Léonora Miano
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Léonora Miano, née le à Douala (Cameroun), est une femme de lettres franco-camerounaise[1] d'expression française.
Biographie
[modifier | modifier le code]Léonora Miano est née en 1973 à Douala au Cameroun. À 18 ans, en 1991, elle s'installe en France, d'abord à Valenciennes puis à Nanterre, pour étudier la littérature américaine.
Elle vit au Togo depuis 2019[2].
Parcours littéraire
[modifier | modifier le code]Sa première œuvre, L'Intérieur de la nuit, connaît un bon accueil de la critique francophone et reçoit six prix : Les lauriers verts de la forêt des livres, Révélation (2005), le prix Louis-Guilloux (2006)[3], le prix du premier roman de femme (2006)[4], le prix René-Fallet[5] (2006), le prix Bernard-Palissy (2006)[4], et le Prix de l'excellence camerounaise (2007). Le magazine Lire le qualifie de meilleur premier roman français de l'année 2005.
Son deuxième roman, Contours du jour qui vient, reçoit en le prix Goncourt des lycéens décerné par un jury de jeunes lycéens de 15 à 18 ans[3].
Au printemps 2008, elle publie cinq romans, dans la collection « Étonnants classiques » chez Flammarion, regroupés sous le titre Afropean et autres nouvelles.
Son œuvre a la particularité, selon Daniel S. Larangé, de créer à proprement parler une littérature afropéenne, consciente des transformations du monde et de l'humanité. Elle défend l'identité afropéenne à l'heure de la mondialisation, qui pourrait régénérer la culture française par le biais de la littérature francophone. Toujours selon Larangé, l'écriture-jazzy est fondée sur une culture populaire et musicale, intégrant les rythmes impromptus et les rhapsodies propres au jazz[6].
En , Léonora Miano remporte le prix Femina pour La Saison de l'ombre qui raconte, dans la lignée du Devoir de violence de Yambo Ouologuem, le début de la traite des Noirs. Le roman se présente comme une parabole de la mondialisation qui conduit à exploiter l'humanité comme un produit de consommation.
En janvier 2014, elle est nommée au grade de chevalière de l'ordre des Arts et des Lettres[7].
En 2015, elle dirige l'ouvrage collectif Volcaniques : une anthologie du plaisir, dans lequel douze autrices du monde noir, Hemley Boum, Nafissatou Dia Diouf, Marie Dô, Nathalie Etoké, Gilda Gonfier, Axelle Jah Njiké, Fabienne Kanor, Gaël Octavia, Gisèle Pineau, Marie-Laure Endale, Élizabeth Tchoungui et Léonora Miano elle-même ont rédigé des nouvelles autour de ce thème[8].
En 2018, Satoshi Miyagi met en scène Révélation, premier volet de la trilogie sur l'histoire de l'esclavage Red in Blue publié en 2011. Léonora Miano, spécialiste du fait colonial, fait le choix d'un metteur en scène dont la culture (japonaise) est éloignée de l'histoire de l'esclavagisme transatlantique. Sa volonté est d'éviter l'« appropriation culturelle » par un Occidental. Le contraste entre l'histoire familière pour un spectateur occidental et la distance esthétique (dissociation de la voix et du corps héritée du théâtre japonais) crée la surprise et, selon Libération, dépasse la confrontation entre l'Afrique et l'Europe[9].
Dans Afropea - Utopie post-occidentale et post-raciste (2020), Léonora Miano rejette la notion d'identité et d'essence « noire » ainsi que celle de « négritude » et même le terme « Africains ». Elle revendique plutôt les termes de Subsahariens, Afrodescendants ou Afropéens, ce dernier étant pour elle un outil fécond pour « parvenir à la création de sociétés plus inclusives, post-occidentales[10]. » Dans L'Autre Langue des femmes, paru en 2021, elle s'intéresse à plusieurs personnalités féminines historiques ou légendaires subsahariennes, et la signification que peuvent avoir aujourd'hui leur légende[11],[12], telles Tassin Hangbè, Moremi Ajasoro, Abla Pokou, Njinga du Ndongo et du Matamba, Amina de Zaria, Caroweelo, Yennenga, Sarraounia, etc.
En 2021, elle écrit la préface de la publication en français de Carnet de mémoires coloniales de l'écrivaine portugaise Isabela Figueiredo[13].
Depuis 2021, elle est la marraine du prix littéraire Frontières-Léonora Miano, qui récompense le meilleur roman de l'année abordant la thématique des frontières[14].
Publications
[modifier | modifier le code]- L'Intérieur de la nuit : roman, Pocket, (ISBN 2-266-16268-3 et 978-2-266-16268-5, OCLC 469600796) Classé 5e au palmarès des meilleurs livres de l’année par le magazine Lire.
