Conclave de 1721
Conclave de 1721 | ||||||||
Dates et lieu | ||||||||
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Début du conclave | ||||||||
Fin du conclave | ||||||||
Lieu du vote | Rome | |||||||
Élection | ||||||||
Nombre de cardinaux | 68 | |||||||
Nombre de votants | 55-56 | |||||||
Nombre de tours | 75 | |||||||
Personnages clefs | ||||||||
Camerlingue | Giovanni Battista Tolomei | |||||||
Doyen | Sebastiano Antonio Tanara | |||||||
Cardinal protodiacre | Benedetto Pamphilj | |||||||
Pape élu | ||||||||
Nom du cardinal élu | Michelangelo Conti | |||||||
Nom de pape | Innocent XIII | |||||||
Listes des papes : chronologique · alphabétique | ||||||||
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Le conclave papal de 1721 fut convoqué à la mort du pape Clément XI afin d'élire son successeur. Il eut lieu du 31 mars au et s'acheva par l'élection du cardinal Michelangelo de Conti, qui prit le nom de règne pontifical d'Innocent XIII.
Trois futurs papes participèrent à ce conclave : Innocent XIII, Benoît XIII et Clément XII. Il faudra attendre le conclave d'août 1978 pour qu'une telle situation se reproduise.
Divisions au sein du Sacré-Collège
[modifier | modifier le code]À l'ouverture du conclave, le Collège des cardinaux se trouvait divisé en quatre camps, deux camps politiques et deux camps au sein de la Curie[1]. La faction impériale, la mieux représentée au sein du Collège, était menée par le ministre impérial Althan ; son influence était estimée à vingt ou vingt-cinq voix. Elle représentait les intérêts de Charles VI du Saint-Empire.
Le camp des Bourbon était composé d'un groupe de cardinaux qui défendaient les intérêts des deux puissances catholiques dirigées par la maison de Bourbon — à savoir la France et l'Espagne — il était fort des voix de onze à douze cardinaux. Il représentaient les intérêts de Louis XV de France et de Philippe V d'Espagne.
Le parti clémentin constituait la troisième faction; elle était menée par Annibale Albani, cardinal-neveu de Clément XI. Le nombre de ses partisans était estimé entre huit et quinze. Enfin, les zelanti constituaient le dernier camp. Il était composé de cardinaux opposés à l'influence des monarques séculiers sur le gouvernement de l’Église. Leur chef était le cardinal Fabroni. Le nombre de ses partisans était estimé entre six et douze.
Les observateurs de l'époque s'attendaient à ce que les clémentins et les zelanti unissent leurs forces pendant le conclave.
Papabili
[modifier | modifier le code]Pas moins de trente cardinaux pouvaient être considérés comme papabili, mais parmi eux, Francesco Pignatelli faisait figure de favori. Il avait le soutien de l'Autriche et d'un grand nombre de cardinaux du parti des zelanti. Annibale Albani soutenait officiellement le candidat de l'Autriche, mais désirait au fond de lui l'élection de Fabrizio Paolucci, secrétaire d’État de son oncle défunt. Les autres candidats disposant d'une chance d'être élus étaient Corsini, Tanara, Conti, Pamphili, Barbarigo et Gozzadini[2].
Cardinaux excommuniés
[modifier | modifier le code]Au moment de la mort du pape Clément XI, deux cardinaux avaient été excommuniés, Giulio Alberoni et de Noailles. Il fut cependant décidé qu'ils devaient être invités au conclave. Le cardinal de Noailles s'excusa en raison de son âge avancé et de sa santé déclinante[3],[4].
Un autre problème concernait le cardinal vice-chancelier Ottoboni : il n'avait pas encore été ordonné. Mais il fut néanmoins admis à participer au conclave[5].
Déroulement du conclave
[modifier | modifier le code]Le , seuls vingt-sept cardinaux avaient réussi à rejoindre Rome pour le début du conclave[6] Le , ils étaient quarante[3],[4]. Enfin, deux derniers cardinaux Thomas-Philippe d’Hénin-Létard d’Alsace-Boussut de Chimay et Damian Hugo Philipp von Schönborn arrivèrent le , la veille de sa clôture[3].
Le cardinal Annibale Albani essaya de profiter du faible nombre de cardinaux présents (la plupart étant des cardinaux issus de la Curie et élevés par son oncle) pour parvenir à une élection rapide de son candidat, le cardinal Fabrizio Paolucci. Lors du premier tour de scrutin, au matin du 1er avril, Paolucci reçut huit votes, plus deux votes supplémentaires lors d'accessi. Lors du deuxième tour, dans l'après-midi du jour même, il ne manquait plus à Paolucci que trois votes afin d'atteindre la majorité requise des deux-tiers des voix. Mais ce fut le moment que le cardinal von Althan (le seul cardinal-prince présent lors des premiers tours) prononça au nom de l'empereur Charles VI du Saint-Empire la jus exclusivae (exclusive) à l'encontre de Paolucci[7].
Le veto impérial fut accepté et au matin du , le cardinal secrétaire d'État Paolucci ne reçut aucune voix. Le jour même, le cardinal français de Rohan arriva finalement au conclave. Il remercia von Althann pour son action contre Paolucci[8].
