Robert Picault

Robert Picault
une illustration sous licence libre serait bienvenue
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 81 ans)
CannesVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activité

Robert Picault, né le à Paris et mort le à Cannes, est un céramiste, designer, photographe et cinéaste français[1].

Il est l’un des pionniers et l’une des figures du renouveau de la céramique de Vallauris à partir de 1945[2]. Son travail photographique et cinématographique issu de sa collaboration amicale avec Pablo Picasso fait l’objet d’expositions et de publications en France et à l’international[3],[4].

Robert Picault est formé à l’école des Arts-Appliqués de Paris[1]. A la faveur d’une proposition de poste de professeur de peintures en lettres, il part en éclaireur avec l’idée de fonder un atelier de céramique avec ses camarades Roger Capron et Jean Derval, rencontrés à l’école de la rue Dupetit-Thouars[5]. Il arrive à Golfe-Juan le . C’est à cette époque qu’il rencontre pour la première fois Pablo Picasso. En 1946 Roger Capron le rejoint, ils fondent ensemble l’atelier Callis, avant que Jean Derval ne les rejoigne un an plus tard[6].

A l’été 1946, Robert Picault organise avec Roger Capron et le concours de Suzanne Ramié la première exposition du Nérolium réunissant les premières créations des deux amis et celles d’une vingtaine de potiers de Vallauris. L’événement est un succès, l’originalité de leur production utilitaire et décorative tournée par Picault est notamment saluée par la revue Le décor d’aujourd’hui, l’Atelier Callis prend de l’ampleur[7].

L’exposition réitérée jusqu’en 1964 présente à partir de 1948 les céramiques de Pablo Picasso qui en dessine dorénavant l’affiche et attire la venue de personnalités telles que Jacques Prévert, Yves Montand, Simone Signoret ou Jean Cocteau[7],[8].

L’exposition du Nérolium initiée par Robert Picault et Roger Capron est à l’origine de la création en 1966 d’un Concours national de la céramique puis de la première Biennale Internationale de céramique d’art en 1968[9].

En 1948, il quitte l’aventure Callis poursuivie par Roger Capron et Jean Derval jusqu’en 1949, et fonde la Poterie Picault[10].

Il y développe en multipliant les expérimentations un style épuré et emblématique de pièces utilitaires et uniques cuites au four à bois, tournées et décorées de sa main : pièces au décor d’engobe blanc ou sgraffito sur fond d’alquifoux réinterprété par l’ajout d’oxyde de fer rouge et de cuivre à l’origine des décors verts et bruns caractéristiques de sa production, pièces non décorées à l’émail noir métallisé qu’il est le premier à réaliser par mélange d’oxyde de cuivre et de manganèse, bleus profonds, motifs géométriques, oiseaux,  poissons, portraits et nus féminins à traits larges et enlevés[11]. Dans ce temps d’expérimentation artisanale, son œuvre personnelle est le creuset des futures productions de la Poterie Picault. Si les formes peuvent être produites en série, les variations du motif et son exécution singularisent chaque pièce[12].

C’est sur ce principe que la Poterie Picault se développe, passant de deux employés en 1948 à vingt-cinq en 1955. Les pièces réalisées sur les modèles de formes et de décors créés par Robert Picault selon une grammaire de motifs simples mais infiniment variés font le succès de ces œuvres utilitaires et abordables pouvant passer du four domestique à la table des convives[9].

Dès ses premières productions un principe est au coeur des innovations Picault :  il entend « faire du beau pour tous ». En 1951 ses recherches sont récompensées par une médaille d’or à la IXe Triennale de Milan[13]. Au début des années 1950 les productions de la Poterie Picault s’exportent jusqu’aux États-Unis. La plupart sont décorées en vert de cuivre et brun de fer sur émail stannifère blanc, ou unies d’un émail noir métallisé[14]. Les pièces produites en série sont signées du monogramme RP tandis que les pièces qu’il continue à réaliser entièrement de sa main sont signées Robert Picault en toutes lettres[14].

« Profondément attaché à la réunion -chère aux avant-gardes- de l’art et de la vie, Picault œuvre à promouvoir un art tourné vers la quotidienneté. Il invente une nouvelle peau pour une cérémonie hors d'âge, sûr que l'humain et le partage sont la base de la vie heureuse. […] Il sera sa vie durant au cœur des enjeux céramiques de la seconde moitié du vingtième siècle, de l'importance nouvelle de la céramique architecturale à l'avènement d'une céramique utilitaire d'une extrême actualité où la force de la série s'appuie sur le caractère unique de chaque pièce[13]. »

— Augustin David

Depuis 1949 Pablo Picasso est installé dans l’atelier voisin de la Poterie Picault, chemin du Fournas. Les deux hommes se lient d’amitié et fréquentent quotidiennement leurs ateliers respectifs[15].

En 1950, dans la cour de l’atelier du Fournas, Robert Picault documente en voisin et ami le tournage de La mort de Charlotte Corday réalisé par Pablo Picasso et Frédéric Rossif. Les photographies du tournage de ce film aujourd’hui perdu sont les seuls éléments rendant compte des thèmes et techniques variées de ces séquences : parodie de la toile de Jacques Louis-David La Mort de Marat donnant son titre au film, épisodes des aventures de Don Quichotte relatés à partir de corps peints par Picasso, céramiques, figurines, peintures, et matériaux divers. Jacques Prévert, André Verdet et Françoise Gilot rendent visite au tournage.  [16]

La même année ils réalisent ensemble une pièce qui porte leurs deux signatures : Couple étrusque (Pablo et Françoise)[17].

