Kapsiki (peuple)
Langues | kapsiki |
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Ethnies liées | Kirdis |
Les Kapsiki forment un groupe ethnique d'Afrique centrale établi principalement au Cameroun dans la région de l’Extrême-Nord dans les monts Mandara. Quelques milliers d'entre eux vivent également de l'autre côté de la frontière au Nigeria[1]. Les Kapsiki sont considérés comme faisant partie des Kirdis[1], un ensemble de peuples désignés par leurs voisins comme « païens »[2] du fait de leur résistance à l'islamisation durant le djihad peul de Modibbo Adama (vers 1806).
Ethnonymie
[modifier | modifier le code]Selon les sources et le contexte, on observe différentes formes : Higi, Higis, Hiji, Kakhumu, Kamun, Kamwe, Kamwes, Kapsikis, Kapsuku, Mwecika, Psikye, Vacambe, Vacamwe[3].
Langue
[modifier | modifier le code]Leur langue est le psikye (ou kamsiki, kapsiki, ptsake, psikye), une langue tchadique. Le nombre total de locuteurs a été estimé à 52 500, dont 40 500 au Cameroun (1982) et 12 000 au Nigeria (1992)[4].
Histoire
[modifier | modifier le code]Les Kapsiki du Cameroun ont un ancêtre commun avec le Higi du Nigéria. Ces deux peuples sont situés de part et d'autre sur la frontière Cameroun et Nigéria[5],[6]. Du point de vu historique, il est difficile de circonscrire l'histoire du peuple Kapsiki. Comme la plupart des ethnies situées dans le grand Nord Cameroun, les origines se rapportent aux contrées. Zena est l'un des villages centraux du peuple Kapsiki.
Les habitants de zena gali proviennent de Babere au Nigéria. C'est en réalité deux frères qui, du au conflit de succession sont partis de Babere. L'ainé des fréres trouva refuge à Dakwa, le second poursuivit sa marche à la recherche d'une terre paisible. En cours de chemin, sa femme enfanta et les habitants du lieu, surnomma le nouveau-né strayitegela qui signifie "né sur les Pierres". Ils proposèrent au géniteur un espace pour refuse et lui offrirent l'autorité chefferiale. Plusieurs générations se sont succédé. Il y ressort plus d'une dizaine. Le village Rhumsiki, le village Sena Komdé, le village Tiri, le village Futu-do, Futu-les résulteraient des divisions de l'actuel Zéna gali. Toutefois, les villages Mogodé, Rumshi, Roumzou, Garta se sont construites par des populations venues de Goudour par Sirak[5].
Culture
[modifier | modifier le code]La culture Kapsiki est similaire a celle des peuples du Sahel. Le bovin occupe une place très importante dans leur organisation sociale. C'est un compagnon quotidien de l'homme et un élément de classification sociale. En pays Kapsiki, la richesse se mesure au patrimoine de l'espèce bovine[6]. Le taureau est l'élément le plus prisé des compensations matrimoniales. L'attachement de ce peuple a une espèce bovine a conduit Dineur et Thys à mener une recherche sur ce qu'ils ont nommé taurin Kapsiki[7]. Le mariage dans cette culture contrairement à d'autres est conduite par la femme. Elle a la liberté de choisir son mari et de multiplier autant de mariage qu'elle le souhaite[6]. La valeur d'une femme kapsiki se mesure au nombre de mariage faite par elle. Quoique attachés à leur tradition, les Kapsiki sont ouverts à la modernité[8].
- Maison des faubourgs de Rhumsiki
- Festival Kapsiki
- Divination avec le crabe
- Initiation à Rumsu
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (en) James Stuart Olson, « Kapsiki », dans The Peoples of Africa: An Ethnohistorical Dictionary, Greenwood Publishing Group, (ISBN 9780313279188), p. 273
- Jean-Paul Messina et Jaap Van Slageren, Histoire du christianisme au Cameroun : des origines à nos jours ; approche œcuménique, Paris, Yaoundé, Karthala, CLÉ, (ISBN 2-8458-6687-9), p. 218
- « Kapsiki (peuple d'Afrique) » — notice RAMEAU, BnF
- (en) Fiche langue
[kvj]
dans la base de données linguistique Ethnologue. - W.E.A Van Beek, « Les Kapsiki », Contribution à la recherche ethnologique à l'histoire des civilisations du Cameroun, no 551, , p. 113-119
- Walter van Beek, « Les Kapsiki et leurs bovins », dans Des taurins et des hommes : Cameroun, Nigéria, IRD Éditions, coll. « Latitudes 23 », , 15–38 p. (ISBN 978-2-7099-1792-6, lire en ligne)
- Bruno Dineur et Éric Thys, « Caractéristiques phanéroptiques et barymétriques de la race kapsiki », dans Des taurins et des hommes : Cameroun, Nigéria, IRD Éditions, coll. « Latitudes 23 », , 39–44 p. (ISBN 978-2-7099-1792-6, lire en ligne)
- Christian Duriez, « Chez les montagnards du Nord-Cameroun », Études, vol. 406, no 2, , p. 153–164 (ISSN 0014-1941, DOI 10.3917/etu.062.0153, lire en ligne, consulté le )
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Kapsiki people » (voir la liste des auteurs).
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- (en) Mark W. DeLancey et Mark Dike DeLancey, Historical Dictionary of the Republic of Cameroon, Lanham (Maryland), The Scarecrow Press, , 3e éd.
- Christian Duriez, À la rencontre des Kapsiki du nord-Cameroun : regard d'un missionnaire d'après Vatican II (1961-1980), Paris, Karthala, , 2e éd., 186 p. (ISBN 2-84586-249-0)
- Christian Duriez, Zamane : tradition et modernité dans la montagne du Nord-Cameroun, Paris, L'Harmattan, , 208 p. (ISBN 978-2-296-03444-0)
- (nl + en) Wouter Eildert et Albert van Beek, Bierbrouwers in de bergen : de Kapsiki en Higi van Noord-Kameroen en Noord-Oost Nigeria (Beer brewers in the Mandara mountains: the Kapsiki and Higi of North Cameroon and North-Eastern Nigeria: with a summary in English), Utrecht, Instituut voor culturele antropologie, , 461 p.
- André Michel Podlewski, Étude démographique de trois ethnies païennes du Nord-Cameroun : Matakam, Kapsiki, Goude, Yaoundé, Institut de recherches scientifiques du Cameroun, , 70 p. — Numéro spécial de Recherches et études camerounaises, 1961, no 4
- W. E. A. Van Beek, « Les Kapsiki », Colloques internationaux du CNRS, no 551 « Contribution de la recherche ethnologique à l'histoire des civilisations du Cameroun », , p. 113-119 (lire en ligne [PDF])
- (en) Walter E.A. van Beek, The Kapsiki of the Mandara Hills, Prospect Heights (Ill.), Waveland Press, , 164 p. (ISBN 0-88133-284-4)
- Walter Van Beek, « Les Kapsiki et leurs bovins », dans Christian Seignobos (dir.), Des taurins et des hommes. Cameroun, Nigeria, Paris, ORSTOM, (ISBN 2-7099-1419-0, lire en ligne [PDF]), p. 15-38
- (en) Walter E.A. van Beek, The dancing dead : ritual and religion among the Kapsiki/Higi of north Cameroon and northeastern Nigeria, Oxford, New York, Oxford University Press, , 345 p. (ISBN 978-0-19-985816-3)