Syndicalisme réformiste
Le syndicalisme réformiste est une pratique syndicale qui tend à obtenir des avancées pour les salariés par le jeu du dialogue social (entre les employeurs et les organisations syndicales ou entre le gouvernement et les organisations syndicales).
Ce type de syndicalisme est aussi qualifié de syndicalisme cogestionnaire (ou syndicalisme de cogestion), de syndicalisme d'accompagnement, ou syndicalisme de salon, selon ses opposants, ou encore de « syndicalisme social-démocrate »[1].
Le terme réformiste est parfois contesté car on peut considérer qu'il s'agit d'une confiscation du terme par une école de pensée syndicale.
L'utilisation de ce terme aurait pour seul but, par effet ricochet, de dire que les autres formes de syndicalisme refusent toute réforme.
Le syndicalisme réformiste s'opposerait ainsi à ce que ses tenants appellent le « syndicalisme contestataire » mais aussi à d'autres appellations comme syndicalisme de lutte ou syndicalisme révolutionnaire, soupçonné de vouloir destabiliser la société
Cette distinction entre deux types de syndicalisme est notamment mise en avant par des médias et des politiques en plein, Mouvement social contre la loi Travail en France de 2016, caractérisés par des violences de rue de casseurs, mais elle critiquée par la plupart des acteurs syndicaux. Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force Ouvrière, syndicat accusé de ne pas être réformiste[2], avait alors réagi dans Le Monde du 30 mars 2016[3],[2] en soulignant que Force Ouvrière est "pour un syndicalisme réformiste"[2] et en dénonçant une vision "simpliste"[2] car "l’opposition réformiste/contestataire ne peut pas décrire le syndicalisme"[2] et en soulignant qu'elle est utilisée par "des ministres" souhaitant disqualifier les syndicats s'opposant au projet de loi[2].
Historique
[modifier | modifier le code]Le syndicalisme réformiste a plusieurs origines :
- le réformisme politique socialiste qui vise à la transformation sociale progressive par la loi ;
- le syndicalisme chrétien qui refuse par principe la logique de lutte des classes.
Même si la CFDT avait déjà opéré un "recentrage" dès la fin des années 1970, à partir de 2002, le concept de « Syndicalisme réformiste » devient très présent dans les discours et positionnements de ce syndicat[4]. Son nouveau secrétaire général François Chérèque, élu en 2002, y fait plusieurs fois référence dans une série de tribunes dans la presse, notamment en 2003[5] puis un livre[6] et l'inscrit au programme des débats de l'université d’été de la CFDT en 2004.
Moyens d'action
[modifier | modifier le code]Dans le cadre du rapport de force, le syndicalisme réformiste dispose de plusieurs formes d'actions qui sont complémentaires et se combinent :
- Rassembler un nombre important d'adhérents afin de peser sur la société (syndicalisme de masse).
- Ne pas exclure la grève mais ne désirant la mettre en pratique que dans des cas extrêmes, une telle approche estime que la simple menace de grève peut établir le rapport de force nécessaire aux négociations.
- la négociation avec le patronat, soit lors de rencontres régulières (d'où le terme de syndicalisme de salon) soit lors d'une période de tensions (autour de la grève).
Organisations en France
[modifier | modifier le code]Parmi les organisations syndicales françaises réputées réformistes on trouve :
- la Confédération française démocratique du travail (CFDT)[7],
- l'Union nationale des syndicats autonomes (UNSA)[8],
- la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC)[9],[10],
- la Confédération française de l'encadrement - Confédération générale des cadres (CFE-CGC)[11].
D'autres organisations sont associées aussi au réformisme, avec à certaines époques des points de vue différents:
- Force ouvrière serait passée d'une pratique syndicale largement réformiste à une pratique davantage ancrée dans l'affrontement mais elle a réfuté cette présentation, jugée abusive[2] et se déclare réformiste[2].
- La Confédération générale du travail (CGT), depuis l'arrivée à la tête de Bernard Thibault en 1999 évolue vers un syndicalisme réformiste, cependant contesté en interne[12]. Le bilan publié chaque année par le ministère du Travail de la négociation collective en France indique que la CGT signait en 2015 84% des accords d'entreprise là où elle est présente[13],[14], proportion légèrement moins élevée que les 94% de la CFDT[14],[13]. Même ses détracteurs ne parlent plus de "syndicalisme révolutionnaire" mais de "syndicalisme contestataire"[13].
Organisations en Belgique
[modifier | modifier le code]- la FGTB. Le renardisme peut être considéré comme une forme de réformisme syndical.
Autres formes de syndicalisme
[modifier | modifier le code]- Syndicalisme d'affaire
- Syndicalisme révolutionnaire
- Syndicalisme de lutte
- Syndicalisme jaune
- Syndicalisme chrétien
- Anarcho-syndicalisme
Notes et références
[modifier | modifier le code]- C'est le terme retenu par Dominique Labbé
- "Pour un syndicalisme réformiste", par Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force Ouvrière, dans le journal de Force Ouvrière le 1er avril 2016 [1]
- "Pour un syndicalisme réformiste", par Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force Ouvrière, dans Le Monde du 30 mars 2016 [2]
- « Réformisme » de la CFDT, de quoi parle-t-on au juste ?, article de Pierre Hureau et André Servais, dans la revue Mouvements en 2006 [3]
- « Réformistes à vos marques », dans Le Monde par François Chérèque le 03/09/2003 [4]
- "Réformiste et impatient" par François Chérèque, Editions Le Seuil, 2005
- Guy Groux, « La CFDT ou comment être réformiste dans une société tendue », sur Telos,
- « En bonne forme, l'Unsa va confirmer à son congrès l'ancrage réformiste », sur L'Express,
- Marion d’Allard, « La CFDT tente de rassembler les syndicats « réformistes » », sur L'Humanité,
- Derek Perrotte, « Représentativité syndicale: la CFTC sauvée, les réformistes majoritaires », sur Les Échos,
- « Carole Couvert (CFE-CGC) : “Une organisation réformiste et militante” », sur Le Bien public,
- "CGT Le Reste vs Thibault : un syndicat, deux voix, deux stratégies", par Gilles Bridier, article centré dans Slate le 12 septembre 2010[5]
- "Le lent déclin de la CGT et du syndicalisme contestataire" par Cécile Crouzel, dans Le Figaro le 12/12/2018 [6]
- "La CGT signe toujours autant d'accords dans les entreprises", article par Leïla de Comarmond le 23 sept. 2016 dans Les Échos le [7]