Sophia Hayden

Sophia Hayden
Sophia Hayden en 1892.
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 84 ans)
WinthropVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Institut de technologie du Massachusetts
Jamaica Plain High School (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Activité
Œuvres principales

Sophia Hayden, née le à Santiago (Chili) et morte le à Winthrop (États-Unis) est une architecte américaine. Elle est la première femme diplômée en architecture au Massachusetts Institute of Technology (MIT)[1],[2],[3],[4].

Sophia Gregoria Hayden[5] naît à Santiago, au Chili. Sa mère, Elezena Fernandez, est d'origine chilienne, et son père, George Henry Hayden, est un dentiste américain originaire de Boston[6]. Sophia Hayden a une sœur et deux frères[7]. Quand elle a six ans, elle est envoyée à Jamaica Plain, dans la banlieue de Boston, pour vivre avec ses grands-parents paternels, George et Sophia Hayden, et poursuit son cursus à la Hillside School. Elle découvre son intérêt pour l'architecture au lycée West Roxbury, où elle est élève de 1883 à 1886. Après l'obtention de son diplôme, elle déménage avec sa famille à Richmond, en Virginie. Sophia Hayden retourne à Boston pour effectuer ses études supérieures. Elle sort diplômée du MIT en 1890, en architecture, avec une mention honorifique.

Études supérieures

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Sophia Hayden partage une salle de dessin avec Lois Howe (en)[8], une architecte proche d'elle au MIT[9]. Son travail est influencé par l'un de ses professeurs, Eugène Létang.

Après avoir terminé ses études, elle a visiblement eu des difficultés pour trouver une place d'apprentie architecte, du fait de son sexe. Elle accepte finalement un poste de professeure de dessin mécanique à Boston, dans le secondaire.

Plan du Woman's Building, conçu par Sophia Hayden.

Exposition universelle

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Photographie du Woman's Building lors de l'exposition universelle en 1893

Sophia Hayden est surtout connue pour la conception du Pavillon de la femme (Woman's Building)[10], réalisé dans le cadre de l'Exposition universelle de 1893 à Chicago. Elle n'a alors que 25 ans[11]. Le bâtiment est l'enjeu d'un concours de design architectural, le plus important pour les femmes à l'époque. Il doit accueillir des espaces d'exposition internationaux, présentant les réalisations de femmes par pays. Pour ce projet, Sophia Hayden s'inspire de son projet de thèse, un « Musée Renaissance des Beaux-Arts », qui prend la forme d'un grand bâtiment composé de deux espaces, avec des pavillons, plusieurs arches, des terrasses à colonnades, et d'autres caractéristiques classiques, qui tiennent compte de l'influence du style Beaux-Arts. Il est néanmoins critiqué, de nombreuses femmes se plaignant que leurs travaux soient exposés dans une structure séparée en deux espaces.

Sophia Hayden remporte le premier prix, parmi treize candidatures soumises par d'autres femmes architectes. Elle reçoit 1 000 $ pour son travail ; pour comparaison, les hommes architectes gagnaient à l'époque 10 000 $ pour concevoir des bâtiments du même type[12].

Pendant les travaux, l'idée initiale de Sophia Hayden est compromise par d'incessantes modifications exigées par le comité de construction, dirigé par la femme d'affaires et philanthrope américaine Bertha Palmer, qui exclut finalement Sophia Hayden du projet[13]. Elle assiste tout de même à l'inauguration, et publie la liste de ses soutiens, qui comprend des collègues architectes[14].

Sa frustration liée à ce projet sera utilisée pour illustrer la prétendue incapacité des femmes à superviser des travaux, bien que de nombreux architectes s'étaient positionnés en sa faveur. En fin de compte, Sophia Hayden reçoit un prix pour le Pavillon de la femme, qui souligne « la délicatesse de style, le goût artistique, l'harmonie et l'élégance de l'intérieur ». Dans les deux ans qui suivent, les bâtiments sont détruits, comme il est courant à la fin des expositions universelles. Elle arrête alors l'architecture.

En 1900, elle épouse le portraitiste William Blackstone Bennett à Winthrop, dans le Massachusetts. Son mari a déjà une fille, Jennie « Minnie » May Bennett. Le couple n'a pas d'enfant. William Bennett meurt d'une pneumonie le .

Bien que Sophia Hayden ait dessiné en 1894 un mémorial pour le mouvement des clubs féminins (en) américains, ce dernier ne fut jamais construit. Elle travaille ensuite comme artiste et poursuit une vie paisible à Winthrop. Elle décède en 1953 dans cette ville, dans une maison de repos, d'une pneumonie, après avoir eu un accident vasculaire cérébral.

Dans la culture populaire

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Sophia Hayden en 1888, au MIT.
  • Quelques pages du récit historique Le Diable dans la ville blanche d'Erik Larson lui sont consacrées, et donnent une idée des tensions qui régnaient entre Sophia Hayden, les autres architectes et le Board of Lady Managers (Conseil de direction des dames) de l'Expo 1893.
  • Sophia Hayden apparaît en tant que personnage dans le livre-jeu Escape Book : Hôtel mortel de Gauthier Wendling.
  • Sophia Hayden est jouée par Katherine Cunningham dans le onzième épisode de la série TV Timeless.

