Richard Plantagenêt

Richard Plantagenêt
Description de cette image, également commentée ci-après
Richard Plantagenêt, duc d'York. Détail d'une miniature du Livre de Talbot-Shrewsbury par le Maître de Talbot, 1445, British Library.

Titres

Duc d'York, comte de Cambridge et de Rutland


(28 ans, 7 mois et 18 jours)

Prédécesseur Édouard d'York
Successeur Édouard Plantagenêt

Comte de March et d'Ulster


(35 ans, 11 mois et 12 jours)

Prédécesseur Edmond Mortimer
Successeur Édouard Plantagenêt
Fonctions militaires
Commandement Lord-protecteur d'Angleterre
Lord lieutenant d'Irlande
Lord-grand-connétable
Capitaine de Calais
Faits d’armes Siège de Pontoise
Bataille de St Albans
Déroute de Ludford Bridge
Bataille de Wakefield
Conflits Guerre de Cent Ans
Guerre des Deux-Roses
Biographie
Dynastie Maison d'York
Naissance
Décès (à 49 ans)
Sandal Magna (Yorkshire)
Père Richard de Conisburgh
Mère Anne Mortimer
Conjoint Cécile Neville
Enfants Anne d'York
Édouard IV
Edmond Plantagenêt
Élisabeth d'York
Marguerite d'York
Georges Plantagenêt
Richard III

Description de l'image Arms of Richard of York, 3rd Duke of York.svg.

Richard Plantagenêt ou Richard d'York (), comte de Rutland, de March, d'Ulster et de Cambridge, puis 3e duc d'York était un membre de la famille royale anglaise et très tôt héritier de vastes territoires. Il épouse Cécile Neville en 1429 et détient plusieurs postes pour le compte de la Couronne en Irlande et en France. Il gouverne l'Angleterre à plusieurs reprises en tant que Lord Protecteur pendant la folie du roi Henri VI.

Ses disputes avec la reine Marguerite d'Anjou et ses partisans ainsi que sa revendication au trône conduisent au déclenchement de la guerre des Deux-Roses. Il tente de s'emparer du trône, mais en est dissuadé, bien qu'un compromis le fasse héritier d'Henri VI. Cependant, quelques semaines après cet accord, il meurt à la bataille de Wakefield face aux partisans lancastriens de la reine.

Bien qu'il n'accède pas au trône, ses fils Édouard IV et Richard III règnent sur l'Angleterre de 1461 à 1485. Par le mariage de sa petite-fille Élisabeth d'York avec Henri VII en 1486, Richard est l'ancêtre de tous les rois anglais depuis Henri VIII, de tous les rois écossais depuis Jacques V, et de tous les souverains britanniques depuis Jacques VI d'Écosse et Ier d'Angleterre.

Origines et enfance

[modifier | modifier le code]

Richard naît le . Les parents de Richard d'York descendent tous deux directement du roi Édouard III. Son père Richard de Conisburgh, 3e comte de Cambridge, est le second fils d'Edmond de Langley, 1er duc d'York et 4e fils d'Édouard III. Sa mère Anne Mortimer est l'arrière-petite-fille de Lionel d'Anvers, 1er duc de Clarence et 2e fils d'Édouard III. Il a une sœur aînée, Isabelle, comtesse d'Essex. La mère de Richard meurt peu après sa naissance. Richard de Conisburgh est exécuté en par le roi Henri V pour haute trahison à la suite de son implication dans le complot de Southampton.

Le , l'oncle paternel de Richard, Édouard d'York, 2e duc d'York, est tué à la bataille d'Azincourt. Richard, qui n'a que quatre ans, devient l'héritier du duché d'York. Après avoir quelque temps hésité, Henri V autorise Richard à succéder à son oncle même s'il doit attendre sa majorité de 21 ans pour prendre possession de ses terres. Richard devient également comte de March à la mort de son oncle maternel Edmond Mortimer le . Mortimer avait été l'héritier de Richard II lors de sa déposition en 1399 mais Henry Bolingbroke, père d'Henri V, avait usurpé le trône. Richard hérite donc de fait de sa revendication au trône. Il acquiert une grande fortune grâce aux revenus rattachés à ses titres. Ainsi, en l'année 1443, le revenu concernant les terres de March s'élève à 3 430 £, soit l'équivalent de près d'une tonne d'or. Il devient le second personnage le plus riche du royaume après son cousin le roi Henri VI.

