Henri Bazire

Henri Marie Joseph Bazire, né à Fontenay-le-Comte (Vendée) le et mort le à Marigny (Allier), est un avocat, journaliste et homme politique français, animateur du catholicisme social.

Henri Bazire est le fils de Paul Antoine Bazire, contrôleur des contributions directes[1] et de son épouse Marie Thérèse Eugénie Bréchard. Le grand-père paternel, Antoine Marie Bazire, qui signe comme témoin l'acte de naissance, est « propriétaire et médecin ».

Étudiant en droit, Henri Bazire a déjà adhéré à l'Association catholique de la jeunesse française (ACJF), en participant à son premier pèlerinage à Rome, en 1891. L'encyclique Rerum novarum, la même année, affermit son désir de participer, comme catholique, à la rénovation sociale[2]. Il participe à la Conférence Olivaint et milite, à partir de 1899, pour la défense de la liberté de l'enseignement. Avocat, Henri Bazire se fait en particulier remarquer comme l'un des défenseurs des douze Assomptionnistes jugés en 1900 pour infraction à la loi sur les associations ; il contre-attaque en demandant des poursuites contre la franc-maçonnerie[3]. Il organise, en 1903, la résistance à l'expulsion des congrégations et, participant à une manifestation qui visait à empêcher celle des Barnabites, en vient même à se faire arrêter[2].

Parallèlement, il commence une carrière de journaliste dans l'Univers et dans la Croix, puis dirige Le Peuple français avant de devenir, en 1910, rédacteur en chef de la Libre parole[4]. Brillant orateur, il est, de 1899 à 1904, président de l'ACJF. C'est à une réunion des catholiques sociaux tenue le au Musée social qu'il lance la proclamation, appelée à devenir un slogan du catholicisme social : « sociaux parce que catholiques »[5],[6]. Également auteur de la formule « nous ne sommes pas des conservateurs, ni des satisfaits » et rallié (bien qu'il eût, au moment de la séparation de l’Église et de l’État, salué l'élan « spontané et irrésistible » de résistance aux inventaires)[7], il est honni par l'Action française[8], qui favorise contre lui, aux élections législatives de 1914 en Vendée, l'élection du radical Raoul Pacaud[9]. Mais celui-ci ne l'emporte, au premier tour, que de justesse - par 8 275 voix contre 8 258 - et des bulletins nuls en nombre supérieur à la différence de voix entre les deux candidats ne peuvent être représentés à la commission de recensement des votes. La Chambre des députés finit par trancher elle-même la contestation qui s'ensuit, portée principalement par les députés Driant et Beauregard (ainsi que par Augé, Bienaimé, Fery de Ludre, Arthur Legrand, Lerolle, Plichon, Porteu ...)[10], en confirmant par 237 voix contre 79 l'élection de Pacaud[11],[12].

Lieutenant de réserve au 68e régiment d'infanterie territoriale, Henri Bazire part au front dès les premiers jours de la guerre, le . Il passe à l'état-major de la 85e division d'infanterie territoriale le et est nommé capitaine le de la même année. À la dislocation de la 85e DIT en , il passe à l'état-major de la 243e brigade[13] puis à celui de la 120e division[4]. Atteint par les gaz à Verdun, il reprend néanmoins du service à l'état-major de la 1re armée (3e bureau) en , mais doit être hospitalisé à l'hôpital du Panthéon en juillet[14]. Il meurt des suites des blessures infligées par les gaz[15], un an plus tard, le [16].

Ses obsèques sont présidées, le , par Mgr Penon, évêque de Moulins[17].

Postérité

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Henri Bazire avait épousé, le [18], Marguerite Berthe Marie Thérèse Richardez[19], qu'il laissait veuve avec six enfants[20].

Son frère Louis Bazire réussira là où Henri avait échoué (par trois fois) et sera élu député de la Vendée en 1919. Mais il décédera aussi prématurément, en 1923.

La proximité de pensée que le philosophe Maurice Blondel manifestait envers le catholicisme social[21] tissera des liens familiaux : ainsi le fils aîné, Charles, et la fille du philosophe, Élisabeth, épousent-ils, respectivement, en 1924 la fille aînée d'Henri Bazire, Marie-Thérèse[22], et en 1921 un de ses successeurs à la présidence de l'ACJF, Charles Flory[23].

Le château de Saint-Julien-de-Raz, acheté par l’ACJF en 1936 avec l'objectif initial d'en faire une maison de vacances et de repos pour les jeunes travailleurs, fut baptisé « maison Henri Bazire » en l'honneur de l'ancien président de l'association. C'est aujourd'hui le « Centre de pneumologie Henri-Bazire »[24].

