Sidi-Aich et Chemini, Mustapha Tidjet
  3. Les chorfas Idrissides de Fès d'après Ibn at-Tayyib al-Qadiry. SALMON GEORGES 1904 volume 1. http://am.mmsh.univ-aix.fr/Pdf/AM-1904-V01-14.pdf
  4. Histoire des Idrissides, 172-337 (788-948), Rachid Benblal et Dar el Gharb 2004, p. 240.
  5. Yacoubi 1942, p. 138.
  6. Société languedocienne de géographie, université de Montpellier. Institut de géographie, Centre national de la recherche scientifique (France), publié par le secrétariat de la Société languedocienne de géographie, 1881. Notes sur l'article : v. 4, page 517
  7. (ar) عبد الفتاح فتحى عبد الفتاح ابو حسن شكر, الإحياء بعد الإنساء : الجزء الثانى, Caire, Dar El Kalema Library,‎ , 521 p. (lire en ligne), p. 275-279
  8. (ar) A. Bouaziz Samhoun, « Le chant bédouin des Mhèedhba dans la région de Mzouna », Ethaqafa Echa'biya,‎ , p. 112-123 (ISSN 1985-8299, lire en ligne)
  9. « Les Sharifs dans l'histoire des Comores », sur www.editions-harmattan.fr (consulté le )
  10. Éditions Larousse, « Alawites ou Alaouites de l'arabe ‘alawī descendant de Ali - LAROUSSE », sur www.larousse.fr (consulté le )
  11. « La famille royale de Jordanie », sur Histoires Royales, (consulté le )
  12. (ar) « محمد تقي الدين الهلالي.. سيرة العلامة والرحالة والنابغة اللغوي - معلمة », sur ma3lama.com,‎ (consulté le )
  13. (ar) « نسب السيد الرئيس الشهيد صدام حسين المجيد », sur حزب البعث العربي الاشتراكي الأردني,‎ (consulté le )
  14. (ar) « ضريح سيدي عبد الله النجاري شيخ الطريقة النجارية », sur vitaminedz.com (consulté le )
  15. (ar) « عبد الباسط الساروت.. "بلبل" الثورة السورية », sur الجزيرة نت (consulté le )
  16. (ar) « قبيلة النعيم » (consulté le )

Sur les autres projets Wikimedia :

Articles connexes

[modifier | modifier le code]

Liens externes

[modifier | modifier le code]