Échiquier de Charlemagne
No d’inventaire | Inv.55.311, Inv.55.323 |
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L'échiquier de Charlemagne est un ensemble de pièces d'échecs en ivoire datant de la fin du XIe siècle. Conservées initialement dans le trésor de Saint-Denis, les pièces restantes sont actuellement exposées au Cabinet des médailles, à Paris, en France.
Description
[modifier | modifier le code]Les pièces du jeu sont taillées dans des blocs d'ivoire, rehaussées d'or et comportant des traces de peinture rouge. Elles ne sont pas destinées à être manipulées : les pièces mesurent jusqu'à plus de 15 cm et les rois pèsent près d'1 kg. L'échiquier de Charlemagne est essentiellement un jeu d'apparat.
Seules seize pièces sont conservées (un jeu d'échecs complet comporte trente-deux pièces, dont seize pions) :
- deux rois ;
- deux dames ;
- trois quadriges (tours) ;
- quatre cavaliers ;
- quatre éléphants (fous) ;
- un fantassin (pion).
- Cavalier avec écu pointu.
- Cavalier avec bouclier rond.
- Quadrige (ancêtre de la tour).
- Roi.
- Éléphant (ancêtre du fou).
- Éléphant (ancêtre du fou).
Historique
[modifier | modifier le code]Ce jeu d'échecs tire son nom de la légende selon laquelle il fait partie d'une série de cadeaux faits à Charlemagne par Haroun ar-Rachid, calife abbasside de Bagdad[1]. Le fait que l'on ait des éléphants à la place des fous, et des quadriges à la place des tours, dénote une version du jeu encore proche du Chatrang perso-arabe, lui-même, comme son nom l'indique, basé sur le Chaturanga indien (mot composé sanskrit signifiant les « Quatre Corps » de l'art de la guerre traditionnel : fantassins, cavaliers, chars et éléphants).
Néanmoins, ces pièces apparaissent postérieures de trois siècles à Charlemagne[2]. Elles furent réalisées entre et , probablement en Italie du Sud dans les environs de Salerne. Leur équipement de type normand correspond bien avec cette datation : cette époque correspond à la conquête de l'Italie du Sud par les Normands et cette localisation à la confluence des aires culturelles normandes et arabes[3]. Leur commanditaire est inconnu.
L'échiquier est entreposé dans le trésor de Saint-Denis. On ignore s'il y eut un jour les trente-deux pièces. Un inventaire du début du XVIe siècle en comptait trente et en , vingt-trois pièces furent inventoriées[4],[3]. En , après la confiscation des biens du clergé, les seize pièces restantes sont entreposées au Cabinet des médailles de la Bibliothèque nationale. Actuellement, elles sont exposées au musée du département des Monnaies, Médailles et Antiques, situé rue de Richelieu à Paris.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Mehl 1993, p. 423.
- « Le jeu d'échecs dit « de Charlemagne » », sur Classes, site pédagogique de la BnF (version du sur Internet Archive).
- Jean-Louis Cazaux, « The so-called Charlemagne Chessmen », sur history.chess.free.fr, (consulté le ).
- Blaise de Montesquiou-Fézensac et Danielle Gaborit-Chopin, Le Trésor de Saint-Denis, t. III : Planches et notices, Paris, A. et J. Picard, , XI-169 p. (ISBN 2-7084-0008-8), p. 73–74
Annexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]Sources anciennes :
- Barthélemy de Basterot, chap. 1.III.§ 1 « Jeu d'Échecs dit de Charlemagne, conservé à la Bibliothèque nationale », dans Traité élémentaire du jeu des échecs : exposé d'après une méthode nouvelle pour en faciliter l'étude, précédé de mélanges historiques, anecdotiques et littéraires, Paris, Allouard et Kaeppelin, , 1re éd., 372 p. (BNF 31771472), p. 51–54 [lire en ligne].
- Barthélemy de Basterot, chap. 1.IV.§ 1 « Jeu d'Échecs, dit de Charlemagne, conservé à la Bibliothèque impériale à Paris », dans Traité élémentaire du jeu des échecs : avec cent parties des joueurs les plus célèbres, précédé de mélanges historiques, anecdotiques et littéraires, Paris, A. Allouard, , 2e éd., 507 p. (BNF 30064824), p. 87–96 [lire en ligne].
Sources contemporaines :
- Michel Pastoureau, L'échiquier de Charlemagne : Un jeu pour ne pas jouer, Paris, Adam Biro, coll. « 1/1 », , 63 p. (ISBN 2-87660-070-6).
- Jean-Michel Mehl, « Michel Pastoureau. — L'échiquier de Charlemagne : un jeu pour ne pas jouer, 1990 », Cahiers de civilisation médiévale, CESCM, vol. 36, no 144, , p. 423–424 (lire en ligne).
- Danièle Alexandre-Bidon, « Michel Pastoureau et al., Pièces d'échec, catalogue d'exposition ; Michel Pastoureau, L'échiquier de Charlemagne. Un jeu pour ne pas jouer », Annales. Histoire, Sciences sociales, vol. 51, no 1, , p. 144–145 (lire en ligne).
- (en) Lucinia Speciale, chap. 9 « Game of Thrones : The Chess Set of Charlemagne in Context », dans Michele Bacci (en) (dir.), Manuela Studer-Karlen (dir.) et Mirko Vagnoni (dir.), Meanings and Functions of the Ruler's Image in the Mediterranean World (11th – 15th Centuries) (issu d'une conférence tenue à l'Université de Fribourg, – , dans le cadre du projet Royal Epiphanies. The King's Body as Image and Its Mise-en-scène in the Medieval Mediterranean (centuries 12th-14th) du FNS), Leyde et Boston, Brill, coll. « The Medieval Mediterranean » (no 130), , XX-554 p. (ISBN 978-90-04-51149-1 et 978-90-04-51158-3, DOI 10.1163/9789004511583_011), p. 329–364.