- Contours du jour qui vient, Pocket jeunesse, (ISBN 2-266-17694-3 et 978-2-266-17694-1, OCLC 470574502, lire en ligne)
- Tels des astres éteints : roman, Plon, (ISBN 978-2-259-20628-0 et 2-259-20628-X, OCLC 190965886)
- Soulfood équatoriale, NIL, (ISBN 978-2-84111-380-4 et 2-84111-380-9, OCLC 370357275)
- Les Aubes écarlates : "Sankofa cry", Plon, (ISBN 978-2-259-21067-6 et 2-259-21067-8, OCLC 436107725)
- Blues pour Élise : roman, Plon, (ISBN 978-2-259-21286-1 et 2-259-21286-7, OCLC 671465779)
- Ces âmes chagrines, Plon, (ISBN 978-2-259-21287-8 et 2-259-21287-5, OCLC 750163289)
- Écrits pour la parole, L'Arche, (ISBN 978-2-85181-773-0 et 2-85181-773-6, OCLC 779741808)
- Habiter la frontière, L'Arche, 2012 (ISBN 978-2-85181-786-0)[15]
- La Saison de l'ombre, Grasset, (ISBN 978-2-246-80113-9 et 2-246-80113-3, OCLC 858280272)
- Red in blue trilogie, L'Arche, (ISBN 978-2-85181-865-2 et 2-85181-865-1, OCLC 913573418)
- Crépuscule du tourment, (ISBN 978-2-246-85414-2, 2-246-85414-8 et 978-2-246-85446-3, OCLC 957655659)
- Crépuscule du tourment 2, Grasset, (ISBN 978-2-246-85414-2)
- L'Impératif transgressif : communications, réflexions, (ISBN 978-2-85181-893-5 et 2-85181-893-7, OCLC 952030530)
- Rouge Impératrice, Grasset, (ISBN 978-2-246-81360-6 et 2-246-81360-3, OCLC 1108811086)
- Ce qu'il faut dire, L'Arche, (ISBN 978-2-85181-970-3 et 2-85181-970-4, OCLC 1128096817)
- Afropea : utopie post-occidentale et post-raciste, Grasset, (ISBN 978-2-246-81717-8 et 2-246-81717-X, OCLC 1230411096)
- L'Autre Langue des femmes, Grasset, 2021
- Elles disent, Grasset, 2021
- Stardust, Grasset, (ISBN 978-2-246-83183-9 et 2-246-83183-0, OCLC 1342556895)
- Fille d'Amanitore / Et que mon règne arrive, L'Arche, (ISBN 9782381980508)
- Écrits pour la parole, L'Arche, 2023 (nouvelle édition avec une préface inédite) (ISBN 9782381980577)
- L'Opposé de la blancheur : réflexions sur le problème blanc, Paris, éditions du Seuil, 2023 (ISBN 9782021540710)
- Les aventures de la foufoune, Éditions du Seuil, , 168 p. (ISBN 9782021569049)
Prix et distinctions
[modifier | modifier le code]- Prix Louis-Guilloux 2006 pour L'Intérieur de la nuit[4]
- Prix du Premier roman de femme 2006 pour L'Intérieur de la nuit[4]
- Prix René-Fallet 2006[5],[4]
- Prix Bernard-Palissy 2006[4]
- Prix Goncourt des lycéens 2006 pour Contours du jour qui vient[3]
- Grand prix littéraire d'Afrique noire 2011 pour l'ensemble de son œuvre[16]
- Prix Seligmann 2012 contre le racisme pour Écrits pour la parole
- Grand prix du roman métis 2013 pour La Saison de l'ombre[17]
- Prix Femina 2013 pour La Saison de l'ombre[18]
- Chevalière de l'ordre des Arts et des Lettres[7], 2014
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Cécile Daumas, « Leonora Miano, lettre indomptable », sur Libération (consulté le )
- Clémence Mary, « Léonora Miano arrête la fiction pour la musique : «Je dois tuer l’écrivaine en moi» », sur Libération (consulté le )
- « Le Goncourt des lycéens récompense la Camerounaise Léonora Miano », Le Monde, (lire en ligne).
- Trésor Simon Yoassi, « Entretien avec Léonora Miano », Nouvelles études francophones, vol. 25, no 2, .
- Lauréats du prix René-Fallet, site officiel.
- Daniel S. Larangé, De l'écriture africaine à la présence afropéenne : pour une exploration de nouvelles terres littéraires, Paris, L'Harmattan, , 305 p. (ISBN 978-2-343-02737-1), p. 171-206.
- Nommée par la ministre française de la Culture et de la Communication Aurélie Filippetti : Ministère de la Culture, « Nomination dans l'ordre des Arts et des Lettres janvier 2014 », sur culture.gouv.fr, (consulté le ).
- Clarisse Juompan-Yakam, « Sexualité : Volcaniques. Une anthologie du plaisir, ou l’orgasme selon elles… », Jeune Afrique, (lire en ligne).
- Ève Beauvallet, « Révélation, chaînes de vies », Libération, (lire en ligne, consulté le ).
- Joseph Confavreux, « Léonora Miano imagine une utopie afropéenne », Mediapart, (lire en ligne).
