Reprise de l'Île de Ré

Reprise de l'Île de Ré
Description de cette image, également commentée ci-après
Gravure anonyme du XVIIe siècle représentant la capture de l'Île de Ré par Charles Ier de Guise en .
Informations générales
Date
Lieu Île de Ré
Issue Victoire des royalistes
Belligérants
Drapeau du Royaume de France Royaume de France
Drapeau des Provinces-Unies Provinces-Unies
Drapeau de l'Angleterre Royaume d'Angleterre
Croix huguenote Huguenots
Blason de La Rochelle Ville de La Rochelle
Commandants
Drapeau du Royaume de France Louis XIII
Drapeau du Royaume de France Charles Ier de Guise (commandant)
Drapeau du Royaume de France Henri II de Montmorency (amiral)
Drapeau du Royaume de France Jean de Saint-Bonnet de Toiras (commandant)
Drapeau des Provinces-Unies Willem de Zoete (en) (amiral)
Drapeau du Royaume d'Angleterre Aucun
Croix huguenote Huguenots Benjamin de Rohan (amiral)
Croix huguenote Huguenots Jean Guiton (amiral)
Forces en présence
35 navires de guerre français
20 navires de guerre néerlandais
7 navires de guerre anglais
3 000 hommes
28 navires de guerre

Rébellions huguenotes

Coordonnées 46° 12′ 00″ nord, 1° 24′ 00″ ouest
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Reprise de l'Île de Ré
Géolocalisation sur la carte : Charente-Maritime
(Voir situation sur carte : Charente-Maritime)
Reprise de l'Île de Ré

La reprise de l'Île de Ré est une bataille ayant eu lieu en France pendant les Révoltes huguenotes en . Les troupes du roi Louis XIII affrontent celles de l'amiral protestant Benjamin de Rohan ainsi que les forces huguenotes de La Rochelle, qui occupaient l'île de Ré depuis .

Dans un contexte de tensions entre les protestants et le pouvoir central royal débute en la première rébellion huguenote, menant à la bataille navale de Saint-Martin-de-Ré le entre les forces navales de La Rochelle et la flotte royale, sous le commandement de Charles Ier de Guise. Une paix est trouvée avec le traité de Montpellier, ne satisfaisant aucun des deux partis[1].

En , le protestant Benjamin de Rohan, duc de Soubise, mène une révolte contre le roi Louis XIII et, après avoir publié un manifeste, envahit et occupe l'île de Ré[2]. Il s'empare de l'île avec 300 soldats et 100 matelots. De là, il navigue jusqu'aux côtes bretonnes où il vainc la flotte royale lors de la bataille du Blavet. Benjamin de Rohan retourne alors à Ré avec quinze navires et occupe rapidement l'île d'Oléron, contrôlant ainsi la côte atlantique de Nantes à Bordeaux. Il est reconnu comme le chef de la Réforme et se déclare « amiral de l'Église protestante »[3]. Au contraire, la marine française se retrouve épuisée, laissant le pouvoir central vulnérable[4].

Le , les habitants de la ville huguenote de La Rochelle votent pour se joindre à Benjamin de Rohan.

Confrontation et capture de l'île

[modifier | modifier le code]

Flotte du pouvoir royal français

[modifier | modifier le code]

Charles Ier de Guise prépare un débarquement afin de reprendre les deux îles, en utilisant vingt navires de guerre empruntés aux Provinces-Unies[3], ainsi que sept navires anglais[4], sous les ordres d'Henri II de Montmorency[5].

La flotte néerlandaise de vingt navires est fournie conformément aux termes du traité de Compiègne de . Elle est sous le commandement de l'amiral Willem Haultain de Zoete (en). Après une résolution des États généraux en , elle est retirée du service français en [6].

Les navires anglais ont été négocié avec le roi d'Angleterre Charles Ier et le duc de Buckingham George Villiers par le régent français Richelieu. En échange de l'aide française contre l'Espagne occupant le Palatinat du Rhin, les Anglais fournissent à la couronne de France des navires contre les huguenots. Cet accord pose un problème pour le Parlement anglais. Sept navires sont livrés après de nombreuses hésitations par le capitaine Pennington[7] et sont employés contre les rebelles huguenots[5], essentiellement manœuvrés par des équipages français, la plupart des Anglais refusant de se battre contre leurs coreligionnaires et débarquant à Dieppe. Les navires anglais ont néanmoins bien servi contre La Rochelle[8].

