Exposition du monde portugais

Exposition du monde portugais
Exposition du monde portugais
Exposition du monde portugais
Général
Type-BIE Non reconnue
Fréquentation 3 000 000[1]
Commissaire général Augusto de Castro
Organisateur Drapeau du Portugal État nouveau portugais
Participants
Nombre de pays 2
Localisation
Pays Drapeau du Portugal Portugal
Ville Lisbonne
Site Quartier de Belém
Coordonnées 38° 41′ 47″ nord, 9° 12′ 27″ ouest
Chronologie
Date d'ouverture
Date de clôture
Éditions spécialisées
Précédente Exposition coloniale portugaise , Porto
Expositions simultanées
Horticole Exposition nationale de floriculture
Géolocalisation sur la carte : Lisbonne
(Voir situation sur carte : Lisbonne)
Exposition du monde portugais
Géolocalisation sur la carte : Portugal
(Voir situation sur carte : Portugal)
Exposition du monde portugais

L'Exposition du monde portugais (en portugais : Exposição do Mundo Português) s'est tenue du 23 juin au dans le quartier de Belém à Lisbonne, capitale du Portugal. Elle célébra les 800 ans de la fondation du Portugal et les 300 ans de la restauration de l'indépendance vis-à-vis de l'Espagne.

L’exposition s’articulait autour de la place de l'Empire, du fleuve Tage et du monastère des Hiéronymites et accueillit 3 millions de visiteurs. Elle constitua la plus grande exposition jamais organisée au Portugal jusqu'à l'Exposition internationale de 1998, également tenue dans la cité lisboète.

L'entrée d'une partie de l'Europe dans la Seconde Guerre mondiale le affecta l'événement. La volonté politique derrière l'exposition était de promouvoir le régime de l'État nouveau alors en phase de consolidation. Elle devint ainsi l'événement politico-culturel le plus important du Portugal à cette époque et le plus marquant du gouvernement d'António de Oliveira Salazar.

Le Portugal et le Brésil étaient les deux pays représentés, ainsi que toutes les provinces métropolitaines et d'outre-mer portugaises, (notamment celles de l'empire colonial portugais) et plusieurs entreprises nationales et multinationales. On y trouvait des pavillons thématiques et culturels, ainsi que des expositions de peintures et de sculptures. Plusieurs mises en scène jalonnaient le site de l'exposition et le jardin botanique. Une grande partie des pavillons et autres installations, comme le bateau, fut détruite lors d'un cyclone qui eut lieu entre le et le sur Lisbonne et sa région.

L'affluence, avec près de 3 millions de visiteurs, fut limitée en raison de la Seconde Guerre mondiale et le public resta principalement portugais. Après la clôture de l'exposition, certaines parties du site furent recyclées en parcs ou en musées, tandis que d'autres éléments furent réutilisés.

Objectifs de l'exposition

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C'est en 1922, soit onze ans après la proclamation de la République portugaise, que l'idée de célébrer le double centenaire apparut. En 1929, en pleine dictature nationale, l'ambassadeur du Portugal à Bruxelles, Alberto de Oliveira, relança l'idée d'une exposition du monde portugais afin de célébrer conjointement le huitième et le troisième centenaire de la fondation du royaume de Portugal en 1140 et de la restauration de l'indépendance du Portugal face à l'Espagne en 1640[2].

En , le président du Conseil des ministres, António de Oliveira Salazar, élabora le programme des célébrations. Le régime chercha à utiliser les fêtes et les reconstitutions pour consolider et diffuser son idéologie en mettant en avant la Fondation de la Nation, la préservation de l'Indépendance et les découvertes maritimes[d 1]. La réalisation de l'exposition fit également suite à la participation du Portugal aux expositions de Paris en 1931, de Paris en 1937, New York en 1939 et San Francisco en 1939[a 1],[m 1],[3], ainsi qu'aux récentes organisations lusitaniennes, comme l'Exposition coloniale portugaise en 1934, la Reconstitution de l'Ancienne Lisbonne en 1935, l'Exposition de l'An X de la Révolution nationale en 1936 et l'Exposition historique de l'Occupation en 1937[v 1].

Alors que l'Espagne était en pleine guerre civile, António de Oliveira Salazar annonça publiquement l’événement en première page du quotidien portugais le Diário de Notícias du . L'Estado Novo s’efforça d'associer les caractéristiques les plus marquantes de son nationalisme, incluant l'autoritarisme, l'élitisme et le paternalisme conservateur[4].

Photographie de Salazar, assis à son bureau, en 1940
Salazar, à son bureau, en 1940.

António de Oliveira Salazar affirma qu'un héritage de huit siècles d'histoire constituait un « cas rare » si le même peuple, la même nation et le même État étaient nécessaires pour définir l'identité politique[a 1]. L'exposition fut également organisée afin de permettre une consolidation et une glorification du régime pendant l'Estado Novo. Le régime souhaita ainsi illustrer les différents efforts réalisés dans la modernisation et le développement du pays. L’événement, d'une dimension sans précédent, devait et réussit à devenir l'événement politique et culturel le plus important pendant le régime de Salazar[a 2]. En effet, il s'agissait de faire triompher le régime avec l'instauration d'un État autoritaire, catholique et corporatif, en opposition à la république portugaise[3]. L’exposition avait aussi pour objectif de montrer aux autres pays les caractéristiques du territoire portugais, ainsi que ses frontières nationales et ses colonies. L’exposition servit également à présenter le Portugal comme un grand pays d’Europe. Considéré comme un petit pays, l’accent fut mis sur la présentation d’un pays avec une grande histoire, un vaste territoire comprenant ses provinces métropolitaines et d’outre-mer, une nation impériale et imposante[v 2].

L'exposition visait également à démontrer que le Portugal entretenait une relation privilégiée avec ses colonies, fondée sur le métissage et la fraternité. Cette idéologie, théorisée plus tard par l’anthropologue Gilberto Freyre sous le nom de lusotropicalisme, chercha à promouvoir l’idée que le Portugal avait une approche plus humaine et moins sévère de la colonisation par rapport aux autres puissances coloniales européennes. L’objectif était de mettre en scène des pavillons dédiés aux provinces ultramarines portugaises, exposant les ressources économiques et les cultures locales, mais avec une vision coloniale très eurocentrée. Bien qu’António de Oliveira Salazar eût initialement rejeté cette notion, critiquant cette théorie, il l’utilisa ensuite pour justifier sa politique coloniale. Selon lui, le Portugal était une nation multiculturelle, multiraciale et pluricontinentale depuis le XVe siècle. Une perte de ses colonies aurait rendu le pays moins indépendant et autosuffisant[5].

Pendant cette période, le pays se sentit en effet menacé par une invasion de l'Espagne et de l'Allemagne. Le , Hitler émit la directive no 18, dans laquelle il décrivit un plan pour envahir le Portugal si les forces britanniques devaient y prendre pied. « Je demande également que le problème de l'occupation de Madère et des Açores soit considéré, avec les avantages et les inconvénients que cela entraînerait pour notre guerre maritime et aérienne. Les résultats de ces études doivent m’être soumis dès que possible », ajouta Hitler[6]. Alors qu'un pacte d'amitié et de non-agression fut signé entre l'Espagne et le Portugal, un protocole de renouvellement fut également signé le 29 juillet 1940. Un document rendu public en 2009 révéla que le Chef d'État espagnol, Francisco Franco, prévoyait d'envahir le Portugal en 1940 avec 250 000 soldats, en occupant la capitale portugaise et le littoral[7],[8].

L'Allemagne nazie chercha également à annexer le territoire de l'Angola portugais[a 2]. L'exposition devait également montrer un Portugal épargné par les effets dévastateurs de la guerre en Europe et promouvoir un empire à son apogée[3].

départ de deux caravelles escortées de barques en présence d'une foule nombreuse sur la rive.
Représentation du départ de Vasco de Gama, depuis Belém, en 1497.

