Chapelle des Templiers de Metz

Chapelle des Templiers de Metz
Image illustrative de l’article Chapelle des Templiers de Metz
Présentation
Culte Catholique romain
Type Chapelle
Rattachement Évêché de Metz
Début de la construction 1180
Fin des travaux 1220
Style dominant Roman
Gothique
Protection Logo monument historique Classé MH (1840)
Géographie
Pays Drapeau de la France France
Région Grand Est
Département Moselle
Ville Metz
Coordonnées 49° 06′ 52″ nord, 6° 10′ 11″ est

Carte

La chapelle des Templiers, unique vestige d’une commanderie templière fondée au XIIe siècle, est située dans le quartier de l’Arsenal de Metz.

Contexte historique

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Les Templiers s’installent dans cette ville libre du Saint-Empire romain germanique dans les dernières décennies du XIIe siècle[1][n 1]. Outre les Templiers, œuvraient à Metz les Hospitaliers du Petit-Saint-Jean et les Teutoniques de Sainte-Élisabeth[1], installés près de la porte des Allemands. La première donation à l'ordre du Temple date de 1147, et est liée à la prédication de Bernard de Clairvaux pour la deuxième croisade dans la ville de Metz. C'est à la fin du XIIIe siècle que les Templiers déplacent leur siège dans le sud-ouest de la ville, à proximité de l'église Saint-Pierre-aux-Nonnains[2].

Dans le royaume de France, l’ordre du Temple est dissous en 1312[n 2] et les biens sont attribués aux Hospitaliers de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem[3]. Dans la bulle Faciens misericordiam, le pape Clément V chargeait en effet les évêques locaux de procéder au jugement des Templiers, et à la confiscation des biens de l'Ordre, qui devaient être redistribués aux Hospitaliers (bulle Ad providam de 1312).

Dans le Saint-Empire romain germanique, peu d'arrestations de frères servants du Temple eurent lieu. Aucun d'entre eux ne fut exécuté[4]. Le synode de la province ecclésiastique de Trèves, dont dépendaient les diocèses de Metz, Toul, Verdun, fut réuni, et prononça simplement une sentence d'absolution. Ainsi, les Templiers purent se maintenir dans le Pays messin et le duché de Lorraine[5].

En définitive, aucun des biens du Temple, après sa disparition, ne passa aux mains des Teutoniques[6]. Restés sous la protection des seigneurs locaux, certains commandeurs templiers, devenus hospitaliers, purent même conserver leurs titres et prérogatives[4],[n 3].

Construction et aménagements

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La chapelle des Templiers de Metz est construite entre 1180 et 1220. C’est aujourd’hui l’unique vestige de la commanderie des Templiers. C’est le seul spécimen d’église en rotonde existant en Lorraine[7]. Réminiscence de l’école rhénane d’Aix-la-Chapelle, ou hommage au Saint-sépulcre de Jérusalem, ce plan central est typiquement templier. L’architecture de cet édifice est à la frontière entre l’art roman, dont elle conserve les murs épais et les étroites baies en plein cintre, et l’art gothique, dont elle adopte le voûtement sur croisée d'ogives.

Peintures du XIXe siècle de la coupole

La clef de voûte sculptée présente la colombe du Saint-Esprit. Les ogives élancées reposent sur des colonnettes engagées à chapiteaux sculptés. Certains de ces chapiteaux sont ornés par des rinceaux à fleur de lys. La chapelle a un plan centré octogonal et mesure 8,30 m de diamètre[1]. Elle présente un chœur carré, terminé par une petite abside voûtée en cul-de-four. Le chœur, voûté d’ogives, est moins élevé que la nef octogonale. Les murs épais des sept pans de l’octogone sont évidés par des niches absidioles peu profondes, non apparentes à l’extérieur. Ces particularités rappellent la rotonde de Saint-Géréon, le transept des Saint-Apôtres de Cologne, le déambulatoire et les bas-côtés de Heisterbach ou encore la chapelle de la Commanderie de Laon[1]. Des baies en plein cintre sont ouvertes à mi-hauteur, dans chaque pan des murs.

À l’intérieur, l’ensemble des murs est recouvert par des peintures murales, partiellement restaurées entre 1910 et 1913 par le peintre Schwarting de Hanovre, selon le projet de Hermann Schaper[8]. Les anciennes fresques, fortement dégradées, demeurent cependant visibles[9]. Ces fresques datent de la première moitié du XIVe siècle[8].

À l’extérieur, deux enfeus à arcatures tréflées, plus tardifs, occupent un pan de l’octogone. À l’opposé du chœur, le pan extérieur porte la trace d’un ancien voûtement en plein cintre. Cette arcature indique l’emplacement d’un corps de bâtiment aujourd’hui disparu, abritant à l’origine une salle capitulaire à décor peint historié. Sous cette arcature s’ouvre une porte, dont le linteau sculpté porte la croix pattée caractéristique des Templiers.

Affectations successives

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Lors de la construction de la citadelle de Metz en 1556, la commanderie hospitalière est détruite, excepté la « salle capitulaire » ou « réfectoire ». La chapelle échappe ainsi à la destruction. Elle sert de magasin de poudre et de plomb pour les troupes royales françaises, nouvellement installées dans la cité messine[10]. La chapelle est classée monuments historiques dès la première liste de 1840[11]. À la suite de la construction de l'arsenal militaire en 1861, elle échappe de nouveau à la démolition grâce à l’intervention de Prosper Mérimée, alors inspecteur général des monuments historiques. La chapelle est alors restaurée en 1864[10].

