Aquidaban (cuirassé)

Aquidabã
illustration de Aquidaban (cuirassé)
L’Aquidabã avant 1898, comme le montrent ses trois mâts[1]

Autres noms Dezesseis de Abril
Vinte e Quatro de Maio
Type Cuirassé à coque en fer
Histoire
A servi dans  Marine brésilienne
Constructeur Frères Samuda
Chantier naval Île aux Chiens (Londres)
Quille posée 18 juin 1883
Lancement 17 janvier 1885
Mise en service 16 décembre 1885
Statut Coulé le 21 janvier 1906 (explosion)
Équipage
Équipage 277[1]
Caractéristiques techniques
Longueur 85,4 m[2]
Maître-bau 15,86 m[2]
Tirant d'eau 5,59 m
Déplacement 5 029 tonnes[2]
Vitesse 15,8 nœuds (29,3 km/h)[1]
Caractéristiques militaires
Armement 4 canons de 234 mm (2 × 2)[1]

4 canons de 140 mm (4 × 1)[1]
13 canons de 1 livre (13 × 1)[1]
5 tubes lance-torpilles de 360 mm[1]

Rayon d'action 7 200 km à 10 nœuds (18,5 km/h)[2]
Carrière
Pavillon Brésil
Port d'attache Rio de Janeiro

L’Aquidabã, ou Aquidaban, est un cuirassé à coque en fer construit pour le Brésil au milieu des années 1880. Il tire son nom du Río Aquidabán (en)[2], un affluent du Río Paraguay. Il a participé aux deux révoltes de l'armada. Au cours de la seconde, en 1894, il a été coulé par un torpilleur du gouvernement. Une fois remis à flot, il a été envoyé en Allemagne pour être réparé et modernisé. Il a été coulé définitivement en , lors d'un voyage de routine, par l'explosion de sa soute à munition, qui a fait de très nombreuses victimes.

L’Aquidabã au large des côtes américaines, probablement en 1893.

L’Aquidabã faisait 85,4 m de long, 15,86 m de large et avait un tirant d'eau de 5,59 m. Il déplaçait 4 921 tonnes et avait un équipage de 277 hommes. Il avait deux arbres d'hélices et huit chaudières qui produisaient théoriquement jusqu'à 6 500 chevaux-vapeur, pour une vitesse maximale de 15,8 nœuds (29,3 km/h). Il pouvait embarquer jusqu'à 300 tonnes de charbon, poids porté à 800 tonnes après sa modernisation[1].

Son armement principal était constitué de quatre canons de 234 mm montés dans deux tourelles latérales décalées « en échelon » : la tourelle avant se trouvait à bâbord et la tourelle arrière à tribord. Son armement secondaire comprenait quatre canons de 140 mm, deux à l'avant et deux à l'arrière et treize canons de 1 livre, tous montés séparément. Le navire possédait également cinq tubes lance-torpilles de 360 mm, trois au-dessus de la ligne de flottaison et deux submergés. Il avait un blindage compound (en). Sa ceinture blindée était épaisse de 280 mm dans la partie centrale du navire, où étaient situés ses éléments les plus importants, notamment ses salles des machines et ses soutes à munitions. Aux extrémités, son épaisseur était réduite à 180 mm. Les tourelles principales étaient également protégées par un blindage de 180 mm, ainsi que son château[1],[2].

Construction et carrière

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L’Aquidabã a été construit en Angleterre par Frères Samuda pour 345 000 livres sterling[2] ; sa quille a été posée le et il a été lancé le [1],[3][n 1]. Il s'agissait d'une version légèrement réduite du cuirassé Riachuelo (en), un peu plus courte, un peu plus légère et avec une seule cheminée[1]. Il a essayé son artillerie le [4] et quitté l'Angleterre le , faisant escale à Lisbonne et Bahia avant d'atteindre sa destination finale de Rio de Janeiro le [2].

L’Aquidaban bombarde les forts de Rio de Janeiro (dessin de Fouqueray d'après une photographie, publié dans Le Monde Illustré no 1.916, le 1893.).