Belém est un quartier de Lisbonne situé sur la rive droite du Tage, dans la partie la plus au sud-ouest de la ville. Cet emplacement fut choisi comme site de l'Exposition entre le et le . En effet, Augusto de Castro, diplomate et commissaire de l'Exposition, suggéra que l'événement dût se tenir sur les rives du Tage en raison de son lien avec l'histoire du Portugal, ainsi que de la proximité de la Tour de Belém et du monastère[a 3],[m 2]. Les plages du Restelo à Belém étaient connues pour être le lieu de départ des grands explorateurs portugais lors de leurs voyages à travers le monde, notamment le point de départ de Vasco de Gama pour les Indes en 1497[m 2].

Le site avait déjà été choisi par le passé pour la célébration d'autres festivités, comme le Centenaire de l'Inde en 1898 ou encore l'installation de la statue en l'honneur du roi Afonso de Albuquerque en 1901[9]. Outre son importance historique et symbolique, le site était également un terrain partiellement urbanisé, avec de petites habitations et des places. D'une superficie de 56 hectares, la zone choisie pour l'exposition était délimitée à l'ouest par la place Afonso de Albuquerque et à l'est par la tour de Belém ; elle était bordée au nord par le monastère des Hiéronymites et au sud par le Tage[a 3].

Aménagement

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José Ângelo Cottinelli Telmo, architecte en chef, fut chargé de la conception des plans pour cette exposition. Il dirigeait un groupe de 17 architectes. Près de 5 000 ouvriers, 1 000 plâtriers, 15 ingénieurs, ainsi que des centaines de peintres, sculpteurs et décorateurs furent mobilisés pour construire et aménager l'exposition[v 3]. Les travaux de démolition et l’aménagement du site de l'exposition commencèrent le [v 4]. Un budget de 35 000 contos (soit 35 millions d'escudos) fut alloué pour les aménagements et la construction de l'exposition. Quatorze mois de travaux furent nécessaires avant l'inauguration, le [v 3].

Dans le cadre de l'exposition, le régime souhaita également réaliser douze autres grands projets de modernisation du pays avant l'événement : la restauration des intérieurs et des jardins ainsi que l'ouverture d'un musée au Palais royal de Queluz[10],[11], la construction du nouveau siège de la Maison de la monnaie[12], la création d’une annexe au musée national d'Art ancien[13], l'ouverture de l'autoroute A5, la construction de la gare maritime de Alcântara, celle du stade national du Jamor[14], la rénovation et l’amélioration du palais de l'Assemblée nationale[15], la mise en service de la route Marginal EN6, la restauration du teatro Nacional de São Carlos[16], l'ouverture du parc forestier de Monsanto[17], le lancement des hôpitaux universitaires[18] ainsi que le déploiement de l'Emissora Nacional dans les colonies portugaises.

L'exposition du monde portugais fut conçue comme une réalisation temporaire. En effet, plusieurs structures furent réalisées en bois, en plâtre ou avec d'autres matériaux. Ce fut notamment le cas du monument des Découvertes, qui fut démonté après l'exposition, puis reconstruit en pierre et en béton en 1960[v 5].

Plan général du site

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Affiche en couleurs représentant le plan général de l'exposition avec indication des pavillons et des portes.
Plan officiel de l'exposition.

Le site de l'exposition était accessible par divers accès situés à l'est et à l'ouest. La zone sud, sous l’Avenida da Índia et la ligne de chemin de fer, s’articulait le long du Tage, avec le Monument aux Découvertes, les Pavillons de la Vie populaire à l’extrémité ouest, et la Porte de la Restauration. À l'est, se trouvaient le Pavillon de la Fondation et la Porte de la Fondation[c 1].

Au centre, entre la ligne de chemin de fer et le monastère des Hiéronymites, se dressaient les pavillons les plus imposants, tels que le Pavillon d'Honneur, le Pavillon des Portugais du Monde, le quartier commercial et industriel, ainsi que la place de l'Empire, située au cœur de l'exposition. Au nord, séparé par le monastère des Hiéronymites, se trouvait un parc à l’ouest, avec un ensemble d'attractions, et à l’est, le jardin et la section coloniale[c 1].

Réaménagement du site

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Vue aérienne de Belém au 20e siècle
Vue sur le secteur de Belém, début du XXe siècle.

Une fois le site de l'exposition déterminé, Augusto de Castro, António de Oliveira Salazar, ainsi que le ministre des Travaux publics et le maire de Lisbonne de l'époque, ont décidé de procéder à une rénovation urbaine du quartier de Belém, en particulier de l'espace destiné à accueillir l'exposition[19].

Le quartier se prêtait particulièrement bien à l'effet théâtral recherché, notamment avec la création d'une place de l'Empire face au Tage, encadrée à l'est et à l'ouest par deux grands pavillons longitudinaux perpendiculaires au monastère du XVIe siècle : le Pavillon d'Honneur et de Lisbonne d'un côté, et le Pavillon des Portugais dans le Monde de l'autre. La Charte de Jean III de Portugal, datée du , interdisait strictement toute construction d’habitations entre le monastère et la rive du Tage. Cette interdiction fut ensuite confirmée par plusieurs rois : Sébastien Ier, Philippe III, Jean IV, Alphonse VI, et Joseph Ier[d 2].

La présence du monastère et le développement des activités maritimes favorisèrent l'urbanisation d’une partie de Belém, tout en préservant les abords immédiats du monastère grâce aux renouvellements successifs de la Charte sous Jean III. Ce dispositif de protection fut levé à la fin du XIXe siècle, permettant alors l’urbanisation autour du monastère et sur une partie de l’espace devant celui-ci[d 3].

Entre 1939 et 1940, la place Vasco de Gama est démantelée, et la fontaine des dauphins (chafariz dos Golfinhos), inaugurée en 1848, est déplacée vers la Place de Mastro (Largo do Mastro)[20],[21]. Le marché de Belém, construit en 1882, ainsi que plusieurs commerces et habitations sont également démolis pour dégager la vue du monastère des Hiéronymites vers le Tage[19]. La rue de Belém, la rue Vieira Portuense et d'autres voies sont partiellement détruites[22],[1]. Certaines rues, telles que la Vieira Portuense, sont en partie conservées, avec des rénovations de façades et la préservation des arches du XVIIIe siècle, afin d'harmoniser les constructions existantes avec l'esthétique de l'exposition[d 4]. Environ 55 bâtiments sont démolis, y compris l'emblématique immeuble au no 138 de la rue de Belém, notable pour son architecture antérieure au XVIIIe siècle[d 5].

Vue aérienne du Monastère et des constructions proches
Constructions urbaines et la Place Vasco de Gama, avant 1939.

Pour reloger une partie des habitants, un nouveau quartier nommé Bairro das Terras do Forno a commencé à être construit en 1933. Conçu dans le même style architectural que d'autres projets de l'Estado Novo, ce quartier de maisons économiques, situé entre le monastère des Hiéronymites et le jardin colonial, a été inauguré en 1938[d 6].

La Tour de Belém, jusqu’alors environnée d’un pôle industriel et d’une grande usine à gaz, a également bénéficié de réaménagements dans le cadre de la rénovation générale du quartier[a 4],[23]. Cependant, sa proximité avec plusieurs usines en activité a conduit les organisateurs à décider de ne pas intégrer ce secteur à l’Exposition du monde portugais[24].

Parmi les bâtiments démolis ou transformés figure un petit palais à l’ouest du monastère, construit en 1880, qui servait de résidence au directeur de la Casa Pia de Lisbonne ; ce bâtiment fut détruit pour faire place à un parc d'attractions[d 7],[d 8]. Le Palais de Belém, également connu sous le nom de Palais de Marialva ou Quinta da Praia et construit au XVIe siècle, a également été partiellement démoli, et ses jardins réaménagés pour l’exposition. Les parties restantes du bâtiment ont été réaffectées pour héberger divers services, dont les pompiers, la police et un poste médical, sous l’appellation de Commissariat de l'Exposition (Comissariado da Exposição)[d 9].

Entre 1938 et 1941, le journal Ecos de Belém a rapporté les transformations de ce quartier et leurs effets sur la vie sociale et économique de la zone[v 6]. Initialement optimistes en 1938, les articles changent de ton à partir du , devenant plus critiques envers le réaménagement de Belém. Malgré le contexte de censure, plusieurs articles critiques furent publiés sans interdiction de la commission de la censure[d 10].

