Démographie du Haut-Karabagh

Démographie du Haut-Karabagh
Dynamique (2016)
Population 146 000 hab.
Accroissement naturel  2,2 %
Taux de natalité 16,9 [1]
Taux de mortalité 8,4 [2]
Flux migratoires
Solde migratoire −3,2 
Composition ethnique (2015[3])
Arméniens 99,7 %
Géorgiens 0,1 %
Autres 0,1 %
Composition religieuse (2015[4])
Christianisme apostolique arménien 98,02 %
Christianisme évangélique 0,37 %
Témoins de Jéhovah 0,23 %
Autres 1,38 %

Cet article porte sur les caractéristiques démographiques de la population de la République du Haut-Karabagh, dont la densité de population, l'ethnicité, le niveau d'éducation, la santé de la population, la situation économique, les affiliations religieuses et d'autres aspects de la population.

En 2001, la population du Haut-Karabagh était composée à 95 % d'Arméniens, le total restant étant des Russes, des Assyriens, des Grecs, et des Kurdes[5]. En , le gouvernement local a annoncé que sa population avait augmenté à 138 000. Le taux de fécondité annuel a été enregistrée entre 2,2 et 2,3 par an, ce qui induit une augmentation de près de 1 500personnes en 1999. Jusqu'en 2000, le solde migratoire du pays était négatif[6]. Pour le premier semestre de 2007, 1 010 naissances et 659 décès ont été signalés, avec une émigration nette de 27[7].

La plupart de la population arménienne est chrétienne et appartient à l'Église apostolique arménienne. Certaines confessions chrétiennes orthodoxes et chrétiennes évangéliques existent également ; les autres religions comprennent le judaïsme[5].

Des chiffres concrets sur la situation démographique du Haut-Karabagh apparaissent depuis le XVIIIe siècle. Archimandrite Minas Tigranian, après avoir terminé sa mission secrète en Arménie perse commandé par le tsar de Russie Pierre le Grand a déclaré dans un rapport daté du , que le patriarche du monastère de Gandzasar, dans le Haut-Karabagh, a sous son autorité 900 villages arméniens[8].

Dans sa lettre de 1769 au comte P. Panine, le roi géorgien Héraclius II, dans sa description du Haut-Karabagh, stipule : « Sept familles dominent la région de Khamse. Sa population est totalement arménienne. »[9],[10]

Lors de discussion sur le Karabagh et le Chouchi au XVIIIe siècle, le diplomate et historien russe S. M. Bronevski (en russe : С. М. Броневский) a indiqué dans ses « Notes historiques » que le Karabagh, dit-il « situé en Grande Arménie » avait jusqu'à 30-40 000 hommes arméniens armés en 1796[11].

Une enquête préparée par les autorités impériales russes en 1823, plusieurs années avant la migration arménienne de la Perse vers la province arménienne nouvellement créée en 1828, montre que tous les Arméniens du Karabagh résidaient dans sa partie montagneuse, c'est-à-dire sur le territoire des cinq principautés arméniennes traditionnelles du Haut-Karabakgh, et a constitué une majorité démographique absolue sur ces terres. Plus de 260 pages de l'enquête recensent que le district de Khachen compte douze villages arméniens et aucun village tatar (musulman) ; Jalapert (Jraberd) avait huit villages arméniens et pas de village tatar ; Dizak avait quatorze villages arméniens et un village tatar ; Gulistan avait douze villages arméniens et cinq villages tatars ; et Varanda avait vingt-trois villages arméniens et un village tatar[12],[13].

Pendant l'époque soviétique, les dirigeants de la RSS d'Azerbaïdjan ont essayé de changer l'équilibre démographique dans l'oblast autonome du Haut-Karabagh en augmentant le nombre de résidents azéris par l'ouverture d'une université avec des départements azéris, russes et arméniens et une usine de chaussures, envoyant des Azerbaïdjanais d'autres raïons de la RSS d'Azerbaïdjan au Haut-Karabagh. Aliyev dans une interview en 2002 a déclaré : « En faisant cela j'ai essayé d'augmenter le nombre d'Azéris et de réduire le nombre d'Arméniens. »[14],[15]

Lors de la chute de l'Union soviétique en 1989, l'oblast autonome du Haut-Karabagh avait une population de 145 593 Arméniens (76,4 %) et 42 871 Azéris (22,4 %)[16], et plusieurs milliers de Kurdes, Russes, Grecs et Assyriens. La plupart des populations azéries et kurdes ont fui la région au cours de la guerre de 1992 à 1993. La principale langue parlée dans le Haut-Karabagh est l'arménien ; Toutefois, les Arméniens du Karabagh parlent un dialecte d'origine arménienne qui est considérablement différent de celui qui est parlé en Arménie comme il est composé avec des mots de russe, turc et persan[17].

