Dubh (roi d'Écosse)
Dubh Duff ou Dub mac Maíl Coluim ( gaélique ancien: Dub mac Maíl Coluim , Gaélique écossais: Dubh mac Mhaoil Chaluim , anglicisé en Duff MacMalcolm) est un roi d'Écosse. Ce terme se retrouve dans les annales irlandaise finn gaill et dubh gaill signifiant Blanc étranger et Noir étranger. La forme moderne de son nom, Dubh, a le sens de « noir » spécialement en se référent à la couleur de ses cheveux. Il règne sur l'Écosse de 962 à 967.
Origine
[modifier | modifier le code]Dubh est le fils de Malcolm Ier. Selon William Forbes Skene, il s'agit d'un surnom car la version irlandaise de la « Chronique Picte » le dénomme « Cináed vel Dubh »[1].
Règne
[modifier | modifier le code]Dubh est le fils de Malcolm Ier (mort en 954). Son frère probablement cadet est Kenneth II (mort en 995). Dubh succède à Indulf comme roi après la mort de ce dernier en 962. Il est remarquable que jusqu'à son règne, les deux lignées issues de la dynastie royale avaient coexisté de manière pacifique depuis le règne du grand-père de Dubh, Donald II[2].
En 965, cependant, la légitimité de Dubh, issu de la branche descendant de Constantin Ier (mort en 876) est contestée par Culen, le fils d'Indulph de la branche descendant du roi Aed (mort en 878)[2]. Culen est défait par Dubh lors de la bataille de Duncrub en Strathearn, l'actuel Perthshire, et après une lutte sévère où Donnchad, l'Abbé Laïc[3] de Dunkeld et Dubdon d'Atholl, le mormaer d'Atholl[4], deux partisans de Culen[5] sont tués, Dubh remporte la bataille[6].
L'année suivante, Dubh est tué par les « Hommes de Moray » à Forres, un événement qui apparemment coïncide avec une éclipse solaire solaire du , et il a comme successeur Culen. Il a été avancé de façon convaincante que la représentation vivante d'une bataille et de ses conséquences sur le grand monument de pierre de Forres (connu sous le nom de Sueno's stone) représente la défaite et la mort de Dubh[2].
Cette défaite et cette mort sont sans doute liée aux probables avancées de son père, Malcolm Ier, dans la soussion du Moray[2]. Selon une source postérieure et constestable, le corps de Dubh est transporté à Iona pour y être inhumé[2].
Récit de Jean de Fordun
[modifier | modifier le code]Selon Jean de Fordun, Dubh aurait été un excellent prince. Le chroniqueur du XIVe siècle dit de lui qu'il est « un homme d'une simplicité de colombe, pourtant la terreur des rebelles, des voleurs et des bandits »[7].
Après avoir assuré son trône sur le champ de bataille, Dubh doit affronter un autre problème: il est atteint d'une maladie que ses médecins ne comprennent pas. Dans leur incapacité à le soigner, ils attribuent ses souffrances aux pouvoirs atrophiants de sortilèges malfaisants. Sa maladie l'empêche de superviser en personne l'administration de la justice, ce qui est grave, puisque selon la loi, le roi doit être présent pour juger les crimes et assister en personne à l'exécution des sentences.
Après guérison, Dubh visite les comtés de Moray et de Ross pour rétablir l'ordre et mater des rébellions. Il réussit à capturer les chefs de bandes, qu'il fait exécuter en public à Forres, comme exemple pour les comtés où la loi n'est plus respectée. Certains des condamnés sont des relations du gouverneur de Forres, et celui-ci tente en vain de les faire épargner. Lorsque le roi fait de nouveau halte à Forres en retournant vers le sud, il est assassiné durant la nuit et son corps enterré au fond d'une rivière. Cette mort a lieu en 967 selon les Annales d'Ulster[8]. Selon la légende, le soleil refuse de se montrer sur l'Écosse avant que le roi n'ait eu des funérailles décentes[9]. Toujours est-il que son corps aurait été transporté sur l'île d'Iona pour y être inhumé.