Transport et communications

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Duarte Pacheco et d'autres invités à la Gare do Rossio pour l'inauguration du train Flecha de Prata.
Timbres portugais édités en 1940.

Pour renforcer le service de transport en commun vers l'Exposition du monde portugais, la compagnie de bus lisboète Carris a mis en place une ligne de bus spéciale reliant le quartier de la Baixa au site de l'exposition à Belém. Cette ligne utilisait six véhicules anglais AEC Regent I, conçus par le constructeur Associated Equipment Company et achetés spécialement pour l'occasion[25],[26].

L’exposition proposait deux sites de stationnement : le premier situé à l'actuelle Cour des messes (Terreiro das Missas) en face de la place Afonso de Albuquerque[27], et le second au niveau du parc d'attractions, correspondant aujourd’hui à une zone résidentielle et à la place de Diu.

Le service ferroviaire, géré par la compagnie Comboios de Portugal, a également été renforcé avec une nouvelle liaison reliant Belém et Porto pendant l’exposition. La locomotive 503, redessinée pour l’occasion, ainsi que le train Flecha de Prata, devinrent les symboles des chemins de fer portugais[v 7]. Le voyage inaugural eut lieu le 8 août 1940, permettant au train de relier la gare du Rossio à Lisbonne et la gare de Porto-São Bento en seulement 4 heures et 34 minutes, établissant ainsi un nouveau standard pour le trajet entre ces deux villes[v 8].

Pour faciliter l'accès maritime à Belém, la gare fluviale de Belém a été construite sous la direction de l’architecte Frederico Caetano de Carvalho. Inaugurée par la suite, elle permet de relier Belém à Cova do Vapor et Trafaria[28],[c 2]. Un réseau de téléphérique comprenant trois lignes était initialement prévu pour l’ensemble de l’exposition[c 3]. Finalement, seule une ligne a est installée et mise en service, reliant la section coloniale au bord du Tage[c 3],[29]. Des taxis et des trains touristiques complètent également les possibilités de se déplacer dans l'enceinte de l'exposition[30].

En 1940, pour célébrer l'Exposition du Monde Portugais, l'Administração-Geral dos Correios, Telégrafos e Telefones édita une série de timbres commémoratifs qui mettait en avant l'histoire, la culture, et les grandes découvertes maritimes du Portugal. Ces timbres illustraient des moments clés de l'héritage portugais, notamment l'ère des découvertes qui symbolisait l'expansion maritime et le rôle du Portugal dans la navigation mondiale. Conçus avec un souci de détail artistique, ces timbres représentaient des figures emblématiques comme Henri le Navigateur, des navires caravelles, et des monuments historiques tels que la Tour de Belém et le Monastère des Hiéronymites.

Inauguration et clôture

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Inauguration de l'exposition en présence du Ministre Salazar et du Président Carmona.

Initialement prévue le , l'exposition est finalement inaugurée dans le pavillon d'honneur le par le président portugais Óscar Carmona. Parmi les personnalités présentes figurent : le président du Conseil des ministres portugais, António de Oliveira Salazar, le ministre des travaux publics et maire de Lisbonne, Duarte Pacheco, le Patriarche de Lisbonne, Manuel Gonçalves Cerejeira[3], Marcelo Caetano, figure politique conservatrice[31], ainsi que le dirigeant du Secrétariat de la propagande nationale, António Ferro[32]. L'inauguration est suivie d'une visite de l'exposition par des personnalités politiques du gouvernement et des forces armées invitées. Des cérémonies civiles et religieuses, des cortèges, des discours ainsi que des congrès ont eu lieu dans tout le pays, principalement à Lisbonne[31]. À la veille de l'inauguration de l'exposition, la France signe la convention de l'Armistice du 22 juin 1940[3],[31]. Le jour de l'inauguration, un lâcher de milliers de [[Pigeon voyageur |pigeons voyageurs]] fut organisé devant le monastère[31],[rc 1].

De nombreuses présentations, spectacles et défilés ont eu lieu pendant toute la période de l'exposition. L'un des moments forts a été celui du 30 juin 1940, soit une semaine après l'inauguration, où plus de trois mille personnes ont défilé dans un cortège représentant les principales personnalités de l'histoire du Portugal, telles que Vasco de Gama ou encore plusieurs Rois de Portugal. Le président du conseil, António de Oliveira Salazar, avait évoqué ce défilé dans sa note officielle de 1938 et souhaitant que ce cortège soit l'apothéose de l'exposition. Le chef de la commission du centenaire de 1940, Henrique Galvão, a indiqué que l'intention était que les visiteurs y voient un défilé retraçant huit siècles d'histoire[v 9].

Avant et pendant l'exposition, la Revue des Centenaires (Revista dos Centenários), publiée entre 1939 et 1940, servit de support à la Commission Nationale des Centenários, dirigée par António Ferro. Son objectif principal fut de promouvoir l'exposition. La revue présenta des informations sur les activités de la Commission, tout en affichant un nationalisme prononcé à travers ses articles. Malgré sa vaste documentation, l'esprit de la revue ne correspondit pas toujours à celui de l'exposition, en raison de l'influence d'António Ferro et de la diversité des contributeurs impliqués[33].

L'exposition se clôture le , au lendemain du deuxième jour de la fête nationale portugaise. En effet, c'est le que le Portugal retrouve son indépendance face à l'Espagne durant la période de l'Union ibérique[8]. La cérémonie de clôture débute le à la Cathédrale de Lisbonne par un Te Deum et par un discours du président portugais Óscar Carmona à la mairie de Lisbonne[8],[v 10] et à l'assemblée nationale. Lors de son discours devant l'Assemblée, le président évoque un hommage au Brésil, à l'Angleterre et à l'Espagne, alors que le Portugal craint de se faire envahir par son voisin ibérique[8].

L'exposition est probablement l'une des dernières à présenter des exhibitions humaines à caractère colonial et ethnographique[34],[35].

Tarifs et affluence

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La Sphère des découvertes, avec le publique en jour de célébration.
Feux d'artifice lors de la cérémonie de clôture de l'exposition, sur la Place de l'Empire.

Les tarifs pratiqués pour l'entrée étaient de 2,5 escudos pour une journée, de 3,5 escudos pour l'accès au parc d'attractions, de 5 escudos lors des journées d'inaugurations et grandes fêtes, de 1,5 escudo pour les journées populaires et les groupes de plus de 200 personnes, de 2 escudos pour les groupes de 50 à 200 personnes, de 30 escudos pour un carnet de 10 entrées, de 60 escudos pour un carnet de 30 entrées et de 200 escudos pour un accès illimité pendant toute la durée de l'exposition[31].

L'exposition du monde portugais a accueilli près de 3 millions de visiteurs. La majorité d'entre eux étaient des Portugais, mais il y eut également des visiteurs étrangers, ainsi que de nombreux réfugiés de guerre[36],[8]. En effet, le pays, officiellement neutre pendant la Seconde Guerre mondiale, , accueillit plusieurs personnes qui se réfugièrent au Portugal ou y firent escale pour fuir le nazisme. Parmi ces réfugiés, on peut citer Arthur Koestler, Alfred Döblin, Heinrich Mann, Peggy Guggenheim ou encore Antoine de Saint-Exupéry[37]. Ce dernier, en transit à Lisbonne pour rejoindre New-York, fut frappé par la grandeur et l'ambiance de cette exposition qui célébrait la gloire du Portugal d’antan, tandis que l'Europe était en guerre.

Entre le et le , le consul portugais à Bordeaux, Aristides de Sousa Mendes, accorda des visas à 30 000 réfugiés, dont 10 000 juifs, contre l'avis de son gouvernement[38],[39]. À son retour au Portugal, le 8 juillet 1940, Aristides de Sousa Mendes fut traduit devant le Conseil de discipline à Lisbonne, accusé de désobéissance, préméditation, récidive et cumul d'infractions. Le procès retint contre lui la délivrance de visas non autorisés, la falsification de passeports (pour aider le déserteur Paul Miny), et le crime d'extorsion (à la suite de la plainte de l'ambassade britannique).

