Hôpital et chapelle Saint-Julien de Château-Gontier
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L'hôpital et la chapelle Saint-Julien se situent à Château-Gontier.
Histoire
[modifier | modifier le code]Origine
[modifier | modifier le code]Dès que la ville commence à se constituer, on voit apparaitre une association de confrères desservant une aumônerie établie à proximité[1], sur Azé. Vers 1119, les frères veulent se donner avec leur maison à Vital de Mortain[2] et à ses moines.
Il s'agit du fondateur de l'abbaye de Savigny, connu dans sa région comme compagnon de Robert d'Arbrissel ; mais les moines de Saint-Nicolas, établis à Azé, réclamèrent et eurent gain de cause en vertu d'actes du pape Calixte II[3], et plus tard () de l'évêque Renaud de Martigné[4], de Jean, abbé de Saint-Nicolas, de Geoffroy, abbé de Vendôme, du comte Foulque le jeune et d'Alard II de Château-Gontier. Saint-Nicolas s'engagea le 29 janvier et le à faire desservir l'aumônerie par douze religieux[5]. Ce projet d'un prieuré conventuel qui eût été en même temps un hospice n'aboutit point.
Au commencement du XIIIe siècle, les confrères, les bourgeois et le seigneur s'occupent d'une réorganisation de l'aumônerie. Elle est transférée à la tête du pont, sur la rive gauche, elle a une chapelle, et les confrères continuent de la desservir.
Renaud VI de Château-Gontier et Alard IV de Château-Gontier donnent, en 1206, un règlement, d'accord avec les bourgeois de la ville, avec les aumôniers de la maison Saint-Julie, pour le gouvernement de cet établissement[6]. Le pape Innocent III délègue l'évêque, le doyen et l'archidiacre du Mans pour trancher les difficultés qui peuvent surgir entre les religieux et les aumôniers[7].
Alard IV de Château-Gontier, volens miserie mederi, pauperum donne l'indemnité du terrain, les profits de la foire de la Toussaint, droit d'usage dans la forêt de Flée, et le péage du pont pendant les vendanges[8].
L'ancienne aumônerie, qu'on nomme encore, en 1410, la vieille aumosnerie du faubourg du Geneteil, et, en 1509, la maison où souloit anxiennement estre la Maison-Dieu et aumosnerie de Chasteau-Gontier restait aux Bénédictins. Au XVe siècle, comme dans d'autres villes, l'aumônerie eut tendance à devenir un bénéfice au profit de l'aumônier pourvu par le seigneur.
- Me Simon, avant 1272.
- Lucas, « prioul de la Meson-Dé », cité avec les confrères James Letaillandier, James Odierne et Mathurin Perdrier, prêtre, 1272.
- Guillaume Colas, prêtre, « priour du priouré de l'aumosnerie », 1374.
- « Très honorable homme, sage et discret Monseur Guillaume de Cleder, docteur es lois, priour du priouré de l'aumônerie », 1382, 1393.
- N. Fourré.
- N. André.
- Jean Dornois, « prestre, prieur, gouverneur et administrateur », 1402.
- Michel Fauvel, prieur et administrateur, 1405, 1410.
- Guillaume Larconneur, maître administrateur, 1423.
- Guillaume Fléaut, 1428.
- Jean Labbé, licencié ès lois, 1472.
- Jean Le Grand, 1489.
- Frère Robert Naturel, protonotaire apostolique, 1489[9]. Il était fils bâtard de Jean II d'Alençon et fut présenté à l'évêque d'Angers, en 1489, par René d'Alençon.
- Pierre Gohier, 1449, 1452, gouverneur et administrateur.
- Jean Barrault, 1453, 1457.
En 1507, Louise-Marguerite de Lorraine, duchesse d'Alençon, vint visiter sa baronnie de Château-Gontier, et, voyant que l'hospital n'estoit pas gouverné selon que la grandeur de sa piété et de sa charité sans pareille eust pu désirer, elle s'engagea à remplacer le maître administrateur et les treize pauvres frères par treize religieuses et un chapelain[10]. Marguerite de Lorraine fit les frais de la construction de la chapelle et du couvent.
Les religieuses du Tiers-Ordre franciscain[11], vinrent de Mortagne sous la conduite de sœur Isabeau Viseuse ; les religieuses, mères et couvent de Saint-Julien, ayant l'administration de l'hospital et Maison-Dieu n'étaient pas cloîtrées pendant les dix premières années et elles soignaient aussi les malades en ville ; un procureur ou gesteur donnait ses soins à l'administration du temporel.
