Passiflore

Passiflora

Passiflora, les passiflores, sont un genre de plantes à fleurs de la famille des Passifloraceae. Il comprend de plus de 530 espèces. Ce sont des plantes grimpantes aux fleurs spectaculaires, mais leur abondance n'est garantie que dans les régions au climat doux.

Elles tirent leur nom du fait que les missionnaires jésuites d'Amérique du Sud se servaient, pour représenter la Passion du Christ auprès des indigènes, de la fleur de cette liane : son pistil, les dessins de sa corolle et diverses pièces florales ressemblant à une couronne d'épines, au marteau et aux clous de la Crucifixion.

La diversité des formes de feuilles chez les passiflores serait due aux papillons. Les lépidoptères Heliconius ont tendance à choisir certaines formes de feuilles pour y pondre. La pression des chenilles dévorant ces feuilles pousse la plante à « inventer » d'autres formes[3].

Étymologie

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Vue frontale de la fleur.

Le nom vient du latin passio, passion, et flos, fleur. Nicolas Monardes (1493-1588) fut probablement le premier à employer le terme religieux de flos passionis « fleur de la passion » pour désigner la plante, car la fleur était selon lui, « précisément faite pour représenter la Passion du Christ ». Le nom même de Passiflora fut créé par Federico Cesi en 1628.

En effet, les caractéristiques anatomiques de la plante évoquent la Passion du Christ :

  • les dix pétales et sépales représentent les dix apôtres fidèles (à l'exclusion de Pierre et Judas),
  • les 5 étamines évoquent les 5 stigmates du Christ,
  • les 3 stigmates du pistil rappellent les 3 clous de la Croix,
  • les 72 filaments, entourant la partie centrale, suggèrent les 72 épines de la Sainte Couronne,
  • la coupe centrale de la fleur représente le Saint Graal,
  • la trentaine de taches rondes ornant l'intérieur de la fleur est associée aux 30 pièces d'argent que Judas reçut pour prix de la trahison,
  • les feuilles pointues suggèrent la lance ayant percé le flanc de Jésus,
  • les vrilles de la plante rappellent le fouet.

En dehors des références chrétiennes, ces plantes sont aussi appelées "clock-flower” (fleur-horloge), la fleur rappelant le cadran d'une horloge.

Passiflora serratifolia.
Bouton de passiflore.

Les passiflores étaient inconnues des Européens avant la découverte de l'Amérique par les Espagnols.

La première mention littéraire d'une passiflore se trouve dans la description de la ville de Cali en Colombie donnée par Pedro Cieza de Leon en 1553 où il mentionne les fruits de granadilla (petites grenades) dans les vergers aux alentours de la ville[4].

Une vingtaine d'années plus tard, on trouve une description plus élaborée des passiflores dans l'ouvrage du médecin botaniste espagnol, Nicolas Monardes, publié en 1569-1574. Monardes né à Séville en 1493 n'est jamais allé en Amérique mais grâce à ses informateurs et aux échantillons de plantes qu'on lui ramenait des Indes occidentales, il put donner dans son ouvrage Historia Medicinal... des descriptions détaillées et relativement objectives de la passiflore, du tabac et de la coca.

Le terme même de Passiflora fut créé par Federico Cesi (1585-1630), fondateur de l'Accademia dei Lincei, dans une publication datée 1628 (mais sortie en 1651).

Avant Linné, seuls quelques botanistes (comme Francisco Hernandez, Leonard Pluckenet, Charles Plumier et Tournefort) ont décrit diverses espèces de passiflores.

La première monographie du genre Passiflora est l'œuvre du botaniste suédois Johan Gustav Hallman (sv) (1726-1797), un élève de Linné. Dans une présentation, il décrit 22 espèces, donne leurs synonymes, l'utilisation qu'en font les indigènes, ainsi qu'une classification et leur distribution.

En 1753, point de départ conventionnel de la taxinomie moderne, Linné dans Species Plantarum, crée le genre Passiflora et donne une description de 24 espèces, en reprenant les travaux de Hallman, nombre porté ensuite à 35 par Lamarck en 1789 puis à 43 par Cavanilles en 1790. L'étape suivante fut la création de la famille des Passifloraceae et la description de 15 espèces supplémentaires, par Antoine-Laurent de Jussieu en 1805.

Aux XIXe et XXe siècles, les plus grands contributeurs au progrès de la connaissance des passiflores furent Augustin-Pyramus de Candolle (1828), Roemer (1846) puis Maxwell Tylden Masters (1871), Hermann Harms (1893) et Ellsworth P. Killip (1938).

Le nombre d'espèces acceptées tourne actuellement aux alentours de 525 dont au moins 175 espèces qui ne peuvent être identifiées au moyen d'une clé. Le besoin d'une révision du genre se fait donc sentir.

Répartition

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Les passiflores se répartissent pour l'essentiel dans les régions tempérées chaudes et tropicales du nouveau monde. Bien qu'elles soient majoritairement présentes sur le continent américain, on retrouve également des espèces en Asie, Australie et Afrique tropicale[5].