En 1417, Richard, orphelin, est confié à la garde de Raph Neville, 1er comte de Westmoreland. Neville, conscient de la fortune de son pupille, le fiance à sa fille Cécile Neville en 1424, alors âgée de 9 ans. À la mort de Neville en , la garde de Richard est transférée à sa veuve Jeanne Beaufort. Le , Richard est adoubé par Jean de Lancastre, 1er duc de Bedford, oncle et régent du jeune Henri VI. En , Richard épouse Cécile Neville. Quelques semaines plus tard, le , il assiste au couronnement d'Henri VI, alors âgé de 8 ans. Deux ans plus tard, le , Richard et Cécile sont présents au sacre d'Henri VI en tant que roi de France en la cathédrale Notre-Dame de Paris. Finalement, le , Richard peut prendre pleinement possession de ses terres.

Service en France

[modifier | modifier le code]

En , quelques mois après la mort du duc de Bedford, Richard est nommé pour lui succéder comme lieutenant de France. À cette époque, les Anglais n'étaient plus en mesure d'envisager de grandes conquêtes comme sous Henri V. Cependant, ils avaient réussi à affaiblir les Français en s'alliant avec les Bourguignons. Or, l'alliance anglo-bourguignonne est rompue après le traité d'Arras en 1435. Se dirigeant initialement vers Paris, Richard se détourne vers la Normandie après la reprise de la capitale par Charles VII. En accord avec les capitaines de Bedford, Richard reprend Fécamp et érige le pays de Caux en forteresse. En même temps, il rétablit l'ordre et la justice en Normandie. Il avait cependant des difficultés à payer ses propres soldats et fait part de sa colère à la Couronne. Richard retourne en Angleterre en novembre 1439 mais ne fait cependant pas partie du Conseil du roi, à son désarroi. Il retourne en France à l'été 1440 après l'échec des négociations pour la paix. Durant son séjour, son épouse Cécile l'accompagne et donne naissance à ses fils Édouard et Edmond et à sa fille Elisabeth à Rouen.

En 1443, Jean Beaufort, 1er duc de Somerset, réunit à Rouen près de 600 hommes d'armes et 4000 archers, mais se contente de ravager la Normandie, le Maine et les confins de la Bretagne (sac de La Guerche) au lieu d'aller dégager la Guyenne[1]. Richard semble avoir durement ressenti la préférence du roi pour Somerset. C'est sans doute le point de départ de sa querelle avec la Maison de Beaufort. Somerset meurt dès 1444 sans avoir rien accompli. Richard lui-même rentre en Angleterre le . À la cour, les avis divergent quant à l'attitude à prendre en réaction à la reconquête menée par Charles VII en France. Le duc de Gloucester Humphrey de Lancastre et Richard sont partisans d'une reprise en main de la situation par une intervention rapide, tandis que le cardinal et William de la Pole, duc de Suffolk, cherchent à faire la paix.

Départ et retour d'Irlande

[modifier | modifier le code]

En , Suffolk, avec l'aide du vieux cardinal Beaufort, fait arrêter Gloucester, accusé de trahison. Ce dernier est emprisonné pour être jugé mais il meurt rapidement (probablement d'une attaque cardiaque). Certains accusent néanmoins Suffolk d'avoir fait assassiner le propre oncle et héritier du roi. Richard est envoyé rétablir l'ordre en Irlande et est ainsi éloigné. Suffolk et son allié le duc de Somerset Edmond Beaufort, alliés à la reine Marguerite, deviennent maîtres de la cour. Ayant par ses parents une revendication au trône d'Angleterre, Richard commence à l'exercer dès 1448 en prenant comme nom de famille celui, depuis longtemps inutilisé, de Plantagenêt. C'est un défi direct au roi.