Des difficultés entre les habitants et la communauté avaient décidé les sœurs, en 1566, à se retirer à Champigné, dans un couvent que leur avait donné Louis III de Montpensier, duc de Montpensier ; mais l'avocat du roi leur fit comprendre qu'elles ne pouvaient déserter ainsi, et neuf d'entre elles restèrent, sous la direction de la sœur Antoinette de la Grandière.
Au mois de , le capitaine Cessart, qui commandait au nom des royaux, voulait abasser la maison. Les sœurs purent obtenir de M. de Rochepot et de M. Pichery d'être préservées ; mais quand les ligueurs furent à leur tour maîtres de la ville, Urbain de Laval Boisdauphin jugea une démolition du couvent nécessaire ; il fut évacué pour toujours, le . Réinstallées au Monastère de Buron, les Franciscaines continuèrent jusqu'en 1613 de nourrir les malades.
En 1619, les Pères des pauvres firent faire par Jacques Tardif et Jean Pigeon, maîtres maçons, un bâtiment propre pour loger les malades et ceux qui les servaient et une chapelle, le tout en place de l'ancienne église de Saint-Julien[12]. Les malades recevaient les soins de personnes dévouées, sans vœux de religion.
Dès 1655, la ville désirait remettre l'hôpital aux mains des hospitalières de la Flèche ; mais Henri Arnauld refusa son autorisation jusqu'à ce que les sœurs eussent modifié leurs constitutions. Pendant ce temps, M. Drogo, prêtre breton, pensionnaire de l'hôpital[13], fit admettre[14] les sœurs de la Miséricorde de Jésus, dont la maison-mère était à Dieppe et qui desservaient l'hôpital de Vitré.
Les sœurs Jeanne Cerisier, Perrine Geffart et Olive Duchemin, vinrent de Vitré, conduites par la Mère Marie Baudouin, de Dieppe, qui resta supérieure. Le , elles arrivèrent chez les Ursulines qui les logèrent pendant neuf jours, et le 19 le curé d'Azé, accompagné de tout le clergé de la ville et des administrateurs, les conduisit processionnellement à l'hôpital, dont elles prirent possession en priant à la chapelle, puis en allant de suite servir les malades.
La première pierre des bâtiments claustraux fut posée par l'évêque Arnauld, le ; celle du chœur[15] porte cette inscription : J'ay [été] posée par honorable Marie Meignan, femme d'honorable homme René Dublineau, fondateurs de cetes épitaphe, 1687.
Les religieuses préparaient les remèdes. Depuis une vingtaine d'années les médecins ne visitaient plus les malades[16].
À la fin du XVIIIe siècle (1786), un rapport officiel envoyé à l'intendant rend ainsi compte de la situation de l'hôpital[17]
La communauté progressa continuellement[18].
Révolution française
[modifier | modifier le code]Malgré leur refus de serment, la municipalité les laissa à leurs fonctions jusqu'au , jour où elle proposa de les remplacer par des femmes patriotes», et, le 19, les fit comparaître devant elle[19]. Les malades même avaient quitté les salles avant l'arrivée des femmes patriotes ; ce fut un autre grief contre les sœurs. Elles furent emprisonnées aux Ursulines. Elles vécurent là un an. Marie Lhuillier fut la seule victime.
Le 19 et le , les administrateurs et la municipalité reconnaissant que le traitement des employés salariés absorbe le plus clair des revenus, proposèrent aux sœurs survivantes, qui n'avaient cessé de rendre service aux malades pauvres, de reprendre leurs fonctions, ce qu'elles acceptèrent. Leur réintégration eut lieu le . En 1805, le costume religieux leur fut rendu. Un décret impérial approuva leurs statuts en 1810. La communauté se divisa, en 1833, pour desservir l'hôpital général de Saint-Joseph. La chapelle, le couvent, l'hôpital ont été reconstruits en 1879-1882 suivant un plan d'ensemble de M. Beignet.
Léproserie
[modifier | modifier le code]La léproserie formait, au XIIIe siècle, un bénéfice ecclésiastique à la présentation alternative de l'évêque et de l'abbé de Saint-Aubin[20]. Le maître des ladres jouissait encore, en 1452, de la coutume de la foire de l'Ascension qui lui avait été attribuée dès la fondation.
