Eustache II de Boulogne
Comte de Boulogne | |
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Comte de Lens (d) | |
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Successeur |
Naissance | |
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Décès | Vers |
Activité | |
Famille | |
Père | |
Mère | Mathilde de Louvain (d) |
Fratrie | Gerberge de Boulogne (d) Lambert II Geoffroy de Boulogne |
Conjoints | Godgifu (à partir de ) Ide de Boulogne (à partir de ) |
Enfants | Ida de Boulogne (d) Eustache III de Boulogne Baudouin Ier de Jérusalem Godefroy de Bouillon Godefroy de Boulogne, Lord of Carshalton (d) |
Eustache II dit aux Grenons (c'est-à-dire « aux longues moustaches »), mort vers 1087[1], fut comte de Boulogne de 1047[2] à 1087 et comte de Lens à partir de 1054. Compagnon de Guillaume le Conquérant à la bataille de Hastings, il fut aussi un important baron du royaume d'Angleterre.
Biographie
[modifier | modifier le code]Il est fils aîné d'Eustache Ier († 1047), comte de Boulogne et de Lens, et de Mathilde de Louvain, fille du comte Lambert Ier de Louvain.
Il épouse, vers 1036, Godjifu († 1047), la fille du roi d'Angleterre Æthelred le Malavisé, sœur du roi régnant d'Angleterre Édouard le Confesseur, et veuve du comte Dreux de Vexin. Le mariage a pour but de sceller une alliance avec le roi d'Angleterre, et d'autre part avec les fils de sa femme, Ralph de Hereford, comte d'Hereford, et Gautier III, comte de Vexin et d'Amiens[1]. Il acquiert à cette occasion des fiefs anglais[réf. nécessaire]. À la mort de son père, il hérite du comté de Boulogne et son frère cadet, Lambert du comté de Lens[2].
Il avait ainsi des alliés puissants pour éviter l'annexion de son comté par le duc de Normandie ou le comte de Flandre[1]. Boulogne prend alors de l'importance et la ville prospère grâce au commerce entre la France et l'Angleterre[réf. nécessaire].
Comme son père avant lui, il poursuit son alliance avec la noblesse de la Basse-Lotharingie[1]. Ceci l'amène à participer à leurs côtés à la rébellion du duc Godefroy II de Basse-Lotharingie contre Henri III du Saint-Empire, entre 1047 et 1049, qui a pour but de réunir la Haute et la Basse-Lotharingie[1],[3]. Cette révolte est un échec[1]. Veuf de Godgifu en 1047, il se remarie rapidement avec Ide de Verdun († 1113), afin de renforcer son alliance avec son père Godefroy II, duc de Basse-Lotharingie[1]. Henri III use de son influence pour le faire excommunier par le pape Léon IX pour avoir épousé une parente[1],[4].
En 1051, alors qu'il est en visite à Douvres (Angleterre), une violente dispute l'oppose aux citoyens de la ville. Le comte Godwin de Wessex refuse de punir les coupables comme le demande le roi. En conséquence, Godwin et ses fils sont exilés du royaume en . En 1052, Godwin débarque en Angleterre avec une importante force flamande, et force le roi à lui rendre ses terres. À l'origine de ce conflit est la volonté de Godwin de rapprocher l'Angleterre des intérêts flamands, et la défense par Eustache de son alliance avec le roi anglais[1].
En 1053, il est l'un des nombreux soutiens du comte Guillaume d'Arques dans sa révolte contre le duc de Normandie Guillaume le Bâtard (futur Conquérant). L'échec du mouvement mène à un gel temporaire des relations avec la Flandre, nouvellement alliée à la Normandie[1].
