Gerty Theresa Cori
Naissance | |
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Décès | |
Nom de naissance | Gerty Theresa Radnitz |
Nationalités | américaine (à partir de ) tchécoslovaque autrichienne |
Domicile | |
Formation | |
Activités | |
Père | Otto Radnitz (d) |
Fratrie | Lotte Frumi (d) |
Conjoint | Carl Ferdinand Cori (de à ) |
A travaillé pour | |
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Membre de | Académie américaine des sciences () National Science Board (en) (- Académie américaine des arts et des sciences Société américaine de philosophie |
Distinctions | Prix Nobel de physiologie ou médecine () Liste détaillée Prix Nobel de physiologie ou médecine () Médaille Garvan-Olin () Women in Technology Hall of Fame (d) () National Women's Hall of Fame () Membre de l'Académie américaine des arts et des sciences |
Gerty Theresa Cori, née Radnitz le à Prague et morte le à Saint-Louis, Missouri, États-Unis), est une biochimiste américaine d'origine austro-hongroise[1]. Elle est la troisième femme — et la première Américaine — à avoir reçu un prix Nobel de science après Marie Curie et Irène Joliot-Curie[2], et la première femme à recevoir le prix Nobel de physiologie ou médecine en 1947[3], honneur qu'elle partage avec son époux Carl Ferdinand Cori.
Biographie
[modifier | modifier le code]Née dans une famille de confession juive, elle est l'aînée des trois filles d'Otto Radnitz, un chimiste, et de Martha Radnitz. Elle est instruite par une précepteur à domicile jusqu'à l'âge de 10 ans, année où elle intègre un gymnasium pour filles[4]. À 16 ans, elle décide de devenir médecin et veut s’inscrire à l'Université Charles de Prague mais elle n'a pas le niveau nécessaire en mathématiques, latin et chimie. Elle passe alors les deux années suivantes à rattraper son retard et est enfin admise en 1914 à l'âge de dix-huit ans[5],[6],[7].
À l'université, elle rencontre son futur époux Carl Ferdinand Cori, qu'elle épouse en 1920[4]. Le couple part pour Vienne, où Gerty Cori travaille à l'hôpital Karolinen pour enfants et s'intéresse à l'insuffisance thyroïdienne congénitale[5]. Refusant les compléments offerts par l'hôpital, elle est victime de xérophtalmie et doit partir à Prague se reposer chez ses parents pour rétablir sa vision[5]. Au milieu des années 1920, le couple tente à tout prix de quitter l'Europe pour fuir la montée de l'antisémitisme. Ils proposent alors leur candidature au gouvernement des Pays-Bas pour aller travailler sur l'île de Java mais, avant que leur demande n'aboutisse, Carl Cori reçoit une proposition d'embauche de l'Institut d'État de Buffalo aux États-Unis, pour l'étude des maladies malignes[5]. Il part en 1922 pour les États-Unis et elle ne le rejoint que six mois plus tard, après avoir obtenu un poste d'assistante en pathologie[5].
En 1929, après six ans de travaux, le couple reconstitue le cycle de synthèse du sucre dans le muscle et le foie, ce qui deviendra plus tard le cycle de Cori[8]. Leurs travaux auront un impact sur l'utilisation de l'insuline, découverte quelques années plus tôt[5].
Malgré des recherches fructueuses — elle publie 11 articles seule et près de 50 avec son mari — elle n'obtient que des postes d'assistante jusqu'en 1946[1] en raison de la misogynie des chercheurs de l'époque aux États-Unis[2] : à l'université de Rochester, on conseille à son mari de ne pas « ruiner sa carrière » en publiant avec elle[1] ; celles de Toronto et l'université Cornell refusent de l'embaucher lorsqu'elles cherchent à engager son mari[1]. Finalement, le couple part pour la Washington University School of Medicine à Saint-Louis en 1931, où il obtient un poste de professeur de Pharmacologie et où elle obtient un simple poste d'attachée de recherche en pharmacologie[5]. Ce n'est qu'en 1946 qu'elle obtient une chaire de professeur, lorsque son mari prend la direction du département de biochimie[1].