- Jean-Louis Jeannelle, « L’Autre Langue des femmes : Léonora Miano célèbre les Africaines », Le Monde, (lire en ligne).
- Clémence Mary, « Entretien. Léonora Miano : "C’est aux Africaines de définir leur propre émancipation" », Libération, (lire en ligne).
- « Carnet de mémoires coloniales, d’Isabela Figueiredo : mon père, ce colon », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le ).
- « Prix littéraire Frontières-Léonora Miano », sur univ-lorraine.fr (consulté le ).
- Séverine Kodjo-Grandvau, « Dix femmes qui pensent l’Afrique et le monde », Le Monde, (lire en ligne).
- Grand prix littéraire de l'Afrique noire. Liste des lauréats, [lire en ligne], consulté le 14 avril 2016.
- « Léonora Miano reçoit le grand Prix du roman métis », sur le site de 20 minutes, mis en ligne le 28 octobre 2013.
- « La Camerounaise Léonora Miano reçoit le prix Femina pour La Saison de l'ombre », Jeune Afrique, (lire en ligne).
Annexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Abomo-Maurin (2010) « Quête identitaire et enquête dans L'Intérieur de la nuit et Contours du jour qui vient de Léonora Miano » dans Absence, enquête et quête dans le roman Francophone. Tang A./ Bissa Enama P. (Dir.). Peter Lang, 2010 - 314 p.
- Christiane Chaulet Achour, « Littératures partagées – Subsahariens, Afrodescendants, Afropéens (1/4) : Léonora Miano, essayiste », sur Diacritik, .
- Christiane Chaulet Achour, « Le grand entretien : Léonora Miano, Littératures partagées (2/4) », sur Diacritik, .
- Jérôme Destaing, Afropean soul et autres nouvelles, Flammarion, (ISBN 978-2-08-120959-6 et 2-08-120959-4, OCLC 228498053).
- Nathalie Etoké (2009) « L'onomastique comme poétique de la (dé)construction identitaire dans Tels des astres éteints de Léonora Miano ». International Journal of Francophone Studies, Volume 12-4, 1er décembre, p. 613-638.
- Daniel S. Larangé, De l’écriture africaine à la présence afropéenne : pour une exploration de nouvelles terres littéraires, Paris, L’Harmattan, coll. « Études africaines », 2014 (ISBN 978-2-343-02737-1).
- Daniel S. Larangé, « Une foi n'est pas coutume… Des problèmes sociaux à la question religieuse chez les écrivaines camerounaises sur Seine », Revue roumaine d'études francophones, vol. 4, 2012, p. 119-139.
- Daniel S. Larangé, « Pour un discours social postmoderne : phénomène de média(tisa)tion et d'intermédia(lisa)tion dans l'écriture franco-camerounaise : les exemples de Calixthe Beyala et Léonora Miano », Dialogues francophones, Vol. 17, 2011, p. 127-149.
- Sylvie Laurent, « Le 'tiers-espace" de Léonora Miano romancière afropéenne », Cahiers d'études africaines, no 204, , p. 769–810 (ISSN 0008-0055 et 1777-5353, DOI 10.4000/etudesafricaines.16857, lire en ligne).
- Boniface Mongo-Mboussa, Alain Mabanckou et Léonora Miano, « Table ronde : Les positionnements des écrivains dans le champ littéraire contemporain », in Littératures noires (« Les actes »), mis en ligne le , consulté le .
- Ladislas Nzesse (2010) « Mode de fonctionnement de l’énonciation et modélisation du réel dans Contours du jour qui vient de Léonora Miano ». Ethiopiques no 85 2e semestre.
- Véronique Petetin, « L’"afrophonie" de Léonora Miano », L’Étude, no 9, (lire en ligne, consulté le ).
- Alice Delphine Tang (dir.), L'Œuvre romanesque de Léonora Miano : fiction, mémoire et enjeux identitaires, L’Harmattan, (ISBN 978-2-343-04291-6).
- Herve Tchumkam, « Logiques profanatoires : L'Intérieur de la nuit de Léonora Miano », Ladislas Nzesse et M. Dassi (eds.), in Le Cameroun au prisme de la littérature africaine à l'ère du pluralisme sociopolitique (1990-2006), L'Harmattan, 2008.
- Marjolaine Unter Ecker, Questions identitaires dans les récits afropéens de Léonora Miano, Toulouse, PUM, coll. « Lettres & Cultures », 2016 (ISBN 978-2-8107-0428-6).
- Joëlle Vitiello (2011) « Séismes Nord/Sud : comment repenser la FranÇafrique à travers les Œuvres de Léonora Miano et Aminata Traoré » Contemporary French and Francophone Studies. Vol. 14, n° 5.
- Trésor Simon Yoassi, « Entretien avec Léonora Miano », Nouvelles Études Francophones, vol. 25, no 2, , p. 101–113 (ISSN 1552-3152, lire en ligne).
Article connexe
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