En 1066, pour la première fois dans l'histoire familiale, il s'allie avec les Normands et accompagne Guillaume le Conquérant lors de l’invasion de l’Angleterre[1]. Il combat à la bataille de Hastings où il est peut-être son porte-étendard[5]. Selon Gui d'Amiens, il fait partie du commando de quatre chevaliers dépêchés par Guillaume pour tuer Harold vers la fin de la journée[6]. Il est grièvement blessé d'une lance entre les omoplates lors de la poursuite des fuyards alors qu'il conseille à Guillaume de se retirer en voyant la nuit arriver. Il est représenté sur la tapisserie avec des moustaches, ce qui vaut l'épithète aux Moustaches[1]. Eustache est récompensé par de nombreux fiefs dans le royaume conquis[1].
En 1067, pour des raisons obscures, il essaie, avec l'aide des citoyens, de s'emparer du château de Douvres. Devant l'échec de sa tentative, il doit s'enfuir, et perd toutes ses possessions anglaises. Toutefois, il se réconcilie avec le duc, et en 1071, s'allie avec lui pour combattre Robert le Frison qui s'est emparé du comté de Flandre aux dépens de son jeune neveu Arnoul III[1]. Après la mort d'Arnoul en , Robert s'empare définitivement de la Flandre. Malgré cet échec, le Conquérant et Eustache restent alliés, et ce dernier retrouve tous ses fiefs anglais[1]. À la rédaction du Domesday Book en 1086, il a des possessions dans douze comtés[7], principalement dans l'Essex[1]. Ses domaines produisent un revenu annuel estimé à 915 livres sterling[7]. Comme il a gardé une grande partie de celles-ci en domaine, elle lui rapporte environ 610 £ annuellement[7], ce qui fait de lui le dixième baron laïc le plus riche du royaume[1].
Famille et descendance
[modifier | modifier le code]Il n'eut pas d'enfants de sa première épouse Godjifu, fille de Æthelred II, roi d’Angleterre, et d'Emma de Normandie.
D'Ide de Verdun, fille de Godefroy II, duc de Basse-Lotharingie et de Doda, il eut :
- Eustache (III) (1056-1125), qui prit sa succession du comté de Boulogne ;
- Godefroy de Bouillon (1058-1099), duc de Basse-Lotharingie, qui conduisit la première croisade et devint avoué du Saint-Sépulcre à la prise de Jérusalem ;
- Baudouin (1065-1118), qui accompagna son frère en Terre sainte et devint comte d'Édesse, puis roi de Jérusalem à la mort de celui-ci ;
- Ida de Boulogne, mariée tout d'abord à Hermann von Malsen en 1070, puis, après 1080, avec Conon, comte de Montaigu (fils de Gozelo, comte de Montaigu). Avec ce dernier, elle aura 4 enfants dont Lambert de Montaigu (1080-1140), époux de Gertrude de Louvain (fille d'Henri III de Louvain).
D'une épouse dont le nom n'est pas connu (peut-être Godjifu, Ide ou une autre personne), il eut:
Il eut également pour fils illégitimes :
- Godefroy, seigneur de Carshalton, qui épousa Béatrice, fille de Geoffroy (I) de Mandeville[1]. Il participa également à la première croisade ;
- et peut-être Guillaume.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Notes et références
[modifier | modifier le code]- Heather J. Tanner, « Eustace (II), count of Boulogne (d. c.1087) », Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press, 2004.
- Heather Tanner, « The Expansion of the Power and Influence of the Counts of Boulogne under Eustace II », dans Anglo-Norman Studies - XIV. Proceeding of the Battle Conference 1991, édité par Marjorie Chibnall, 1991, p. 251-286.
- Tanner, Heather. « The Expansion of the Power and Influence of the Counts of Boulogne under Eustace II », Anglo-Norman Studies 14, p. 263.
- Tous leurs ancêtres ne sont pas connus, mais leur plus proche parent semble être Louis II de France, ce qui fait d'eux des parents au sixième degré.
- Pierre Aubé, « Godefroy de Bouillon », éditions Fayard, 1985, page 36, note 1.
- Guy d'Amiens, « Carmen de Hastingae Proelio », dans Oxford Medieval Texts: The Carmen de Hastingae Proelio of Guy, Bishop of Amiens, Oxford University Press, (lire en ligne).
- C. Warren Hollister, « The Greater Domesday Tenants-in-Chief », Domesday Studies, Éd. J.C. Holt (Woodbridge), 1987, p. 242.