Honneurs et distinctions

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  • Chevalier de la Légion d'honneur Chevalier de la Légion d'honneur à titre militaire (1918)[25],[26].
  • Croix de guerre 1914-1918, étoile de vermeil Croix de guerre , étoile de vermeil[27] : « ... capitaine à l'état-major d'une division : a, devant Verdun, du 2 au 10 mars, très courageusement payé de sa personne, en effectuant, sous un bombardement intense, la liaison avec divers éléments de la division vivement engagée » (2e citation)[28], « ... capitaine au ...e d'infanterie : Officier d'une activité inlassable, toujours prêt à payer de sa personne. A rendu de signalés services en collaborant à l'organisation des attaques du 17 septembre et du 10 octobre et en exécutant, sous des bombardements violents, des reconnaissances qui ont donné des résultats précis. Déjà cité deux fois »[29].
  • Commandeur de l'ordre de Saint-Grégoire-le-Grand Commandeur de l'ordre de Saint-Grégoire-le-Grand[30],[2].

Références

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  1. Selon l'acte de naissance no 148 du
  2. a b et c « Henri Bazire », L'Effort, no 3,‎ , p. 58 (lire en ligne)
  3. « Le procès des Assomptionnistes : dernière audience », Le Figaro,‎ , p. 3 (lire en ligne)
  4. a et b François Gibault, Le barreau de Paris dans la Grande Guerre, Gallimard, 304 p. (présentation en ligne)
  5. « Réunion des catholiques sociaux », La Croix, no 5207,‎ , p. 3 (lire en ligne)
  6. Pierre Pierrard, Les laïcs dans l’Église de France : XIXe – XXe siècle (présentation en ligne)
  7. Yvon Tranvouez, Catholiques d'abord (présentation en ligne)
  8. Lire entre autres Charles Maurras, « Devant les urnes », L'Action française : organe du nationalisme intégral, no 114,‎ , p. 1 (lire en ligne) et Louis Dimier, « Le cas Bazire », L'Action française : organe du nationalisme intégral, no 155,‎ , p. 1 (lire en ligne)
  9. Ernest Pezet, Chrétiens au service de la cité : de Léon XIII au Sillon et au M.R.P., Paris, Nouvelles éditions latines, (présentation en ligne)
  10. « Chambre des députés - séance du mardi 7 juillet : discussion des conclusions du 11e bureau concernant les opérations électorales de la 1re circonscription de l'arrondissement des Sables-d'Olonne », Journal officiel de la République française,‎ , p. 2718 (lire en ligne)
  11. « La Chambre », Le Figaro, no 189,‎ , p. 2 (lire en ligne)
  12. « Chambre des députés : l'élection des Sables-d'Olonne », La Croix, no 9607,‎ , p. 2 (lire en ligne)
  13. Journal de marches et opérations de la 85e DIT,
  14. « Bazire Henri Marie Joseph », sur memorialgenweb (consulté le )
  15. « Echos », Le Petit Journal, no 20664,‎ , p. 2 (lire en ligne)
  16. Pierre Pierrard, « Un centenaire : Henri Bazire », La Croix,‎
  17. « Henri Bazire », La Croix, no 11165,‎ , p. 2 (lire en ligne)
  18. « Mariage », La Croix, no 5594,‎ , p. 2 (lire en ligne)
  19. Selon mention marginale de l'acte de naissance.
  20. « Henri Bazire », La Croix, no 11164,‎ , p. 2 (lire en ligne)
  21. Les Nouvelles de l'Institut catholique de Paris, décembre 1974 [lire en ligne]
  22. « Mariage », La Croix, no 12577,‎ , p. 4 (lire en ligne)
  23. Véronique Auzépy-Chavagnac, Jean de Fabrègues et la jeune droite catholique : aux sources de la Révolution nationale (présentation en ligne), p. 71
  24. « Historique », sur centre-bazire (consulté le )
  25. « Inscriptions aux tableaux spéciaux de la Légion d'honneur et de la médaille militaire », Journal officiel de la République française,‎ , p. 8702 (lire en ligne)
  26. « Cote LH/151/70 », base Léonore, ministère français de la Culture
  27. « BAZIRE Henri (1873-1919) », sur memoire.avocatparis (consulté le )
  28. « Citations à l'ordre du jour », La Croix, no 10230,‎ , p. 6 (lire en ligne)
  29. « Citations à l'ordre du jour », La Croix, no 10347,‎ , p. 6 (lire en ligne)
  30. « M. Henri Bazire », La Croix, no 5980,‎ , p. 1 (lire en ligne)
  31. « Les 560 » [PDF], sur lesecrivainscombattants (consulté le )

Bibliographie

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  • J. Thorin, Henry Reverdy et Jean Lerolle, et al. (préf. Georges Goyau), Henri Bazire : un catholique au début du XXe siècle, Paris ; Barcelone ; Dublin, Bloud et Gay, .
  • Marie-Véronique Malphettes-Salaün, « Les relations entre le clergé et les associations catholiques dans le diocèse de Coutances et d’Avranches au tournant des XIXe et XXe siècles », dans Militants catholiques de l'ouest, Presses universitaires de Rennes, (lire en ligne), p. 53-63.

Liens externes

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