Disclose
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Forme juridique | Association déclarée |
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Domaines d'activité | Journalisme d'enquête, autre création artistique |
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Disclose est un site web d'investigation français créé en 2018.
Mathias Destal et Geoffrey Livolsi soutenus par douze journalistes lancent le Disclose, « média à but non lucratif enquêtant sur des sujets d'intérêt public ». Sa création s'inspire des modèles de ProPublica aux États-Unis et Correctiv en Allemagne[1].
Fonctionnement
[modifier | modifier le code]Comité éditorial
[modifier | modifier le code]Un comité éditorial d'une quinzaine de personnes détermine les sujets d'enquête, choisis parmi six thématiques : les crimes environnementaux, les enjeux énergétiques, la délinquance financière, la santé publique, les industries agroalimentaires et les libertés fondamentales[2],[3].
Le comité comprend notamment Jean-Pierre Canet (cocréateur de Cash investigation et ancien rédacteur en chef d’Envoyé Spécial), Benoit Collombat (France Inter) et Philippe Pujol[2].
Conseil de surveillance
[modifier | modifier le code]Il est composé de dix membres de la société civile. L’économiste Julia Cagé, l’avocate de la presse Virginie Marquet, et Céline Bardet, juriste spécialisée dans les questions de crimes de guerre, sont membres du Conseil de surveillance[4].
Financement
[modifier | modifier le code]Une opération de financement participatif atteint son objectif de 81 999 euros en décembre 2018[5]. Le modèle de Disclose suppose de financer le journalisme d’investigation par la philanthropie[6],[7],[8], auprès de particuliers et de mécènes[9], à l'exclusion de toute fondation d'entreprise[10].
Disclose obtient en février et mars 2019 le soutien des fondations Un monde par tous et Open society. En 2022, 68 % de ses revenus provenait de fondations dont Open Society Foundations for Europe, Luminate, Open Society Institute, Fondation Adessium[11].
Partenariats
[modifier | modifier le code]Disclose conclut des partenariats avec Mediapart, Konbini, Marsactu, Arte, la cellule d’investigation de Radio France, Rue89 Bordeaux, Strasbourg et Lyon, et The Intercept[4],[1]. Les médias partenaires reçoivent les enquêtes de Disclose et s'engagent à les diffuser gratuitement[2].
Enquêtes
[modifier | modifier le code]« Made in France »
[modifier | modifier le code]La première enquête, publiée en avril 2019, se fonde sur une note du renseignement militaire français, qui indique que des armes fournies par la France à l'Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis peuvent, en contradiction du discours officiel[12], être utilisées dans le cadre du conflit au Yémen, provoquer la mort de populations civiles[13],[14], et servir une « stratégie de la famine »[15]. Les armes visées par cette enquête sont notamment les canons Caesar qui, bien qu'utilisés « en défensive », ont une portée telle qu'ils menacent plus de 400 000 civils yéménites[16].
Après qu'une plainte a été déposée par le ministère des Armées, le parquet de Paris ouvre une enquête préliminaire et deux journalistes, cofondateurs de Disclose, de même qu'un de leurs confrères de la cellule d'investigation de Radio France, sont convoqués par la Direction générale de la Sécurité intérieure (DGSI) en tant que suspects libres pour « compromission du secret de la défense nationale »[17]. Disclose, Arte Info, Konbini et Mediapart estiment que « cette enquête de police est une atteinte à la liberté de la presse, qui suppose le secret des sources d’information des journalistes »[18]. Amnesty International France indique que l'argument du secret-défense ne peut servir à dissimuler une complicité indirecte de crimes de guerre[19]. De nombreuses sociétés de journalistes publient le 25 avril une tribune de soutien aux journalistes convoqués[a],[20],[21]. Reporters sans frontières critique les menaces de poursuites envers les journalistes convoqués[22] ; dix-sept ONG (parmi lesquelles Amnesty International, la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme, Human Rights Watch, Médecins du monde, Action contre la faim et Sherpa) dénoncent également « une atteinte inacceptable à la liberté de la presse et la protection des sources journalistiques »[23]. Le journaliste de Disclose Michel Despratx est également convoqué par la DGSI plus tard en mai 2019[24],[25]. En janvier 2020, le parquet de Paris notifie un rappel à la loi aux journalistes, sans engager de poursuites[26].
