Réinsertion (droit pénal)
La réinsertion des ex-détenus est le processus de réintégration dans la société des personnes condamnées. Elle constitue l'un des principaux objectifs de la pénologie moderne. Son objectif est d'éviter les récidives et multi-récidives[1],[2].
Les peines dites « alternatives » à la peine d'emprisonnement (sanctions communautaires, probation, etc.) impliquent également des mesures d'accompagnement des condamnés après la fin de leur peine.
Méthodes
[modifier | modifier le code]Une bonne réinsertion professionnelle et sociale des ex-détenus est facilitée par le fait que les détenus :
- ne soient pas placés dans des conditions qui mettent en danger leur santé et qu'ils puissent bénéficier de soins médicaux[2] ;
- ne soient soumis à aucune forme de mauvais traitements[2] ;
- soient capables de conserver des liens avec le monde extérieur[2] ;
- soient formés à des métiers ou professions pour faciliter leur insertion professionnelle future[2] ;
- disposent d'une législation claire encadrant l'utilisation de leur casier judiciaire[2],[1].
Cadre législatif
[modifier | modifier le code]Le Code des États-Unis prévoit que le tribunal pénal condamne « en tenant compte du fait que l'emprisonnement n'est pas un moyen propre à faciliter l'amendement et la réinsertion »[3].
Europe
[modifier | modifier le code]Comme l'a recommandé le comité des ministres du conseil de l'Europe aux États membres le , « une politique criminelle orientée vers la prévention du crime et la réinsertion sociale des délinquants devrait être poursuivie et développée dans les États membres du Conseil de l'Europe[1]. »
La Cour européenne des droits de l'homme a également rappelé au travers de divers jugements que, bien que l'un des buts des peines de prison reste la punition, la priorité de la politique pénale européenne est à présent la réinsertion, particulièrement dans le cas des longs emprisonnements[2].
France
[modifier | modifier le code]Depuis 1945, « la peine privative de liberté a pour but essentiel l’amendement et le reclassement social des condamnés. » Depuis la loi du , le service public pénitentiaire a pour mission de favoriser la réinsertion sociale des personnes qui lui sont confiées par l’autorité judiciaire.
Allemagne
[modifier | modifier le code]D'après le chapitre I, article 2, alinéa 2 de la loi fondamentale allemande, « chacun a droit à la vie et à l’intégrité physique. La liberté de la personne est inviolable. Des atteintes ne peuvent être apportées à ces droits qu’en vertu d’une loi. »
Italie
[modifier | modifier le code]Selon l'article 27, la Constitution de l'Italie, « les peines ne peuvent consister en des traitements contraires aux sentiments d’humanité et elles doivent avoir pour but la rééducation du condamné. »
Psychopathie et récidive
[modifier | modifier le code]La récidive criminelle est fortement corrélée avec la psychopathie[4],[5],[6]. Le psychopathe est défini par une gratification désinhibée dans les pulsions criminelles, sexuelles ou agressives et l'incapacité à apprendre des erreurs du passé. Les personnes atteintes de ce trouble gagnent la satisfaction par leur comportement antisocial et manquent de remords pour leurs actions[4],[5],[6].
Les études indiquent que prisonniers diagnostiqués psychopathes ont une probabilité 2,5 fois plus élevée d'être libérés de prison que les autres détenus, même s'ils sont les plus susceptibles de récidiver[7].
Il a été démontré que les techniques de punition et de modification du comportement n'améliorent pas le comportement d'un psychopathe. La capacité des psychopathes à devenir plus rusés et à mieux dissimuler leur comportement a été fréquemment observée. Il a été suggéré par eux que les approches thérapeutiques traditionnelles rendent effectivement les psychopathes sinon pires, du moins beaucoup plus habiles à manipuler les autres et à dissimuler leur comportement. Ils sont généralement considérés comme étant non seulement incurables mais aussi non traitables[8],[9].
Les psychopathes ont aussi un sens nettement déformé des conséquences potentielles de leurs actions, non seulement pour les autres, mais aussi pour eux-mêmes. Par exemple, ils ne reconnaissent pas réellement le risque d'être pris, d’être incompris ou d'être blessés à la suite de leur comportement[10].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Recommandation(84)10 du comité des ministres du Conseil de l'Europe aux États membres du 21 juin 1984 sur le casier judiciaire et la réhabilitation des condamnés.
- Clare Ovey, Ensuring respect of the rights of prisoners under the European Convention on Human Rights as part of their reintegration process, Registry of the European Court of Human Rights.
- Code des États-Unis titre 18, § 3582 [1]
- Jill S. Levenson, John W. Morin (2000) [Treating Nonoffending Parents in Child Sexual Abuse Cases] p. 7 SAGE, (ISBN 0-7619-2192-3)
- Marvin Zuckerman (1991) Psychobiology of personality Cambridge University Press, p. 390. (ISBN 0-521-35942-2)
- Glenn D. Walters (2006) Lifestyle theory p. 42 Nova Publishers, (ISBN 1-60021-033-3)
- Hare, Robert D, Psychopaths: New Trends in Research. The Harvard Mental Health Letter, September 1995
- Psychopaths' 'early release con'(9 February 2009)BBC News.
- Grant Harris et Marnie Rice, Handbook of Psychopathy, , 555–572 p.
- Attention to the eyes and fear-recognition deficits in child psychopathy - Dadds et al. 189 (3): 280 - The British Journal of Psychiatry
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- (en) The American Heritage Dictionary of the English Language, Fourth Edition, 2000. Updated in 2009. Published by Houghton Mifflin Company.
Liens externes
[modifier | modifier le code]