Participants

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Le Brésil fut la seule nation étrangère officiellement invitée à participer à l'Exposition du monde portugais[36],[c 4]. Cette exposition, conçue comme un événement majeur pour promouvoir le patrimoine culturel portugais, visait à illustrer l'étendue de l'influence lusophone dans le monde. Le , Augusto de Castro annonça dans la Revue des centenaires que le gouvernement portugais invita le Brésil à construire ou à décorer lui-même ce second pavillon qui lui était spécialement consacré[v 11]. Cette invitation constitua un prolongement naturel et une projection ambitieuse du génie de l'idée lusiade, se matérialisa par un pavillon dédié qui mit en lumière non seulement le caractère avant-gardiste du Brésil, mais aussi son rayonnement culturel, politique et économique dans le contexte international de l’époque[40].

L'ensemble des régions portugaises participa à cette exposition, englobant non seulement les régions métropolitaines, mais aussi les provinces et territoires d'outre-mer. Cette inclusion des différentes entités administratives de l'empire portugais visait à témoigner de la richesse et de la diversité exceptionnelles du patrimoine portugais, soulignant ainsi la portée universelle de la culture portugaise à travers ses colonies et territoires. À travers cette représentation, l’exposition s’efforça de présenter une vision unifiée et glorieuse de l’Empire portugais, renforçant l’identité nationale portugaise tout en célébrant ses contributions à la civilisation mondiale.

Participants à l'évènement
Régions métropolitaines, provinces et territoires d'outre-mer représentés
Régions métropolitaines et provinces Drapeau officiel de l'exposition du monde portugais
Drapeau de l'Exposition
Provinces et territoires d'outre-mer
Pays participants

Le régime politique de l'époque, l'Estado Novo, dirigé par António de Oliveira Salazar, considéra que les territoires ultramarins ne constituaient pas des colonies au sens traditionnel, mais bien des parties intégrantes et inséparables du Portugal métropolitain. Cette vision s'inscrivait dans une idéologie de souveraineté unitaire et fut officiellement confirmée en 1951 par une réforme administrative qui transforma le statut des colonies en provinces portugaises. Par exemple, les Indes portugaises, qui jusque-là formaient une colonie d'outre-mer, furent élevées au rang de province portugaise des Indes, consolidant symboliquement leur lien avec la métropole[41]. Les archipels des Açores et de Madère, bien qu'historiquement liés à la métropole, furent également mis en avant dans le secteur ethnographique métropolitain de l'exposition, au sein des villages portugais, témoignant de la diversité régionale portugaise tout en réaffirmant leur appartenance nationale.

Les jeunes de la Mocidade Portuguesa masculines et féminines (Jeunesse Portugaise) participèrent également à l'exposition[42],[43]. Elle visait à inculquer aux jeunes portugais les valeurs nationalistes, catholiques et autoritaires du régime, en promouvant ainsi une loyauté sans faille envers António de Oliveira Salazar et en favorisant un patriotisme extrême. Dans le cadre de l'exposition, la Mocidade Portuguesa joua un rôle essentiel, participant aux parades, aux cérémonies ainsi qu'à l'accueil des visiteurs[44].

La filiale portugaise de l'entreprise Philips, d'origine hollandaise, occupa une place notable sur le site de l'exposition, apportant un élément de modernité technologique. Elle y installa un stand dédié, appelé la cabine de son Philips, qui équipa la section historique de l'exposition avec pas moins de 100 haut-parleurs et 10 000 mètres de câblage. Cette infrastructure de pointe démontrait le savoir-faire technologique de l'époque et mettait en valeur l'intégration de technologies européennes au sein du Portugal, symbolisant son développement industriel[45].

Thème, accès et pavillons

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La Place de l'Empire et des Pavillons
Vue partielle sur la Place de l'Empire, le Monument aux Découvertes, le Navire et le Pavillon de Lisbonne.

Le thème central de cette exposition, intitulée « le monde portugais » (o mundo português en portugais), reflétait l’ambition du gouvernement portugais de célébrer non seulement les 800 ans de la fondation du pays, mais également les 300 ans ayant suivi la restauration de son indépendance après une longue période de domination espagnole. Cet événement visait à commémorer des jalons cruciaux du passé portugais tout en servant d’outil de légitimation pour le régime autoritaire de l’Estado Novo, dirigé par António de Oliveira Salazar. En consolidant son image tant au sein de la nation qu’à l’international, le gouvernement cherchait à renforcer son pouvoir.

La ville de Lisbonne constituait l'hôte idéal pour cette exposition, en raison de son statut de capitale du pays et de son rôle historique en tant que point de départ de Vasco de Gama à la plage du Restelo. En outre, Lisbonne profitait de cette occasion pour entreprendre le réaménagement d'une partie du quartier de Belém. Le site de l'exposition abritait également des monuments emblématiques tels que la tour de Belém, le monastère des Hiéronymites et la place Afonso de Albuquerque, chacun témoignant de l'histoire riche et du patrimoine culturel du Portugal.

Augusto de Castro déclarait, le , la sectorisation du parc en plusieurs espaces consacrés aux grands thèmes de l'exposition. L'exposition du monde portugais est divisée en trois parties[c 5] :

  • le secteur historique : il comprenait les pavillons de la fondation, de la formation et de la conquête, de l'indépendance, des découvertes ou encore les Portugais dans le monde ;
  • le secteur colonial : installé dans le jardin botanique tropical de Belém, il regroupait les pavillons coloniaux ainsi que les villages indigènes ;
  • le secteur de la vie populaire / ethnographique métropolitaine : il s'agissait de reconstitutions de villages typiques des différentes régions du Portugal (métropolitain, Açores et Madère).

En complément des trois sections figurèrent également le pavillon du Portugal 1940, le pavillon du Brésil, le pavillon d'honneur, le navire portugais, le monument des Découvertes, plusieurs autres pavillons, un parc d’attractions, ainsi que d'autres espaces comme des jardins, des restaurants et des espaces de loisirs[c 6].

La base de l'exposition reposa sur la représentation d'un grand pays, qui mit en avant le colonialisme, l'historisme, le catholicisme et la ruralité du pays[m 2].

Durant l'événement, plusieurs drapeaux municipaux furent exposés, tandis que d'autres, conçus spécifiquement pour l'exposition, s'inspirèrent de diverses influences historiques. Parmi ces références, figuraient le drapeau utilisé lors de la bataille d'Almansa, le drapeau régimentaire des armées napoléoniennes, ainsi que les couleurs de l'Ordre de l'Empire Colonial. Cette initiative avait pour objectif de concevoir un drapeau colonial symbolisant l'ensemble des possessions portugaises, en intégrant des éléments susceptibles de représenter l'unité et l'identité de l'empire colonial.

Accès et portes

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Une entrée de l'exposition
Entrée des Trois Ogives.

Il fut possible d'accéder à l'exposition par plusieurs points d'entrée, dont deux principaux et quatre portes réparties dans l'ensemble du parc. Il fut également possible de rejoindre l'une ou l'autre des sections de l'exposition, séparées par la ligne de chemin de fer et la route, grâce aux passerelles piétonnes et automobiles.