Accusé de complot contre la Couronne en ayant rendu le Maine et l'Anjou à la France, Suffolk est arrêté en et emprisonné à la Tour de Londres[2]. Il est banni pour cinq ans mais son bateau l'emmenant en France est intercepté par une bande de soldats mécontents appartenant au duc d'Exeter qui le condamnent à mort et le décapitent[3] le . En septembre 1450, Richard revient d'Irlande et commence à recevoir des soutiens. La situation est si instable à Londres que Somerset est emprisonné dans la Tour de Londres pour sa propre sécurité alors que Richard réforme le Parlement. Somerset retrouve ses positions en avril 1451 tandis que Richard se retire à Ludlow. En , Richard tente une seconde démonstration de force. Il demande le départ de Somerset et à être reconnu comme héritier d'Henri, toujours sans enfant. La reine intervient pour protéger Somerset. Richard se rebelle mais devant le peu de soutien des nobles, il se soumet à Henri. Il doit jurer de ne plus reprendre les armes contre la Couronne et Somerset.

Déclenchement de la guerre civile

[modifier | modifier le code]

Le roi Henri VI manifeste des signes de maladie mentale durant l'été 1453[4]. Le cardinal John Kemp, Lord grand chancelier, meurt le , ce qui laisse le poste de chef du Conseil royal vacant. Cette situation pousse Richard, avec l'aide des comtes de Salisbury et de Warwick à écarter du pouvoir la reine Marguerite et à se proclamer Lord Protecteur du royaume le [5]. Somerset est emprisonné à la Tour de Londres et Richard fait entrer au Conseil du roi ses alliés.

Le retour du roi à ses sens à la Noël 1454 contrarie les ambitions de Richard qui est écarté de la cour en par la reine Marguerite d'Anjou. Cette dernière noue des alliances contre Richard et conspire avec d'autres nobles pour réduire son influence. Elle forme ainsi le clan des Lancastriens. Richard de plus en plus pressé recourt finalement aux armes en . Il bat les troupes royales lors de la bataille de St Albans le . Somerset et son allié le comte de Northumberland sont tués, ce qui satisfait en grande partie York, Salisbury et Warwick. Les troupes yorkistes découvrent Henri abandonné par son escorte. Il venait de subir une seconde crise de folie. Richard et ses alliés recouvrent leur position influente, et pendant quelque temps les deux côtés paraissent choqués qu'une bataille réelle se soit déroulée, si bien qu'ils font tout leur possible pour apaiser leurs différends. Puisque le roi est malade, Richard est de nouveau nommé Protecteur et la reine Marguerite est écartée du pouvoir[6].

La famille royale doit quitter Londres qui est acquise au clan York pour s'installer à Coventry. Les problèmes à l'origine du conflit ressurgissent cependant, surtout quand il s'agit de savoir si c'est Richard ou le jeune fils d'Henri, Édouard de Westminster, accusé d'être un enfant illégitime dont le père serait le défunt duc de Somerset, qui doit succéder à Henri sur le trône. Marguerite refuse toute solution qui déshériterait son fils et il devient clair qu'elle ne tolérerait la situation qu'aussi longtemps que Richard et ses alliés garderaient la suprématie militaire. Le protectorat de Richard prend fin en  ; Marguerite s'empresse d'annuler toutes les mesures de son rival. Quatre années passent ainsi dans un climat de paix extrêmement fragile. Le , Henri essaie avec l'aide de Thomas Bourchier, archevêque de Canterbury, de faire procéder à une réconciliation entre les Lancastriens et les Yorkistes. La rencontre échoue.

Revendication du trône et mort

[modifier | modifier le code]

Les hostilités reprennent en . Les troupes yorkistes du comte de Salisbury battent celles du roi à Blore Heath le . Le , Henri VI défait à Ludford Bridge la puissante armée de Richard, qui s'enfuit en Irlande tandis que Salisbury, Warwick et le fils aîné de Richard, Édouard, comte de March s'exilent à Calais. Ils sont tous déchus de leurs droits civiques par le Parlement le . Les Lancastriens contrôlent de nouveau la situation. Cependant, les Yorkistes commencent à lancer des raids sur la côte anglaise depuis Calais à partir de , ajoutant ainsi un sentiment de chaos et de désordre.

Ruines du château de Sandal.

