Georges Corroy
Président de l'Académie de Marseille | |
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Doyen |
Naissance | |
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Décès | (à 85 ans) Saint-Dié (Vosges) |
Sépulture | Cimetière de Neufchâteau |
Nom de naissance | Marie Hilaire Georges Corroy |
Nationalité | Française |
Formation | Faculté des sciences de Nancy |
Activité | Géologue, professeur d'université |
Père | Léon Corroy |
Mère | Angélia Maillard |
Conjoint | Marie-Louise Bouvier, puis Alice Bouvier |
Enfants | Jean |
A travaillé pour | |
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Chaire | Géologie |
Domaine | |
Membre de | |
Influencé par | |
Distinction |
Georges Corroy, né le à Neufchâteau (Vosges) et mort le à Saint-Dié (Vosges), est un géologue universitaire français, doyen de la faculté des sciences de Marseille de 1938 à 1944.
Son nom est souvent associé — de façon manifestement abusive — aux insuffisantes études géotechniques ayant conduit en 1959 à la catastrophe de Malpasset.
Biographie
[modifier | modifier le code]Origines familiales et formation
[modifier | modifier le code]Marie Hilaire Georges Corroy naît à Neufchâteau (Vosges), au no 1 de la rue des Petits-Fossés[1], le [2]. Son père, Léon Corroy, employé de commerce dans un établissement de confection, est lui aussi Néocastrien, fils d'un ferblantier[3] ; sa mère, née Angélia Maillard, sans profession, est originaire de Viviers-le-Gras (Vosges) où son père était alors instituteur[4]. Georges, enfant unique, fait ses études secondaires au collège de Neufchâteau, et obtient son baccalauréat en 1913[5].
Nancy et la Grande Guerre
[modifier | modifier le code]Il entame à Nancy une licence de sciences naturelles lorsque éclate la Grande Guerre[5]. Mobilisé dans l'infanterie en , il prend part à la Troisième bataille d'Artois en tant que 1re classe. Blessé à Souchez en , il est versé dans le service auxiliaire — il est pendant quelques mois téléphoniste au camp de Mailly —, puis termine la guerre dans l'armée territoriale[5],[6]. Il reprend alors ses études à Nancy où il développe une passion pour la géologie : c'est à Landaville, au pied des mirabelliers de sa grand-mère, qu'il fait ses premières découvertes paléontologiques[5].
« Préparateur auxiliaire de géologie » à la faculté des sciences de Nancy dès 1920[7], il soutient sa thèse de doctorat d'État en 1924, consacrée à l'étude du Néocomien (les trois étages inférieurs du Crétacé) dans l'est du Bassin parisien[8]. Elle lui vaudra plusieurs prix, dont un décerné par l'Académie des sciences[5]. Il obtient en avril 1925 un poste de « préparateur de paléontologie[7] » — qui lui confère un statut équivalent à celui d'assistant —, et il épouse une semaine plus tard Marie-Louise Bouvier, la fille d'un négociant néocastrien originaire du nord de la Meuse[2]. Celle-ci meurt malheureusement l'année suivante ; il se remarie peu après avec sa belle-sœur Alice[2].
Après de toutes premières publications de nature résolument paléontologique, les années nancéiennes de Corroy sont marquées par un réexamen des étages géologiques affleurant dans l'est du Bassin parisien, du Rhétien (étage supérieur du Trias) au Crétacé, en passant par tous les étages du Jurassique[9]. Il ne s'aventure qu'exceptionnellement en dehors de son « terrain de thèse ». On note cependant l'éclectisme qui le fait répertorier les tremblements de terre et les mouvements de terrain ayant affecté la Lorraine par le passé.
Marseille et le drame de Malpasset
[modifier | modifier le code]En 1932, quittant à regret ses chères côtes de Meuse, il est nommé maître de conférences à la faculté des sciences de Marseille[7]. Il y obtient deux ans plus tard la chaire de géologie qu'il va occuper pendant plus de trente ans[5]. « Lorrain devenu Provençal », comme il se plaît à se décrire, ses travaux de terrain éclairent d'un jour nouveau la tectonique du massif de la Sainte-Baume et de la montagne Sainte-Victoire. Entre 1933 et 1965, près de quarante de ses publications sont consacrées à ces deux chaînons provençaux[9], et plusieurs guides géologiques régionaux développent ces études. Pour Raymond Ciry, « l'œuvre de Georges Corroy et son école a vraiment marqué un tournant dans la révolution des idées sur la géologie provençale[10] ».