  • Entrée principale (Entrada Principal) : située en face du Pavillon de la Fondation, elle fut le principal accès piéton à l'exposition. Placée à droite de la Porte de la Fondation, elle donnait accès à la partie nord du secteur historique. Conçue pour impressionner par sa grandeur et sa stabilité, cette entrée marqua les esprits des visiteurs, tant nationaux qu'internationaux.
  • Entrée des Trois Ogives (Entrada das Três Ogivas) : située entre le Pavillon de la Formation et de la Conquête et le Pavillon de l'Indépendance, elle constitua le second accès principal piéton de l'exposition. Placée à gauche de la Porte de la Fondation, elle ouvrait sur la partie sud du secteur historique. Composée de trois grandes arches gothiques, elle symbolisait trois périodes significatives de l'histoire du Portugal : la fondation du royaume en 1140, l'époque des découvertes maritimes et la restauration de l'indépendance en 1640.
  • Porte de la Fondation (Porta da Fundação) : située à l'est de l'exposition, elle relia le Pavillon de la Fondation au Pavillon de la Formation et de la Conquête. L'exposition, étant traversée par une ligne de chemin de fer et une voie de circulation automobile, cette porte servit de passerelle piétonne entre la partie nord et la partie sud de l'exposition. Imposante, elle était dotée de quatre piliers et arborait sur sa façade principale une représentation du roi Alphonse.
  • Porte de la Restauration (Porta da Restauração) : située à l'ouest, à l'opposé de la Porte de la Fondation, cette porte remplit la même fonction de passerelle. Elle se trouvait entre l'aire de jeux et les Villages portugais, dans la section consacrée à la vie populaire et à l'ethnographie métropolitaine. Moins imposante que la Porte de la Fondation, elle arborait des blasons sur sa façade.
  • Porte de Belém (Porta de Belém) : située entre la place de l'Empire et la rue de Belém, cette porte servit d'accès piéton à l'exposition. Placée au nord-est, elle se trouvait entre les Pavillons d'Honneur et de Lisbonne, dans la section coloniale.
  • Porte de Restelo (Porta do Restelo) : située le long de la rue bordant le Monastère et à l'entrée de la rue Bartolomeu Dias, cette porte servit d'accès pour les véhicules et le tramway.

Secteur historique

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Un pavillon de l'exposition
Pavillon de la Formation et de la Conquête.
Un pavillon de l'exposition
Pavillon de l'Indépendance.

Le secteur historique occupa la partie centrale de l'exposition, ainsi qu'une petite zone en bordure du Tage. La ligne de chemin de fer (Lisbonne-Estoril) et l'avenue des Indes le divisèrent en deux. Le quartier commercial et industriel se trouvait également dans ce secteur.

Ce secteur constitua la plus vaste et la plus importante partie de l'exposition. Composé de grands pavillons, il fut conçu pour exposer l'histoire de la nation.

Pavillons et constructions présents dans le secteur historique[c 7] :

  • Pavillon de la Fondation (Pavilhão da Fundação) : conçu par Raul Rodrigues Lima, ce pavillon de 15,5 m de hauteur, composé de deux étages, se situait à l'entrée principale de l'exposition. Il comprenait plusieurs salles et galeries ornées de statues de rois et de religieux portugais, comme Alphonse Ier et Gualdim Pais. Formant une petite forteresse de style médiéval, il fut inauguré le . Ce pavillon visait également à rappeler la naissance et la croissance de la nation portugaise. Sa façade s'inspirait de celle de la cathédrale de Lisbonne et du château de Saint-Georges[c 8],[c 9]. Après l'exposition, le pavillon fut détruit[c 9].
  • Pavillon de la Formation et de la Conquête (Pavilhão da Formação e Conquista) : également créé par Raul Rodrigues Lima, ce pavillon se situa entre la ligne de chemin de fer, le Tage et la Sphère des Découvertes. D'une hauteur de 16 m, d'une longueur de 45 m et d'une largeur de 80 m, il fut inauguré le . Sa façade, d'une grande sobriété, arborait les blasons des premiers rois de la Maison de Bourgogne[v 12]. Accolé à la Porte de la Fondation, le pavillon abritait plusieurs salles où l'on retrouvait des œuvres d'art, des documents, ainsi que des objets d'époque. Ce pavillon fut également détruit après l'exposition[c 10].
  • Pavillon de l'Indépendance (Pavilhão da Independência) : également conçu par l'architecte Raul Rodrigues Lima et inauguré le , ce pavillon se situait en bordure du Tage. Il avait pour fonction d'exposer, à travers différentes salles, l'indépendance du Portugal et la restauration de celle-ci, ainsi que trois périodes historiques : les règnes de Jean Ier et Jean II, et la Guerre péninsulaire. Ce pavillon en forme de L, d'une hauteur de 16 m, d'une longueur de 69 m et d'une largeur de 46 m présentait un aspect extérieur massif et sobre, et arborait les armoiries de la Maison d'Aviz[c 11].

Les pavillons de la Fondation, de la Formation et de la Conquête, ainsi que celui de l'Indépendance, furent réalisés par la même équipe, composée du directeur Luís Pastor de Macedo, de l'architecte Rodrigues de Lima, ainsi que d'une équipe de peintres, de décorateurs et de sculpteurs[v 13].

  • Pavillon des Découvertes (Pavilhão dos Descobrimentos) : créé par l'architecte Porfírio Pardal Monteiro, le pavillon, d'une longueur et largeur de 70 m et d'une hauteur de 16 m, fut inauguré le . Le bâtiment, en forme de L, avait pour but de rappeler les découvertes du Portugal et d'attester de la science nautique portugaise née à Sagres[v 14]. Composé de neuf salles, il abritait une salle consacrée à Henri le Navigateur, une autre à Fernand de Magellan, ou encore une troisième à Luís de Camões. Le pavillon fut partiellement conservé et accueille désormais l’association navale de Lisbonne[1].
  • Sphère des Découvertes (Esfera dos Descobrimentos) : le pavillon fut également créé par l'architecte Porfírio Pardal Monteiro et inauguré le même jour, le . Le bâtiment, à l'apparence d'une sphère armillaire, servit à exposer les itinéraires des caravelles portugaises lors des découvertes et expéditions maritimes. La sphère, d'un diamètre de 30 m et d'une hauteur de 24 m, fut détruite après la clôture de l'exposition[c 12].

La Sphère des Découvertes et le pavillon des Découvertes furent réalisés par la même équipe, composée du directeur Quirino da Fonseca, de l'architecte Porfírio Pardal Monteiro, de l'auteur du plan général des décorations, Cottinelli Telmo, ainsi que de la même équipe de peintres et de décorateurs[c 13].

  • Pavillon de la Colonisation (Pavilhão da Colonização) : créé par l'architecte Carlos João Chambers Ramos, le pavillon se situait entre le pavillon du Brésil et le pavillon de Lisbonne. Inauguré le , ce pavillon, d'une hauteur de 12,2 m, d'une longueur de 47 m et d'une largeur de 76 m, avait pour fonction de commémorer l'histoire de la colonisation portugaise, la foi catholique et l'empire portugais[c 14]. Bien qu'il fût loué pour son aspect extérieur, l'intérieur reçut de nombreuses critiques négatives, y compris concernant les œuvres d'art présentées[v 15].

Le pavillon de la Colonisation fut détruit à la fin de l'exposition. Le directeur de ce pavillon était Júlio Cayolla, avec la collaboration de Luís de Montalvor[c 15].

Deux pavillons de l'exposition
Les pavillons d'honneur et de Lisbonne.
  • Pavillon du Brésil (Pavilhão do Brasil) : conçu par l'architecte Raul Lino, le pavillon se situait entre le Tage et le monastère. Inauguré le , ce pavillon d'une hauteur de 26 m, d'une longueur de 18,5 m et d'une largeur de 80,5 m avait pour fonction d'exposer l'ancienne colonie portugaise. Le Brésil, seul pays invité à participer à l'exposition, était représenté par ce pavillon et par celui du Pavillon du Brésil colonial. Le bâtiment, imposant, était en forme de L et possédait un parvis couvert. Divisé en trois sections, il abritait différentes salles, le département du café et une exposition d'art brésilien[c 16].

Le Pavillon du Brésil fut détruit à la fin de l'exposition. Le directeur de ce pavillon était Augusto de Lima Júnior, l'architecte adjoint fut Flávio Barbosa et l'auteur du plan général des décorations, Roberto Lacombe[c 16].

