Église Saint-Pierre de Gatteville-le-Phare

Église Saint-Pierre de Gatteville-le-Phare
Clocher roman de l'église, vu du sud-ouest.
Présentation
Type
Fondation
XIe siècle, XVe siècleVoir et modifier les données sur Wikidata
Diocèse
Paroisse
Paroisse de Julie-Postel (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Style
Restauration
XVIIIe siècle-XIXe siècleVoir et modifier les données sur Wikidata
Religion
Usage
Patrimonialité
Inscrit MH (église en )
Classé MH (clocher en )Voir et modifier les données sur Wikidata
Localisation
Localisation
Coordonnées
Carte

L'église Saint-Pierre de Gatteville-le-Phare est un édifice catholique, dont l'origine remonte au moins à la première moitié du XIe siècle, qui se dresse sur le territoire de la commune française de Gatteville-le-Phare, dans le département de la Manche, en région Normandie.

L'église est totalement protégée aux monuments historiques.

Localisation

[modifier | modifier le code]

L'église Saint-Pierre est située dans la commune de Gatteville-le-Phare, dans le département français de la Manche.

Vue générale de l'église.

En 1181, Henri II donne les églises de Barfleur et de Gatteville à l'abbaye Notre-Dame du Vœu de Cherbourg[1].

Dès le milieu du XIIe siècle, le couple de sanctuaire, église et chapelle, est attestée par une charte, d'Hugues d'Amiens, archevêque de Rouen (1129-1164), au profit de l'abbé Gauthier Ier, confirmant les possessions de l'abbaye de Montebourg, dans laquelle est mentionnée l'église avec la chapelle et tous ses revenus (ecclesiam de Gateuilla cum capella et omnibus pertinenciis)[2].

Au XVe siècle, la famille de Hennot, anoblie en 1509[note 1], seigneur de Denneville et en possession du manoir du Broc, fait construire la grande chapelle, qui ouvre sur le face sud du chœur et qui porte le nom de chapelle de Denneville, titre sous lequel sont désignés les de Hennot de Gatteville. Les seigneurs de Denneville avaient droit de séance et de sépulture dans cette chapelle dédiée à la Sainte Trinité dont leurs armes, grattée en 1793, figurent à la clef de voûte[4].

Au XVIIIe siècle, le curé Jean Charles Louis de Ciaron fait reconstruire entièrement la nef, et le clocher alors trop bas est secondé par une tour massive en granit coiffée d'une sorte de guérite avec un toit pointu[5].

Le chœur sera reconstruit en 1868, ainsi que la nef en 1876 dans un style néogothique très en vogue à cette époque. L'autel sera consacré par Mgr Abel-Anastase Germain, évêque de Coutances, le [5].

En 1908, Georges Moteley la représente sur une huile sur toile léguée par Hippolyte Mars au musée Thomas-Henry de Cherbourg en 1959[6].

Description

[modifier | modifier le code]

L'église des XVe – XVIIIe siècles, placée sous le vocable de saint Pierre, avec son propre clocher bâti en 1766 côté nord[7], a conservé sur son flanc sud, contre la première travée du chœur, le vieux clocher en bâtière roman de l'ancienne église[note 2] de la première moitié ou milieu du XIe siècle construit en moellons de granit liés au mortier de chaux[7], et le mur du chevet, bâti en grosses pierres, où l'on voit encore le cintre, décoré de dents de scie, d'une large baie absidiale[8],[note 3]. Le clocher roman, haut de trois niveaux marqués par des retraits successifs, est au deuxième étage percées d'étroites baies géminées et sa toiture repose sur un encorbellement qui date vraisemblablement, malgré des traces de remaniements, de la construction d'origine. Au rez-de-chaussée, des arcs bandés renforçant la construction permettent d'alléger les murs. Côté sud, on peut voir une petite fenêtre percée dans l'épaisseur d'un contrefort plat[note 4].

La nef a été reconstruite au XIXe siècle, la façade datant du XVIIIe siècle[9].

Dans le cimetière, de nos jours désaffecté, il reste quelques pierres tombales du XIXe siècle, ainsi qu'une croix hosannière en granite, et un vieil if[9].

Située à proximité, la chapelle des marins ou Notre-Dame de Bon-Secours, d'origine romane, avec en ex-voto, les restes d'un trois-mâts, qui s'est échoué, en 1860, au large de la paroisse[8].

Protection aux monuments historiques

[modifier | modifier le code]

Au titre des monuments historiques[10] :

  • le clocher roman est classé par arrêté du  ;
  • l'église sauf le clocher classé et inscrite par arrêté du .

