Vocabulaire des croisades et de la Reconquista

Carte des États latins d'Orient, qui furent aussi nommés États francs du Levant en leur temps ; face aux franjj se trouvaient les redoutables Hashshâshîn — la zone d'influence de ces opposants se trouvait aux alentours de Masyaf (colorée en blanc entre la principauté d'Antioche et le comté de Tripoli).

Le vocabulaire des croisades et de la Reconquista comprend un certain nombre de termes spécifiques à cette époque de conflits de religion.

Proche-Orient

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Entre 1095 et 1291 le Proche-Orient vit s'opposer croisés catholiques, byzantins orthodoxes et arabes ou turcs musulmans. Les dénominations apparues dans cet espace-temps et leur usages reflètent les revendications des chrétientés rivales d'Occident et d'Orient concernant la légitimité de l'héritage politique et religieux romain : l'Occident et l'Église de Rome se qualifient de « latins » et dénomment « grecs » les chrétiens orientaux (non sans mishellénisme) tandis que les chrétiens orientaux se qualifient de Romées et dénomment « Francs » les chrétiens catholiques, suivis en cela par les musulmans.

Convaincu d'être le seul à détenir la vraie foi, chaque groupe qualifiait en outre les deux autres d'« hérétiques », « mécréants » ou « infidèles ». Ces qualificatifs étaient également appliqués aux juifs locaux, romaniotes de langue yévanique ou mizrahites de langue mizrahique.

Terminologie pendant les croisades et dans les États latins d'Orient

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  • Termes utilisés par les sources byzantines :
    • « francs » (Φράγγοι) : occidentaux (le français était la lingua franca des croisades).
    • Romioi (Ῥωμαίοι, Romées) : les Romains d'Orient[2].
    • « Saracènes » (Σαρακηνοί) : musulmans, selon la forme grecque Σαρακηνός du mot arabe sharqiyyin et par analogie avec les Saracènes bibliques.
  • Termes utilisés par les sources musulmanes :
    • « faranja » (adj. pl. فرنجة) : forme arabe de francs.
      • Plus tard et par métonymie, le mot franc a fini, en Orient, par désigner tous les occidentaux, catholiques ou non (comme dans le cas du marchand Jacob Lejbowicz, surnommé Jacob Frank).
    • « rūm », « roum » ou « roumi » (روم) : les byzantins, car jusqu'en 1557 l'adjectif « byzantin » n'existait pas, le nom officiel étant Empire romain d'Orient. Le mot arabe roumi a fini par désigner tous les chrétiens indifféremment de leur obédience[3].

Péninsule ibérique

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La Reconquista se déroule dans la péninsule Ibérique entre 711 et 1492. Ici aussi trois religions monothéistes sont en présence (chrétiens, musulmans, juifs) mais deux seulement se disputent le pouvoir politique et s'affrontent militairement (chrétiens et musulmans) ; ici aussi chaque groupe est convaincu de détenir la seule vraie foi.

Terminologie pendant et à l'issue la Reconquête ibérique

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Usage des noms composés

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Les noms composés modernes se référant aux personnes ou au pays, qui sont connotés par leur évocation du mélange, et reflètent mal en cela la diversité d'Al-Andalus, peuplé d'origines aussi diverses que d'Africains et de Syriens, compte tenu de la multitude des pays concernés par la conquête musulmane faisant suite à l'hégire.

  • arabo-berbère, arabo-musulman, hispano-arabe (population arabo-berbère installée en Espagne), hispano-mauresque (art), arabo-andalou ou arabo-espagnol (moins courant).

En outre, dans l'aire géographique où coexistèrent des États de confession musulmane et d'autres de confession chrétienne survivants de l'Espagne wisigothe, il était d'usage courant qu'un intervenant, qui passait la frontière pour offrir ses services à l'un ou l'autre des royaumes, soit connu sous un nom arabe et un nom chrétien, parfois de consonance gothique.

Le plus connu d'entre eux est le cid Campeador ou sidi Roudrigh (سد ردرع).

Notes et références

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  1. Hervé Bleuchot, Droit musulman, tome I (Histoires), Presses universitaires d'Aix-Marseille, 2000, p. 39-49
  2. Clifton R. Fox, (en) What, if anything, is a Byzantine ?, Lone Star College, Tomball 1996 : [1] vu le 21 oct. 2009
  3. Amin Maalouf, Les Croisades vues par les Arabes, éd. J.-C. Lattès, Paris 1992, (ISBN 2290119164)
  4. D’où le titre du Libro de le uxanze e statuti de lo Imperio de Romania, traité de droit féodal des États latins d'Orient établis sur les terres de Romanie, cité par Antoine Bon, La Morée franque : recherches historiques, topographiques et archéologiques sur la principauté d’Achaïe, De Boccard, Paris 1969.
  5. (en) Alexander Kazhdan (dir.), Oxford Dictionary of Byzantium, New York et Oxford, Oxford University Press, , 1re éd., 3 tom. (ISBN 978-0-19-504652-6 et 0-19-504652-8, LCCN 90023208) p. 1805
  6. H. K., Description géographique et historique de la Turquie d'Europe, Paris, 1828
  7. Amin Maalouf, Les Croisades vues par les Arabes, éd. J.-C. Lattès, Paris, 1992 (ISBN 2290119164) cité ici
  8. Xavier Hélary, « Les intégrismes », Historia [2]
  9. Usâma ibn Munqidh (1095-1188), Les enseignements de la vie, souvenirs d'un gentilhomme syrien, traduction d'André Miquel, Éd Imprimerie nationale, (ISBN 2-11-080785-7), p. 277 note no 18
  10. Le malentendu n'a pas disparu au XXIe siècle : en décembre 2020, l'arbitre roumain Sebastian Colțescu parlant à un de ses compatriotes a prononcé dans sa langue le mot negru (« noir »), entendu par Pierre Webó comme négro ; les joueurs des deux équipes quittèrent le terrain et la partie de football fut interrompue ; l'enquête dissipa rapidement le malentendu, Colțescu et Webó se serrèrent la main, mais, médiatiquement lynché comme « raciste », Colțescu fut tout de même suspendu pour la saison pour « comportement inapproprié ayant mené à l'interruption d'un match » : (en-US) « Despite 'inappropriate behavior,' UEFA clears officials of alleged racist abuse during Champions League game », sur CNN (consulté le )
  11. Article « Cafre » CAFRE, CAFFRE du Trésor de la Langue Française informatisé.
  12. Émile Littré (dir.), art. « Guèbre » dans le Dictionnaire de la langue française, 1872–1877 - [3].