En 2001, la population rapportée du Haut-Karabagh était composée à 95 % d'Arméniens, le total restant, comprenant des Assyriens, des Grecs, et des Kurdes[5]. En , le gouvernement local a annoncé que sa population avait augmenté à 138 000. Le taux de natalité annuel a été enregistrée entre 2,2 et 2,3 par an, soit une augmentation de près de 1 500 en 1999. Jusqu'en 2000, le solde migratoire du pays était négatif[6]. Pour le premier semestre de 2007, 1 010 naissances et 659 décès ont été signalés, avec une émigration nette de 27[7].

En 2011, des fonctionnaires du YAP ont soumis une lettre à l'OSCE qui comprenait la déclaration suivante, « Le rapport de la mission d'enquête de l'OSCE publié l'an dernier a également constaté qu'environ 15 000 Arméniens se sont installés illégalement sur les territoires occupés de l'Azerbaïdjan. » Toutefois, le rapport de l'OSCE, publié en , estime que la population des territoires contrôlés par les Arméniens ethniques « adjacents à la région azerbaïdjanaise séparatiste du Haut-Karabagh » sont 14 000, et stipule que « il n'y a pas eu de croissance significative de la population depuis 2005 »[18].

La plupart de la population arménienne est chrétienne et appartient à l'Église apostolique arménienne. Certaines confessions chrétiennes orthodoxes et chrétiennes évangéliques existent également ; les autres religions comprennent le judaïsme[5].

Avec la crise provoquée par la guerre civile syrienne, plusieurs centaines de citoyens syro-arménien sont passés de la Syrie au Haut-Karabagh. Beaucoup de ces réfugiés ont reçu l'assistance du gouvernement sous la forme de terre, logement, aide supplémentaire à l'éducation, et d'autres bases qui leur permettront d'être assimilés et de commencer leur nouvelle vie rapidement[19]. Alors que la guerre civile continue, beaucoup plus de familles sont censées faire la transition vers le Haut-Karabagh.

Évolution de la population[20]
Année Population Urbain Rural Immigration nette
2000 134,4 68,4 66,0 16,1
2001 135,7 68,7 67,0 11,5
2002 136,6 69,3 67,3 4,9
2003 137,0 69,1 67,9 1,3
2004 137,2 69,8 67,4 -2,6
2005 137,7 70,5 67,2 1,7
2006 137,7 70,8 66,9 -3,2
Population par groupe d'âge
Groupe d'âge Total Urbain Rural % Population % Population urbaine % Population rurale
0-6 15,7 7,5 8,2 11,4 10,6 12,3
7-17 25,2 12,8 12,4 18,3 18,1 18,5
18-59 75,8 41,9 33,9 55,0 59,2 50,7
60+ 21,0 8,6 12,4 15,3 12,1 18,5
Population par province
Population 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006
Total 134,4 135,7 136,6 137,0 137,2 137,7 137,7
Stepanakert 49,5 49,5 49,7 49,8 49,9 50,0 50,4
Askeran 16,0 16,6 16,6 16,8 16,9 17,0 17,0
Hadrout 11,4 11,4 11,8 11,9 11,9 12,0 12,4
Martakert 18,9 18,7 18,8 18,8 18,8 18,9 18,9
Martouni 22,8 22,9 23,0 23,0 23,0 23,2 23,1
Chahoumian 2,0 2,5 2,5 2,5 2,5 2,5 2,8
Chouchi 4,0 4,1 4,2 4,3 4,4 4,4 4,5
Kashatagh 9,8 10,0 10,0 9,9 9,8 9,7 8,6
Population urbaine par province
Population 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006
Total 68,4 68,7 69,3 69,1 69,8 70,5 70,8
Stepanakert 49,5 49,5 49,7 49,8 49,9 50,0 50,4
Askeran 2,3 2,1 2,0 1,9 2,0 2,0 2,1
Hadrout 2,5 2,5 2,8 2,8 2,7 2,8 3,0
Martakert 3,8 3,8 3,8 3,8 4,0 4,2 3,8
Martouni 4,3 4,5 4,7 4,5 4,8 4,9 4,9
Chahoumian 0,4 0,5 0,6 0,5 0,5 0,4 0,5
Chouchi 2,7 2,9 3,0 3,1 3,1 3,3 3,3
Kashatagh 2,9 2,9 2,7 2,7 2,8 2,9 2,7
Population rurale par province
Population 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006
Total 66,0 67,0 67,3 67,9 67,4 67,2 66,9
Stepanakert 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0
Askeran 13,7 14,5 14,6 14,9 14,9 15,0 14,9
Hadrout 8,9 8,9 9,0 9,1 9,2 9,2 9,4
Martakert 15,1 14,9 15,0 15,0 14,8 14,7 15,1
Martouni 18,5 18,4 18,3 18,5 18,2 18,3 18,2
Chahoumian 1,6 2,0 1,9 2,0 2,0 2,1 2,2
Chouchi 1,3 1,2 1,2 1,2 1,3 1,1 1,2
Kashatagh 6,9 7,1 7,3 7,2 7,0 6,8 5,9

