Principes de politique
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Les Principes de politique sont un ouvrage du philosophe franco-suisse Benjamin Constant. Le titre complet est Principes de politique applicables à tous les gouvernements représentatifs et particulièrement à la Constitution actuelle de la France. Ils ont été rédigés en 1806 et publiés en mai 1815.
Contexte
[modifier | modifier le code]Benjamin Constant écrit dans le contexte de l'empire napoléonien ; il ne cache pas son opposition à certaines pratiques politiques et devra attendre, comme Jean-Baptiste Say avec son Traité d'économie politique, la chute de l'Empire pour publier ses Principes. Dans son Histoire intellectuelle du libéralisme, Pierre Manent utilise entre autres pour cela le terme de « libéralisme d'opposition » pour caractériser la pensée de Constant[1].
Présentation
[modifier | modifier le code]Soutien à la démocratie libérale
[modifier | modifier le code]Dans cet ouvrage, Constant s'attache à discerner les principes qui doivent guider les institutions et la politique dans une démocratie libérale. À la lumière de l'expérience de la Terreur et des débuts du Premier Empire, il met en avant les risques du despotisme et défend à l'inverse un pouvoir qui serait limité strictement dans ses fonctions.
Il soutient ainsi que ce ne sont pas des individus qui doivent prendre des décisions seuls, mais qu'il est nécessaire de construire des institutions réglées pour prendre les décisions. Il conclut qu'« il y a des masses trop pesantes pour la main des hommes »[2].
Libéralisme et respect des droits
[modifier | modifier le code]Constant, en libéral, défend les droits individuels élémentaires et soutient que la souveraineté, qu'elle soit populaire ou royale, ne doit rien pouvoir face aux droits de l'individu. Ils doivent être inaliénables. Ainsi, « au point où commence l'indépendance de l'existence individuelle, s'arrête la jurisdiction de cette souveraineté [populaire] »[3].
Critique des autoritarismes
[modifier | modifier le code]Ne revenant pas à un individu unique, ce pouvoir ne doit pas plus être donné à une représentation populaire. Constant écrit ainsi : « L'erreur de ceux qui, de bonne foi dans leur amour de la liberté, ont accordé à la souveraineté du peuple un pouvoir sans bornes, vient de la manière dont se sont formées leurs idées en politique. Ils ont vu dans l'histoire un petit nombre d'hommes, ou même un seul, en possession d'un pouvoir immense, qui faisait beaucoup de mal; mais leur courroux s'est dirigé contre les possesseurs du pouvoir, et non contre le pouvoir même. Au lieu de le détruire, ils n'ont songé qu'à le déplacer. »[4].
Opposition à la souveraineté absolue
[modifier | modifier le code]Constant s'oppose avec force à l'idée d'une souveraineté, populaire ou royale, qui serait sans bornes. Il voit par exemple dans l'idée de souveraineté absolue du peuple développée par Rousseau « le plus terrible auxiliaire de tous les genres de despotisme ». En cela, il s'oppose au parlementarisme absolu[5].
Éditions
[modifier | modifier le code]Ils ont été réédités en 1997 puis 2006 chez Hachette Pluriel[6] et traduits pour la première fois en anglais en 2003[7].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Pierre Manent, Histoire intellectuelle du libéralisme, Hachette Pluriel, 2006, p.181
- Eugène Chatel, Étude sur J.-J. Rousseau, Paul Dupont, (lire en ligne)
- Julien Weisbein et Samuel Hayat, Introduction à la socio-histoire des idées politiques, De Boeck Supérieur, (ISBN 978-2-8073-3237-9, lire en ligne)
- Benjamin Constant, Principes de politique, Edition Guillaumin, 1872, p.9
- (en) Alfred Cobban, Rousseau and the Modern State, Routledge, (ISBN 978-0-429-64018-6, lire en ligne)
- Benjamin Constant, Principes de politique, Hachette Pluriel, janvier 2006, (ISBN 2012793037)
- [PDF]Book review du Journal of Libertarian Studies