Références

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  1. (en) Joan Marter, The Grove encyclopedia of American art, Oxford, Oxford University Press, , 2608 p. (ISBN 978-0-19-533579-8 et 0-19-533579-1, lire en ligne)
  2. « Sophia Hayden Bennett (1868-1953) » [Online exhibition], MIT Museum Online Gallery. From Louis Sullivan to SOM: Boston Grads Go to Chicago, sur MIT Museum Online Gallery. From Louis Sullivan to SOM: Boston Grads Go to Chicago, Massachusetts Institute of Technology, (consulté le )
  3. « Sophia Hayden (later Bennett) », Cambridge Women's Heritage Project, sur Cambridge Women's Heritage Project, (consulté le )
  4. (en) Margaret Moore Booker, « Hayden (Bennett), Sophia (Gregoria) », sur Grove Art Online, Oxford Art Online, (consulté le )
  5. (en) Sarah Allaback, The First American Women Architects, Champaign, University of Illinois Press, , 94–96 p. (ISBN 978-0-252-03321-6, lire en ligne)
  6. Diane Boumenot, « Remembering Sophia Hayden Bennett, Part 1 » [Online family history], One Rhode Island Family: My Genealogical Adventures through 400 Years of Family History, sur One Rhode Island Family: My Genealogical Adventures through 400 Years of Family History, (consulté le )
  7. Dolores Hayden, Notable American Women : The Modern Period, Cambridge, Credo Reference, , 659 p., Web (ISBN 978-0-674-62734-5, lire en ligne), « HAYDEN, Sophia Gregoria, Oct. 17, 1868-Feb. 3, 1953 »
  8. « Lois Lilley Howe », Cambridge Women's Heritage Project, sur Cambridge Women's Heritage Project, (consulté le ) : « In 1893 she submitted an application, on Allen and Kenway letterhead with a recommendation from Robert Peabody, to build the Woman’s Building at the 1893 Chicago World’s Fair. Her former MIT classmate Sophia Hayden also entered the competition. Hayden won and Howe placed second. »
  9. Danuta Bois, « Sophia Hayden (1868-1953) » [Online compendium of biographies], Distinguished Women of Past and Present, sur Distinguished Women of Past and Present, (consulté le )
  10. (en) Margaret Moore Booker et Alana Hernandez, « Hayden (Bennett), Sophia », dans Oxford Art Online, Oxford University Press, (ISBN 978-1-884446-05-4, DOI 10.1093/gao/9781884446054.article.t2090312, lire en ligne)
  11. World's Columbian Exhibition, at Chicago,1492-1893-1892., Portland, Me, Chisholm Bros., , Book (lire en ligne)
  12. « IAWA database information for Sophia Hayden »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), International Archive of Women in Architecture (Biographical Database), sur International Archive of Women in Architecture (Biographical Database), University Libraries, Virginia Tech, (consulté le )
  13. Soodie Beasley, « Women in Design: Sophia Hayden (1868 - 1953) », Soodie Beasley (blog), sur Soodie Beasley (blog), (consulté le )
  14. The American Architect and Building News, Boston, James R. Osgood & Co, (lire en ligne)

Bibliographie

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  • Allaback, Sarah; The First American Women Architects, Urbana: University of Illinois Press, 2008. p. 94-96. (ISBN 978-0-252-03321-6).
  • Ashby, Ruth, and Deborah G. Ohrn. "Sophia Hayden." Herstory: Women Who Changed the World. New York: Viking, 1995. (ISBN 978-0-670-85434-9).
  • Darney, Virginia Grant, Women and World's Fairs: American International Expositions, 1876-1904. Ann Arbor, Mich: UMI Dissertation Services, 1982. (OCLC 224428837)
  • Gullet, Gayle. "Our Great Opportunity": Organized Women Advance Women's Work at the World's Columbian Exposition of 1893. Illinois Historical Journal (Winter 1994). PDF edition. Illinois State Historical Society. (OCLC 40058087).
  • Hayden, William B. In Memoriam: Mrs. Sophia W. Hayden, 1819-1892. Boston: Massachusetts New-Church Union Press, 1893. Print. (OCLC 146403030).
  • Larson, Erik. The Devil in the White City: Murder, Magic, and Madness at the Fair That Changed America, Crown Publishers, 2003. (ISBN 978-0-609-60844-9).
  • Sicherman, Barbara, and Carol H. Green. “Hayden, Sophia Gregoria.” In Notable American Women: The Modern Period : a Biographical Dictionary. Cambridge, Mass: Belknap Press of Harvard University Press, 1980. (ISBN 978-0-674-62733-8).
  • Stern, Madeleine B. "Three American women firsts in architecture: Harriet Irwin, Louise Bethune, Sophia G. Hayden Science & technology : America's first woman telegrapher: Sarah G. Bagley." We the Women: Career Firsts of Nineteenth-Century America. New York: Schulte Pub. Co, 1963. (OCLC 382962)
  • Torre, Susana. "Sophia Hayden and the Woman's Building Competition / Judith Paine", Women in American Architecture: A Historic and Contemporary Perspective : a Publication and Exhibition Organized by the Architectural League of New York Through Its Archive of Women in Architecture. New York: Whitney Library of Design, 1977. (ISBN 978-0-8230-7485-3).
  • Weimann, Jeanne M. The Fair Women: the Story of the Woman's Building, World's Columbian Exposition, Chicago 1893. Chicago, Ill: Academy Chicago, 1981. (ISBN 978-0-89733-025-1).

Liens externes

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