Sources du Rhin
Le lac de Toma, dans le canton des Grisons en Suisse, est généralement considéré comme la source du Rhin. Cette convention officielle ne fait toutefois pas justice à la longueur réelle ni au débit effectif des cours d’eau constitutifs du Rhin en amont de Coire. La fixation de la source au lac de Toma est donc en partie due à des conventions et traditions historiques.
C’est à partir de la confluence des deux principaux cours d’eau constitutifs du bassin amont du Rhin, le Rhin antérieur et le Rhin postérieur, à Tamins-Reichenau, quelques kilomètres en amont de Coire, que le cours d’eau prend le nom de « Rhin » (plus précisément de « Rhin alpin » entre cette confluence et le lac de Constance en aval).
Localisation officielle
[modifier | modifier le code]L'Office fédéral de topographie et l'École polytechnique fédérale de Zurich indiquent comme source du Rhin un point situé au nord du lac de Toma, à l’embouchure du ruisseau Rein da Toma. Une plaque apposée à proximité indique la longueur totale du fleuve — d’ailleurs de manière erronée, puisque la longueur indiquée est de 1 320 km alors que la véritable longueur a maintenant été révisée à 1 232,7 km par la Commission internationale pour l'hydrologie du bassin du Rhin[1].
Situation géographique
[modifier | modifier le code]Le bassin versant du Rhin alpin draine l’essentiel du canton des Grisons[2], au sud-est de la Suisse. Les cinq plus gros cours d'eau du bassin sont le Rhin antérieur et le Rhin postérieur avec ses affluents, l'Albula, la Landwasser et la Julia. Les sources du Rhin antérieur et du Rhin postérieur se trouvent dans le massif du Saint-Gothard, celle des affluents de ce dernier dans la chaîne de l'Albula[3].
- Le Rhin antérieur comporte plusieurs sources dans l'ouest de la région de Surselva, et coule vers l'est, irriguant cette vallée large et peuplée, de langue romanche. Certains des affluents du Rhin antérieur sont presque aussi longs voire plus longs que la branche principale. De l’aval vers l’amont, mesurés depuis leurs sources respectives jusqu’à la confluence avec le Rhin postérieur à Reichenau[a]) :
- Deux cours d’eau anonymes originaires des zones de Puozas et de Milez près du col de l'Oberalp
- le Rein da Tuma (de), y compris le lac de Toma, où se situe la source officielle : 71 km ;
- le Aua da Val : 70 km
- le Rein da Maighels (de) (affluent du Rein da Curnera (de)) : 75 km
- le Rein da Curnera (de) : 74 km
- le Rein da Nalps : 71 km
- le Rein da Medel (de), qui prend sa source dans le canton du Tessin où il est connu sous le nom de Reno di Medel ou de Froda : 76 km
- le Rein da Sumvitg (de) : 56 km (estimation), dont 18 km de cours avant le confluent des deux Rhins.
- le Glogn : environ 50 km, dont 30 km avant le confluent des deux Rhins ;
- le Rabiusa : environ 40 km dont 32,5 km avant le confluent des deux Rhins.
- Le Rhin postérieur prend sa source sur les flancs du Rheinwaldhorn dans le massif de l'Adula, puis coule vers l'est avant d'obliquer vers le nord pour rejoindre le Rhin antérieur à Reichenau sur la commune de Tamins. Il a pour affluent l'Albula. L'Albula est lui-même alimenté par la Julia et la Landwasser. La source de l'Albula se situe à Bergün/Bravuogn, celle de la Julia au-dessus de Bivio au col du Julier et celles de la Landwasser dans la vallée de Davos. Le Dischmabach, qui prend sa source sur la commune de Davos et se jette dans la Landwasser a lui aussi un parcours plus long que le Rein da Tuma (de), de l'ordre de 72 km avant le confluent des deux Rhins.
Donc, le bras géographiquement plus long est le Rein da Medel (de) ou Reno di Medel, qui prend sa source sur la commune de Quinto dans le Tessin. La partie supérieure de son cours suit le Val Cadlimo d’ouest en est sur 7 km, et s’oriente ensuite au nord pour entrer dans le canton des Grisons à l'ouest du col du Lukmanier.
Conventions sous-jacentes à la fixation du lieu de la source officielle
[modifier | modifier le code]Critères pour distinguer cours d’eau principal et affluents
[modifier | modifier le code]Il existe différents critères pour la définition des affluents, et en fonction de ces choix, un cours d'eau ou un autre peut fournir la source du fleuve. Ce sont :
- la longueur du cours ;
- le débit apparent ;
- le plus grand bassin versant ;
- la plus grande source ;
- l'importance relative des vallées en termes d'espace habitable et de transport.