L’Aquidabã a participé à la première révolte de l'Armada, lancée le par le contre-amiral Custódio de Melo. Deux ans plus tard, il a voyagé aux États-Unis pour prendre part à la Revue navale de 1893 (sous la présidence de Grover Cleveland). Plus tard dans l'année, il a été le vaisseau-amiral de la seconde révolte de l'Armada, également dirigée par de Melo[2]. Le à l'aube, il se trouvait à l'ancre au large de la côte de Santa Catarina, près de la Forteresse d'Anhatomirim, lorsqu'il a été attaqué par quatre torpilleurs du gouvernement. Il a été atteint par deux torpilles et a coulé en eau peu profonde, sans avoir causé beaucoup de dégâts à ses adversaires[5].

Cette bataille, qui marque le premier usage de torpilles dans la marine brésilienne, a coïncidé avec la fin de la révolte. Les membres du gouvernement révolutionnaire basé à Desterro, sur l'île de Santa Catarina, se sont enfuis à terre ; le colonel loyaliste Antônio Moreira César a ensuite repris le contrôle de la ville[6]. Remis à flot en par les forces gouvernementales[1], l’Aquidabã a été rapidement renommé d'abord Dezesseis de Abril (), puis Vinte e Quatro de Maio (), pour le punir d'avoir participé à deux révoltes en quatre ans[2]. Partiellement réparé, il est parti pour Stettin, en Allemagne, et Elswick (en), en Angleterre, pour y subir des réparations complètes et une modernisation[2],[4]. Ces travaux ont duré de 1897 à 1898 ; ils ont comporté l'installation de deux lourds mâts de bataille[1].

Fin de carrière

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L’Aquidabã entre 1898 et 1904, comme le montrent ses deux mâts[1].

En 1900, il a été à nouveau renommé, pour retrouver son nom d'origine. En 1904, il a été à nouveau modernisé sur l’Ilha das Cobras (l'île des Cobras), près de Rio de Janeiro. Les deux mâts installés en 1898 et deux tubes lance-torpilles ont été retirés[1],[2]. L’Aquidabã a fait de nombreux voyages à cette époque pour tester la nouvelle télégraphie sans fil et entraîner des cadets[2].

Le , il était prévu que l’Aquidabã se rende au port de Jacarepaguá, près de Rio de Janeiro, pour accueillir et escorter le ministre de la marine et son cabinet, qui se trouvaient sur le croiseur Barroso. Ceux-ci inspectaient des sites pour la création d'un arsenal. Vers 22 h 45, alors qu'il se trouvait amarré dans la baie de Jacuacanga, près d'Ilha Grande (l'île grande), sa soute à munitions a explosé, coulant le navire en moins de trois minutes. 212 personnes ont été tuées, dont 3 amiraux et la plupart des officiers, et 36 ont été blessées ; 98 ont survécu[2],[7].

Notes et références

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  1. L'histoire officielle de la marine brésilienne donne une date de pose de quille de mai 1883, mais Conway's All the World's Fighting Ships 1860–1905 et l'index Miramar la situent tous deux le 18 juin[2],[3].
  1. a b c d e f g h i j k l m n et o Gardiner, Chesneau, & Kolesnik, p. 407
  2. a b c d e f g h i j k l m n et o (pt) « Aquidabã »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), Histórico de Navios On-Line, Marinha do Brasil (consulté le )
  3. a et b (en) Aquidabã (6101090), sur le Miramar Ship Index (sur inscription), consulté le 19 octobre 2009.
  4. a et b (pt) « Encouraçado de Esquadra; Aquidabã » [archive du ], Navios de Guerra Brasileiros; 1822 – Hoje, Poder Naval Online (consulté le )
  5. Our Own, « The Sea Fight at Desterro; Disabling and abandonment of the Aquidaban », The New York Times,‎ , p. 2 (lire en ligne [PDF], consulté le )
  6. (pt) A Tragédia de Desterro, Roberto Tonera, História Viva - Edição No 9 - julho de 2004 (consulté le 4 janvier 2015).
  7. « Warship Blown Up, 212 Lost », The New York Times,‎ , p. 1 (lire en ligne [PDF], consulté le )

Références

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  • (en) Robert Gardiner, Roger Chesneau et Eugene M. Kolesnik, Conway's All the World's Fighting Ships : 1860–1905, Londres, Conway Maritime Press, , 440 p. (ISBN 978-0-85177-133-5)
  • Robert Schenia, Latin America : A Naval History 1810–1987, Annapolis, MD, Naval Institute Press, (ISBN 978-0-87021-295-6, OCLC 15696006)

Liens externes

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