  • Pavillon d'Honneur et de Lisbonne (Pavilhão de Honra e de Lisboa) : le bâtiment, conçu par Luís Cristino da Silva et inauguré le , était initialement prévu pour être le pavillon de Lisbonne et le pavillon d'Honneur. Séparés physiquement par un patio extérieur, il fut également décidé de scinder les deux pavillons. Le Pavillon de Lisbonne était pour but de représenter les traditions de la capitale portugaise. Il se composait d'une entrée et de plusieurs salles et galeries riches en azulejos[c 17]. Il incluait une cour et une tour avec des éléments architecturaux du XVIIIe siècle. Le Pavillon d'honneur, situé sur la partie gauche, était composé de plusieurs salles, d'un restaurant et d'une salle de concert. L'ensemble représentait un bâtiment d'une longueur de 150 m, une largeur de 30 m, une hauteur de 19 m et une tour s'élevant jusqu'à 50 m de hauteur[c 17]. Une partie de l'ensemble reprenait l'architecture de la Casa dos Bicos et de la Tour de Belém[v 16].

Les deux pavillons furent détruits à la fin de l'exposition. Le directeur de l'ensemble était Norberto de Araújo[c 18].

  • Pavillon des Portugais dans le monde (Pavilhão dos Portugueses no Mundo) : pensé par l'architecte Cottinelli Telmo, ce pavillon fût inauguré le et détruit en 1943, soit trois ans après la fin de l'exposition[c 19]. Le bâtiment, divisé en trois secteurs, possédait une longueur de 164 m, une largeur de 30 m, une hauteur de 19 m et une tour s'élevant jusqu'à 50 m de hauteur[c 19]. On y retrouvait la section du Brésil 1500 (Brasil 1500, qui représentait l'ancienne colonie du Brésil), du Portugal 1940 et les installations de la Propagande Nationale (Secretariado de Propaganda Nacional). À travers les salles et les galeries, le Pavillon avait pour but de commémorer l'action des Portugais dans le Monde, de diffuser les réalisations de l'Estado Novo et de représenter le Portugal en 1940[c 19].

Ce pavillon, séparé en trois parties, n'avait pas de directeur unique. En effet, le secteur Portugal 1940 était sous la direction d'António Ferro, tandis que le reste de l'édifice était sous la direction d'Afonso Dornelas[c 20].

Secteur colonial

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Une arche de l'exposition
Vestiges de la section F, reconstitution d'une rue de Macao.

Le secteur colonial occupa la partie nord-est de l'exposition. Il fût décidé d'intégrer ce secteur dans le jardin colonial (appelé aussi Jardin de l'outre-mer), devenu l'actuel jardin botanique tropical de Lisbonne. Sur une surface de 25 000 m2, le secteur regroupait des éléments d'architecture typique, des pavillons, ainsi que des éléments de chacune des 21 provinces portugaises[c 21].

Parmi l'ensemble des pavillons du secteur, ceux de l'Angola et du Mozambique furent les mieux mis en valeur. La province de Macao fut également mise en avant avec la « Rue de Macao », délimitée par une arche (encore existante) et une construction représentant un éléphant, qui servait de mirador[c 22].

Pavillons et constructions présents dans le secteur colonial[c 23] :

Le Pavillon de l'Angola et du Mozambique fut conçu par l'architecte António Lino, le Pavillon de la Guinée par Gonçalo de Mello Breyner, et le Pavillon des Îles par l'architecte Vasco Regaleira.

  • Missions catholiques (Missões Católico) : Il s'agissait d'un ensemble construit par Raul Maria Xavier, composé d'une église, d'un cloître et de la salle du Saint-Esprit[v 17]. Des scènes furent créées pour montrer les missions dans les colonies. L'ensemble fut détruit à la suite de l'exposition.
Vue partielle sur le jardin Colonial.
  • Pavillon de la chasse et du tourisme (Pavilhão da Caça e Turismo) : le pavillon fût aménagé dans le palais des comtes de Calheta. Pour l'occasion, le palais fut recouvert d'une façade temporaire[v 17]. Celui-ci exposa la collection la plus complète du pays sur le sujet. Par la suite, le palais devint le centre de documentation et d'information de l'Institut de recherche scientifique tropical. Trois crocodiles importés d'Angola furent mis dans le bassin du palais[46].
  • Maison coloniale (Casa Colonial) : la maison, composée de deux étages, représentait les résidences portugaises dans les colonies. Le sol et les murs du rez-de-chaussée étaient recouverts d'Azulejos de l'usine lisboète de Sant'Anna. Elle fut conservée après l'exposition et est actuellement occupée par la maison de la direction du Jardin botanique tropical de Lisbonne (Casa da Direção)[47].
  • Musée de l'art indigène (Museu da arte indígena) : le musée exposait une collection d'art africain et oriental. À côté du musée, un groupe d'indigènes était présent pour exposer des outils et leurs réalisations.
  • Rue de Macao (Rua de Macau) : Il s'agissait d'une réplique d'une des rues principales de Macao, avec son commerce traditionnel et ses habitations[v 18] Les visiteurs purent explorer des boutiques, des restaurants et admirer des éléments architecturaux portugais et chinois. Il est encore possible, aujourd'hui, de voir l'arche de Macao[47],[46].
  • Rue de l'Inde (Rua da Índia) : Il s'agissait d'une rue et de plusieurs constructions de type indo-portugais, représentant ainsi l'État portugais de l'Inde. Le pavillon de la colonisation se situait dans cette rue. L'ensemble fut détruit à la fin de l'exposition.
  • Pavillons des Matières Premières (Pavilhões das Matérias‐Primas) : Il s'agissait d'un bâtiment et d'un ensemble de stands d'expositions pour les principales matières premières des colonies, en collaboration avec les producteurs et commerçants. On y trouvait également une xylothèque. Il était encore possible, aujourd'hui, de voir le bâtiment principal[47].
  • Monument à l'effort colonial (Monumento ao Esforço Colonial) : Ce monument se situa en face de la serre principale, dans la partie nord du secteur colonial, entre les Pavillons des Matières Premières, le Pavillon du Café et la maison coloniale.
  • Avenue de l’ethnographie coloniale : (Avenida de Etnografia Colonial) : Il s'agissait d'une exposition de quatorze bustes représentant les chefs et les tribus les plus caractéristiques de l'Empire portugais. Ils sont encore de nos jours exposés dans le jardin botanique tropical de Lisbonne, au même endroit[47].
  • Villages indigènes (Aldeias Indígenas) : Situés dans le secteur colonial, les quatre villages indigènes représentaient les populations des colonies du Cap-Vert, de Guinée, de São Tomé-et-Principe, de l'Angola, du Mozambique et de Timor. On y retrouvait les coutumes des peuples et les logements traditionnels. Le roi du Kongo était présent lors de l'exposition et s'installa avec sa famille dans un logement confortable de la section coloniale. L'ensemble fut détruit.
  • Pavillon du Thé (Pavilhão do Chá), Pavillon du Café (Pavilhão do Café) et Pavillon du Tabac (Pavilhão do Tabaco) : On y retrouvait des produits des colonies portugaises. Les trois pavillons furent détruits.
  • Restaurant colonial (Restaurante colonial) : Il s'agissait d'un restaurant proposant des plats typiques des colonies. Le bâtiment devint entre les années 1950 et 1980 le laboratoire d'histologie et de technologie des bois de l'IICT. Des travaux furent effectués afin que le bâtiment retrouve sa fonction initiale, un restaurant nommé la maison du thé (Casa de Chá)[47].
  • Serre Principale (Estufa principal) : la serre existait déjà avant l'exposition du monde portugais ; en effet, elle date du début du XXe siècle. Une grande collection d'orchidées y fut exposée pendant l’événement. Elle se trouve actuellement abandonnée ; cependant il existe un projet de restauration de celle-ci[46].
  • Maison de la demi-heure de la Saudade (Casa da meia-hora da Saudade) : il s'agissait d'un pavillon géré par le diffuseur radio national. Il permettait aux Portugais de la métropole de communiquer avec les Portugais d'outre-mer.

Dans la section coloniale, il était également possible de voir différentes reconstitutions d'habitations des peuples des colonies portugaises. On y retrouvait leur habitudes de vie, des habits ou encore leurs ustensiles de travail. Des cartes postales et le guide officiel de la section colonial représentaient deux femmes africaines cachant une petite partie de leur corps et laissant leur poitrine visible[2].

Secteur ethnographique métropolitain

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Une façade d'un pavillon de l'exposition
Façade des Pavillons de la vie populaire.