En mai 2019, les exportations françaises d'armes vers l'Arabie saoudite se poursuivent[27], au départ du port du Havre, avec le soutien du chef de l'État français[28].
« Le revers de la médaille »
[modifier | modifier le code]En décembre 2019, Disclose publie l'enquête de Daphné Gastaldi, Mathieu Martinière et de journalistes indépendants du collectif We Report. Consacrée à la pédophilie dans le sport en France, elle présente 77 affaires ayant causé 276 victimes en France de 1970 à 2019. L'analyse montre une fréquence importante de la récidive des éducateurs sportifs bénévoles, et indique que de nombreux responsables déjà condamnés ou soumis à une procédure judiciaire continuent d'exercer comme encadrants sportifs, en raison d'un défaut de signalement, ce qui contrevient aux dispositions de l'article 40 du code pénal et de l'article 212-9 du code du sport : « la plupart du temps, les agresseurs présumés sont protégés par les instances dirigeantes », et ainsi « dans un cas sur quatre, le club s’est rangé du côté de l’agresseur présumé au détriment des enfants ou adolescents qui se disent victimes »[29],[30],[31],[32],[33].
En juillet 2020, plus de 90 procédures judiciaires font suite à ces révélations[34].
L'enquête est adaptée en bande dessinée pour La Revue dessinée à l'été 2020[35].
« L'Ogre du lait »
[modifier | modifier le code]L'enquête de Mathias Destal, Mariane Kerfriden, Inès Léraud et Geoffrey Livolsi sur le groupe Lactalis pointe en octobre 2020 des pratiques de mouillage du lait[36] — pratique illégale consistant à ajouter de l'eau au lait de consommation ou aux yaourts — et des soupçons d'évasion fiscale via le Luxembourg[37], de même qu'un sentiment d'impunité de l'entreprise face à la loi, en raison « d'amendes modestes », notamment lors du déversement de détergents industriels en quantité[38]. Pour cette enquête, Disclose a collaboré avec Mediapart, Le Poulpe, The Guardian, Envoyé Spécial mais aussi Brut et France Culture[39].
Élevage intensif, déforestation et industrie agroalimentaire
[modifier | modifier le code]Menée en partenariat avec le Bureau of investigative journalism, l'enquête « Les obstinés de l'élevage intensif » révèle le rôle joué par le groupe Carrefour dans la déforestation du bassin amazonien au Brésil[40],[41].
« Toxique » et les essais nucléaires français
[modifier | modifier le code]« Toxique » est une enquête menée au long cours en collaboration avec le programme Science & Global Security de l’université de Princeton. Elle dévoile à partir de documents déclassifiés les lourdes conséquences des essais atmosphériques en Polynésie française, et la sous-évaluation systématique des effets des retombées sur les populations civiles[42],[43].
« Les mémos de la terreur » ou « Egypt Papers »
[modifier | modifier le code]En 2021, Disclose publie une enquête basée sur plusieurs centaines de documents fournis par un informateur anonyme souhaitant rompre le silence afin de dénoncer un potentiel scandale d’État, et qui constitue une fuite sans précédent de documents classés secret défense issus de la direction du Renseignement Militaire, de l’État-Major et du Ministère des Armées français. Ces documents concernent l'opération Sirli, une mission de renseignement menée par l'armée française pour l'armée égyptienne, dans un objectif de lutte antiterroriste ; ils révèlent que les informations fournies par la France ont en réalité conduit à des frappes égyptiennes contre des civils, soit des exécutions extrajudiciaires menées par la dictature dirigée par Abdel Fattah al-Sissi, dérive contre lesquelles les militaires de terrain ont alerté jusqu'aux plus hauts niveaux de l’État et de la hiérarchie militaire. C'est l'absence de réponse à ces préoccupations qui aurait poussé la source anonyme à briser le secret-défense et fournir les documents à Disclose[44].