« Brillant professeur » pour Suzanne Taxy[11], Corroy assume la charge de doyen de la faculté des sciences de 1938 à 1944[5].
À la Libération, Corroy est arrêté et emprisonné sans véritable raison pendant six mois[12]. Mais c'est un autre drame qui vient assombrir la fin de sa carrière : la catastrophe du barrage de Malpasset, dans l’arrière-pays de Fréjus (Var). En 1946, seul géologue consulté pour ce qui devait être à l’origine un barrage-poids, il émet des réserves sur la qualité du gneiss sur le flanc gauche du site retenu. Le site est finalement déplacé de 200 m en aval par le maître-d'œuvre, mais pour y implanter un très mince barrage-voûte. Corroy ne s'y oppose pas : le barrage est construit entre 1952 et 1954, mais les études complémentaires qu'il a requises lors des travaux ne sont pas réalisées, faute de temps et d'argent. La retenue, longtemps à moitié vide pour d’interminables complications juridiques, est soumise à de fortes pluies à partir de la fin novembre 1959. Le barrage cède le , rayant Fréjus de la carte. Lors des procès qui se succèdent pendant la décennie suivante et qui aboutissent à un non-lieu, Corroy n'intervient qu'en tant que témoin, mais son collègue Marcel Roubault, l'un des experts judiciaires, stigmatise l'insuffisance de son étude géologique. Plus de quinze ans se sont cependant écoulés entre l'étude géologique de Corroy et le procès, et les connaissances et les pratiques en matière de construction de barrages ont considérablement évolué entre temps[13],[14]. La critique est difficilement recevable.
Retraite et dernières années
[modifier | modifier le code]Corroy part en retraite en 1965, peu après la fin du premier procès. Celui qui s’était fait remarquer par la presse locale dans sa jeunesse pour sa « fort jolie voix de ténor » lors des soirées récréatives néocastriennes[15] et qui savait se détendre en animant des concerts[16] se retire à Saint-Dié, dans ses Vosges natales. Il s'y éteint le . Il a su transmettre sa passion pour l’orgue à son fils Jean Corroy, architecte, organiste de l'église Saint-Nicolas de Neufchâteau pendant plus de 75 ans[17].
Sélection d’articles et ouvrages
[modifier | modifier le code]- Georges Corroy, « Sur quelques Poissons néocomiens de la Haute-Marne et de la Meuse », C. R. Acad. Sci. Paris, t. 174, , p. 304-306 (lire en ligne)
- Georges Corroy, « Les tremblements de terre en Lorraine et leurs relations avec la tectonique », Bulletin de la Société des sciences de Nancy, 4e série, t. I, , p. 217-224
- Georges Corroy, Le Néocomien de la bordure orientale du Bassin de Paris (Thèse de doctorat ès-sciences), Nancy, Coubé, , 334 p.
- Georges Corroy, « Les Vertébrés du Trias de Lorraine et le Trias lorrain », Annales de paléontologie, t. 17, , p. 11-56
- Georges Corroy, Le Callovien de la bordure orientale du Bassin de Paris, Paris, Imprimerie nationale, coll. « Mémoires pour servir d'explication à la carte géologique détaillée de la France », , 337 p.
- Georges Corroy, « Les éboulements de terrain en Lorraine et particulièrement les glissements de la côte de Mousson », Bulletin de la Société des sciences de Nancy, 5e série, t. I, , p. 5-13
- Georges Corroy et Georges Denizot, « Guide géologique de la Provence occidentale », Annales de la faculté des sciences de Marseille, 2e série, t. 8 – fascicule I, , p. 5-172 (lire en ligne [PDF])
- Georges Corroy et Claude Gouvernet, « Étude stratigraphique et tectonique des collines d'Auriol (Bouches-du-Rhône) », Annales de la faculté des sciences de Marseille, 2e série, t. 10 – fascicule II, , p. 57-116 (lire en ligne [PDF])
- Georges Corroy et Georges Denizot, La Provence occidentale, Paris, Hermann, coll. « Géologie régionale de la France » (no II), , 182 p.
