Antoine (coiffeur)
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Nom de naissance | Antoni Cierplikowski |
Pseudonymes | Antoine, Antoine de Paris, Monsieur Antoine |
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Antoni Cierplikowski, appelé Antoine de Paris en Pologne et Monsieur Antoine ou simplement Antoine en France, est un coiffeur et homme d'affaires franco-polonais, né le à Sieradz et décédé le au même endroit. Il est surnommé « l'empereur des coiffeurs » pour avoir révolutionné au début du XXe siècle l'image de la femme avec la coupe à la garçonne de Coco Chanel.
Biographie
[modifier | modifier le code]« Monsieur Antoine », de son vrai nom Antoni Cierplikowski, fut le pionnier en France de la coiffure moderne, une industrie estimée aujourd'hui à 50 milliards de dollars par an à travers le monde. Outre sa coupe à la garçonne, image d'une femme indépendante, ses innovations allaient des shampooing pratiqués dans les salons jusqu'aux teintures capillaires non-organiques et les laques à cheveux à l'alcool et la gomme arabique.
Cierplikowski est né à Sieradz, fils cadet d'Antoni (cordonnier) et Joanna née Majchrzak (couturière). Il a quatre frères et sœurs plus âgés. À l'âge de 11 ans, il apprend les bases de la coiffure à Lodz dans un salon appartenant à des proches de la famille.
Paris
[modifier | modifier le code]Cierplikowski arrive à Paris en , à l'âge de 17 ans. Le à Londres, il épouse Berthe Astier. Fin 1909, le couple est de retour à Paris.
En 1912, Antoine ouvre son célèbre salon de coiffure au 5, rue Cambon à Paris et bientôt il se rend célèbre pour avoir « rajeuni » l'actrice quadragénaire Ève Lavallière en lui coupant pour la première fois les cheveux à la garçonne. Coco Chanel, dont l'atelier se trouve à un jet de pierre du salon de coiffure d'Antoine rue Cambon, en est charmée. Pendant les années folles le il lance dans la presse professionnelle une coupe à cheveux courts, la coupe « à la Jeanne d'Arc » qui sera adoptée par toutes les femmes modernes [1],[2], dont Louise Brooks sera la plus célèbre. En 1925, Antoine ouvre son premier salon de coiffure aux États-Unis, sur la très chic Cinquième Avenue de New York. Ses salons foisonneront ensuite à travers les États-Unis et vont s’étendre entre Paris, Tokyo, Melbourne et Vancouver[3]. En 1945 il y aura 121 salons Antoine.
Dans les années 1930, il publie le journal exclusif Antoine - Document pour la femme moderne, qui constitue le cœur de l'empire de beauté d'Antoine. Il dirige aussi une école qui forme les futurs employés des salons Antoine.
Son imagination, son inventivité et ses ambitions sculpturales, réveillées grâce à de nombreuses années d’amitié avec le sculpteur Xawery Dunikowski, donnent naissance à des idées originales de sculptures et de perruques artistiques. Il est l'auteur de la coiffure lisse et ajustée de la célèbre Joséphine Baker, qui a conquis le Paris des années vingt. Elle apparaît, stylisée par Antoine, sur la couverture du prestigieux Vogue en tant que première femme noire.
Cierplikowski collabore avec le théâtre, le music-hall et le cinéma (il crée notamment des coiffures et des costumes pour Cécile Sorel, Mistinguett, Alexandre Sakharoff, Pola Negri, Marlene Dietrich et Brigitte Helm). Il conçoit aussi, en coopération avec l'artiste Sarah Lipska, des accessoires pour femmes ainsi que des intérieurs, des appareils et des meubles d'origine, dans un style Art déco.
Antoine voit apparaître de nombreux grands noms de l’époque dans ses salons, il coiffe Eleonora Duse, Mata Hari, Anna de Noailles, Sara Bernhard, Eleanor Roosevelt, Brigitte Bardot ou encore Édith Piaf[4].
Dans les années 1930, il alterne séjours entre Paris et l'Amérique, et il passe l'occupation à Hollywood, où il travaille notamment pour Metro-Goldwyn-Mayer.
