Dévotion catholique

La duchesse de la Vallière au Carmel, donnant des instructions de piété à sa fille Mademoiselle de Blois, tableau de Sophie Lemire (v. 1812).

Une dévotion catholique est un type de prière et de pratique spirituelle élaborée, officiellement ou non, au sein du catholicisme, soit par l'Église catholique, soit par des particuliers ou des groupes. Certaines de ces pratiques sont approuvées par l'Église car elles sont jugées utiles à la sanctification. Elles composent un ensemble d'actes parallèles à la liturgie proprement dite.

Définition

[modifier | modifier le code]

Les dévotions catholiques sont des manifestations de piété qui se présentent notamment par les exercices spirituels, les prières (dont les prières mariales), ou encore la Lectio divina. Elles sont des coutumes, des rituels et des pratiques particuliers de culte de Dieu ou d’honneur des saints qui s’ajoutent à la liturgie de l’Église catholique.

La Conférence des évêques catholiques des États-Unis les décrit comme « des expressions d’amour et de fidélité qui naissent de l’intersection de sa propre foi, de sa culture et de l’Évangile de Jésus-Christ »[1]. Elles ne sont pas considérées comme faisant partie du culte liturgique, même si elles sont accomplies dans une église ou dirigées par un prêtre[2]. La Congrégation pour le culte divin, au Vatican, publie un répertoire sur la piété populaire et la liturgie[3].

Les types de dévotion

[modifier | modifier le code]

Le rosaire, avec récitation du chapelet, est une série de prières en l’honneur du Père et de la Vierge Marie.

Dévotions et actes de réparation à Jésus-Christ

[modifier | modifier le code]

En plus de la prière dite « de réparation », certaines dévotions prennent la forme d'actes de mortification pour les souffrances et insultes qu'a endurées Jésus durant sa Passion, ou pour les péchés. Le pape Pie XI disait que ces actes sont « une sorte de partage compensatoire des blessures » par respect pour le Christ. Le pape Jean-Paul II a déclaré que les actes de réparation sont « des efforts incessants pour aider le Fils de Dieu à supporter le nombre de croix sans fin sur lesquelles Il continue à être crucifié ».

Le Sacré-Cœur de Jésus

[modifier | modifier le code]
Jésus-Christ et son Sacré-Cœur, retable du maître-autel de l'église Saint-Brice de Saint-Brice-en-Coglès (Ille-et-Vilaine).

Le Sacré-Cœur est une dévotion au cœur de Jésus-Christ, en tant que symbole de l'amour divin par lequel Dieu a pris la nature humaine et a donné sa vie pour les hommes. C'est en que Jean Eudes institue, dans les communautés eudistes, la messe du Cœur de Jésus[4],[5].

La majorité des prières et des pratiques liées à cette dévotion sont issues de visions de la religieuse visitandine Marguerite-Marie Alacoque entre 1673 et 1675. Parmi ces pratiques reconnues par l'Église, on peut citer notamment la fête du Sacré-Cœur, la dévotion des premiers vendredis, la consécration au Sacré-Cœur, l'Heure Sainte et l'image du Sacré-Cœur[6]. Ces dévotions ont principalement pour but d'effectuer des réparations aux offenses au Sacré-Cœur et au Saint-Sacrement.

La Miséricorde divine

[modifier | modifier le code]

La dévotion à la Miséricode divine a pour origine une religieuse polonaise, Faustine Kowalska (1905-1938), qui affirmait avoir reçu des révélations de Jésus-Christ qu'elle rapporta dans son journal personnel appelé le Petit Journal. Elle dira avoir reçu pour mission de propager cette dévotion dans le monde entier.

Ses révélations ont mené à l'établissement de plusieurs pratiques et formes de dévotion à la Miséricorde divine, dont les principales sont le dimanche de la divine Miséricorde, l'image de la Miséricorde divine, le chapelet de la Miséricorde divine et l'heure de la Miséricorde divine[7],[8].

Dévotions et actes de réparation à la Vierge Marie

[modifier | modifier le code]

Le Cœur Immaculé de Marie

[modifier | modifier le code]
La Vierge Marie montrant son Cœur Immaculé.

Le Cœur Immaculé de Marie ou Cœur Sacré de Marie fait référence au cœur physique de la Sainte Vierge Marie. Il est, en tant que tel, d'abord le symbole de sa vie intérieure, de ses joies, de ses douleurs, de ses vertus, de ses perfections connues et inconnues mais, ensuite et surtout, le symbole de son amour pur envers Dieu, de son amour maternel pour son fils Jésus et ses immenses amour et compassion envers tous les peuples de la Terre.
Progressivement, la compréhension de son Cœur Immaculé et de son symbolisme se firent dans l'Église catholique. Ce sont les Augustins qui célébrèrent, avec l'accord du Saint-Siège, cette dévotion en 1807. La dévotion, qui prenait peu à peu forme, connut un développement puis un élan supplémentaires, depuis Paris, grâce notamment aux révélations dites de la Médaille Miraculeuse dont Sainte Catherine Labouré fut le témoin privilégié. C'est ainsi que le dogme de l'Immaculée conception put ensuite être défini en 1854 et que, le , la congrégation des rites put donner son approbation quant à la tenue d'une messe dédiée au Cœur Immaculé de Marie (sans toutefois y obliger l'Église entière). En décembre 1925, la dévotion des premiers samedis, un acte de réparation du cœur immaculé de Marie, aurait été demandé à sœur Lucie dos Santos par la Vierge Marie lors d'une apparition mariale à Pontevedra (Espagne).