Le Monastère de l’Olivier, est communauté de sœurs augustines. Ce monastère de sœurs hospitalières venues de Dieppe au XVIIe siècle, était au service de l'hôpital Saint-Julien de 1674 à 1982. Le monastère demeure et est affilié à la congrégation des Augustines de la Miséricorde de Jésus.
L'hôpital moderne
[modifier | modifier le code]En 1993, le Centre hospitalier de Château-Gontier fusionne avec le Centre hospitalier de Segré pourtant situé en Maine-et-Loire après y avoir assuré des consultations avancées ; il prend alors le nom de Centre hospitalier du Haut Anjou. Il rachète ensuite la clinique de l'Espérance avec fusion des activités en particulier d'obstétrique créant une alliance entre le public et le privé. En 2008, un nouveau plateau technique et d’hospitalisation est construit suivi en 2012 d'une restructuration de l'ancien hôpital[21]. Il rejoint le Groupement hospitalier de territoire de la Mayenne et du Haut Anjou créé par la loi de modernisation du système de santé dont l'hôpital pivot est le centre hospitalier de Laval[22].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Mais au-delà du pont.
- Pour l'abbé Angot, l'abbé ainsi désigné par son seul nom ne peut être que Vital de Mortain qui, après avoir habité et évangélisé le Craonnais, venait de fonder l'abbaye de Savigny. Il n'y a pas d'autre abbé Vital dans les monastères angevins à cette époque.
- Qui se trouvait à Angers
- qui partait pour la Terre-Sainte
- Ils s'engageaient à envoyer à l'aumônerie douze religieux, huit prêtres et quatre laïques, qui chanteraient une messe quotidienne pour les confrères, vivants et défunts, qui leur administreraient les sacrements en cas de maladie, assisteraient à leur sépulture, et recueilleraient douze pauvres. Ces conventions furent confirmées, le 21 janvier 1121 (n. s.), dans l'église de Saint-Just, en présence d'Alard II de Château-Gontier, qui fit don à l'aumônerie ainsi constituée du lieu de la Rouillère. Guérin du Bignon, seigneur du fief, avait aussi donné son consentement.
- Les moines de Saint-Nicolas, pour constater leurs droits de patronage, pouvaient célébrer l'office quand ils venaient dans la chapelle et avaient les aumônes ; les aumôniers n'enterraient que les frères et ne recevaient point d'associés sans l'avis des prêtres. L'abbé Joulain permit de reconstruire l'aumônerie avec une chapelle n'ayant qu'une cloche, mais exigea que le chapelain vînt lui prêter serment.
- On convient qu'il n'y aura jamais qu'une cloche à la chapelle, que le chapelain ira prendre son investiture de l'abbé à Angers, que le cimetière ne pourra servir qu'aux confrères et aux pauvres hospitalisés, et qu'on n'admettra les paroissiens d'Azé, sains ou malades, que du consentement du curé. Dans la chapelle même, les religieux se réservaient des droits honorifiques et utiles.
- La Maison-Dieu eut dans la suite un fief qui s'étendait en Azé et sur quelques maisons de la ville, droit de pêche dans la rivière, des premières aux secondes vêpres de la Saint-Gilles (1er septembre). Un porc essoreillé d'une oreille qu'on appelait le pourceau Saint-Jullian, auquel les manans et habitans doivent ce qu'il leur plaist pour le nourrir, vaguait librement dans les rues. Outre les pauvres hospitalisés on hébergeait pour une nuit les pauvres passants.
- L'abbé Angot s'interroge s'il portait réellement ce nom ou pas.
- Ce dernier resta à la présentation du seigneur, et le nombre des religieuses fut réduit à six par décret de l'évêque d'Angers du 25 janvier 1508 (n. s.).
- Le P. Ulbald, capucin, a trouvé à Angers, à l'Université, la règle des Tertiaires de Saint-François donnée par le P. Gabriel Maria, et approuvée par bulle de Léon X, 1517, et dont la traduction a été publiée en 1622. Il en a donné une nouvelle édition, avec étude préliminaire riche en renseignements sur la maison de Saint-Julien de Château-Gontier : La règle du Tiers-Ordre franciscain composée par le P. Gabriel-Maria avec une introduction par le R. P. Ubald d'Alençon, capucin, in-8, 20 p. Paris, 1901. Cette règle, d'après l'imprimé de 1622, donnée premièrement aux sœurs de Chasteau-Gontier, avait été depuis communiquée aux monastères de Champigny, de la Flèche de Mirebeau et autres du mesme ordre..