En 1951, Robert Picault filme une corrida à laquelle il assiste à l’invitation de Pablo Picasso. Il adjoint au montage les jeux d’enfants mimant le spectacle tauromachique qu’il filme dans les rues d’Arles à l’occasion d’une autre visite avec Picasso. Picault projette le film à Picasso qui propose d’y ajouter une corrida de figurines de papier qu’il peint et anime sous l’œil de la caméra de Picault. A la suite d’un prêt à la Cinémathèque de Paris, le montage original de ce film disparaît. Des extraits des trois parties sont aujourd’hui conservées au Musée Picasso de Paris[18].

Sa relation artistique avec Pablo Picasso continue après que celui-ci déménage à Cannes en 1955[19]. Robert Picault produit notamment des carrelages réalisés spécifiquement pour les peintures que Picasso y réalise.

Plus de 350 photos conservées par la Réunion des Musées Nationaux - Grand Palais[20] témoignent de ces années de collaboration amicale entre Picasso et celui qu’il qualifie d’« incomparable maître céramiste »[21],[22]et documentent « l’âge d’or de Vallauris » dans les années 1950[8].

En 1963, Robert Picault devient le premier directeur artistique des céramiques de la Cerasarda créées par l’Aga Khan sur la côte d’émeraude sarde[23]. Les modèles créés pour les éditions Cerasarda incluent carrelages et pièces décoratives de lignes radicales à l’émail rouge vif ou jaune. Certains carrelages sont visibles à l’hôtel Cala di Volpe de Porto Cervo, œuvre de l’architecte Jacques Couëlle. Robert Picault dirigera les collections Cerasarda jusqu’en 1966[23].

A son retour en France, il devient directeur artistique des Faïenceries Longchamps pour lesquelles il réalise de nombreuses collections de carrelage et services de table[24] tandis qu’il continue la création de modèles, décors et pièces uniques pour la Poterie Picault en plus d’intensifier sa production de peinture.

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. a et b « Céramiques contemporaines françaises - 1955-2005 - Outils - Biographie », sur ceramiques-contemporaines-sevres.fr (consulté le )
  2. « CÉRAMIQUE DE VALLAURIS - Encyclopædia Universalis », sur www.universalis.fr (consulté le )
  3. Picasso et les arts et traditions populaires, Paris, Gallimard, p. 268,269
  4. Del Monico, Picasso Cut Papers, Hammer Museum, p. 156,.204, 240
  5. Sylvie Vauthier, Picasso/Picault Picault/Picasso, un moment magique à Vallauris 1948-1953, New-York, Pointed Leaf Press, , p. 80
  6. « Roger Capron, le feu de la création », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. a et b Sylvie Vauthier, Picasso/Picault Picault/Picasso, un moment magique à Vallauris 1948-1953, New-York, Pointed Leaf Press, , p. 84,88,91,141,143
  8. a et b Sylvie Vauthier, Picasso/Picault Picault/Picasso, un moment magique à Vallauris 1948-1953, New-York, Pointed Leaf Press, , p. 144
  9. a et b Sylvie Vauthier, Picasso/Picault Picault/Picasso, un moment magique à Vallauris 1948-1953, New-York, Pointed Leaf Press, , p. 209
  10. Sylvie Vauthier, Picasso/Picault Picault/Picasso, un moment magique à Vallauris, 1948-1953, New-York, Pointed Leaf Press, , p. 93
  11. Sylvie Vauthier, Picasso/Picault un moment magique à Vallauris, 1948-1953, New-York, Pointed Leaf Press, , p. 90,91
  12. Sylvie Vauthier, Picasso/Picault Picault/Picasso, un moment magique à Vallauris 1948-1953, New-York, Pointed Leaf Press, , p. 202
  13. a et b « New skin for the old ceremony, céramiques de Robert Picault », sur galerie stimmung (consulté le )
  14. a et b Sylvie Vauthier, Picasso/Picault Picault/Picasso, un moment magique à Vallauris 1948-1953, New-York, Pointed Leaf Press, , p. 168
  15. Androula Michael, « Sylvie Vautier, Picasso/Picault, Picault/Picasso : un moment magique à Vallauris 1948-1953 », Critique d’art. Actualité internationale de la littérature critique sur l’art contemporain,‎ (ISSN 1246-8258, DOI 10.4000/critiquedart.25627, lire en ligne, consulté le )
  16. Sylvie Vauthier, Picasso/Picault Picault/Picasso, un moment magique à Vallauris 1948-1943, New-York, Pointed Leaf Press, , p. 221,231
  17. John Richardson, Picasso and Françoise Gilot, Paris-Vallauris, 1943-1953, New-York, Gagosian Gallery, p. 196,202
  18. Sylvie Vauthier, Picasso/Picault Picault/Picasso, un moment magique à Vallauris 1958-1953, New-York, Pointed Leaf Press, , p. 227, 228
  19. Sylvie Vauthier, Picasso/Picault Picault/Picasso, un moment magique à Vallauris 1948-1953, New-York, Pointed Leaf Press, , p. 14
  20. « Réunion des Musées Nationaux-Grand Palais - Search Result », sur www.photo.rmn.fr (consulté le )
  21. « Vallauris, une ville d’art et d’argile », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  22. Sylvie Vauthier, Picasso/Picault Picault/Picasso, un moment magique à Vallauris 1948-1953, New-York, Pointed Leaf Press, , p. 162, 163
  23. a et b « PICAULT Robert - Céramique Magazine » (consulté le )
  24. dominique, « Robert Picault », sur Les Faïenceries de Longchamp, (consulté le )

Liens externes

[modifier | modifier le code]