Perenco Files
[modifier | modifier le code]Le média dévoile les conflits d’intérêts non déclarés par Agnès Pannier-Runacher, dans une enquête qui provoque de vives réactions[45].
Distinctions
[modifier | modifier le code]Disclose remporte en septembre 2019 le Visa d’or de l’information numérique au festival international de photojournalisme Visa pour l’image, pour son enquête « Made in France »[46]. L'enquête est également récompensée en février 2020 par le prix du meilleur reportage de données lors des Sigma data awards[47].
Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- Les sociétés de journalistes, sociétés des rédacteurs et sociétés des personnels de l’AFP, BFM-TV, Challenges, CNews, Courrier international, Les Echos, Europe 1, Le Figaro, France 2, France 24, France 3 national, France Info, Franceinfo.fr, France Info TV, France Inter, France-Soir, L’Humanité, Le JDD, Libération, M6, Mediapart, Le Monde, L’Obs, Paris Match, Le Parisien-Aujourd’hui en France, Le Point, Premières Lignes, RFI, RMC, RTL, Télérama, TF1, La Tribune, TV5Monde, et les rédactions d’Alternatives économiques, La Croix et Les Jours.
Références
[modifier | modifier le code]- Hélène Riffaudeau, « Disclose, le premier média d’investigation non lucratif se lance en France », sur L'Obs, (consulté le ).
- Richard Sénéjoux, « Disclose, un nouveau média pour “enquêter sur la longueur, avoir un impact sur la société” », sur Télérama.fr, (consulté le ).
- Audrey Kucinskas, « "Disclose", le média qui veut révolutionner l'investigation », sur LExpress.fr, (consulté le ).
- Aude Carasco, « Disclose, un nouveau média d’investigation financé par les dons », sur La Croix, (consulté le ).
- David-Julien Rahmil, « Disclose : « Il faut arrêter de penser que les journalistes sont les seuls à pouvoir mener des enquêtes » », sur L'ADN, (consulté le ).
- Zoé Sfez, « Disclose : financer l'enquête par la philanthropie », sur France Culture (consulté le ).
- Léa Lejeune, « Quel est le modèle de Disclose, premier média français à but non lucratif? », Challenges, (lire en ligne, consulté le )
- Alexandre Berteau, « « Disclose », le nouveau média d’investigation en quête de mécènes », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- « Un nouveau média d'investigation mise sur le mécénat », sur Le Figaro, (consulté le ).
- Dorothée Barba, « Le "secret défense" plus important que la liberté d'informer ? », sur franceinter.fr, (consulté le ).
- Financement, disclose.ngo
- Fabien Leboucq, « Parly mentait-elle en déclarant ne rien savoir de l'utilisation d'armes françaises au Yémen ? », sur Libération.fr, (consulté le ).
- « Cartographie d'un mensonge d'état - Made in France », sur Cartographie d'un mensonge d'état - Made in France (consulté le ).
- Benoit Collombat, « Révélations : voici la carte des armes françaises au Yémen, selon un rapport "confidentiel Défense" », sur franceinter.fr, (consulté le ).
- Benoit Collombat, « Yémen : la stratégie de la famine », sur Franceinfo, (consulté le ).
- « Yémen : les journalistes de Disclose démontrent le double discours français sur les ventes d’armes à la coalition », sur Bruxelles2.eu, .
- Fabrice Arfi et Matthieu Suc, « Civils tués au Yémen: le «secret défense» contre le journalisme », Mediapart, .
- Disclose, ARTE Info, Konbini, Mediapart, « Armes françaises au Yémen : des journalistes convoqués par la justice », sur ARTE, (consulté le ).
