Bataille du Ravin-aux-Loups
Ravin-aux-Loups
Date | |
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Lieu | Melilla |
Issue | Victoire rifaine Déroute espagnole |
Espagne | Tribus rifaines |
Général Marina (es) Guillermo Pintos † | Mohamed Améziane[1] |
153 tués 500 blessés | Inconnues |
Coordonnées | 35° 16′ 57″ nord, 2° 56′ 51″ ouest | |
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La bataille du Ravin-aux-Loups est un épisode militaire survenu près de Melilla le au cours duquel les troupes espagnoles furent vaincues par la résistance rifaine organisée par la tribu des Iqer'iyen (Qelaya).
Cette bataille est considérée, avec celle d'Anoual en 1921, comme la plus sanglante défaite subie en Afrique par l'armée espagnole.
Histoire
[modifier | modifier le code]Contexte
[modifier | modifier le code]À cette époque, les tribus qui entouraient la ville de Melilla vivaient sous le joug de Jilali ben Driss Zirhouni Al-Youssefi, dit Rogui Bou Hmara, un charlatan qui se faisait passer pour le frère du sultan Abd El Aziz. Celui-ci va négocier avec l’Espagne l’exploitation des gisements miniers pour le compte des compagnies espagnoles comme françaises, ce qui aboutira à la création de la Compagnie Espagnole des Mines du Rif [1].
Rébellion
[modifier | modifier le code]Les Rifains vont alors se rebeller et attaquer les exploitations minières le , cela sera la fin pour Bou Hmara, qui sera chassé du Rif oriental et son armée battue par la tribu rifaine des Iqer'iyen. Il sera ensuite capturé le et exécuté le sur ordre du sultan Abdelhafid[1].
Les Espagnols qui se trouvent constamment harcelés par les Rifains, voient leurs positions se fragiliser, ce qui va pousser le général Marina (es), gouverneur de Melilla, à demander des renforts à son gouvernement pour stopper la rébellion afin d’assurer la sécurité de l'exploitation minière, mais la réponse du gouvernement fut négative. Le , les Espagnols reprennent l’exploitation de ces mines, mais les Rifains dès la fin juin repartent en guerre contre les Espagnols. Marina décide d’envoyer deux compagnies d’infanterie afin d’appréhender les auteurs de ces attaques.
Après l’attaque du , l’arrestation de certains membres de la fraction Lehedara de la tribu Ikbedanen va enflammer la région et l’insurrection débute le à Sidi Mussa (près de Ait Ensar). Les Iqer'iyens vont attaquer un chantier de construction de pont pour une ligne de chemin de fer, il y aura 6 militaires espagnols morts. Lorsque le gouvernement espagnol eut connaissance de ces évènements, Antonio Maura, alors président du conseil, décida le de mobiliser 3 brigades mixtes de chasseurs formées principalement par des réservistes.[réf. nécessaire]
Premiers affrontements
[modifier | modifier le code]Les Rifains cachés dans les maquis qui surplombent les positions espagnoles vont continuer à les harceler. Le , les troupes de renfort arrivent, le 20 juillet les Rifains mènent une nouvelle attaque à Sidi Mussa, mais les Espagnols réussissent à repousser les Iqer'iyens . Le 22, les Rifains se dirigent vers Melilla et une bataille débute à proximité de la ville pour contenir l’avancement des Amazighs. Les Espagnols utilisèrent leur artillerie lourde. Le déploiement des militaires fut large, allant de la montagne Gourougou au village Mesquita. Leur déploiement était renforcé de façon continue avec plus d’effectifs étant donné que les Rifains n’étaient nullement impressionnés par cet étalage de force.[réf. nécessaire]
À quatre heures du matin, deux compagnies de la brigade disciplinaire, sous la conduite du lieutenant-colonel Aizpuru, sortent pour prendre les hauteurs de la Mesquita, tandis que le colonel Álvarez Cabrera, à la tête de la 6e compagnie d’Afrique et des chasseurs récemment arrivés, se dirige vers Sidi Musa, où se trouve le campement du lieutenant-colonel Baños. Mais les Espagnols n’arrivent pas arrêter la poussée formidable des Rifains. Alors que l’artillerie pilonne les positions Rifaines, ces derniers ne reculent pas mais arrivent à la hauteur des Espagnols. Du côté de Sidi Musa les Rifains vigilants vont déjouer la manœuvre espagnole, encerclant les hommes d'Alvarez Cabrera pour les attaquer de toutes parts. Les combats ont duré jusqu’à midi.[réf. nécessaire] Les pertes sont lourdes au matin du dans les rangs espagnols.
