Collégiale Saint-Georges de Vendôme

Collégiale Saint-Georges
Ruines du cœur de la collégiale Saint-Georges avec en fond les chapelles du nord-est
Présentation
Type
Culte
Diocèse
Chartres (avant 1697)
Blois (1697-1793)
Dédicataire
Période
Démolition
État de conservation
ruine
Localisation
Pays
Région
Département
Ville
Adresse
Château de Vendôme
Région historique

La collégiale Saint-Georges de Vendôme est un monument historique du XIe siècle construit dans la cour du château de Vendôme. Elle conserva du XIe siècle à sa destruction à la Révolution, les sépultures de la quasi-totalité des comtes et ducs de Vendôme, dont les plus célèbres sont les parents d'Henri IV, Antoine de Bourbon et Jeanne d'Albret, en faisant une véritable nécropole. Elle fut presque entièrement détruite en 1793.

Le Moyen-Âge

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La collégiale, et en particulier la nef, fut peut-être bâtie à l'emplacement, et en l'incorporant, de l'ancienne aula comtale des Xe siècle et XIe siècle, comme tendrait à le supposer le changement d'axe entre la nef et le cœur de l'édifice[1].

La légende de la fondation

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Selon la légende de la fondation, Agnès de Bourgogne, comtesse de Vendôme, fatiguée de devoir descendre du château pour aller prier à la paroisse Saint-Martin, décida de construire une petite église en l'absence de son époux Geoffroy Martel, vers 1037. Cette légende n'est attestée par aucun texte sérieux, mais la collégiale du forcément être bâtie avant la dédicace de l'abbaye de la Trinité de Vendôme le 31 mai 1040, puisque un chanoine de la collégiale, du nom de Guillaume y fut présent[2].

Du XIe siècle à la fin du XIIe siècle l'église est doté d'un transept et d'un chœur à cinq chapelles échelonnées. D'importants travaux sont effectués à la fin du XIIe siècle et au début du XIIIe siècle en suppriment deux des chapelles du chœur (celles donnant sur le transept), en rehaussant le niveau du sol et en ajoutant un clocher à l'église. Des contreforts furent ajoutés le long de la nef pour voûter l'édifice qui ne l'était pas.

À la fin du XIVe siècle, le comte Jean de Bourbon offrit une statue de Saint-Jean-Baptiste, qui orna le centre d'un retable aux volets peints, installée dans la chapelle St-Jean qu'il avait fondée, et où il fut enterré. Cette statue existe toujours et est conservée dans l'église de la Trinité de Vendôme depuis la Révolution[3].

Vers 1430, après sa captivité en Angleterre, le comte Louis de Bourbon, augmenta le nombre de chanoines, passant ainsi de 12 à 20, en créant 8 hebdomadiers. Mesure prise pour satisfaire les nombreuses fondations et anniversaires à commémorer dans l'église[4]

La fin du XVe siècle et la première moitié du XVIe siècle sont marquées par les diverses libéralités que prodigue la comtesse Marie de Luxembourg (1472-1547), en fondant des chapelles et en agrandissant l'édifice, notamment par une chapelle au nord[5]. Elle fait couvrir la nef d'un lambris, et dote l'église de stalles et d'un buffet d'orgue[6].

Probablement peu après 1547 le corps de Marie de Luxembourg est ramené à la collégiale en même temps que celui de son fils Charles de Bourbon duc de Vendôme et de son petit-fils le comte d'Enghien. Cette triple inhumation fut célébrée par plusieurs évêques et abbés[7].

Le 19 mai 1562, la collégiale est saccagée par la garnison de Suisses et de Gascons huguenots que Jeanne d'Albret avait installée dans le château. Les divers biens (reliquaires, vases sacrés, croix...) de l'église furent spoliés.

Nous ne savons pas si Jeanne d'Albret, fut réellement en cause dans ce désastre, ou s'il s'agit d'un débordement qu'elle ne souhaitait pas. Toujours est-il que le lendemain, le 20 mai 1562, pour empêcher toutes révoltes de la population vendômoise, elle fit désarmer la ville. Et pour calmer les esprits et donner réparation aux chanoines, Jeanne leur permit de dresser un inventaire des biens spoliés de la collégiale, inventaire daté du 27 mai suivant[2].

Mais l'église ne fut jamais dédommagée du vol commis, et de fait perdit une grande partie de sa richesse.

Vers 1620 ou 1630 le duc César de Vendôme entreprend la modernisation du château, il construit une grande rampe d'accès, ponctuée de trois portes monumentales. Il fit percer une nouvelle porte, la porte de Beauce, au sud de l'enceinte médiévale, et construisit un nouveau logis contre l'ancienne porte d'entrée du château, sur la face ouest. Il fit déplacer l'église paroissiale Saint-Lubin, qui encombrait la cour du château, dans le quartier du même nom.

Dans ce contexte la collégiale bénéficia d'une restructuration, elle acquit le rang d'église paroissiale pour les personnes vivant dans le château en 1626[8].

La collégiale fut, surtout à partir du rattachement du duché de Vendôme (et donc du château) au domaine royal en 1724, de plus en plus pauvre, et privée de ses bienfaiteurs, le chapitre a vu diminuer ses ressources rapidement. Les chanoines ne pouvaient subvenir à leurs propres besoins. En 1784 la flèche de la collégiale fut abattue par la foudre et remplacée par un simple toit[4]. Les tombeaux des comtes et ducs étaient, comme le reste de l'édifice, faute de moyens, pas entretenus.