Le secteur ethnographique métropolitain occupa la partie sud-ouest de l'exposition, en bordure du Tage. La ligne de chemin de fer ainsi que l'avenue des Indes séparèrent le secteur en deux. Celui-ci fut également appelé Centre Régional[m 3]. Au nord se trouvaient les villages portugais et au sud le quartier de la vie populaire.

C'est en 1939 que furent conçus les plans et que débutèrent les travaux de construction. Le secteur fut inauguré et ouvert au public le . Il s'agissait d'un ensemble de constructions de petites maisons représentatives des styles architecturaux des différentes régions du Portugal, ainsi que de démonstrations d'activités régionales, avec l'exposition de la vie rurale, de l'art et des métiers ruraux[c 24].

Le secteur, placé sous la responsabilité du secrétariat national de la propagande, était sous la direction d'António Ferro. Les villages portugais furent conçus par l'architecte Jorge Segurado, et les pavillons du quartier de la vie populaire par les architectes Eurico Sales Viana et Thomas de Mello.

Villages portugais (aldeias portuguesas)

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C'est en 1939 que furent conçus les plans et que débutèrent les travaux de construction. Le quartier des villages portugais a été inauguré et ouvert au public le . Il s'agit d'un ensemble de constructions de petites maisons représentatives des styles architecturaux des différentes régions du Portugal. L'idée du régime était de présenter une image idéalisée de la vie rurale portugaise en mettaient en scène la diversité des régions portugaises, avec des exemples d'architecture et de modes de vie provenant de différentes parties du pays.

Place de Beira Baixa.

Sur une surface de 25 000 m2 au nord du secteur ethnographique métropolitain, le village devait représenter les villages ainsi que les coutumes des régions de Trás‐os‐Montes, Beira Alta, Beira Baixa, Minho, Douro, Beira Litoral, Alto Alentejo, Baixo Alentejo, Estremadura, Ribatejo, Algarve, ainsi que les régions d'outre-mer des Açores et de Madère[c 25].

Chaque région était représentée par un lot de maisons avec ses spécificités architecturales. La région du Minho était représentée avec des maisons en granit, la région Trás-os-Montes représentée par des maisons en pierres sombres et sans chaux, le Douro Litoral avec ses petites maisons hautes et très blanches, la Beira Litoral et la Beira Alta avaient des maisons en pierre et en granit gris, la Beira Baixa représentée avec des maisons en granit et en schiste. Les régions du Ribatejo, de l'Estremadura et de l'Alentejo exposaient des maisons basses en briques et enfin l'Algarve avec des maisons coiffées de cheminées typiques et des toits-terrasses. Les archipels étaient également représentés comme Madère avec les maisons typiques de Santana et les Açores avec des maisons bâties en basalte[c 25],[m 4].

Quartier de la vie populaire (secção da vida popular)

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Sur une surface de 20 000 m2 au sud du secteur ethnographique métropolitain et en bordure du Tage, le quartier de la vie populaire représenta l’art portugais, le savoir-faire, ainsi que les métiers de l’industrie[c 26].

Le quartier de la vie populaire regroupa plusieurs pavillons dans un bâtiment en forme de U avec un patio au centre. L'ensemble fut construit initialement, comme le reste des bâtiments de l’exposition, de manière provisoire. Les façades étaient symétriques et comportaient des décorations reflétant l’art populaire, accompagnées de jeux de textures[48].

Dans la partie sud de l’ensemble, se trouvaient également une salle de cinéma et une salle des transports maritime et fluvial[c 27]. Un jardin d'enfants et le parc des poètes furent aménagés dans ce quartier[c 27].

Un phare dans le quartier de la vie populaire
Phare de Belém.

Pavillons présents dans le quartier de la vie populaire[c 28] :

  • Pavillon du Prologue (Pavilhão do Prólogo) : situé entre l'aire de jeux et le miroir d'eau, le pavillon fut décoré de scènes populaires. Dans la salle de la synthèse, on retrouva une exposition des métiers des Portugais, avec des décors composés de vaisselle et de broderies.
  • Pavillon de la Joaillerie (Pavilhão da Ourivesaria) : conçu par Veloso Reis et João Simões, le bâtiment se distinguait par une tour cylindrique ornée de motifs en dentelle. Aussi appelée la tour Filigrane, elle abrita une exposition de bijoux[49].
  • Pavillon de la Mer et de la Terre (Pavilhão do Mar e da Terra) : ce pavillon se composait de sept salles présentant la pêche, la dentelle, la religion catholique, la superstition, les pâturages, la chasse et la pyrotechnie. Des groupes d'artisans y réalisaient des démonstrations. Le pavillon fut accompagné d'un phare spécialement construit pour l’événement[50]. Cependant, ce phare ne fut jamais utilisé en tant que tel[50]. Le pavillon des arts et de l'industrie fut détruit dans les années 1960, et le phare fut mieux mis en valeur[50].
  • Pavillon des Arts et des Industries (Pavilhão das Artes e das Industrias) : situé dans la partie sud, il occupa la plus grande partie du bâtiment du secteur ethnographique métropolitain. Composé de plusieurs salles, on y retrouva un cinéma ainsi qu'une salle dédiée aux arts et industries du Portugal métropolitain.
  • Pavillon des Transports, du Tissage et de la Poterie (Pavilhão dos transportes, da Tecelagem e da Olaria) : situé dans la partie nord du bâtiment principal et divisé en trois salles, ce pavillon fut destiné à l’exposition des transports terrestres, du tissage et de la poterie[v 19].
  • Pavillon de la Confiserie et de la Boulangerie (Pavilhão da Doçaria e Panificação) : ressemblant à un couvent, ce pavillon était surmonté d'une tour et possédait un accès donnant sur le patio. L'idée était de rappeler l’origine des confiseries, généralement confectionnées par les religieuses[v 20].

Places et autres édifices

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Un pavillon de l'exposition
Le Pavillon des Chemins de Fer et des Ports.

L’Exposition du Monde Portugais ne se limitait pas aux grands pavillons thématiques mais elle incluait également plusieurs places et petits édifices soigneusement aménagés, chacun représentant des aspects singuliers de la culture portugaise.