Déroute espagnole finale
[modifier | modifier le code]Après l’opération du , le général Marina décida d’organiser le 26 juillet un nouveau convoi de troupe, car ses renseignements l’informèrent que les Amazighs du Rif préparaient une attaque contre une position espagnole qui se trouve située au pied de la montagne Gourougou. Mais ce convoi sera immédiatement attaqué près du Ravin du Loup par les Rifains le . Les troupes espagnoles vont paniquer et vont battre en retraite dans la confusion. Au terme de ces batailles acharnées, les Espagnols seront lourdement touchés, plus de 150 morts et 500 blessés[1]. Selon l'historienne espagnole María Rosa de Madariaga, les Espagnols déplorent 153 morts et 500 blessés à la suite de ce combat[2],[3],[4]. Après ces évènements, les Espagnols suspendent leur colonisation, et pendant 2 mois, ils vont faire venir des troupes de la péninsule ibérique et se réorganiser, à la mi-juin, ce sont plus de 40 000 soldats espagnols qui repartent à l’attaque et vont cette fois-ci coloniser une partie du territoire rifain et mater toutes rébellions.[réf. nécessaire]
Chant populaire
[modifier | modifier le code]La défaite de Barranco del Lobo inspira cette chanson :
En el Barranco del Lobo
hay una fuente que mana
sangre de los españoles
que murieron por España.
(dans d'autres versions "por la patria")
¡Pobrecitas madres,
cuánto llorarán,
al ver que sus hijos
a la guerra van!
Ni me lavo ni me peino
ni me pongo la mantilla,
hasta que venga mi novio
de la guerra de Melilla.
Melilla ya no es Melilla,
Melilla es un matadero
donde van los españoles
a morir como corderos.
Traduction
[modifier | modifier le code]Dans le Barranco del lobo ("ravin du loup")
Il y avait une source dont s'écoulait
Le sang des Espagnols
Qui moururent pour l'Espagne (dans d'autres versions "pour la patrie")
Pauvres petites mères,
Quand elles pleurèrent,
En voyant que leurs fils
S'en allaient à la guerre!
Je ne me laverais ni me coifferais
Je ne me mettrais pas non plus de mantille,
Jusqu'à ce que revienne mon fiancé
De la guerre de Melilla.
Melilla n'est plus Melilla,
Melilla est un abattoir
Où s'en vont les Espagnols
Mourir comme des agneaux.
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- (es) Jesús F. Salafranca, El sistema colonial español en África, Malaga, Ed. Algazara, , 365 p. (ISBN 84-87999-71-9)
- (es) María Rosa de Madariaga, En el barranco del lobo: las guerras de Marruecos, Madrid, Alianza Editorial, , 424 p. (ISBN 978-8420642543).
Notes
[modifier | modifier le code]- Marie-Catherine Talvikki Chanfreau, « Adaptation ou réaction locale vis-à-vis de l’administration espagnole au Maroc dans le premier tiers du XXe siècle », Mémoire(s), identité(s), marginalité(s) dans le monde occidental contemporain, (DOI 10.4000/mimmoc.1372, lire en ligne, consulté le )
- (es) María Rosa de Madariaga, Semana Trágica. Entre las barricadas de Barcelona y el Barranco del Lobo, Barcelone, Edicions Bellaterra, (ISBN 978-84-7290-528-3), « La guerra de Melilla o del Barranco del Lobo, 1909 », p. 110
- (es) María Rosa de Madariaga, Marruecos, ese gran desconocido: Breve historia del Protectorado español, Madrid, Alianza editorial, coll. « Historia », 2019 (1re éd. 2013), 630 p. (ISBN 978-84-9181-502-0), p. 120.
- (es) Salvador Fontenla Ballesta, La Guerra de Marruecos. 1907 - 1927: Historia completa de una guerra olvidada, Madrid, La Esfera de los Libros, , 564 p. (ISBN 978-84-9060-978-1), p. 93.