Vers 1780, Alexandre de Thémines évêque de Blois, souhaita réunir les revenus de L'abbaye de la Trinité de Vendôme à ceux du chapitre de la cathédrale de Blois. Les chanoines de Saint-Georges l'apprirent et voulurent réunir ces revenus aux leurs, devenus bien maigres. L'affaire se solda partiellement en faveur de la collégiale, puisque la moitié des revenus de l'abbaye lui furent accordés (l'autre moitié allant à l'évêque). Une bulle du pape Pie VI confirmait cette réunion de revenus le 14 juillet 1789. Mais ce rattachement ne se fit pas, la révolution commençant, ainsi la décadence de la collégiale s'accéléra. Elle fut déclarée bien national. Le 31 janvier le château était vendu à M.Fournier, et en vue de la suppression de nombre d'églises, les chanoines demandèrent le maintien de la collégiale, elle devint ainsi l'un des deux oratoires desservant l'unique paroisse conservée à Vendôme (siégeant à la Trinité). Fournier ne payant pas la somme due, il ne prit pas possession du château, ce dernier, ainsi que la collégiale furent livrés au vandalisme.

Le château fut remis en vente au mois de juin 1791. Le nouvel oratoire qu'était devenue la collégiale fut finalement délaissé par le clergé constitutionnel, car trop peu nombreux.

Les tout derniers chanoines quittèrent vraisemblablement la collégiale à la fin de l'année 1791[9].

La collégiale livrée à elle-même fut l'objet de nombreux pillages à tel point que le directoire soutint une pétition demandant le transfert des restes des Bourbon à la Trinité de Vendôme. Ainsi un arrêté fut promulgué le 20 septembre 1792. Mais ce transfert fut retardé par de nouveaux actes de vandalisme, nécessitant la présence des tombeaux comme pièces à conviction. Ce délai fut celui de trop, puisque le 28 mai 1793, le 3e bataillon des Volontaires de Paris saccagea définitivement la collégiale, urinant sur les squelettes des défunts, traînant les dépouilles au sol[2]...

Le 24 août 1793, en pleine Terreur, la collégiale fut vendue pour 10 500 livres, adjugée à plusieurs particuliers qui la détruisirent pour en vendre les matériaux. En 1814 ne subsistait que la voûte du choeur, qui fut renversée par une troupe anglaise qui occupait le site[2].

Liste des sépultures[2]

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Liste non exhaustive

La collégiale est réputé pour avoir abrité les tombeaux de la majorité des comtes et ducs de Vendôme

Les reliques

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Ces reliques furent dispersés lors du sac de la collégiale le 19 mai 1562, beaucoup furent par la suite mélangés toute ensemble. Mais d'autres encore complétait le trésor de la collégiale:

  • Des reliques de Saint-Mérat
  • Corps de Saint-Agil
  • Des reliques de Saint-Joudry (ou Gilderic)
  • Plusieurs ossements de bras, jambes et cuisses de Saint-Godegrand (frère de Sainte-Opportune, apporté en même temps qu'elle)

La collégiale fut enrichie de nouvelles reliques au XVIIe siècle:

  • Le corps entier de Saint-Théopiste
  • Des reliques de Sainte-Candide

Description

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La collégiale était composée d'une nef d'environ 25 mètres de longueur pour 10 mètres de largeur, d'un transept et d'un cœur à absidiole long de 24,30 mètres et large de 6,30 mètres (sans absidioles)[2], le tout surmonté au niveau de la croisée du transept d'un grand clocher.

Notes et références

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  1. Gaël Simon, « Espace et société à Vendôme du 11e au début du 19e s. : fonctionnement et fabrique d'une ville intermédiaire sur le temps long », theses.fr, Tours,‎ (lire en ligne, consulté le )
  2. a b c d e et f Jean-Claude Pasquier, Le château de Vendôme: une histoire douce-amère, Éditions du Cherche-Lune, , 301 p. (ISBN 978-2-904736-18-6, lire en ligne)
  3. « groupe sculpté:saint Jean-Baptiste », notice no PM41000644, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture.
  4. a et b Raoul de Saint-Venant, Dictionnaire Topographique, Biographique, Généalogique, et Héraldique du Vendômois : Tome quatrième V-Z, Blois, coll. « Université François Rabelais », , 930 p. (ISBN 2-904695-05-2)
  5. Gaël Simon, « Vendôme (Loir-et-Cher). Collégiale Saint-Georges de Vendôme », Archéologie médiévale, no 48,‎ , p. 280–281 (ISSN 0153-9337, DOI 10.4000/archeomed.17226, lire en ligne, consulté le )
  6. Dessins et Aquarelles de Gervais Launay : premier album: Vendôme, ville et canton, coll. « Comité départemental du patrimoine et de l'archéologie en Loir-et-Cher », , 152 p. (ISBN 2-9522350-0-7), p.53
  7. Guy de Passac 1979, p. 131.
  8. Jean-Jacques Renault, César de Vendôme, Éditions du Cherche-Lune, , 508 p. (ISBN 978-2-904736-73-5), page 327.
  9. Congrès archéologique de Vendôme, 39e session, 1872