En 1936, au cours de leurs recherches sur le glucose, ils découvrent le glucose-1-phosphate et mettent au point la description de la dégradation du glycogène en glucose[5]. C'est la première étape de leur recherche qui mènera le couple à obtenir le Prix Nobel de physiologie ou médecine en 1947, en même temps que l'Argentin Bernardo Houssay : « pour la découverte du processus de conversion catalytique du glycogène[3] ». Les trois sont récompensés pour leur travail sur la régulation de la glycémie et la découverte du cycle de Cori qui lie le métabolisme du muscle à celui du foie par l'intermédiaire de l'acide lactique, libéré par le muscle et transformé en glucose par le foie[8].
Quelques jours avant qu'ils partent recevoir leur prix, on diagnostique à Gerty Cori une splénomégalie myéloïde, rare et irréversible[5]. Malgré la maladie, elle continue de travailler au laboratoire, découvrant comment la perte ou le dysfonctionnement d'une enzyme peut causer des maladies[5]. Elle meurt chez elle le à l'âge de 61 ans[8].
Prix et distinctions
[modifier | modifier le code]- 1947 : colauréate du prix Nobel de physiologie ou médecine avec Carl Ferdinand Cori et Bernardo Alberto Houssay[4]
- 1948 : récipiendaire de la Médaille Garvan–Olin[4]
- 1950 : lauréate d Sugar Research Prize[4]
- 1951 : lauréate du Borden Award[4]
- 1998 : cérémonie d'admission au National Women's Hall of Fame[9]
Elle est également nommée docteure honoraire en sciences des universités de Boston (1948), Smith College (1949), Yale (1951), Columbia (1954) et Rochester (1955)[4].
Hommages
[modifier | modifier le code]- Un cratère lunaire est nommé en son nom[10].
- L'astéroïde (6175) Cori porte le nom de Carl Ferdinand Cori et Gerty Theresa Cori.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (en) Dr. Gerty Theresa Radnitz Cori, biographie sur le site du National Library of Medicine.
- [PDF] Des femmes prix Nobel sur le site de l'Institut national de physique nucléaire et de physique des particules.
- (en) « for their discovery of the course of the catalytic conversion of glycogen » in Personnel de rédaction, « The Nobel Prize in Physiology or Medicine 1947 », Fondation Nobel, 2010. Consulté le 5 décembre 2010.
- (en-US) « The Nobel Prize in Physiology or Medicine 1947 », sur NobelPrize.org (consulté le ).
- Hélène Merle-Béral, 17 femmes prix Nobel de sciences, Paris, Odile Jacob, , 348 p. (ISBN 978-2-7381-3459-2), pp. 82-96
- (en-US) « Gerty T. Cori | Encyclopedia.com », sur www.encyclopedia.com (consulté le ).
- (en) « Gerty Theresa Cori », sur Jewish Women's Archive (consulté le ).
- (en) Carl and Gerty Cori and carbohydrate metabolism sur le site du National Historic Chemical Landmarks.
- (en-US) « Cori, Gerty Theresa Radnitz », sur National Women’s Hall of Fame (consulté le ).
- « Planetary Names: Crater, craters: Cori on Moon », sur planetarynames.wr.usgs.gov (consulté le ).
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
[modifier | modifier le code]- Ressource relative à la santé :
- Ressource relative à la recherche :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- American National Biography
- Britannica
- Brockhaus
- Collective Biographies of Women
- Deutsche Biographie
- Dictionnaire universel des créatrices
- Enciclopedia delle donne
- Enciclopedia De Agostini
- Gran Enciclopèdia Catalana
- Nationalencyklopedin
- Munzinger
- Proleksis enciklopedija
- Store norske leksikon
- Treccani
- Visuotinė lietuvių enciklopedija
- (en) Biographie sur le site de la fondation Nobel (le bandeau sur la page comprend plusieurs liens relatifs à la remise du prix, dont un document rédigé par la personne lauréate — le Nobel Lecture — qui détaille ses apports)