Pendant le mois d'avril plusieurs candidats furent proposés — Spada, Gozzadini, Cornaro, Caracciolo — mais aucun ne parvint à rassembler suffisamment de votes[9]. Le , le cardinal Cienfuegos parvint en retard au conclave, mais avec des instructions récentes de la Cour impériale. À la fin du mois d'avril, il était désormais évident que celui qui disposait des meilleures chances d'être élu était le cardinal Conti, proposé par le camp français (Bourbon). Le , il obtint sept votes. Cependant, la faction impériale attendait toujours l'arrivée de son candidat favori Pignatelli, et avait pour consigne de ne voter pour Conti que si l'élection était déjà jouée. Mais, lorsque Pignatelli finit par arriver au conclave le 1er mai, ce fut au tour de l'Espagne de prononcer l'exclusive à son encontre. L'échec fait à la candidature de Pignatelli fut décisif : la faction impériale, admettant l'impossibilité de voir son candidat élu, accepta de voter pour Conti. Dans les jours qui suivirent, les deux factions issues de la Curie se rallièrent à leur tour à Conti[10].
Élection du pape Innocent XIII
[modifier | modifier le code]Le au matin, lors du soixante-quinzième tour de scrutin, le cardinal Michelangelo de Conti fut élu pape avec cinquante-quatre voix sur cinquante-cinq. Le seul vote en sa défaveur était le sien, qu'il avait donné à Sebastiano Antonio Tanara, le doyen du Collège des cardinaux[3],[11]. Il accepta son élection et prit le nom de règne pontifical de Innocent XIII, en l'honneur du pape Innocent III, également membre de la famille de Conti. Quelques instants plus tard, le protodiacre Benedetto Pamphilj annonçait son élection au peuple de Rome selon la formule latine consacrée Habemus Papam[12], et le , il fut couronné officiellement de la tiare papale sur les marches de la basilique du Vatican[13].
Liste des participants au conclave
[modifier | modifier le code]Le pape Clément XI mourut le , à l'âge de 71 ans, dans la vingt-et-unième année de son pontificat. Au moment de sa mort, le Sacré-Collège était composé de soixante-huit cardinaux. Parmi eux, cinquante-six prirent part au conclave, mais Giovanni Battista Salerni dut quitter le conclave pour raison de maladie[réf. nécessaire], les derniers tours de scrutin eurent donc lieu en présence de cinquante-cinq cardinaux-électeurs (classés dans l'ordre chronologique de leur élévation au rang de cardinal) :
Quarante-quatre cardinaux-électeurs furent créés par Clément XI, cinq par Innocent XII, cinq par Alexandre VIII, un par Innocent XI (Pamphili) et un par Clément X (Orsini).
Cardinaux absents
[modifier | modifier le code]Douze cardinaux ne purent prendre part à l'élection, du fait de leur absence[3]
Nom | Date d'élévation au cardinalat | Fonction |
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Galeazzo Marescotti | Cardinal-prêtre de S. Lorenzo in Lucina ; proto-prêtre du Sacré Collège des cardinaux | |
Louis-Antoine de Noailles | Cardinal-prêtre de S. Maria sopra Minerva ; archevêque de Paris | |
Lorenzo Fieschi | Cardinal-prêtre de S. Maria della Pace ; archevêque de Gênes | |
Christian August von Sachsen-Zeitz | Cardinal-prêtre [sans titre cardinalice] ; archevêque d'Esztergom ; administrateur de Györ ; cardinal-protecteur d'Allemagne ; chancelier suprême du royaume de Hongrie | |
Nuno da Cunha e Ataíde | Cardinal-prêtre [sans titre cardinalice] ; inquisiteur général de l'Inquisition portugaise ; évêque titulaire de Targa (de) | |
Léon Potier de Gesvres | Cardinal-prêtre [sans titre cardinalice] ; archevêque de Bourges | |
François de Mailly | Cardinal-prêtre [sans titre cardinalice] ;archevêque de Reims | |
Luis Antonio Belluga y Moncada | Cardinal-prêtre [sans titre cardinalice] ; évêque de Cartagène | |
José Pereira de Lacerda | Cardinal-prêtre [sans titre cardinalice] ; évêque de Faro | |
Carlos de Borja y Centellas | Cardinal-prêtre [sans titre cardinalice] ; patriarche des Indes occidentales ; archevêque titulaire de Trébizonde (de) | |
Melchior de Polignac | Cardinal-diacre [sans titre associé] | |
Carlo Maria Marini | ) | Cardinal-diacre of S. Maria in Aquiro |
Tous les absents avaient été ordonnés par le pape Clément XI, à l'exception de Marescotti, qui avait été nommé cardinal par Clément X, et de Noailles, par Innocent XII.
Notes
[modifier | modifier le code]- (en) Liste des participants au conclave de 1721 (par S. Miranda)
- (en) Sede Vacante 1721
- (en) Librairie pontificale
- (en) Ludwig von Pastor History of the Popes vol. XXXIV, Londres 1941
Références
[modifier | modifier le code]- L. Pastor, pp5-9
- L.Pastor, p.10-14
- Sede Vacante 1721
- Bibliothèque pontifical: Biographie d'Innocent XIII
- L. Pastor, p. 6
- L.Pastor, p.14
- L.Pastor, p.15
- L.Pastor, p. 16
- L.Pastor, p.19-20
- L.Pastor, p.21-24
- L.Pastor, p. 25
- L.Pastor, p. 26
- S.Miranda: Cardinal Michelangelo de' Conti (Pape Innocent XIII
- Il dut quitter le conclave pour raisons de santé