Bataille navale du pertuis Breton

[modifier | modifier le code]
Représentation de la bataille du pertuis Breton en et l'explosion du navire néerlandais du vice-amiral Van Dorp par Pierre Ozanne au XVIIIe siècle.

Le , Benjamin de Rohan réussit à détruire le navire néerlandais du vice-amiral Philips van Dorp (nl), tuant 300 marins néerlandais.

Bataille navale de Saint-Martin-de-Ré et débarquement

[modifier | modifier le code]

En , Henri II de Montmorency mène son importante flotte hors des Sables-d'Olonne et vainc finalement la flotte de La Rochelle, commandée par Jean Guiton et Benjamin de Rohan, au large de Saint-Martin-de-Ré, le [9].

Deux régiments d'élite des troupes royales, commandés par Jean de Saint-Bonnet de Toiras, sont débarqués sur l'île de Ré et vainquent Benjamin de Rohan et ses 3 000 hommes[3],[9]. L'île est investie, obligeant Benjamin de Rohan à fuir pour l'Angleterre avec les quelques navires lui restant[10]. Henri II de Montmorency réussit ainsi à reprendre les îles de Ré et d'Oléron[4].

Conséquences

[modifier | modifier le code]
Le Fort La Prée, construit en par Toiras à la suite de la capture de l'île de Ré.

Le est signé, après de longues négociations, le traité de Paris, un accord de paix entre la ville de La Rochelle et le roi Louis XIII, préservant la liberté de religion mais imposant des garanties pour éviter de possibles révoltes. Ainsi, La Rochelle est interdit de posséder une flotte de guerre et doit détruire un fort à Tasdon. Le Fort Louis, sous contrôle royal et situé près de la porte ouest de la ville, est censé être détruit « dans un délai raisonnable »[11].

L'officier français Toiras est nommé gouverneur de l'île de Ré et renforce les fortifications en vue de futures attaques, notamment au Fort La Prée et à Saint-Martin-de-Ré.

En , une offensive anglaise est lancée pour capturer l'île de Ré, dans le cadre du siège de La Rochelle, menant à un second siège de Saint-Martin-de-Ré par le duc de Buckingham Georges Villiers contre Toiras.

Le conflit montre la dépendance de la France vis-à-vis des marines étrangères. Cela mène Richelieu à lancer d'ambitieux plans pour construire une flotte nationale[4].

Notes et références

[modifier | modifier le code]

Références

[modifier | modifier le code]
  1. (en) Eyre Evans Crowe, The History of France, vol. 3, (lire en ligne), p. 454-455.
  2. (en) Mack P. Holt, The French Wars of Religion, 1562–1629, .
  3. a b et c (en) C. Knight, The Penny Cyclopædia of the Society for the Diffusion of Useful Knowledge, (lire en ligne), p. 268.
  4. a b c et d (en) Raymonde Litalien et Denis Vaugeois, Champlain : The Birth of French America, , 397 p. (lire en ligne), p. 22.
  5. a et b (en) Roger Burrow Manning, An Apprenticeship in Arms : The Origins of the British Army 1585-1702, , 488 p. (ISBN 9780199261499), p. 115.
  6. (en) Noel Malcolm, Reason of State, Propaganda, and the Thirty Years' War: An Unknown Translation by Thomas Hobbes, , 227 p. (ISBN 9780199215935), p. 140.
  7. (en) Jack A. Clarke, Huguenot Warrior : The Life and Times of Henri de Rohan, 1579–1638, , 230 p. (ISBN 9789024701933), p. 129.
  8. (en) Thomas Carlyle, Historical Sketches of Notable Persons and Events in the Reigns of James I and Charles I, (ISBN 0-543-91306-6), p. 188.
  9. a et b (en) Yves-Marie Bercé, The Birth of Absolutism : A History of France, 1598-1661, , 262 p. (ISBN 9780312158071), p. 97.
  10. (en) David J. Sturdy, Fractured Europe : 1600 - 1721, , 496 p. (ISBN 9780631205135), p. 127.
  11. (en) Hugh Redwald Trevor-Roper, Europe's Physician : The Various Life of Sir Theodore de Mayerne, , 438 p. (ISBN 9780300112634), p. 289.