Gargaphia (Grèce)

Carte de la bataille de Platées, Rigas, 1797. La source Gargaphia (Γαργαφία πηγή / Γαργαφία pēgḗ) se situe à l'ouest de Platées (Πλαταιαί / Plataiaí), à proximité d'Érythrées (en) (Ἐρυθραί / Eruthraí).

Gargaphia ou Gargaphie (en grec ancien Γαργαφία / Gargaphía, en ionien Γαργαφίη / Gargaphíē[1], en latin Gargaphie[2]) est une source et une vallée de Béotie, en Grèce, située à proximité de Platées et du mont Cithéron.

Dans la mythologie grecque, elle est le lieu où se déroule le mythe d'Actéon, puni pour avoir vu Artémis au bain. Elle est peut-être personnifiée dans certaines représentations antiques du mythe.

D'après Hérodote, dans l'Antiquité, la source est utilisée par les Grecs pour se fournir en eau pendant la bataille de Platées face aux Perses.

Géographie

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Image externe
Un bosquet à proximité de la source Gargaphia à Platées, photographie de William John Woodhouse (en), entre 1809 et 1935, Nicholson Museum (en).

Le nom de Gargaphia est donné à une source située à l'est de Platées[3], ainsi qu'à la vallée qui l'entoure, à proximité du mont Cithéron[4], en Béotie. La source fait partie du bassin fluvial de l'Asopós[3].

L'identification de cette source dans le paysage actuelle, d'après les indications données par Hérodote, n'est pas certaine : plusieurs sources sont proposées, notamment celle de Kiafa Retsi[5].

D'après Hérodote[α], lors de la bataille de Platées de , l'armée grecque campe au bord de la source Gargaphia et y puise son eau[6],[7]. Selon Pausanias[β], celle-ci est comblée par les Perses avant d'être rétablie par les Platéens[8],[9].

Les chercheurs contemporains notent l'insistance d'Hérodote concernant ce lieu : il pourrait s'agir d'une sorte de lieu de mémoire pour les Grecs à la fin des guerres médiques, marqué dans le paysage et rattaché à plusieurs histoires (la dispute entre le général Pausanias et un capitaine spartiate quant au choix du campement, la destruction de la source par les Perses puis sa reconstruction, et le mythe d'Actéon)[10].

Image externe
Le châtiment d'Actéon par Artémis, cratère apulien à figures rouges, entre et , musée Röhss.

Dans les versions d'Ovide[γ] et d'Hygin[δ], Actéon surprend Artémis en train de se baigner dans une source de la vallée de Gargaphia[8]. Ovide ne précise pas la localisation de cette vallée, mais elle pourrait être située à proximité du mont Cithéron, lieu de l'action dans la version du Pseudo-Apollodore[ε],[11]. Pausanias[ζ], quant à lui, ne nomme pas la source qu'il associe à ce mythe[8], qui se situe sur le chemin entre Platées et Mégare[11].

L'association faite entre la source de la bataille de Platées et celle du mythe d'Actéon pourrait être une invention d'auteurs alexandrins ou romains[8]. Cependant, dans les fragments conservés de l'œuvre perdue Les Archères, qui évoquait le mythe d'Actéon, plusieurs références à cette bataille sont faites par Eschyle : cette identification pourrait donc être plus ancienne[12],[8].

Le massacre des Niobides, peinture murale de la maison du Marin (de) de Pompéi, entre et , musée archéologique national de Naples. Le couple assis dans la partie inférieure de l'image pourrait être Gargaphia et le mont Cithéron[6].

Gargaphia pourrait être représentée sous la forme d'une jeune femme dans plusieurs œuvres pour signifier le lieu de l'action : sur plusieurs vases italiotes[6] figurant le mythe d'Actéon ainsi que sur une peinture murale pompéienne du massacre des Niobides[13]. Certains chercheurs ont également suggéré que la source pourrait être représentée par une urne sur un sarcophage du musée du Louvre[6],[13].

Notes et références

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Références

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  1. Gérard Gréco et al., « Γαργαφία », sur Bailly 2020 Hugo Chávez (consulté le ).
  2. Gérard Gréco et al., « Gargaphie », sur gaffiot.fr (consulté le ).
  3. a et b Waser 1910, p. 756.
  4. Kossatz-Deissmann 1988, p. 170.
  5. van Rookhuijzen 2019, p. 251.
  6. a b c et d Kossatz-Deissmann 1988, p. 171.
  7. van Rookhuijzen 2019, p. 250-251.
  8. a b c d et e Kossatz-Deissmann 1988, p. 170-171.
  9. van Rookhuijzen 2019, p. 254-255.
  10. van Rookhuijzen 2019, p. 253-257.
  11. a et b Bölte 1910, p. 757.
  12. (de) Anneliese Kossatz-Deissmann, Dramen des Aischylos auf westgriechischen Vasen, Mayence, von Zabern, (ISBN 3-8053-0337-8, lire en ligne), « Toxotides », p. 142-165.
  13. a et b Drexler 1890, p. 1604.

Sources antiques

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Bibliographie

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