Salisbury, Warwick et March envahissent l'Angleterre à l'été 1460. À la bataille de Northampton le , Warwick fait le roi prisonnier, à nouveau frappé d'une crise de folie. Les Yorkistes entrent peu après à Londres. Richard revient d'Irlande en septembre et revendique le trône. Il obtient finalement du Parlement d'être nommé une troisième fois Lord Protecteur et est désigné héritier du trône le par l'Acte d'Accord, au détriment du prince Édouard de Westminster. Comme on pouvait s'y attendre, les Lancastre, menés par Marguerite d'Anjou, refusent l'Acte d'Accord et poursuivent la guerre. Richard quitte Londres en avec son fils de 17 ans Edmond de Rutland et le comte de Salisbury pour consolider sa position au nord contre l'armée de Marguerite d'Anjou, dont on disait qu'elle s'était regroupée près de la ville d'York. Richard occupe une position défensive au château de Sandal, près de Wakefield, à la Noël 1460.

Bien que l'armée de Marguerite l'emporte en nombre sur celle de Richard à plus de deux contre un, le , York ordonne à ses forces de quitter le château et de passer à l'attaque. Son armée subit une défaite cuisante à la bataille de Wakefield. Richard lui-même est tué dans la bataille tandis qu'Edmond et Salisbury sont capturés et décapités après la bataille. Richard est inhumé à Pontefract, mais sa tête ainsi que celles de son fils et de Lord Salisbury sont plantées sur des pieux aux portes de la ville d'York, sur ordre de Marguerite d'Anjou. Plus tard, ce qui reste de sa dépouille est transporté à l'église de Fotheringhay. Le , le fils aîné de Richard accède au trône d'Angleterre sous le nom d'Édouard IV. Il vainc ensuite l'armée lancastrienne à Towton le . Il règne jusqu'en 1483.

Généalogie

[modifier | modifier le code]

Descendance

[modifier | modifier le code]

Cécile Neville (sœur du comte de Salisbury et tante du comte de Warwick) lui donne au moins treize enfants dont 6 mourront en bas âge :

  1. Jeanne (née et décédée en 1438 à York, le jour même).
  2. Anne (), épouse d'Henri Holland, 3e Duc d'Exeter.
  3. Henri d'York (né le et décédé 4 ou 5 jours après sa naissance). Né à Bishop Hatfield et baptisé à Westminster.
  4. Édouard IV ( à Rouen – ), roi d'Angleterre.
  5. Edmond, comte de Rutland ( à Rouen – ).
  6. Élisabeth ( à Rouen – après ), consort de John de la Pole (2e duc de Suffolk).
  7. Marguerite (), troisième épouse (1468) du duc de Bourgogne Charles le Téméraire.
  8. William (né le ).
  9. John (né le , à La Neyte, le manoir des abbés de Westminster, baptisé à Chelsea, décèdera quelques mois plus tard).
  10. Georges, duc de Clarence ().
  11. Thomas (né env. 1451).
  12. Richard III (), roi d'Angleterre.
  13. Ursula (née le , à Fotheringhay décédée à 4 mois, inhumée en l’église de Sainte Marie et tous les saints)[7].
Arbre généalogique simplifié de Richard Plantagenêt.

Richard d'York et son décès est le sujet d'une mnémonique en anglais pour mémoriser les sept couleurs de l'arc-en-ciel en ordre dans cette langue : « Richard Of York Gave Battle In Vain » .

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. Jean Favier, La guerre de Cent Ans, Paris : Fayard, 1980, p. 565.
  2. D’après les Rolls of Parliament, v. 176–177
  3. Cf. Ramsay, op. cit., vol. II, p. 121; le recueil des Paston Letters, vol. I, p. 125; et Gascoigne, op. cit., p. 7
  4. (en) Bertram Percy Wolffe, Henry VI, New Haven / Londres, Yale University Press, coll. « Yale English Monarchs », (1re éd. 1981), 432 p. (ISBN 0-300-08926-0, lire en ligne), p. 16.
  5. (en) Philip Edwards, The Making of the Modern English State, 1460-1660, Basingstoke, Palgrave Macmillan, , 439 p. (ISBN 978-0-333-69836-5), p. 28-30.
  6. Hicks 2012, p. 114.
  7. Annales de W.Wyrcester, p.577
  8. Il est le quatrième fils d'Édouard III et né après Jean de Gand.
  9. Pour un arbre généalogique plus détaillé voir : maison de Plantagenêt.)
  10. Linda Alchin, Lords and Ladies : « King Henry II ».
  11. Mandy Barrow, « Timeline of the Kings and Queens of England: The Plantagenets ».
  12. Mark Needham, « Family tree of Henry (II, King of England 1154–1189) ».

Liens externes

[modifier | modifier le code]