Après la guerre, il se rend plus souvent en Pologne. En 1965, il participe à l'inauguration du Grand Théâtre de Varsovie. Il offre une importante collection d'œuvres de son ami ainsi que d'autres artistes pour le musée de X. Dunikowski.
Au milieu des années 1960, Antoine se sépare de sa femme, qui faisait tourner ses affaires, et de ses disciples comme le désormais légendaire Alexandre qui ouvre son propre salon à Paris. Il sombre petit à petit dans l'oubli.
Retour en Pologne
[modifier | modifier le code]Fin 1970, après la mort de sa femme, Antoine retourne en Pologne, à Sieradz, où il meurt en 1976 à l'âge de 92 ans trois ans après son épouse, d'un cancer du pancréas. Il y est enterré. En , le célèbre coiffeur Alexandre, qui fut son élève et premier garçon, rapporte de Pologne sa main droite qui est inhumée dans le cimetière de Passy.
Hommages
[modifier | modifier le code]Kees van Dongen l'a peint en 1927. Man Ray l'a photographié à plusieurs reprises exerçant ses talents dans les années 1930.
La femme d'Antoine, Berthe Astier, est la commanditaire en 1935 de l'immeuble du 1, avenue Paul-Doumer, à Paris dans le 16e arrondissement, dont le couple a occupé les deux derniers étages. On peut voir Antoine au septième étage sur la terrasse dominant la place du Trocadéro vers 1950 (photo de George Rinhart / Corbis) et dans son appartement avec vue sur la tour Eiffel en 1963 (photo de Władysław Sławny / Forum).
Chaque été, un festival de la coiffure, baptisé « Open hair », se tient dans sa ville natale de Sieradz, au centre de la Pologne.
Anecdotes
[modifier | modifier le code]- Antoine a été le premier en Europe à utiliser un séchoir électrique dans son salon.
- Il fut le premier à introduire et à fabriquer l'autobronzant Orange gelée.
- Il a lancé à Paris la mode des perruques colorées du soir.
- Il a supervisé le travail de 65 coiffeurs lors du couronnement des souverains anglais George VI et Élisabeth II.
- C'était un excentrique. Il dormait dans un cercueil en verre.
- Il avait deux avions privés (Farman 393 et Stinson Reliant) et une voiture faite d'éléments carrés, fabriquée sur commande.
- Il a reçu des autorités de la République populaire polonaise la croix de chevalier de l'ordre de Polonia Restituta et la Légion d'honneur des autorités françaises.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Stéphanie Duncan, « La garçonne ou le manifeste des femmes qui veulent "vivre leur vie" », émission Au fil de l'histoire sur France Inter, 12 septembre 2012
- Claire Dhouailly, « Tout est dans la coupe », L'Express Styles, no supplément à L'Express n° 3405, , p. 48
- “Monsieur Antoine”, père de la coupe à la garçonne “Coco Chanel” http://www.essentielle.be/bien-etre/monsieur-antoine-pere-de-coupe-a-la-garconne-coco-chanel-44564.html Essentielle 2012
- Les pionniers de la coiffure : Antoine, père de la coupe à la garçonne http://www.livecoiffure.com/fr/posts/16447-antoine Live coiffure
Annexes
[modifier | modifier le code]Iconographie
[modifier | modifier le code]- 1932 : Portrait photographique par Willy Maywald
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Monsieur Antoine, Grand Maître de la Haute Coiffure française. Préface d'Alain Villiers. Éditions de l'Harmattan. Paris 2006.
- Antonio Magagnini, Les Mille et un cheveux d'Antonio de Paris Éditions France-Empire 1982.
- Steve Zdatny, « La coiffure dans les années 1950 et 1960 », pages 115 à 129, in : Dominique Veillon et Michèle Ruffat, La Mode des sixties, Paris, Autrement, coll. « « Mémoires/Histoire » », , 280 p. (ISBN 978-2-7467-1015-3, présentation en ligne)
- Marta Orzeszyna, Antoine Cierplikowski. Król fryzjerów, fryzjer królów, Znak Horyzont, Kraków, 2015.
- Marta Orzeszyna, Antoine de Paris. Polski geniusz światowego fryzjerstwa. Ekscentryk. Milioner. Artysta., Dom Wydawniczy Rebis, 2019.
Liens externes
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- Ressources relatives aux beaux-arts :
- Site sur Antoine de Paris