Front des laboureurs

Front des laboureurs
(ro) Frontul Plugarilor
Image illustrative de l’article Front des laboureurs
Logotype officiel.
Présentation
Président Petru Groza
Fondation 1933
Scission de Parti populaire (en)
Disparition 1953
Fusionné dans Parti communiste roumain
Positionnement Gauche
Idéologie Républicanisme
Agrarisme
Populisme de gauche
Couleurs Rouge
Meeting du Front des laboureurs en au stade de la République. De gauche à droite : Romulus Zăroni, Gheorghe Gheorghiu-Dej, Petru Groza, Mihai Ralea.

Le Front des laboureurs (en roumain : Frontul Plugarilor, FP) est un parti politique roumain de gauche agrarien, fondé à Deva en 1933 et dirigé par Petru Groza. À son apogée en 1946, le Front compte plus d'un million de membres[1]. En 1953, il se fond dans le Parti communiste roumain (PCR).

Né dans le județ de Hunedoara, le Front des laboureurs se répand rapidement dans le Banat, puis dans les autres régions de Roumanie. Groza, ancien ministre du gouvernement d'Alexandru Averescu en 1926[2], vise à améliorer la situation de la paysannerie, qui de son point de vue a été trahie par la principale formation agrarienne, le Parti national paysan[2],[3], appelant à la création d'une sécurité sociale dans les campagnes et à une réforme fiscale favorable aux petits propriétaires terriens[4]. Le Front est aussi d'ambition républicaine[5].

En 1935, le FP s'aligne sur le PCR, alors illégal, un accord inspiré par la doctrine stalinienne du Front populaire étant signé à Țebea[6].

Durant cette période, le FP n'obtient jamais plus de 0,30 % des suffrages[7]. Interdit, comme l'ensemble des partis politiques roumains en 1938, sous le régime autoritaire du roi Carol II, il demeure actif dans la clandestinité sous la dictature de Ion Antonescu (durant laquelle Groza est emprisonné en 1943-1944)[8]. Il refait surface en 1944, après la chute d'Antonescu et le début de l'occupation soviétique[8].

En octobre de cette même année, il rejoint le Front démocratique populaire (FND) dominé par le PCR, aux côtés de l'Union populaire hongroise, de l'Union des patriotes (en), du Parti social-démocrate roumain (en) et du Parti des paysans socialistes (en), absorbé par le FP un mois plus tard[9].

En , alors que représenté au sein du gouvernement de Nicolae Rădescu (comme il a été au sein de celui de Constantin Sănătescu), le FP prend part à des violences qui le conduisent à sa perte[10],[11]. Groza prend néanmoins la tête du troisième gouvernement depuis la chute d'Antonescu (formé le ) ; alors que le gouvernement est dominé par le PCR, le FP détient le ministère de l'Agriculture et des Domaines royaux[12],[13], celui de la Culture et des Arts[9].

Le FP se présente avec le PCR aux élections législatives de 1946, remportées par le gouvernement Groza grâce à d'importantes fraudes électorales[14],[15],[16],[17]. Il joue alors un rôle important dans l'instauration du communisme en Roumanie.

Néanmoins, les relations entre le FP et le PCR connaissent des tensions. Après son premier congrès en , le FP appelle à la préservation des petites propriétés agricoles et à la création volontaire de coopératives agricoles, alors que le PCR soutient la collectivisation[18],[19]. Durant la période connue comme la « grève royale » (à partir de l'automne 1945 et le refus du roi Michel Ier de signer les décisions gouvernementales), Groza rejette les pressions soviétiques sur le roi et menace même Vasile Luca de retirer son soutien au PCR[20], avant de céder aux exigences communistes[18].

En , Nicolae Cornățeanu (ro) et d'autres membres de la défunte Union nationale pour le travail et la reconstruction rejoignent le FP[21], et absorbe en 1948 le Parti national des paysans – Alexandrescu (une scission du Parti national paysan)[22]. Le FP disparaît en 1953 lorsqu'il se fond au sein du PCR.

Notes et références

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  1. Ștefan 1995, p. 10.
  2. a et b Cioroianu 2005, p. 150-151.
  3. Hitchins 1998, p. 390.
  4. Hitchins 1998, p. 390-391.
  5. Hitchins 1998, p. 165.
  6. Frunză 1990, p. 115.
  7. Hitchins 1998, p. 391.
  8. a et b Betea 2006.
  9. a et b Cioroianu 2005, p. 154.
  10. Cioroianu 2005, p. 159-162.
  11. Hitchins 1998, p. 507-508.
  12. Cioroianu 2005, p. 161.
  13. Frunză 1990, p. 116-187.
  14. Frunză 1990, p. 287-292.
  15. Hitchins 1998, p. 517.
  16. Ștefan 1995, p. 9-10.
  17. Tismăneanu 2003, p. 288.
  18. a et b Cioroianu 2005, p. 162.
  19. Hitchins 1998, p. 511.
  20. Cioroianu 2005, p. 161-162.
  21. Otu 2000.
  22. Videnie 2000, p. 46.

Bibliographie

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  • (ro) Lavinia Betea, « Engima partidului unic », Jurnalul Național,‎ (lire en ligne)
  • (ro) Lavinia Betea, « În umbra celulei », Jurnalul Național,‎ (lire en ligne)
  • (en) Adrian Cioroianu, Pe umerii lui Marx. O introducere în istoria comunismului românesc, Bucarest, éditions Curtea Veche,
  • (ro) Victor Frunză, Istoria stalinismului în România, Bucarest, Humanitas,
  • (ro) Keith Hitchins (ro), România, 1866-1947, Bucarest, Humanitas,
  • (ro) Petre Otu, « 1946-1947. Se pregătește guvernul Argetoianu ! », Magazin Istoric,‎ (lire en ligne)
  • (ro) Ștefan, « În umbra Cortinei de Fier », Magazin Istoric,‎
  • (en) Vladimir Tismăneanu (en), Stalinism for all seasons : a political history of Romanian communism, Berkeley, University of California Press, , 379 p. (ISBN 0-520-23747-1)
  • (ro) Nicolae Videnie, « Alegerile » din martie 1948: epilogul listelor electorale alternative. Obsesia unanimității — primii pași », Dosarele Istoriei, vol. 11,‎