Culture en France métropolitaine

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Étant donné le grand nombre d'espèces du genre Passiflora, il est difficile de donner des conseils généraux pour leur culture. En effet, certaines espèces vivent uniquement en forêts tropicales et ne survivent en Europe qu'en serre. D'autres poussent sous un climat subtropical et peuvent proliférer dans des régions au climat doux comme le littoral méditerranéen, le Pays basque ou la Bretagne. Passiflora caerulea fait partie de ces espèces plus résistantes, d'où son abondance en France.

  • Sol : Presque tous les sols conviennent à la culture de la passiflore, sauf très secs ou alcalins. Idéalement elles préfèrent un sol léger et riche. Les passiflores aiment les sols humides, mais redoutent que leur substrat soit détrempé.
Zoom sur les étamines et pistil de Passiflora caerulea.
  • Emplacement : Plein soleil à l'ombre légère. Pour les espèces de climat subtropical, il faut choisir par exemple un mur exposé au sud ou au sud-ouest, pour que la chaleur emmagasinée durant la journée se diffuse pendant la nuit. Les espèces de climat purement tropical ne peuvent vivre à l'extérieur en hiver et ont besoin d'une serre ou d'une véranda.

Les fleurs de passiflore sont très sensibles au gel, aux virus et aux parasites.

Multiplication

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Par bouture de bois semi-dur en été. Il y a lieu de régénérer les vieux plants en les rabattant au niveau du sol. Tailler les tiges qui débordent de l'espace disponible.

Pharmacologie

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Passiflora incarnata possède plusieurs alcaloïdes notamment des inhibiteurs de la monoamine-oxydase (IMAO) et des sédatifs légers. Pour les maladies liées à la tension nerveuse et au stress, le passiflore en comprimés ou en solution buvable SIPF est un sédatif général. « [...] la passiflore a montré des effets supérieurs à un anxiolytique de la famille des benzodiazépines » [6]. L'association de la passiflore en galénique SIPF avec de la mélisse et de l'aubépine a démontré des effets similaires au Temesta[7].

L'effet anxiolytique naturel de la passiflore a été démontré par plusieurs études[8],[2],[9].

Inhibiteur MAO-A

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Inhibiteur MAO-B

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Inhibiteur MAO

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Comportement

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Une expérience menée par Francis Hallé montre la capacité de la passiflore à percevoir, d'une part la présence d'un bâton vers lequel lancer une vrille, puis le déplacement de ce dernier (par l'homme) plusieurs fois de suite dans le même sens, et montre une capacité à anticiper un nouveau déplacement similaire du bâton en lançant sa vrille du même côté, avant même son déplacement[10],[11].

Liste d'espèces

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Selon ITIS (1er janvier 2014)[12] :

Selon NCBI (1 janvier 2014)[13] :

Selon The Plant List (1 janvier 2014)[14] :

Selon Tropicos (1 janvier 2014)[1] (Attention liste brute contenant possiblement des synonymes) :

Selon World Register of Marine Species (1 janvier 2014)[15] :

Notes et références

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  1. a et b Tropicos.org. Missouri Botanical Garden., consulté le 1 janvier 2014
  2. a et b (en) Akhondzadeh S, Naghavi HR, Varian M et al, « Passionflower in the treatment of generalized anxiety: a pilot double-blind randomized controlled trial with oxazepam », J Clin Pharm Ther, vol. 26,‎ , p. 363-367.
  3. « Le papillon fait la feuille », Sciences et avenir, no 835,‎ , p. 18
  4. (en) Torsten Ulmer, John M. MacDougal, Passiflora: passionflowers of the World, Timber Press, , 432 p.
  5. (en) K. Dhawan, S. Dhawan, A. Sharma, « Passiflora : a review update », Journal of Ethnopharmacologye, vol. 94,‎ , p. 1-23
  6. Dr Anne-Claire Gagnon, Le guide des plantes qui soignent, Vidal, , 465 p. (ISBN 2850911925)
  7. Patrick Lemoine, « Etude de l'efficacité des de la tolérance de la SIPF passiflore/aubépine/mélisse (AnxionZen) versus Lorazepram dans le traitement de l'anxiété », sur Zenodo (DOI 10.5281/zenodo.1213086, consulté le ).
  8. (en) K Dhawan, A Sharma, « Passiflora : a review update », Journal of Ethnopharmacologye, vol. 94,‎ , p. 1-23.
  9. Université Claude Bernard, « Contribution à l’étude de Passiflora incarnata L. », Thèse de pharmacie, vol. 211,‎ .
  10. Science-et-vie.com, « Intelligence des plantes : elles apprennent de leurs expérienc... - Science & Vie », sur www.science-et-vie.com, (consulté le )
  11. « Le plaidoyer végétal du dessinateur et du botaniste », sur LExpress.fr, (consulté le )
  12. Integrated Taxonomic Information System (ITIS), www.itis.gov, CC0 https://doi.org/10.5066/F7KH0KBK, consulté le 1er janvier 2014
  13. NCBI, consulté le 1 janvier 2014
  14. The Plant List (2013). Version 1.1. Published on the Internet; http://www.theplantlist.org/, consulté le 1 janvier 2014
  15. World Register of Marine Species, consulté le 1 janvier 2014

Article connexe

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Liens externes

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