- En 1106, le 18 avril, Londres, "dans la maison de William Baynard". Charte d'Eustache [III], comte de Boulogne : il abandonne à St Paul et à Maurice, évêque de Londres, avec le consentement de Marie, sa femme, toutes les terres déclarées par l'évêque comme appartenant au cimetière de St Paul, ou enfermées dans son mur. Témoins : pour le comte : Roger de Sumery ; Cono de Fiennes ; Eustache ; William le neveu du comte ; Harold le neveu du comte ; Ralf le fils du comte ; Eustache son frère ; Roger de Chaiou ; Roger de Bolonia ; William l'aumônier ; Arnold (Emaldiis) l'aumônier ; Brice l'aumônier ; Lambert l'égoutier (dapifer), &c. Pour l'évêque : Michael de Hamesclape ; Alwin de Sancto Clemente ; Roger l'archidiacre, chapelain de l'évêque ; Ranulf fils de Lambert, Roger Bel, Miles son neveu, citoyens de Londres ; William Dapifer ; Wlliam de Ochendon : Robert de Wicheton ; Robert de Sarneres l'aîné ; Tidewin ; Herbert de Loges ; Bertram fils de Bono d'Almain ; Gérard le marbrier ; Hugh Briton ; Simon qui rédigea l'instrument (breve). Le même jour, lorsque le comte et la comtesse ont présenté leurs revendications sous scellés sur l'autel, et ont reçu des chanoines et de Roger, le chapelain de l'évêque, les prières et les bénéfices de l'église, ils ont donné en aumône gratuite une maison-place {mansiunculam terre) à l'extérieur du mur de Saint-Paul à l'est, d'où Durand le chanoine avait retiré sa maison en raison des revendications du comte. Témoins : Roger de Sumery ; Ralf, fils du comte ; Rainer et Robert, archidiacres et autres chanoines, et autres. [Copies dans les muniments de Saint-Paul, Liber Pilosus, ff. 21a, 56a ; Liber B, fo. 42 (le premier document seulement). Dugdale, History of St. Paul's, p. 197 (à partir de B, en omettant les témoins après Roger de Sumery) ; Gibbs, Early Charters, no 198. Charters, No. 198].
- Regesta Regum Anglo-Normannorum 1066-1154 Volume II Regesta Henrici Primi 1100-1135, Oxford, Charles Johnson, C.B.E, F.B.A & H.A. Cronne Collections of the late H.W.C. Davis - Clarendon Press, (lire en ligne), p. 52.
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Pierre Aubé : Godefroy de Bouillon, Fayard 1985.
- Andrew Bridgeford, « Was Count Eustace II of Boulogne the patron of the Bayeux Tapestry? », Journal of Medieval History, vol. 25, no 3 (1999), p. 155-185. DOI S0304-4181(98)00029-3.
- Tanner, Heather. « The Expansion of the Power and Influence of the Counts of Boulogne under Eustace II », Anglo-Norman Studies 14, p. 251-277.
- S. A. Brown, « The Bayeux tapestry: why Eustace, Odo, and William? », Anglo-Norman Studies, vol. 12 (1989), p. 7-28.
- Bouet, Pierre. Hastings. 14 octobre 1066. Tallandier, 2014.
Sources
[modifier | modifier le code]- Heather J. Tanner, « Eustace (II) , count of Boulogne (d. c.1087) », Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press, 2004.
- Roman d'Amat, « Eustache, comtes de Boulogne » dans Dictionnaire de biographie française, vol. 13, Paris, [détail des éditions] , col. 271-2.
- Alain Lottin, Histoire de Boulogne-sur-Mer [détail des éditions].
- Andrew Bridgeford (trad. Béatrice Vierne), 1066, l’histoire secrète de la tapisserie de Bayeux, Éditiond du Rocher, coll. « Anatolia », (réimpr. 2005) [détail des éditions] (ISBN 2-268-05528-0), p. 386.
- MedLands - Lambert de Montaigu.