Persécution des alévis
La persécution des alévis est un ensemble de répressions subies par la communauté alevi bektachi, a principalement sous l'Empire ottoman, mais avec des résurgences durant le XXe siècle, sous la république de Turquie fondée en 1923.
Historique
[modifier | modifier le code]Empire ottoman
[modifier | modifier le code]Au début du XVe siècle[1], l’oppression ottomane envers les alévis devient insupportable : sous l'influence des harangues du prêcheur Celal, ils se révoltent une première fois en 1519 et soutiennent le Chah Ismaïl Ier, d'origine turkmène. Les partisans de ce dernier, qui portent un bonnet de couleur rouge avec douze plis en référence aux douze imams du chiisme duodécimain, se font appeler Qizilbash. Les Ottomans, qui s’étaient persanisés et arabisés, voyaient des ennemis dans les Qizilbash (alévis) d'origine turkmène[1].
En 1826, le corps des janissaires est aboli, et les tekke (couvents de derviches) bektachis sont fermés[2],[3],[4].
Turquie moderne
[modifier | modifier le code]Depuis l'avènement de la république de Turquie et l'inscription de la laïcité dans la constitution, la situation s'est améliorée même si périodiquement des pogroms sont lancés à l'égard de cette communauté :
- massacre de Dersim (1938) ;
- massacre de Zini Gediği (1938) ;
- massacre de Marash (1978) ;
- massacre de Çorum (1980) ;
- massacre de Sivas (1993) ;
- émeutes dans la banlieue défavorisée de Gazi (1995).
Le gouvernement turc ne reconnaît toujours pas officiellement l'alévisme comme un culte, et les cemevis (lieux de culte) n'ont aucune reconnaissance juridique. Une estimation datée de 2013 donnait 12 à 15 millions d'Alevis en Turquie, soit entre 15 et 20 % de la population du pays[5].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Jean-Louis Bacqué-Grammont, « Notes et documents sur les Ottomans, les Safavides et la Géorgie, 1516-1521 : Études turco-safavides, VI », Cahiers du monde russe et soviétique, vol. 20, no 2, , p. 239-272 (lire en ligne)
- Vincent Mansour-Monteil, « Les Janissaires », L’Histoire, no 8, , p. 22-30 (lire en ligne)
- Gloria L. Clarke, The World of the Alevis : Issues of Culture and Identity, AVC Publications, , 188 p. (ISBN 9757317098)
- Lisa Deheurles-Montmayeur et Jean-Paul Burdy, « Les minorités non musulmanes en Turquie », sur Observatoire de la vie politique turque, .
- Laure Marchand, « La fronde des Alevis - Minoritaires dans un pays à majorité sunnite, discriminés, ils ne supportent plus la dérive islamiste du gouvernement », Le Nouvel Observateur du 21 au 27 novembre 2013, p. 78 [lire en ligne (page consultée le 3 mai 2022)]
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- (en) Ali Yaman et Aykan Erdemir, Alevism - Bekatashism: A Brief Introduction, Londres, England Alevi Cultural Centre and Cemevi, , 122 p. (ISBN 9-759-80653-3).
- (en) Tina Hamrin-Dahl, « The Alevi and questions of identity, including violence and insider/outsider perspectives », Scripta Instituti Donneriani Aboensis, no 19, , p. 108–125 (DOI doi.org/10.30674/scripta.67304)