  • Miroir d'eau (Espelho de Água) : situé en bordure du Tage, le miroir d'eau fut un bâtiment servant de restaurant et de salon de thé, conçu par l'architecte Antônio Lino. Après la fermeture de l'exposition, le restaurant resta ouvert jusqu'en 1943, année où des travaux furent réalisés pour l'agrandir. En 2014, après une période de fermeture, un concours municipal permit la réouverture du restaurant[51]. Cependant, l'établissement ferma définitivement ses portes en 2022[52].
  • Monument aux Découvertes (Padrão dos Descobrimentos) : érigé sur les bords du Tage, ce monument fut conçu par l'architecte portugais José Ângelo Cottinelli Telmo et par le sculpteur Leopoldo de Almeida. À la fin de l'exposition, il fut démonté, car il avait été construit en structure légère avec du fer, du ciment, du plâtre et du bois. En 1960, à l'occasion des 500 ans de la mort d'Henri le Navigateur, un nouveau monument en béton et en calcaire local fut érigé à la même place que le précédent[53]. Sur le Padrão dos Descobrimentos, des statues de marins, militaires et religieux portugais furent dressées, notamment Fernand de Magellan, derrière celle de l'emblématique Henri le Navigateur[54].
  • Navire Portugal (Nau Portugal) : localisé entre le Monument aux Découvertes et le Miroir d'eau, ce navire reprit l'architecture d'un galion portugais effectuant les voyages commerciaux entre Lisbonne et Goa. Richement décoré à l’intérieur comme à l’extérieur, il mesurait 42,2 m de long et était équipé de trois mâts et de 48 canons. N'étant pas adapté à la navigation, il se coucha à la sortie de Gafanha da Nazaré le et fut ensuite remorqué jusqu'à Belém pour l'exposition. Le navire fut quasiment détruit et coula à cause du cyclone qui toucha Lisbonne en . Plusieurs éléments furent récupérés et sont actuellement conservés au Palais des marquis de Fronteira[55].
  • Maison de Saint-Antoine (Casa de Santo António) : il s'agissait d'une reconstruction de la maison hypothétique où Saint-Antoine de Lisbonne aurait passé son enfance. La maison servit également à présenter une habitation médiévale à Lisbonne[56].
Le navire Portugal.
  • Place de l'Empire et Fontaine Lumineuse (Praça do Império e Fonte Luminosa) : également conçue par l'architecte Cottinelli Telmo, la place fut créée spécialement pour l'exposition. Avant son aménagement, elle faisait partie de la plage de Restelo[57]. Recouverte de calçada portugaise avec différents motifs, tels que la sphère des découvertes, la place était également ornée de statues d'hippocampes réalisées par le sculpteur António Duarte, qui demeurent encore sur la place aujourd'hui[58]. La Fontaine Lumineuse, située au centre de la place, réalisait des jets d'eau avec un jeu de couleurs[59]. Possédant un jet central pouvant atteindre une hauteur de 25 m, la fontaine était ornée de 48 blasons représentant les rois João Ier, Afonso V, João II et Manuel Ier, ainsi que diverses familles nobles et l'expansion maritime de l'Empire portugais[v 21]. Un grand travail fut mené par le comité d'organisation et par la mairie de Lisbonne concernant le revêtement de la Place de l'Empire et autour de la fontaine[60].
  • Parc d'Attractions (Parque de Atrações) : conçu par l'ingénieur Mendes Leal et les architectes António Lino et Keil do Amaral, le parc fut détruit à la suite de l'exposition. Depuis, on trouva à cet emplacement le Planétarium Calouste Gulbenkian, un quartier résidentiel, ainsi que le centre d'éducation et de développement Jacob Rodrigues Pereira.
  • Pavillon des Chemins de Fer et des Ports (Pavilhão dos Caminhos de Ferro e Portos) : situé entre les villages portugais et le pavillon des télécommunications, le pavillon fut inauguré le 23 octobre sous la direction de l'architecte Cottinelli Telmo et la supervision de l'ingénieur Branco Cabral, secrétaire général des Chemins de Fer Portugais. Il se distingua par ses œuvres artistiques, réalisées par des artistes tels que le décorateur Nunes de Almeida, Euclides Vaz et le sculpteur António Santos. Les travaux de peinture et les salles d'étude furent confiés aux ateliers de la compagnie de transport. Une pièce notable du pavillon fut un modèle réduit de voiture ferroviaire offert par la Société Nationale des Chemins de Fer Français, illustrant les lignes et les régions portugaises. D’autres attractions inclurent une reconstitution du périple de Magalhães et un montage sonore enregistré par la Emissora Nacional. Le pavillon mit en avant l'importance des chemins de fer dans le développement du pays, alliant modernité et tradition. Il fut détruit à la fin de l'exposition[61].
  • Pavillon des Télécommunications (Pavilhões das telecomunicações) : celui-ci se situait entre le Pavillon du Portugal 1940, le pavillon des chemins de fer et les villages portugais. Il permettait d'envoyer des télégrammes, du courrier postal, ainsi qu'émettre des appels téléphoniques. Inauguré le 19 juillet, Couto dos Santos y prononça un discours sur l'histoire et le développement des télécommunications dans le pays et souligna la coopération entre la société publique CTT et les sociétés concessionnaires, la Companhia Portuguesa Rádio Marconi et la Companhia Portuguesa de Telefones[62].
  • Hippocampes (Cavalos Marinhos) : il s'agissait de statues en marbre, réalisées par António Duarte, représentant des hippocampes. Elles sont, encore aujourd'hui, présentes sur la Place de l'Empire[63].

Lisbonne et Belém après l'exposition

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Une gare fluviale.
La gare fluviale de Belém ; le bâtiment a été préservé.

Le , un article parut dans le Diário de Notícias, annonçant la décision de ne pas rouvrir l'espace de l'exposition pour 1941[v 22]. De ce fait, le site de l'exposition finit par être partiellement abandonné à partir de 1941. Le régime lui-même ne s'en préoccupa même plus, préférant mettre en avant la construction de la Cité Universitaire de Coimbra. Quatre jours après la fermeture de l'exposition, le , un nouvel article parut dans le Diário de Notícias, indiquant que les constructions les plus résistantes et construites de façon plus solide seraient conservées, tandis que les autres seraient détruites[v 23].

À la fin de l'exposition, la responsabilité du site de l'exposition du monde portugais passa à la Commission Administrative du Plan de Travaux de la Place de l'Empire (CAPOPI). Cependant, cette commission ne mit en place aucune stratégie de développement pour cette zone, et celle-ci finit, en 1945, par être dissoute.

Malgré tout, de nombreux bâtiments et structures furent progressivement démontés ou démolis. Le site fut également victime du cyclone, une violente tempête hivernale qui frappa, du 14 au , la péninsule ibérique, causant plus de cent morts au Portugal, en particulier à Lisbonne, et détruisant une partie des constructions édifiées pour l'exposition[1].

Le Palais de Praia, qui fut le siège de la commission de l'Exposition et un poste de sécurité, devint entre 1941 et 1945 le siège de la commission CAPOPI[64]. Il accueillit ensuite quelques bureaux administratifs de la Casa Pia avant d'être détruit en 1962[65]. Deux projets de reconversion furent envisagés pour le Pavillon d'Honneur et de Lisbonne : le premier en 1942 pour un musée d'art contemporain, et le second en 1951 pour un Palais de l'Ultramar ; cependant, aucun de ces projets ne vit le jour, et les locaux furent finalement loués provisoirement à la Commission Régulatrice des Commerces de Métaux avant que le pavillon ne soit démoli[v 24]. Le Pavillon des Portugais dans le Monde fut loué à la Commission Suisse de Navigation et à la Sociedade Geral de Superintendência, puis il fut également détruit[d 11].

Entre 1938 et 1944, plusieurs programmes furent mis en place pour moderniser et désenclaver le pays ainsi que la capitale portugaise. Pendant cette période, de nombreux travaux furent réalisés : les châteaux médiévaux furent rénovés, le Teatro Nacional de São Carlos rouvrit après une campagne de travaux[66], et la gare fluviale de Belém ouvrit pour l'exposition. La création de la gare portuaire d’Alcântara, de l'Aéroport Humberto Delgado, du viaduc Duarte Pacheco et du Stade national du Jamor fut également planifiée[3],[v 25].

Il est encore possible de retrouver des traces de pavillons et d'éléments de l'exposition du monde portugais. Parmi ceux-ci figurent le phare de Belém, la place de l'Empire et sa fontaine, la reconstruction du Monument aux Découvertes, les hippocampes, le Miroir d'eau, ainsi que divers éléments et constructions dans le jardin colonial ou l'ensemble des pavillons de la vie populaire.

Le Centre culturel de Belém, inauguré en 1992, fut construit sur l'emplacement du Pavillon des Portugais dans le monde[2]. Le jardin Vasco de Gama est situé à l'emplacement du Pavillon d'Honneur et de Lisbonne[v 24].

En 2013, entre le mois de février et le mois de mai, une exposition de photographies réalisées par le Secrétariat de la Propagande Nationale (SPN) est présentée au Monument aux Découvertes. Intitulée « Fotógrafos do Mundo Português 1940 », cette exposition présente 119 photographies, dont une grande partie était exclusive et avait été acquise par la fondation Calouste Gulbenkian[67].

Notes et références

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  • Autres ouvrages
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Bibliographie

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  • (pt) Sandra Cristina Gonçalves da Silva, A EXPOSIÇÃO DE BELÉM, Novos elementos para a construção de uma “memória”, Lisbonne, Universidade Aberta Lisboa, , 277 p..
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  • (pt) Joana Damasceno, Museus para o povo português, Coimbra, Imprensa da Universidade de Coimbra, , 188 p. (ISBN 978-9-89807-494-2).
  • Yves Léonard, Le Portugal et ses « sentinelles de pierre ». L'exposition du monde portugais en 1940 - Dossier : Le salazarisme. pp. 27-37. DOI : 10.2307/3771096, Vingtième Siècle, revue d'histoire, n°62,

Articles connexes

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Liens externes

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