Myotis emarginatus
Murin à oreilles échancrées
Le Murin à oreilles échancrées (Myotis emarginatus), aussi appelé Murin émarginé ou Vespertilion à oreilles échancrées, est une espèce de chauves-souris du genre Myotis.
C'est une espèce crépusculaire et nocturne au vol rapide et agile. La plus grande colonie connue se trouve à Rodès (Pyrénées-Orientales), dans le Sud de la France[1].
Description
[modifier | modifier le code]Chauve-souris de taille moyenne, le pelage à l'apparence laineuse, est roux sur le dos et sans contraste net avec le ventre plus clair. La face et les membranes alaires sont brunes, une nette échancrure sur le bord du pavillon de l'oreille est visible.
- Longueur tête-corps : 4.1 - 5.3 cm
- Longueur queue : 3.8 - 4.6 cm
- Avant bras : 3.6 - 4.47 cm
- Envergure : 22 - 24.5 cm
- Poids : 6 - 15 g
- Dentition : 38 dents (10 incisives, 4 canines, 12 prémolaires, 12 molaires)
- Echolocation : entre 35 et 40 kHz
- Espérance de vie : 18 ans
Répartition géographique
[modifier | modifier le code]En Europe, l'espèce est peu abondante dans la majeure partie de son aire de distribution et les densités sont extrêmement variables en fonction des régions. De grandes disparités apparaissent entre les effectifs connus en hiver et en été. En limite de répartition, son statut peut être préoccupant et les effectifs sont même parfois en régression nette. Au sud de la Pologne par exemple, les populations disparaissent lentement.
En France, dans quelques zones géographiques localisées comme les vallées du Cher ou de la Loire et en Charente-Maritime l’espèce peut être localement abondante, voire représenter l'espèce majeure parmi les chiroptères présents. Les comptages, menés depuis plus de 10 ans sur cette espèce essentiellement cavernicole en période hivernale, montrent une lente mais constante progression des effectifs depuis 1990. Mais cette dynamique des populations reste localement très variable en fonction de la richesse biologique des milieux. Des colonies distantes de quelques kilomètres ont la même année un nombre de jeunes qui varie de 12% à 40%. Le Vespertilion aux oreilles échancrées semble être un très bon indicateur de la dégradation des milieux[2].
Habitat
[modifier | modifier le code]Europe moyenne et du Sud, au Nord jusqu'au Limburg (Pays-Bas) et le Sud de l'Allemagne.
Aime la chaleur. Vit dans les bâtiments au Nord de son aire de répartition et dans des grottes au Sud. En plaine et en basse montagne dans des régions karstiques de préférence, mais aussi dans des jardins, des parcs et d'étendues d'eau peu peuplés. Colonies de reproduction dans des combles (au Nord) ou des cavités (grottes, mines) chaudes (au Sud). Parfois dans des combles relativement lumineuses et froides, mais à faibles variations de température. Individus isolés dans des grottes, des galeries et des caves où les animaux sont généralement suspendus librement dans des recoins, sur des murs et plus rarement en grappes épaisses et dans des fissures. Généralement fidèle à ses gîtes (migrations saisonnières inférieurs à 40km).
Elle fréquente les milieux forestiers ou boisés, feuillus ou mixtes, les vallées de basse altitude, mais aussi les milieux ruraux, parcs et jardins, et accessoirement les prairies et pâtures entourées de hautes haies ou les bords de rivière.
Alimentation
[modifier | modifier le code]Le Murin à oreilles échancrées vole à la tombée du jour et emprunte toujours les mêmes couloirs aériens. Il chasse le long des haies et à proximité de buissons, dans les arbres ainsi que dans des étables (à l'affût ou en pratiquant le vol sur place). Il peut capturer ses proies (surtout des diptères, des papillons et des araignées) sur différents substrats.
L'espèce devient active une heure après le coucher du soleil. Elle chasse dans le feuillage et prospecte les canopées ou les houppiers. Elle capture préférentiellement des araignées qui ont tendu leur toile entre les branches ou glane les mouches, et peut aussi capturer ses proies en vol, au-dessus de l'eau. Le reste de son régime alimentaire est constitué de Lépidoptères, de Coléoptères et de Neuroptères.
