Retour en Afrique
Le mouvement Retour en Afrique (Back-to-Africa) est apparu aux États-Unis au XIXe siècle. Également appelé le mouvement de la Colonisation, ou le Sionisme noir (Black Zionism), il consiste à encourager les Noirs américains d'origine africaine à retourner dans la patrie africaine de leurs ancêtres. Le mouvement a notamment inspiré des idéologies comme la Nation of Islam ou les Rastafaris, et a joui d'une certaine popularité parmi les populations afro-américaines.
Avant la proclamation d'émancipation
[modifier | modifier le code]Avant la conversion des afro-américains au christianisme, l'esclavage était justifié sur des bases religieuses, s'agissant essentiellement de païens ou de musulmans. Mais au milieu du XVIIIe siècle, une vague de ferveur religieuse (le Grand réveil) provoqua une vague de conversion au christianisme parmi les esclaves, et parallèlement éleva des réserves morales chez de nombreux chrétiens, particulièrement les quakers[1]. Par exemple, les révérends Moses Tichnell et Samuel R. Houston émancipèrent des esclaves et les aidèrent à se rendre au Liberia, en 1855 et 1856.
En 1816, Charles Fenton Mercer fonda l'American Colonization Society (ACS), dont le but était de permettre le retour en Afrique des afro-américains. Parmi ses membres les plus notables, l'ACS compte Thomas Jefferson, James Monroe, Abraham Lincoln, James Madison, Daniel Webster, John Marshall, et Francis Scott Key. L'ACS comportait deux groupes aux motivations bien distinctes : d'une part, des philanthropes, des membres du clergé et des abolitionnistes, qui voulaient libérer les esclaves et leurs enfants et leur permettre de retourner en Afrique ; d'autre part, des propriétaires d'esclaves inquiets de voir l'émergence d'une communauté noire libre, et désireux de les voir quitter l'Amérique.
En 1821, l'American Colonization Society fonda le Liberia, choisi pour être le pays à coloniser par les Noirs quittant les États-Unis[2]. On estime à 13 000 personnes le nombre de Noirs américains ayant migré sous l'égide de l'ACS.
À partir de l'ère de la Reconstruction
[modifier | modifier le code]Après une période de relatif déclin, le mouvement de retour en Afrique connait un regain d'attention à partir de 1877, à la fin de la période dite de la Reconstruction, tandis que des groupes tels que le Ku Klux Klan multiplient les agressions racistes[3]. Pour les Noirs du Sud des États-Unis, l'aspiration à émigrer en Afrique atteint un sommet durant les années 1880 du XIXe siècle, alors que le racisme est à son plus haut niveau et que le nombre de lynchages bat tous les records de l'histoire américaine[4].
Pour beaucoup d'entre eux, l'expérience continue du racisme et de la ségrégation, en dépit de la Proclamation d'émancipation, s'accompagne de la conviction que l'égalité réelle n'est pas accessible, et alimente une aspiration à une émancipation pan-africaine par un retour à leur terre maternelle.
Par la suite, de nombreuses rumeurs et escroqueries entachent l'image du mouvement et entrainent son déclin. Un déclin qui est cependant essentiellement dû au fait que « la majorité de ceux qui étaient censés participer au mouvement ne souhaitaient pas partir. La plupart des Noirs émancipés ne voulait pas "retourner" dans un endroit que leurs ancêtres avaient quitté plusieurs générations auparavant. L'Amérique, et non pas l'Afrique, était leur patrie [...] »[5].
Références
[modifier | modifier le code]- David Jenkins, Black Zion: The Return of Afro-Americans and West Indians to Africa (London: Wildwood House, 1975), p. 41-3.
- "Back-to-Africa Movement", The Encyclopedia of Arkansas History and Culture. 2007. The Central Arkansas Library System.
- "The Ending of Reconstruction", America's Reconstruction, People and Politics After the Civil War. University of Houston Digital History.
- Kenneth C. Barnes, Journey of Hope: The Back-to-Africa Movement in Arkansas in the Late 1800s (Chapel Hill: University of North Carolina Press, 2004), p. 2.
- Timothy Crumrin, "'Back to Africa?' The Colonization Movement in Early America". 2007.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Barnes, Kenneth C. Journey of Hope: The Back-to-Africa Movement in Arkansas in the Late 1800s. Chapel Hill, University of North Carolina Press, 2004.
- Campbell, James. Middle Passage: African American Journeys to Africa, 1787–2005. New York, Penguin Press, 2006.
- Clegg III, Claude A. The Price of Liberty: African Americans and the Making of Liberia. Chapel Hill, University of North Carolina Press, 2004.
- Jenkins, David. Black Zion: The Return of Afro-Americans and West Indians to Africa. Londres, Wildwood House, 1975.
- Weisbord, Robert G. Ebony Kinship: Africa, Africans, and the Afro-American. Westport (Connecticut), Greenwood Press, 1973.