Statistiques démographiques

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Naissances et décès enregistrés[21]
Population moyenne (x1000) Naissances Décès Solde naturel Taux brut de natalité (par 1000) Taux brut de mortalité (par 1000) Solde naturel (par 1000) Taux de mortalité infantile (par 1000 naissances) Espérance de vie masculine Espérance de vie féminine
1995 125 1 799 1 197 602 14,4 9,6 4,8
1996 123 1 964 1 323 641 15,9 10,7 5,2
1997 126 1 887 1 205 682 14,9 9,5 5,4
1998 130 1 897 1 207 690 14,6 9,3 5,3
1999 132 1 645 1 104 541 12,5 8,4 4,1
2000 134 2 222 1 185 1 037 16,6 8,9 7,7
2001 135 2 306 1 075 1 231 17,1 8,0 9,1
2002 136 2 190 1 242 948 16,1 9,1 7,0
2003 137 2 058 1 232 826 15,0 9,0 6,0
2004 137 2 095 1 306 789 15,3 9,5 5,8
2005 137 2 004 1 260 744 14,6 9,2 5,4
2006 138 2 102 1 235 867 15,3 9,0 6,3
2007 138 2 145 1 227 918 15,5 8,9 6,6
2008 139 2 418 1 317 1 101 17,4 9,5 7,9 13,6 70,0 76,3
2009 141 2 821 1 266 1 555 20,0 9,0 11,0 10,6 70,3 76,9
2010 143 2 694 1 341 1 353 18,8 9,3 9,5 12,6 71,2 76,5
2011 144 2 586 1 297 1 289 17,9 9,0 8,9 12,0 70,8 75,9
2012 146 2 500 1 232 1 268 17,1 8,4 8,7 7,6 71,8 77,4
2013 147 2 371 1 344 1 027
2014 148 2 428 1 309 1 119
2015 146 2 582 1 290 1 292
2016 145 2 471 1 222 1 249
2017 146 2 336 1 238 1 098
2018 147 2 328 1 185 1 143
2019 148 2 119 1 155 964
Statistiques démographiques de la population urbaine
Année Naissance Décès Solde naturel Taux de natalité Taux de mortalité Taux du solde naturel
2000 1 158 566 592 16,9 8,3 8,7
2001 1 162 519 643 16,9 7,6 9,4
2002 1 120 539 581 16,2 7,8 8,4
2003 1 106 579 527 16,0 8,4 7,6
2004 1 235 662 573 17,7 9,5 8,2
2005 1 132 640 492 16,1 9,1 7,0
2006 1 202 605 597 17,0 8,6 8,4
Statistiques démographiques de la population rurale
Année Naissances Décès Solde naturel Taux de natalité Taux de mortalité Taux du solde naturel
2000 1 064 619 445 16,1 9,4 6,7
2001 1 144 556 588 17,1 8,3 8,8
2002 1 070 703 367 15,9 10,4 5,5
2003 952 653 299 14,0 9,6 4,4
2004 860 644 216 12,8 9,6 3,2
2005 872 620 252 13,0 9,2 3,8
2006 900 630 270 13,5 9,4 4,0

Groupes ethniques[22],[23]

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La population de la République Haut-Karabagh est maintenant presque exclusivement arménienne. Presque tous les Azerbaïdjanais (41 000 sur le territoire de l'oblast autonome du Haut-Karabagh en 1989) ont quitté la région. La majorité des Russes et des Ukrainiens sont aussi partis.


À la suite de la guerre du Haut-Karabagh, les 40 600 Azerbaïdjanais de l'oblast et de ces alentours ont fui de l'autre côté de la frontière et on compte au total environ 580 000 réfugiés et déplacés[24]. Côté arménien, ce sont environ 350 000 personnes qui ont fui l'Azerbaïdjan, la plupart entre 1988 et 1990, lors des pogroms anti-arméniens de Bakou et de Soumgaït[24].