Mœurs
[modifier | modifier le code]Espèce strictement cavernicole, elle hiberne dans les grottes, carrières, mines et dans les grandes caves, de fin octobre à avril, voire mai. Elle peut former des essaims d'une centaine d'individus, parfois en mixité avec le Grand Murin ou le Murin de Natterer. Les mâles estivent en solitaire, et les femelles, très grégaires, forment des nurseries pour la mises-bas, principalement dans les combles de bâtiment ou dans des cavités souterraines. La taille des colonies est très variable, le plus souvent entre 50 et 600 individus, très souvent en mixité avec une autre espèce, le Grand Rhinolophe. Les naissances ont lieu de mi-juin à mi-juillet, les petits commencent à voler à quatre semaines. Les accouplements se déroulent sur les lieux d'essaimages à la fin de l'été mais aussi en novembre dans les sites souterrains.
Menaces
[modifier | modifier le code]Cette espèce est localement menacée par la disparition ou dégradation de son habitat et de ses sources de nourriture.
Comme toutes les autres espèces de chauves-souris, Myotis emarginatus est adaptée à un environnement nocturne. Elle souffre d'une pollution lumineuse croissante.
La population de murins à oreilles échancrées à Paris a chuté de plus de 90 % entre 2004 et 2017[3]
Protection
[modifier | modifier le code]Au niveau international cette espèce est protégée par la Convention de Berne (annexe II) relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe et la Convention de Bonn (annexe II) sur la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage ainsi que par la Directive européenne dite Directive Habitats-Faune-Flore (annexe II et IV).
Au niveau national, l'espèce est protégée par l'Arrêté du 23 avril 2007 fixant la liste des mammifères terrestres protégés sur l'ensemble du territoire et les modalités de leur protection.
Recherche
[modifier | modifier le code]Les chiroptérologues continuent à inventorier les habitats propices à cette espèce, et à étudier l'état des populations, les dynamiques de population, dont avec de nouveaux moyens tels que l'imagerie infrarouge[4].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Sites à chiroptères des Pyrénées-Orientales, réseau Natura 2000
- « Myotis emarginatus », Cahiers d'habitats Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d'intérêt communautaire, vol. 7, (lire en ligne)
- « La faune et la flore d’Ile-de-France à l’épreuve du béton et des pesticides », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- Parc naturel de Camargue (2014) Techniques d'imagerie au service de la conservation, Conservation et gestion intégrée de 2 espèces de chauve-souris : le grand rhinolophe et le Murin à oreilles échancrées en région méditerranéenne française ; Programme Life+ Chiro Med 2010-2014
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Muséum national d'histoire naturelle, Cahiers d’habitats Natura 2000 : Connaissances et gestion des habitats et des espèces d’intérêt communautaire, Tome 7, Paris, La documentation Française, 353 p. (lire en ligne), « Myotis emarginatus (Geoffroy, 1806) », p. 68-70
- Marc Duquet, Hervé Maurin, Patrick Haffner : Inventaire de la faune de France Nathan, 2005, (ISBN 2092780468)
Articles connexes
[modifier | modifier le code]Références taxonomiques
[modifier | modifier le code]- (en) Référence BioLib : Myotis emarginatus (É. Geoffroy, 1806)
- (en) Référence Catalogue of Life : Myotis (Chrysopteron) emarginatus (E. Geoffroy, 1806) (consulté le )
- (fr) Référence CITES : taxon Myotis emarginatus (sur le site du ministère français de l'Écologie) (consulté le )
- (en) Référence Fauna Europaea : Myotis emarginatus (E. Geoffroy, 1806) (consulté le )
- (en) Référence UICN : espèce Myotis emarginatus (E. Geoffroy, 1806) (consulté le )
- (fr) Référence INPN : Myotis emarginatus (É. Geoffroy Saint-Hilaire, 1806) (TAXREF)