- Le Monde, AFP, Reuters, « Armes françaises au Yémen : trois journalistes convoqués par la DGSI », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- Collectif, « Armes françaises au Yémen : solidarité avec nos confrères de « Disclose » et de Radio France », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- Audrey Kucinskas, « Convocation de journalistes par la DGSI : "Une inadmissible façon d'intimider" », L'Express, (consulté le ).
- « Journalistes convoqués par les renseignements français : RSF dénonce les menaces de poursuites | Reporters sans frontières », sur RSF, (consulté le ).
- « Armes françaises au Yémen : 17 ONG dénoncent des « menaces » contre la liberté de la presse », Le Monde, (lire en ligne)
- Collectif, « Affaire Benalla, armes au Yémen : « Solidarité avec les journalistes Ariane Chemin et Michel Despratx », convoqués par la DGSI », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- « « Il se passe quelque chose de très malsain dans ce pays » : critiques après de nouvelles convocations de journalistes par la DGSI », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- « Armes françaises au Yémen : pas de poursuites mais un rappel à la loi pour les journalistes », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- « Guerre au Yémen : la France confirme un « chargement d’armes » sur un cargo saoudien », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- « Macron « assume » la livraison d’armes à l’Arabie saoudite, malgré la guerre au Yémen », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- Hélène Riffaudeau, « Violences sexuelles dans le sport, « Envoyé spécial » brise l’omerta », L'Obs, (lire en ligne)
- « Pédophilie dans le sport : Une enquête met à jour 77 affaires - Scan Sport », sur Sport24, 2019-12-11cet18:59:01+0100 (consulté le ).
- « VIDEO. Pédophilie dans le sport : l'omerta », sur Franceinfo, (consulté le ).
- Rachel Pretti, « Maracineanu : « Que ces cas sortent est salutaire pour le sport » », L'équipe, (lire en ligne)
- Upian, « Pedophilie dans le sport, le scandale - Le revers de la médaille », sur Pedophilie dans le sport, le scandale - Le revers de la médaille (consulté le ).
- « Violences sexuelles dans le sport : 177 personnes mises en cause », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- Daphné Gastaldi et Mathieu Martinière, « Le revers de la médaille », La Revue dessinée, , p. 141-165
- « VIDEO. Des milliers de litres "qu'on donnait aux cochons" et "qui retournent dans les petits pots" : comment Lactalis aurait "mouillé" le lait de ses crèmes dessert », sur Franceinfo, (consulté le ).
- « Lactalis : 220 millions d'euros d'impôt sur les sociétés auraient échappé au fisc, selon Disclose », sur Le Figaro, (consulté le ).
- « Quand “Envoyé Spécial” lève le voile sur le système Lactalis - Les Inrocks », sur lesinrocks.com, (consulté le ).
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- Thierry Ogier, « Au Brésil, les grands distributeurs critiqués sur leur approvisionnement en viande », sur Les Echos, (consulté le ).
- Patricia Neves, « Au Brésil, un gros fournisseur de Carrefour et Casino mêlé à la déforestation en Amazonie », sur Mediapart, (consulté le ).
- « Le niveau réel de la radioactivité lors des essais nucléaires en Polynésie a été sous-évalué », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- « Une enquête documente les effets sous-évalués des essais nucléaires français en Polynésie », sur Libération, (consulté le ).
- « Complément d'enquête France-Egypte : révélations sur une opération secrète » [vidéo], Complément d'enquête, sur France Télévision, (consulté le )
- « Agnès Pannier-Runacher ne pourra pas s’occuper de dossiers liés au groupe pétrolier Perenco, énonce un décret », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- Anthony Ravera, « Disclose remporte le Visa d’or de l’information numérique 2019 », sur RFI, (consulté le ).
- (en) « Sigma Data Journalism Awards », sur DataJournalism.com (consulté le ).
Annexes
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
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- Site officiel
- Ressources relatives aux organisations :
- Ressource relative à plusieurs domaines :