Clann Duib
[modifier | modifier le code]Dubh est l'ancêtre éponyme du Clann Duib ou Clan MacDuff, qui porte le titre de comte de Fife du milieu de XIe siècle au milieu du XIVe siècle. Leur statut de descendant d'une lignée royale, bien qu'ils n'aient pas réussi à se présenter eux-mêmes comme des prétendants plausibles au trône, est surement à l'origine de la situation privilégiée qu'occupaient les comtes de Fife par la suite, et par-dessus tout leurs privilèges, le rôle qu'ils jouaient lors des cérémonies de couronnement des rois d'Écosse à Scone[2].
Un autre signe de leur prééminence parmi la noblesse écossaise est le rôle que les chroniqueurs médiévaux donne à un certain Macduff (Macbeth) (en) [Macduib] (vers. 1057-1058), « thane » de Fife, qui est un partisan essentiel de Malcolm III dans sa campagne pour la conquête du trône contre Macbeth. Les comtes de Fife furent certainement des partisans fidèles de rois d'Écosse au XIIe siècle.
Si Macduff et sa description comme comte ou thane de Fife n'est pas une invention littéraire, il doit avoir été un descendant peut-être fils ou arrière petit-fils du roi Dubh, par un fils cadet inconnu de Kenneth. Le premier porteur du nom de « Macduib », à établir sa famille comme comte de Fife, peut être en évinçant le Clann Conaill Cirr, doit avoir été le père ou le grand-père de Constantin de Fife entre 1095 et 1130, et/ou de Gille Míchéil, comte de Fife vers 1130 à 1133[2].
Postérité
[modifier | modifier le code]Dubh laisse un fils le futur roi Kenneth III (mort en 1005). Selon Jean de Fordun il aurait laissé deux fils:
- Kenneth qui devient roi en 997, et qui, selon Dauvit Broun, est l'ancêtre du clan MacDuff ;
- Malcolm qui serait devenu plus tard le 6e prince de Cumbria[10].
Notes
[modifier | modifier le code]- William Forbes Skene Celtic Scotland Volume I « History and Ethnology » Forgotten Books (réédition de 2010) (ISBN 978-144008053-1) p. 366 note no 37.
- Dauvit Broun « Dubh [Duff; Dub mac Mael Coluim] (d. 966), », Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press, 2004.
- À l'époque, les Abbayes sont puissantes, et les abbés des seigneurs temporels comme les autres, les charges spirituelles de l'abbaye étant assurées par un prieur; il n'est donc pas étonnant de voir un abbé mourir à la bataille.
- Comté situé dans le nord du Perthshire, à peu près plein centre de l'Écosse. voir ici(anglais).
- William Forbes Skene Celtic Scotland Volume III p. 367.
- Annales d'Ulster: AU 965.4.
- Jean de Fordun: Livre IV chapitre XXVI « a man of dovelike simplicity, yet the terror of rebels, thieves, and robbers ».
- Annales d'Ulster AU 967.1.
- l'eclipse du serait à l'origine de cette tradition selon William Forbes Skene Celtic Scotland op. cit. p. 367.
- Ce fils ajouté par Jean de Fordun dans Chronicle Of The Scottish Nation Livre IV p. 167, n'a jamais existé. Il s'agit en fait d'une confusion de l'historien avec Mael Coluim mac Domnall roi du Strathclyde mort en 997 selon les Annales d'Ulster: AU: 997.5.
Sources
[modifier | modifier le code]- (en) Marjorie Ogilvie Anderson Kings and Kingship in Early Scotland 3e réédition par John Donald Birlinn Ltd, Edinburgh (2011) (ISBN 9781906566302).
- (en) Dauvit Broun « Dubh [Duff; Dub mac Mael Coluim] (d. 966), », Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press, 2004.
- (en) William Forbes Skene John of Fordun's Chronica genus Scotorum (Edinburgh, 1871-1872).
- (en) Alfred P. Smyth, Warlords and Holy Men: Scotland AD 80–1000. Edinburgh UP, Edinburgh, 1984 (ISBN 0-7486-0100-7) p. 211, 213, 221, 223-225.
- (en) Alex Woolf From Pictland to Alba 789~1070 The New Edinburgh History of Scotland. Edinburgh University Press, Edinburgh (2007) (ISBN 9780748612345) p. 92, 196, 200-203, 222-223, 257, 344, 352.