Alors que les deux premiers critères ont été historiquement difficiles à utiliser parce qu'il y a beaucoup de sources de taille similaire dans le système hydrologique des Rhin antérieur et postérieur, les deux derniers critères sont très favorables au Rhin antérieur, la vallée du Rhin postérieur n’ayant été que très peu habitée avant l'immigration des Walsers.
Choix faits dans la fixation de la source du Rhin
[modifier | modifier le code]La décision de fixer la source du Rhin au lac de Toma repose sur trois décisions préalables :
- utiliser un critère de longueur de cours plutôt que de débit. Le débit de l'Aar est en effet supérieur à celui du Rhin à leur confluent. Si l'on retenait ce seul critère, c'est l'Aar qui devrait être le fleuve et le Rhin, l'affluent.
- privilégier le Rhin antérieur sur le Rhin postérieur : ce second cours d’eau qui prend sa source plus au sud rejoint le cours d’eau issu du lac de Toma, nommé Rhin antérieur à Reichenau, commune de Tamins[a], quelques kilomètres en amont de Coire. Aucune hiérarchie claire ne peut être établie entre ces deux systèmes principaux, qui ne diffèrent que très légèrement par leur longueur, leur débit et la taille de leur bassin versant. Les cours les plus longs se trouvent dans la vallée du Rhin antérieur et dans la vallée d’un autre sous-affluent, la Landwasser supérieure, le débit principal proviendrait du Dischmabach, affluent de la Landwasser.
- ne pas tenir compte des petits cours d’eau contributeurs à l’alimentation du lac de Toma. En effet, de nombreux contributeurs participent à l’alimentation de ce lac dont le bassin versant comporte de nombreux ruisseaux ou torrents parfois anonymes, des zones marécageuses ou des résurgences de nappes aquifères souterraines. Parmi elles, un ruisseau appelé Rein da Tuma, qui forme ensuite le Rhin antérieur. Une partie de ses eaux sont canalisées vers le Lai da Curnera, lac de barrage qui alimente la centrale électrique de Tanavasa, pour restituer les eaux au fleuve à la hauteur de Ilanz.
Toponymie
[modifier | modifier le code]Dans la région de la source du Rhin, le mot « Rhin » fait partie du nom de plusieurs rivières, avec de nombreuses orthographes différentes, comme Rhein, Rein, Rain, Ragn, Ren, Reno et Rin[4].
C’est à partir de la confluence entre le Rhin antérieur et le Rhin supérieur que le cours d’eau prend le simple nom de « Rhin » ; néanmoins la portion du fleuve, comprise entre cette confluence et le lac de Constance en aval, est communément appelée « Rhin alpin » (en allemand : Alpenrhein).
Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- Reichenau est un site historique situé à la confluence des deux Rhin, et un hameau de la commune de Tamins. Le confluent est aussi revendiqué par la commune de Bonaduz, voisine immédiate de la précédente. Les deux communes jouxtent le confluent, Tamins par l'amont, et Bonaduz par l'aval.
Références
[modifier | modifier le code]- L’erreur initiale semble provenir d’une inversion dans les chiffres à la suite d'un mastic dans une source primaire, reproduite ensuite dans de nombreuses publications. (de) « Ein banaler Zahlendreher », Süddeutsche Zeitung,
- Seuls les 4 des régions du canton des Grisons (Bernina, Engiadina Bassa/Val Müstair, Maloja et Moesa, soit environ 40 % de la superficie du canton) n'appartiennent pas au bassin versant du Rhin. Voir aussi à ce sujet les pages Wikipedia en allemand de:Graubünden#Geographie#Wassergeographie ou de:Hydrographie der Schweiz# Fliessgewässer#Rhein
- Voir la page Wikipedia en allemand de:Hinterrhein.
- La toponymie du canton des Grisons reflète la diversité des langues allemande, romanche et italienne, dont différents dialectes sont parlés dans le canton et dans son environnement immédiat.
Annexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Armin Petrascheck, Ulrich von Blücher, Le Répertoire des cours d'eau et des lacs, élaboration scientifique achevée en 1994, dans l'Atlas hydraulogique de la Suisse, voir aussi les tableaux associés à la carte
- Oskar Bär: Geographie der Schweiz. Lehrmittelverlag des Kantons Zürich, Zürich 1973.
- Oscar Bär, Géographie de la Suisse, Vevey, Éditions Delta, [détail des éditions]