- Georges Corroy et Simone Gueirard, « L'alimentation en eau de la région orientale du département du Var et le barrage de Malpasset, près de Fréjus. Études géologiques », Travaux du laboratoire de géologie de la faculté des sciences de Marseille, t. V, , p. 103-126
Distinctions et hommages
[modifier | modifier le code]- Officier de la Légion d'honneur (1964[12])
- Croix de guerre –, palme de bronze[5]
- Commandeur de l'ordre des Palmes académiques (1959[12])
- Chevalier de l'ordre du Mérite agricole (1957[12])
- Membre de l'académie des sciences, lettres et arts de Marseille (1950[18])
- Membre de l'académie lorraine des sciences (1971[12])
- Prix Prestwich de la Société géologique de France (1963[19])
Références
[modifier | modifier le code]- « Recensement Neufchâteau 1896 », cote 6M883-108858, no 1 rue des Petits-Fossés, vue 10, sur Archives départementales des Vosges.
- « Registre d'état civil Neufchâteau 1895 », cote 4E326/30-84237, vue 12, sur Archives départementales des Vosges.
- « Registre d'état civil Neufchâteau 1867 », cote 4E326/24-52656, acte no 126, vue 1, sur Archives départementales des Vosges.
- « Registre d'état civil Viviers-le-Gras 1872 », cote 4E529/6-79030, acte no 15, vue 11, sur Archives départementales des Vosges.
- Taxy 1982, p. 3.
- « Feuillets matricules Épinal ex-Neufchâteau 1915 », cote 1R1696-116551, no 110, vues 19 et 20, sur Archives départementales des Vosges.
- Jean-René Cussenot et Jean-François Pautex, « 1854-2014 : les 160 ans de la faculté des sciences de Nancy — Corroy Marie Hilaire Georges », sur Archives de la faculté des sciences de Nancy, 2006-2018.
- « Corroy, Georges (1895-1981) », sur idref.fr, .
- Taxy 1982, p. 6-9.
- Maubeuge 1973, p. 315.
- Taxy 1982, p. 5.
- Maubeuge 1973, p. 317.
- Pierre Duffaut, « Cinquantenaire de la rupture des fondations et du barrage de Malpasset (Var) », Travaux du Comité français d'histoire de la géologie, 3e série, t. XXIII, no 9, , p. 201-224 (lire en ligne [PDF]).
- Martin Boudou, « Monographie de la rupture du barrage de Malpasset, 2 décembre 1959 », Extrait de : Approche multidisciplinaire pour la caractérisation d’inondations remarquables (Thèse de doctorat en géographie et aménagement de l'espace), Montpellier, université Paul-Valéry, 2010, 462 p. + 344 p. d'annexes, sur researchgate.net, .
- « Neufchâteau — Soirées récréatives », sur gallica.bnf.fr, Le Télégramme des Vosges, , p. 2.
- Taxy 1982, p. 6.
- Michel Villedieu, « L’ancienneté chez les organistes et maîtres de chapelle », sur Musica et Memoria, .
- « Succession des fauteuils à l'académie de Marseille » [PDF], sur Académie des sciences, lettres et arts de Marseille.
- « Prix Joseph-Prestwich », sur Société géologique de France.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Pierre-Louis Maubeuge, « Discours de remise de la médaille lorraine des sciences à M. G. Corroy », Bulletin trimestriel de l'Académie et Société lorraines des sciences, t. 12, no 4, , p. 314-318 (lire en ligne [PDF]).
- Suzanne Taxy, « À la mémoire de Georges Corroy (29 août 1895 - 14 janvier 1981 », Géologie méditerranéenne, t. IX, no 1, , p. 3-9 (lire en ligne).
Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
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- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :