Henry King

Henry King
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Henry King en 1915
Naissance
Christiansburg, Virginie
États-Unis
Nationalité Drapeau des États-Unis Américaine
Décès (à 96 ans)
Toluca Lake, Californie
États-Unis
Profession Réalisateur
Films notables Le Brigand bien-aimé
Les Neiges du Kilimandjaro
Tendre est la nuit
La Cible humaine
Bravados

Henry King est un réalisateur américain, né le à Christiansburg (Virginie) et mort le à Toluca Lake (Californie).

Il est l'un des trente-six fondateurs de l'Academy of Motion Picture Arts and Sciences (AMPAS), qui décerne chaque année les Oscars.

Il a eu un frère qui a également été réalisateur, Louis King.

Né dans une famille sudiste de confession méthodiste, fils d'avocat, Henry King se convertit, par la suite, au catholicisme. D'abord tenté par le théâtre, il devient acteur puis metteur en scène de cinéma à partir de 1915. Ses premières réalisations sont des westerns.

David l'endurant (Tol'able David) (1921), qu'il tourne en extérieurs dans sa Virginie natale, est son premier succès notable. Ce film illustre déjà une thématique chère à l'auteur : l'évocation des mœurs de l'Amérique rurale et traditionnelle. Cette année-là, il fonde, avec le financier Charles H. Duell et l'acteur Richard Barthelmess, une compagnie de production cinématographique, Inspiration Pictures. À partir de cette époque, King figure parmi les plus importants réalisateurs d'Hollywood. Il signe des réalisations à gros budgets comme Dans les laves du Vésuve (The White Sister), en 1923, mélodrame religieux tourné en Italie avec Lillian Gish et Ronald Colman, et le Vésuve en arrière-plan ; Romola d'après George Eliot, l'année suivante, situé dans le même pays, et avec les sœurs Gish et Colman ; Le Sublime Sacrifice de Stella Dallas (Stella Dallas), d'après un célèbre best-seller et, enfin, en 1926, un western Barbara, fille du désert (The Winning of Barbara Worth) dans lequel débute Gary Cooper aux côtés de Vilma Banky et Ronald Colman, à nouveau.

En 1927, Henry King est un des 36 fondateurs de l'Academy of Motion Picture Arts and Science qui délivre annuellement les fameux Oscars d'Hollywood.

À l'avènement du parlant, il devient un des cinéastes de prédilection de la future Twentieth Century Fox, sous la houlette de Darryl F. Zanuck, pour laquelle il réalise, tout à la fois, de gigantesques superproductions comme L'Incendie de Chicago (In Old Chicago, 1937) ou La Folle Parade (Alexander's Ragtime Band, 1938) ; des biographies historiques, notamment Le Président Wilson (Wilson) en 1944 ; des chroniques provinciales, telles Maryland (1940), L'Épreuve du bonheur (I'd Climb the Highest Mountain, 1951) ou Wait 'til the Sun Shines, Nellie (1952) ; des films d'aventures dans de splendides images en technicolor - comme Le Brigand bien-aimé (Jesse James, 1939), Le Cygne noir (The Black Swan, 1942), Capitaine de Castille (Captain from Castile), 1947), Tant que soufflera la tempête (Untamed, 1955) -, et dans lesquels évolue son interprète-fétiche Tyrone Power ; des films d'inspiration religieuse, dont Le Chant de Bernadette (The Song of Bernadette), d'après le roman de Franz Werfel en 1943, et David et Bethsabée (David and Bathsheba) en 1952) ; de remarquables films de guerre, parmi lesquels Un homme de fer (Twelve O'Clock High, 1949) est l'exemple le plus probant ; et, plus tard, d'ambitieuses adaptations littéraires, au caractère incontestablement mélancolique, d'après des romans d'Ernest Hemingway ou de Francis Scott Fitzgerald.

La carrière d'Henry King épouse l'histoire et l'évolution de la Fox, dont il est le cinéaste maison et pour laquelle il tourne 44 films entre 1930 et 1962, année de son dernier opus. « Il créait et suivait en même temps le destin de la firme. Sa longévité au studio et le succès régulier de ses films lui garantissaient un rayonnement plus souterrain mais peut-être aussi profond que celui de John Ford. King touche à des qualités essentielles de l'esprit américain, dans la tradition des pionniers, dont il exalte et dissèque le mode de vie. »[1]

À la Fox, Zanuck lui confie ses projets les plus importants. « Sa politique très directive définit la double identité du style Fox : une veine aride, en noir et blanc, assez contemporaine et très souvent sans musique, et une veine colorée, exotique ou romantique, mise en musique avec opulence. »[1] L'œuvre d'Henry King traduit idéalement cette dualité. Alors que Le Brigand bien-aimé (1939), version idéalisé du mythe de Jesse James, est déjà en technicolor, Le Chant de Bernadette (1943), chronique du miracle de Lourdes, est en noir et blanc. En 1947, Capitaine de Castille est identiquement colorisé, mais Un homme de fer (1949) et le western La Cible humaine (The Gunfighter, 1950) demeurent en noir et blanc.

Sur le plan stylistique, King semble très linéaire. Sa manière de filmer, tributaire du modèle hérité de Griffith, éclaire un ordre naturel et immuable du monde. Contemplative, sa vision est essentiellement concernée par la place de l'homme dans l'univers. Jacques Lourcelles écrit, à ce sujet : « Historien des mentalités lorsqu'il traite de l'Amérique profonde, il s'intéresse aux êtres représentatifs, anonymes ou célèbres, humbles ou exceptionnels, moins pour dégager le particularisme de leur personnalité et de leur caractère que pour observer, dans leur comportement, ce qu'ils ont à révéler de l'homme en général quand il est confronté à des expériences extrêmes, au niveau affectif, mental ou spirituel. »[2]

« Ainsi, dans Le Chant de Bernadette, relatant la vie de Bernadette Soubirous, King privilégie l'expérience de son héroïne sur l'expression du dogme. […] De l'attitude sobre et exigeante du cinéaste catholique, se dégage un noble sentiment de l'effort, du poids moral et de la souffrance[1]. » On retrouve ces notions morales dans deux autres films, qui relèvent de genres pourtant très différents : Un homme de fer et La Cible humaine.

Henry King pourrait être, à cet égard, rapproché de John Ford, autre représentant direct de l'esprit américain : « Cette manière de penser l'univers au quotidien, un attachement au terroir, une panoplie d'images paisibles, une confiance en l'ordre des choses […] Probablement, ce langage est-il puissant, élémentaire et méditatif, un bel équivalent du langage biblique, dont les images et les situations apparaissent sous un jour pur, lavées des utilisations répétées[1]. » La présence du lieu de tournage (en extérieurs de préférence) est essentielle pour lui : « Son style s'affirme volontiers rude, âpre et sauvage sous un aspect placide[1]. » King, maître de l'americana comme Ford, en diffère parce qu'il demeure étranger « à la démesure et au sentimentalisme fordiens. […] Ses réalisations évitent l'aura du mythe au profit du réalisme et même de la cruauté. […] Disette, sécheresse, épidémie, catastrophes naturelles : les événements apparaissent autant comme des fléaux bibliques que comme des accidents qui abattent ou stimulent la volonté des hommes[1]. »

En consonance avec cet univers et ces exigences, Gregory Peck incarna pour Henry King l'acteur idéal. Ainsi s'exprimait-il, à propos du jeu et des méthodes de l'acteur : « Mon souhait a toujours été le suivant : qu'on me donne un acteur totalement détaché de son rôle, ayant envers son rôle une attitude froide et objective. Vous pouvez être sûr que c'est cet acteur-là qui fournira le meilleur travail. La soi-disant nécessité pour l'acteur de s'enfermer à l'intérieur de son rôle est une idée d'amateur[3]. »

Les dix dernières années d'Henry King sont marquées par des réalisations fastueuses inspirées de la littérature contemporaine (Ernest Hemingway et Francis Scott Fitzgerald). Toutes, à une exception près, sont filmées en couleurs par le fidèle Leon Shamroy. L'image atteint à un raffinement visuel incomparable. De surcroît : « Le style de King évolue sensiblement pour s'adapter à l'écran large. » Plus encore qu'autrefois, « le cinéaste continue d'exprimer ainsi une confiance en l'ordre des choses et la permanence du monde[1] ». Dans sa tentative d'adapter Hemingway, King « confronte le mal-être moderne des personnages de la Lost Generation avec la possibilité du choix spirituel. Au prix, certes, d'une certaine trahison du matériau originel, il détourne l'errance des artistes et dandys désœuvrés des Neiges du Kilimandjaro et du Soleil se lève aussi ». Dans le premier film cité : « Si la gangrène de Harry Street (Gregory Peck) au sommet de la montagne symbolise le poids de sa vie passée, son rétablissement apparaît comme une purification. » Dans Le Soleil se lève aussi (The Sun Also Rises, 1957), King, Zanuck et le scénariste Peter Viertel concluent sur « une note d'espoir en l'ordre divin, évidemment étrangère aux personnages d'Hemingway ».

Son grand mélodrame de la période demeure La Colline de l'adieu (Love Is a Many-Splendored Thing, 1955), inspiré par l'œuvre autobiographique d'Han Suyin, romancière anglaise d'origine chinoise, et dans lequel font merveille les potentialités offertes par l'utilisation de l'écran large. De cette période il faut retenir également Cette terre qui est mienne (This Earth Is Mine, 1959), mélodrame tourné exceptionnellement pour Universal, à la façon de Douglas Sirk – photographié par Russell Metty et joué par Rock Hudson –, qui retrace l'histoire d'une famille de riches viticulteurs californiens, et Bravados (The Bravados, 1958), western psychologique et catholique « dominé par l'obsession sanguinaire de la vengeance, admirablement traduite par Gregory Peck »[4]. Cette vengeance aveugle qui frappa des innocents, le héros (ou plutôt l'antihéros) devra la renier et se racheter, sur requête d'un prêtre de ses amis, dans la prière pour retrouver son équilibre. Le film semble rompre avec la linéarité des précédents films ou du western classique : le criminel qui tire les ficelles de la vengeance apparaît peu et assez tardivement dans le film. Le début de l'histoire n'est connu que dans l'avant-dernière séquence du film.

Henry King : le jugement de deux spécialistes

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Coécrivains d'un ouvrage de référence sur le cinéma américain, Jean-Pierre Coursodon et Bertrand Tavernier estiment qu'Henry King fut longtemps tenu, par la critique française, pour un technicien anonyme sur la foi de ses derniers films, qu'ils jugent plutôt médiocres. Or, « King doit en fait prendre place parmi les grands », affirment les deux auteurs[5].

« Académique dans ses mauvais jours, classique dans ses bons, il représente à merveille une génération d'artistes américains, fort rares maintenant, plus intéressés par l'exaltation que par la critique, par les sentiments nobles que par l'exposé des turpitudes humaines, plus attirés par les histoires romanesques que par l'action. [...] Il est plus à l'aise dans les chroniques moins décadentes, plus enracinées dans l'Histoire ou l'esprit américain, celui des bâtisseurs et non des sceptiques. [...] Il a d'ailleurs toujours préféré l'évocation à la violence, le mélodrame au drame », constatent-ils[5].

Henry King nous émeut autant « avec une biographie sentimentale (Le Président Wilson en reste l'archétype aux couleurs étonnantes) qu'avec un mélodrame (les deux premiers tiers de Wait 'til the Sun Shines, Nellie, splendide, et qui traite, au présent, en filigrane, du changement de mentalité qui bouleverse l'Amérique), avec les ennuis de Robert Fulton (Little Old New York) comme avec la vie d'Irving Berlin (Alexander's Ragtime Band). [...] Au début des années 1950, King dirige ses deux meilleurs films : Twelve O'Clock High, qui contient l'un des plus beaux flash-back du cinéma, et The Gunfighter. Gregory Peck y est exceptionnel, comme souvent avec King », écrivent-ils encore[5].

Filmographie

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Réalisateur

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Scénariste

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Distinctions

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Références

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  1. a b c d e f et g A. Berthomieu : Hollywood classique, le temps des géants, Éditions Rouge Profond, 2009.
  2. J. Lourcelles in : Dictionnaire du cinéma, éditions Robert Laffont, 1992.
  3. Entretien de Henry King avec Pierre Guinle pour Écran 78 n°s 70/71.
  4. Jean-Loup Bourget in : Dictionnaire du cinéma mondial, Éditions Larousse.
  5. a b et c Jean-Pierre Coursodon et Bertrand Tavernier, 50 ans de cinéma américain, Paris, Omnibus, (1re éd. 1991), 1268 p. (ISBN 2-258-04027-2).

Liens externes

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