Antigone (Rotrou)

Antigone est une tragédie en cinq actes et en vers de Jean de Rotrou écrite en 1636 ou en 1637. Elle fut jouée pour la première fois à l’Hôtel de Bourgogne en 1637 mais ne fut publiée qu’en 1639.

C’est la troisième tragédie de Rotrou et sa seconde à sujet mythologique avec son Hercule mourant, publié en 1634 et adapté de l’Hercule sur l’Oeta, tragédie parfois attribuée à Sénèque. Ici, Rotrou a puisé son sujet dans l’Antigone de Sophocle et Les Phéniciennes d’Euripide, avec quelques traits de La Thébaïde (ou Les phéniciennes) de Sénèque.

Établissement du texte[modifier | modifier le code]

Un vers de l'édition originale a semblé faux, il manquerait une syllabe au premier hémistiche :

  • « Jocaste défaite ! ô destin inhumain ! »

On a pris l'habitude d'éditer ce vers avec une exclamation « Quoi ! » en tête de vers, de manière à remédier sans coût à cet inconvénient. En réalité, l'édition originale de 1639[1], ce qui est logique à l'époque, ne distingue pas le I et le J. C'est le nom « Iocaste » qui apparaît systématiquement dans la pièce. Il faut donc lire le vers avec un « I » en diérèse :

  • « Iocaste défaite ! ô destin inhumain ! »

À la différence d'autres publications, l'édition philologique des œuvres de Rotrou à la Société des textes français modernes a voulu revenir à l'édition du vers original, sans adjonction initiale de l'exclamation « Quoi ! ». Le problème vient de ce que l'édition moderne distingue tout de même les graphies du « J » et du « I ». Elle a donc opté pour la transcription « Jocaste » qui suppose un parti pris phonétique. Un exemple similaire sur le même mot se rencontre dans La Thébaïde de Racine, où le nom « Jocaste » entraîne une césure défectueuse, au moins, du point de vue de la versification française qui proscrit ce qu'on appelle la césure à l'italienne. Benoît de Cornulier a corrigé le vers de Racine en se fondant sur l'édition originale qui portait « Iocaste »[2]. Le vers original était orthographié :

  • « Polynice, Etéocle, Iocaste, Antigone, »

et devint avec l'apparition graphique du « J » :

  • « Polynice, Etéocle, Jocaste, Antigone, »

ce qui entraînait une césure en principe inimaginable sous la plume non seulement de Racine, mais de tout écrivain classique de Ronsard à Baudelaire : « Polynice, Etéo+cle, Jocaste, Antigone ».

Personnages[modifier | modifier le code]

  • Jocaste (ou Iocaste), mère d’Antigone.
  • Étéocle, prince de Thèbes et frère d’Antigone.
  • Polynice, frère d’Antigone.
  • Antigone, fille de Jocaste.
  • Ismène, sœur d’Antigone.
  • Adraste, beau-père de Polynice.
  • Argie, femme de Polynice.
  • Ménette, gentilhomme d’Argie.
  • Créon, père d’Hémon et roi de Thèbes.
  • Hémon, amant d’Antigone et fils de Créon
  • Éphise, seigneur de Thèbes.
  • Cléodamas, seigneur de Thèbes.
  • Capitaines grecs.

Composition de la pièce[modifier | modifier le code]

Les cinq actes de la pièce se décomposent comme suit :

  • Acte I : six scènes
  • Acte II : quatre scènes
  • Acte III : sept scènes
  • Acte IV : six scènes
  • Actes V : neuf scènes.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Consultable sur Gallica.
  2. Benoît de Cornulier, Théorie du vers, 1982, note 1, p.156: "Un tel vers est invraisemblable chez Racine [...] En l'occurrence, il faut supposer la prononciation à la grecque du nom grec I-ocaste, conformément à la graphie de la première édition (1664)".