Population de l'oblast autonome du Haut-Karabagh (1926-1989) et de la république du Haut-Karabagh (2005) selon les groupes ethniques
Groupe
ethnique
Recensement de 1926 Recensement de 1939 Recensement de 1959 Recensement de 1970 Recensement de 1979 Recensement de 1989 Recensement de 20051
Nombre % Nombre % Nombre % Nombre % Nombre % Nombre % Nombre %
Arméniens 111 694 89,1 132 000 88,0 110 053 84,4 121 068 80,5 123 076 75,9 145 450 76,9 137 380 99,7
Azerbaïdjanais 12 592 10,0 14 053 9,3 17 995 13,8 27 179 18,1 37 264 23,0 40 688 21,5 6 0,0
Russes 596 0,5 3 174 2,1 1 790 1,4 1 310 0,9 1 265 0,8 1 922 1,0 171 0,1
Ukrainiens 436 0,3 193 0,1 140 0,1 416 0,2 21 0,0
Autres 416 0,3 374 0,2 568 0,4 563 0,4 436 0,3 609 0,3 159 0,1
Total 125 300 150 837 130 406 150 313 162 181 189 085 137 737
1Le territoire de l'oblast autonome du Haut-Karabagh et de la République du Haut-Karabagh sont différents.

Références

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  1. Le taux de natalité est le rapport du nombre de naissances vivantes l'année à la population totale moyenne de l'année.
  2. Le taux de mortalité est le rapport du nombre de décès, au cours d'une année, à la population moyenne de l'année.
  3. (ru) « Таблица 5.2-1 Население (городское, сельское) по национальности, полу » (consulté le )
  4. http://stat-nkr.am/files/publications/2016/Mardahamar_2015/MAS_2/5_4%20LXH.pdf "
  5. a b c et d La composition ethnique de la région selon le gouvernement.
  6. a et b Regnum News Agency, Nagorno Karabakh prime minister: We need to have at least 300,000 population. Récupéré le 9 mars 2007
  7. a et b Евразийская панорама
  8. George A. Bournoutian, Armenians and Russia, 1626-1796: A Documentary Record. Costa Mesa, CA: Mazda Publishers, 2001, p. 120–21.
  9. Цагарели А. А. Грамота и гругие исторические документы XVIII столетия, относяшиеся к Грузии, Том 1. СПб 1891, ц. 434-435. Ce livre est disponible en ligne à partir de Google Books
  10. George A. Bournoutian, Armenians and Russia, 1626-1796: A Documentary Record. Costa Mesa, CA: Mazda Publishers, 2001, page 246
  11. S. M. Bronesvskiy. Notes Historiques… St. Petersburg. 1996. Исторические выписки о сношениях России с Персиею, Грузиею и вообще с горскими народами, в Кавказе обитающими, со времён Ивана Васильевича доныне». СПб. 1996, секция "Карабаг"
  12. Description de la province du Karabagh préparé en 1823 selon l'ordre du gouverneur en Géorgie Yermolov par le conseiller d'État Mogilevsky et colonel Yermolov 2e(russe : Opisaniye Karabakhskoy provincii sostavlennoye v 1823 g po rasporyazheniyu glavnoupravlyayushego v Gruzii Yermolova deystvitelnim statskim sovetnikom Mogilevskim i polkovnikom Yermolovim 2-m), Tbilisi, 1866.
  13. George A. Bournoutian, A History of Qarabagh: An Annotated Translation of Mirza Jamal Javanshir Qarabaghi's Tarikh-E Qarabagh. Costa Mesa, CA: Mazda Publishers, 1994, page 18
  14. (ru) "Гейдар Алиев: 'Государство с оппозицией лучше'." Zerkalo. 22 juillet 2002.
  15. (ru) Anon. "Кто на стыке интересов? США, Россия и новая реальность на границе с Ираном" ("Who is at the turn of interests? US, Russia and new reality on the border with Iran"). Regnum. 4 avril 2006.
  16. Human Rights Watch. Sept ans de conflit au Haut-Karabakh ». Décembre 1994, p. xiii, (ISBN 1-56432-142-8), citant:. Natsional'nyi Sostav Naseleniya SSSR, po dannym Vsesoyuznyi Perepisi Naseleniya 1989 g, Moskva, "Finansy i Statistika"
  17. (en) Thomas de Waal, Black Garden : Armenia and Azerbaijan Through Peace and War, New York, New York University Press, , 337 p. (ISBN 0-8147-1945-7, lire en ligne).
  18. (en) « Azerbaijani Party Appeals To OSCE About Armenian Resettlement », RFE/RL,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  19. « Karabakh Offers New Home to Syrian Armenians », sur Institute for War and Peace Reporting (consulté le ).
  20. www.stat-nkr.am
  21. Le Service national des statistiques de la République du Haut-Karabakh
  22. [1]
  23. Recensement de 2005, République du Haut-Karabagh
  24. a et b Françoise Ardillier-Carras, Sud-Caucase : conflit du Karabagh et nettoyage ethnique, Bulletin de l'Association de Géographes Français, (lire en ligne), p. 423-425

Articles connexes

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