Les sept Douleurs de Marie

[modifier | modifier le code]

Les sept Douleurs de Marie sont une dévotion traditionnelle de l'Église catholique qui se réfère à sept évènements douloureux qu'a vécu la Sainte Vierge relatés dans les évangiles. On retrouve également cette dévotion sous le vocable Notre-Dame des Douleurs, Notre-Dame-des-Sept-Douleurs ou encore Mater Dolorosa. Cette dévotion a principalement pour objet la méditation de chacune de ces sept douleurs, dans le but d'honorer Marie dans son rôle de mère du Christ et d'éprouver de la compassion pour ses souffrances et son martyr spirituel. Elle se présente également sous la forme de prières (généralement un Je vous salue Marie) en l'honneur de chaque douleur.

La dévotion aux souffrances de la Vierge commence à se développer à partir de la fin du XIe siècle, notamment dans les pays méditerranéens. L'Ordre des Servites de Marie contribua largement à la diffusion de ce culte et développa les formes populaires de cette dévotion tels que la fête de Notre-Dame des Douleurs (le 15 septembre), le chapelet des sept Douleurs ou encore le scapulaire de Notre-Dame des sept Douleurs[9].

Autres dévotions

[modifier | modifier le code]
  • Les sept Joies de Marie
  • Les larmes de Marie

L'adoration au Saint-Sacrement

[modifier | modifier le code]

C'est un temps de prière et d’adoration devant l’hostie (pain consacré devenu, selon la foi catholique, corps du Christ).

Les actes de réparation concourant à l'indulgence

[modifier | modifier le code]

Selon la doctrine catholique, le péché est effacé par le sacrement du pardon (confession). Mais ce sacrement n'enlève pas la peine temporelle due au péché, qui se traduit généralement par un temps de purgatoire si elle n'est pas d'abord purgée sur terre par des actes de piété et de pénitence (actes de réparation) appelés indulgences[10]. Voir article détaillé sur les indulgences.

Dévotions somatiques et matérielles

[modifier | modifier le code]

Autres dévotions

[modifier | modifier le code]
  • Les actes de réparation à la Sainte Trinité
  • Prière personnelle, ou oraison : temps où le croyant se met à l’écoute de Dieu, souvent en silence et dans un endroit retiré
  • Pèlerinages, voyages en Terre sainte, à Rome ou à Compostelle ainsi que dans d'autres lieux reliés à l’amour de Dieu par la présence de reliques ou par le souvenir d'événements de la vie de saints ou par des apparitions, notamment celles de la Vierge Marie (apparitions dites « mariales »)
  • Vénération des images saintes, partagée avec les chrétiens orthodoxes, depuis 786
  • Vénération des reliques de saints

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. « Prayers and Devotions », sur www.usccb.org (consulté le )
  2. « Liturgical Chant », sur www.newadvent.org, Catholic Encyclopedia (consulté le )
  3. « Directory on Popular Piety and the Liturgy » [archive du ], Vatican City, Congregation for Divine Worship, .
  4. Paul Milcent, « Jean Eudes, un pionnier », in Le Cœur de Jésus, un retour aux sources, Christus no 190 HS, mai 2001.
  5. Joseph Caillot, cjm, « Saint Jean Eudes : un itinéraire spirituel vers le Cœur de Jésus », in La Spiritualité du Cœur du Christ. Une dynamique de vie face aux défis de demain, La Salle-de-Vihiers, 1996, p. 35-55, eudistes.fr.
  6. « Sacré-Cœur de Jésus - Vatican News », sur www.vaticannews.va (consulté le )
  7. « Dimanche de la Divine Miséricorde : tout ce qu’il faut savoir sur cette fête », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
  8. « Apparitions de Jésus à sainte Faustine: le Pape écrit au sanctuaire de Płock - Vatican News », sur www.vaticannews.va, (consulté le )
  9. « Notre Dame des Douleurs - Vatican News », sur www.vaticannews.va (consulté le )
  10. Catéchisme de l'Église catholique, paragraphes 1472;1473 et 1478.

Bibliographie

[modifier | modifier le code]
  • Bernard Berthod, Elisabeth Hardouin-Fugier, Dictionnaire des objets de dévotion dans l'Europe catholique, Amateur, 2006
  • Bruno Béthouart, Alain Lottin, La dévotion mariale de l'an mil à nos jours, Artois Presses Université, 2005

Articles connexes

[modifier | modifier le code]

Liens externes

[modifier | modifier le code]