L'église abrite une Vierge à l'Enfant, du XVIe siècle, d'inspirations picardes et flamandes, qui appartient à une même communauté stylistique que les Vierges à l'Enfant de Saint-Germain-sur-Ay, du Vrétot ou d'Orglandes[11], et, dans la chapelle de Denneville[note 5] du XVe siècle, située dans le transept sud, une statue de saint Pierre du XVe siècle, une tour liturgique en pierre du XVe siècle et une armoire murale également du XVe siècle[9].

La perque (arc triomphal) est décorée par deux gueules de monstres présentant des dents acérées. Une toile, L'adoration des bergers, vestige de l'ornementation de l'ancien maître-autel, a été restaurée par Guillaume Fouace (1837-1895).

Toujours à l'intérieur, sur un bloc de pierre déposé, sont apposées les armoiries de la famille de Hennot, de gueules au croissant d'argent accompagné de trois étoiles d'or 2 en chef et 1 en pointe. L'écu est surmonté d'un casque morné (visière abaissée) tourné vers senestre, signe de bâtardise[4]. On retrouve le blason de cette famille sur un vitrail de la chapelle.

Sur la cloche sont gravés les armes et les titres de Jacques-François-Léonor Goyon de Matignon[12], et sous le clocher neuf, une inscription, en style rocaille, rappelant la construction de ce dernier, grâce aux dons de « Maître Nicolas Gratian Le Brun, prestre de ce lieu », en 1766[9].

Parmi les œuvres classées au titre objet aux monuments historiques, figurent : une statue de saint Martin (XVe siècle), un groupe sculpté de la Trinité (XVIe siècle) et un tabernacle (XVe siècle)[13].

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. La famille de Hennot, aujourd'hui éteinte, occupa une place de premier plan dans la noblesse du Cotentin et notamment dans le Val de Saire. Elle fut anoblie en 1509, en la personne de Nicolas de Hennot, fils de Jean de Hennot, seigneur du lieu et de Françoise Symon[3].
  2. Il est considéré comme l'un des plus anciens clochers romans conservés dans la presqu'île du Cotentin. On pense également qu'il ait pu servir d'amer pour les navigateurs ; a comparer avec les clochers anciens (milieu du XIe et fin du Xe siècle) de Vauville et de la chapelle Saint-Germain de Querqueville, ouvrage construits en bordure du littoral ayant la vocation de repère[7].
  3. Cette église fut mise sous le patronage de Saint-Pierre et de Saint-Lubin.
  4. Jugé comme exceptionnelle dans le nord-ouest de la France.
  5. Ancienne chapelle des seigneurs de Denneville, et notamment de la famille de Hennot.

Références

[modifier | modifier le code]
  1. Jeanine Bavay, « Barfleur », Vikland, la revue du Cotentin, no 7,‎ octobre-novembre-décembre 2013, p. 17 (ISSN 0224-7992).
  2. Deshayes, Vikland n°6, p. 12.
  3. Georges Bernage, « Gatteville, hameaux et manoirs », Vikland, la revue du Cotentin, no 6,‎ juillet-août-septembre 2013, p. 17 (ISSN 0224-7992).
  4. a et b Université Inter-Âges de Basse-Normandie - Antenne de Cherbourg (préf. Rodolphe de Mons), Blasons armoriés du Clos du Cotentin, Condé-sur-Noireau, Éditions Charles Corlet, , 214 p. (ISBN 2-85480-543-7), p. 57.
  5. a et b Edmond Thin, Le Val de Saire : Trésors d'un jardin du Cotentin sur la mer, Éditions OREP, , 165 p. (ISBN 978-2-915762-82-2), p. 120.
  6. Notice du tableau exposé au musée (2024).
  7. a b et c Deshayes, Vikland n°6, p. 16.
  8. a et b Norbert Girard et Maurice Lecœur, Trésors du Cotentin : Architecture civile & art religieux, Mayenne, Éditions Isoète, , 296 p. (ISBN 978-2-913920-38-5), p. 113.
  9. a b c et d Deshayes, Vikland n°6, p. 15.
  10. « Église Saint-Pierre », notice no PA00110406, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  11. Girard et Lecœur 2005, p. 10.
  12. Blasons du Clos du Cotentin, 1996, p. 54.
  13. René Gautier et al. (préf. Jean-François Le Grand, postface Danièle Polvé-Montmasson), 601 communes et lieux de vie de la Manche : Le dictionnaire incontournable de notre patrimoine, Bayeux, Éditions Eurocibles, coll. « Inédits & Introuvables », , 704 p. (ISBN 978-2-35458-036-0), p. 213.

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie

[modifier | modifier le code]
  • Julien Deshayes, « L'église Saint-Pierre et la chapelle Notre-Dame de Gatteville, un couple de sanctuaires monastiques du haut Moyen Âge ? », Vikland, la revue du Cotentin, no 6,‎ juillet-août-septembre 2013, p. 12-16 (ISSN 0224-7992). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.

Articles connexes

[modifier | modifier le code]

Liens externes

[modifier | modifier le code]