- Les frais atteignaient, en 1624, la somme de 3 .623 livres. Les recettes s'élèvent successivement : à 1 347 pour 1613-1614 ; — 3 567 livres pour 1629-1630 ; — 3 379 livres pour 1632-1633 ; — 3 146 pour la seule année 1635. Un chirurgien perçoit 25 livres en 1630 ; et le docteur en médecine 18 seulement pour trois ans.
- Auquel il avait donné son bien à viage
- Par contrat passé le 18 février 1673 devant Jean Gilles.
- Retrouvée en 1881.
- Trois vinrent de suite offrir gratuitement leurs services. Les trois chirurgiens recevaient 60 livres en commun et jouissaient de l'exemption de la taille, privilège que les docteurs réclamèrent en 1766. Un bienfaiteur donne, en 1716, 460 livres pour l'ensevelissement des pauvres ; le collège de Château-Gontier cède, en 1775, le terrain d'un nouveau cimetière ; les recettes s'élèvent à 10 392 livres pour 1680-1681 ; à 8 413 livres pour les deux années suivantes. Le privilège de vendre la viande en carême, consenti par le seigneur en 1718, à condition que le bœuf-villé soit présenté au château et qu'on lui en offre la langue, s'afferme 300 livres. La moyenne des décès est de 53 en 1740-1750, de 73 en 1770-1780.
- « Une salle d'hommes de trente lits, une autre semblable au-deus pour les femmes ; quarante religieuses cloîtrées qui servent gratuitement, et entretiennent à leurs frais une dépensière et une pharmacienne, et servent jour et nuit. Les pauvres font quatre repas : 6 heures, 10 heures 1/2, 2 heures et 5 heures. Deux religieuses font plusieurs visites dans la journée pour donner les remèdes. Les plus malades ne vivent que de bouillon ; aux autres on donne soupe, viande et œufs, cidre et vin. On se sert d'eau de la rivière qu'on puise dans un puits. Il y a cinq domestiques, dont quatre couchent dans les salles. Il règne la plus grande propreté et on a soin de renouveler l'air plusieurs fois le jour. Les médecins et chirurgiens, par semestre, visitent l'hôpital chaque jour, reçoivent et renvoient les malades. Les maladies incurables ou contagieuses ne sont pas admises. »
- Elle compte 20 membres en 1679, 28 en 1692, 35 en 1695, 45 en 1726, 36 professes en 1762, 42 en 1780, 47 et 7 converses en 1789, au moment où on leur défend de recevoir des novices.
- En se rendant à la maison commune, elles disaient aux citoyens : Ne craignez pas, nous allons au calvaire, mais nous refuserons le serment. Ce qui, ajoute le greffier municipal, pouvait exciter une sédition.
- Suivant un accord intervenu, en 1269. entre Nicolas Gesland, évêque, et l'abbé Guillaume. Étienne Du Mans, archiprêtre d'Angers, légua aux chapelains, en 1286, une rente de 100 sols à l'intention de Guillaume Chaperon, official, pour l'anniversaire de la reine Blanche.
- « Centre Hospitalier du Haut Anjou Historique », sur Centre Hospitalier du Haut Anjou (consulté le ).
- « Groupements hospitaliers de territoire », sur Ministère des solidarités et de la santé, (consulté le ).
Source partielle
[modifier | modifier le code]- « Hôpital et chapelle Saint-Julien de Château-Gontier », dans Alphonse-Victor Angot et Ferdinand Gaugain, Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne, Laval, Goupil, 1900-1910 [détail des éditions] (lire en ligne)
Annexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- René Gauchet, Histoire de l'hôpital Saint-Julien de Château-Gontier, dans Bulletin de la Commission historique et archéologique de la Mayenne, 1921, tome 37, p. 15-34, 277-301 (lire en ligne)
- René Gauchet, Histoire de l'hôpital Saint-Julien de Château-Gontier, dans Bulletin de la Commission historique et archéologique de la Mayenne, 1922, tome 38, p. 5-31, 118-132, 193-208, 281-314 (lire en ligne)
- René Gauchet, Histoire de l'hôpital Saint-Julien de Château-Gontier, dans Bulletin de la Commission historique et archéologique de la Mayenne, 1923, tome 39, p. 16-47, 239-256, 327-334 (lire en ligne)