En 1882, des travaux de réhabilitation sont entrepris par l’armée allemande pour installer une station de télégraphie militaire en son sein. Près de la chapelle, se trouvait encore un bâtiment à un seul niveau, vraisemblablement de la première moitié du XIIIe siècle, dénommé « salle capitulaire » ou « réfectoire des Templiers ». Il était composé de deux nefs à plafond de bois supporté par des colonnes de pierre. Il y avait des peintures, qui ont été décrites par Viollet-le-Duc dans son Dictionnaire d'architecture. Il a été démoli en 1904. Des fragments subsistent dans le musée de Metz.

En 1905, l’armée allemande vend le bâtiment à la ville de Metz[12]. La chapelle est de nouveau restaurée en 1908[10]. Durant la Première Guerre mondiale, les autorités allemandes y transportent le retable de la collégiale Saint-Maur d'Hattonchâtel, alors que le village meusien est dévasté par les combats.

Après la guerre, la chapelle est de nouveau restaurée en 1927[10]. Lors de la Seconde Guerre mondiale, l'édifice, pourtant proche de la Kommandantur de Metz, est bien préservé, malgré les combats de 1944. En 1957, la ville de Metz loue la chapelle au ministère de la Défense pour les besoins de l’aumônerie militaire[13]. Le , elle retrouve l’aspect de la chapelle originelle de l’ancienne commanderie. Elle sert aujourd’hui de salle d’expositions[12].

Notes et références

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  1. La tradition fait venir les Templiers à Metz dès 1133.
  2. L’Ordre a fait l’objet, dans le royaume de France, d’un procès en 1307. Par la suite, la quasi-totalité de ses biens furent attribués par le Pape à l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem ou aux ordres hospitaliers présents sur place.
  3. Fr. Otto, frère du duc de Süpplingenbourg était commandeur de Brunswick et de Supplinbourg avant l'arrestation des Templiers. Il retrouva simplement sa fonction de commandeur de Supplinbourg, après avoir intégré l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem.

Références

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  1. a b c et d Le Moigne 1986, p. 201-203
  2. (de) Encyclopédie des templiers, université de Hambourg, Lexique M, paragraphe "Metz"
  3. Jean-Marc Roger, Le prieuré de Champagne des « Chevaliers de Rhodes », 1317-1522 Thèse de doctorat d’État 2001, vol. 3, Lille, Atelier national de Reproduction des Thèses notice: 2001PA040193 Université de soutenance Paris-Sorbonne 6 microfiches ; 105 x 148 mm, , 2000 p., page 1715
  4. a et b Borchardt 2001, p. 238-239,&pg=PA238 lire sur Google Livres
  5. Mansuet Jeune 1789, p. 251-253
  6. Roger, 2003, p. 217.
  7. Marie-Claire Burnand, La Lorraine gothique, Picard Éditeur, Paris, 1989 (pp. 195-197).
  8. a et b Restauration générale de l'édifice : rapport ACMH, avis Inspection Générale, documentation sur Base Mérimée
  9. Journées européennes du patrimoine 19 et 20 septembre 2009 — 12. La chapelle des Templiers, dans Metz Magazine, hors série no 3, 2009, p. 6.
  10. a b c et d Histoire des rues de Metz — La chapelle des Templiers. Consulté le 18 août 2010.
  11. Notice no PA00106821, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  12. a et b La chapelle des Templiers dans Le Graouilly 2010-2011, p. 19
  13. Chapelle des Templiers sur structurae.de.

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Bibliographie

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  • Claude Mansuet Jeune, Histoire critique et apologétique de l'ordre des chevaliers du temple de Jérusalem dits Templiers, (lire en ligne)
  • Félicien de Saulcy, « Notice sur l’oratoire des Templiers à Metz », dans les Mémoires de l’académie de Metz, 1834, p. 436.
  • Abbé Ledain, « Sur l’oratoire de Templiers de Metz », dans Bulletin de la Société d’archéologie et d’histoire de la Moselle, t. 3, 1859, p. 135-141. [lire en ligne]
  • Ernest de Bouteiller, « Sur les tombeaux découverts près de l’oratoire de Templiers de Metz », dans Bulletin de la Société d’archéologie et d’histoire de la Moselle, t. 4, 1861, p. 46-48. [lire en ligne]
  • Ernest de Bouteiller, « Sur l’oratoire de Templiers à Metz », dans Bulletin de la Société d’archéologie et d’histoire de la Moselle, t. 7, 1864, p. 151-154. [lire en ligne]
  • François Jacquot, « L’oratoire des Templiers de Metz » dans la Revue de Metz et de Lorraine, février, mars, avril, mai et juin 1873
  • Amédée Boinet, « Chapelle des Templiers » dans Congrés archéologique de France. 83e session. Metz, Strasbourg et Colmar. 1920, Société française d'archéologie, Paris, 1922, p. 51-55(lire en ligne)
  • Eugène Voltz, « La Chapelle des Templiers de Metz » dans la revue Archeologia nº 56, mars 1973, p. 24-31.
  • Marie-Claire Burnand, La Lorraine gothique, Picard Éditeur, Paris (France), (ISBN 2-7084-0385-0), 1989.
  • Eugène Voltz, « La chapelle des Templiers de Metz », dans Congrès archéologique de France. 149e session. Les Trois-Évêchés et l’ancien duché de Bar. 1991, p. 517-524, Société française d’archéologie, Paris, 1995.
  • (en) Karl Borchardt, « The templars in central Europe », dans Zsolt Hunyadi, József Laszlovszky, The Crusades and the Military Orders : Expanding the Frontiers of Medieval Latin Christianity, Central European university press, , 606 p. (ISBN 978-9-6392-4142-8, lire en ligne), p. 233-244.
  • François-Yves Le Moigne (dir.), Histoire de Metz, Privat, [détail de l’édition]

Articles connexes

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Liens externes

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