Afro-Colombiens

Enfants afro-colombiens

Les Afro-Colombiens sont les habitants noirs de Colombie, descendants des esclaves venus d'Afrique pour servir de main-d’œuvre aux conquistadors espagnols. Libérés en 1851, ils représentent désormais[Quand ?] 9,34 %[1] de la population totale du pays selon le recensement démographique de 2018. Ils vivent surtout sur la côte occidentale et, dans une moindre mesure, sur la côte septentrionale.

Les arts, et en particulier la musique colombienne, ont reçu un apport important des Afro-Colombiens. La cumbia, le vallenato, le currulao (es) et la champeta sont des styles musicaux directement issus de la culture afro-colombienne.

Répartition

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Carte de répartition des Afro-Colombiens en Colombie.

Les Afro-Colombiens sont principalement présents sur les côtes Caraïbe et Pacifique. Le département ayant le taux le plus élevé d'Afro-Colombiens est celui de Chocó, avec 73,83 %[2].

Département Capitale Population totale (2018)[1] Afro-Colombiens (%)
 Chocó Quibdó 544 764 73,83
 San Andrés y Providencia San Andrés 63 692 55,64
 Cauca Popayán 1 491 937 19,74
 Nariño San Juan de Pasto 1 627 589 17,45
 Valle del Cauca Cali 4 532 152 17,09
 Bolívar Carthagène des Indes 2 180 976 16,73
 Cesar Valledupar 1 295 387 12,97
 Sucre Sincelejo 949 252 11,91
 Magdalena Santa Marta 1 427 026 8,42
 La Guajira Riohacha 965 718 7,32
 Córdoba Montería 1 828 947 6,58
 Atlántico Barranquilla 2 722 128 5,99
 Antioquia Medellín 6 677 930 5,22
 Arauca Arauca 294 206 4,20
 Guaviare San José del Guaviare 86 657 4,10
 Putumayo Mocoa 359 127 3,62
 Risaralda Pereira 961 055 1,99
 Casanare Yopal 435 195 1,61
 Caldas Manizales 1 018 453 1,59
 Caquetá Florencia (Caquetá) 410 521 1,41
 Quindío Armenia (Quindío) 555 401 1,18
 Santander Bucaramanga 2 280 908 1,13
 Guainía Inírida 50 636 1,04
 Meta Villavicencio 1 063 454 0,96
 Bogota D.C. Bogota 7 743 955 0,92
Drapeau du Vaupés Vaupés Mitú 44 712 0,77
 Vichada Puerto Carreño 112 958 0,76
 Amazonas Leticia 79 020 0,74
 Huila Neiva 1 122 622 0,50
 Cundinamarca Bogota 3 242 999 0,47
 Tolima Ibagué 1 339 998 0,42
 Norte de Santander Cúcuta 1 620 318 0,40
 Boyacá Tunja 1 242 731 0,38
Drapeau de la Colombie Colombie Bogota 50 372 424 9,34

Les villes ayant les plus fortes populations afro-colombiennes sont Cali (542 936), Carthagène des Indes (319 373), Buenaventura (271 141), Barranquilla (146 538), Medellín (137 988), Tumaco (129 491), Quibdó (100 007), Turbo (99 274), Bogota (97 885) et Riohacha (44 841).

C'est depuis Carthagène des Indes que furent amenés les esclaves vers les mines d'or d'Antioquia et du Chocó, dans la vallée du Cauca ainsi que dans la région du fleuve Magdalena. Jusqu'au milieu du XVIe siècle, les esclaves étaient des Wolofs originaires de l'actuel Sénégal, puis des Africains de l'Angola, du Congo, du Dahomey (le nom actuel du Bénin), du Ghana et de la côte Calabar. Comme dans toute l'Amérique latine, les esclaves n'acceptèrent jamais leur sort et se révoltèrent à de nombreuses reprises[3]. Lors de l'une des plus importantes révoltes, en 1529, les esclaves noirs détruisirent la ville de Santa Marta. Les esclaves libérés s'enfuyaient et fondaient plusieurs palenques, des villages fortifiés qui abritaient la communauté. Le palenque Castillo est en terre indienne près de Popayán. Les Espagnols l'attaquèrent fréquemment.

Au début du XVIIe siècle, l'esclave Benkos Biohó organise une armée de fugitifs dans les monts de María au sud de Carthagène. Il réussit à dominer toutes les montagnes de la Sierra María dans le département de Bolívar, son but étant de conquérir Carthagène. En 1605, Benkos Biohó et le Gouverneur de Carthagène, Suazo, signent un traité de paix qui reconnaît l’autonomie du Palenque de la Matuna. En 1608, il fonde Le palenque de San Basilio qui est encore aujourd'hui l'un des principaux lieux d'expression de la culture afro-colombienne. En 1621, il est fait prisonnier puis pendu et écartelé en place publique à Carthagène le [4].

Sur le plan politique, jusqu'au XXe siècle, les conservateurs focaliseront leur phobie sur les Afro-Colombiens jugés indignes de la civilisation européenne et blanche dont la Colombie se veut une digne représentante[5].

Personnalités

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Portrait de Juan José Nieto Gil, président noir de Colombie du 25 janvier au 18 juillet 1861.

La musique colombienne compte de nombreux représentants afro-colombiens. C'est le cas de Joe Arroyo, Piper pimienta, Wilson Saoko (es), Alejandro Durán, Totó la Momposina, Carolina Dijkhuizen, Leonor González Mina (es), Calixto Ochoa (es) ou Alexis Lozano (es), de même que Jairo Varela (es) et son groupe de salsa internationalement connu, le Grupo Niche.

En sport, c'est une haltérophile afro-colombienne, María Isabel Urrutia, qui aux Jeux olympiques d'été de 2000 de Sydney a permis à la Colombie de gagner sa première médaille d'or, tandis qu'Edgar Enrique Rentería a brillé dans les plus grandes équipes américaines de baseball. Des boxeurs tels Kid Pambelé ou Mambaco Pacheco ont été champions du monde.

En politique, Benkos Biohó fut un esclave du XVIe siècle en fuite perçu comme l'instigateur du premier mouvement noir de résistance au système colonial basé sur l'esclavage, tandis qu'un des présidents colombiens, Juan José Nieto Gil, était noir, contrairement à ce que laissent supposer certains portraits de lui. Plus récemment, la militante Francia Márquez, lauréate du prix Goldman pour l'environnement en 2018 pour son travail contre l'extraction illégale de l'or dans sa communauté de La Toma[6], est élue vice-présidente de la Colombie le 7 août 2022.

Références

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  1. a et b « Grupos étnicos información técnica », sur www.dane.gov.co (consulté le )
  2. « Censo General 2018 - Proyecciones departamentales de población 2018-2050 » [XLSX], sur Departamento Administrativo Nacional de Estadística
  3. Isabelle Leymarie, Du Tango au Reggae : Musiques noires d'Amérique latine et des Caraïbes, Flammarion, (ISBN 2 08 210813 9)
  4. « Ma Ngombe : guerreros y ganaderos en Palenque », sur banrepcultural.org (consulté le )
  5. Michel Gandilhon, La guerre des paysans en Colombie. De l'autodéfense agraire à la guérilla, Paris, Les nuits rouges, , p. 30-33
  6. (en-US) « Francia Márquez », sur Goldman Environmental Foundation (consulté le )

Articles connexes

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Liens externes

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