Guillaume Liborel
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Guillaume-François-Joseph, baron Liborel (né le à Saint-Omer et mort le à Paris), est un avocat et homme politique français. Il est connu pour sa rivalité avec Maximilien de Robespierre.
Biographie
[modifier | modifier le code]Enfance et formations
[modifier | modifier le code]Issu d’une famille de médecins et de juristes, bourgeois à Saint Omer, originaire de la petite noblesse du Ponthieu[1], il est le fils d'un avocat homonyme d'Arras et de Marie-Caroline-Josèphe de Renty, son épouse.
Entré au collège des Jésuites en 1749 pour faire ses humanités, il poursuit une scolarité brillante (collège de Saint-Vaast, puis à l'université de Douai. Il monte ensuite à Paris où il obtient sa licence en droit le .
Le , il est inscrit bourgeois d'Arras.
Le 1er mars 1767, il épouse Anne-Madeleine-Victoire-Thérèse Letombe, fille du doyen de la Chambre des notaires d'Arras, qui lui donne 17 enfants dont neuf survivent.
Carrière
[modifier | modifier le code]Reçu avocat au Conseil du roi le [2], il est inscrit au barreau épiscopal d'Arras, dont il devient rapidement l'un des ténors. Il y appuie avec succès la candidature du jeune Maximilien de Robespierre, son lointain parent (1781).
Démêlés avec Robespierre
[modifier | modifier le code]Toutefois, au bout de quelques mois, ce dernier passera au service d'un autre ténor du barreau d'Arras Maître Buissart, au service de qui il plaide en second l'affaire dite « du paratonnerre » (1783), si brillamment plaidée et remportée par le tout jeune avocat. Quand Robespierre reprend en mains l'affaire du cordier Deteuf contre l'abbaye d'Anchin, cette dernière fera appel aux services de Me Liborel. Les deux hommes s'affronteront avec force et vigueur avant que l'affaire ne donne lieu à une transaction validée par jugement final. Une explication de l'origine sinon du renforcement de l'opposition entre les deux hommes proviendrait de ce que ce dernier aurait été sélectionné avec d'autres juristes d'Arras pour participer à une commission chargée de réformer (du moins de proposer des voies de réforme) le droit coutumier régional, commission dont Robespierre aurait été exclu d'office à cause de son intransigeance. À ses critiques (publiques), Liborel aurait répondu par une lettre publique particulièrement sévère à l'endroit de son confrère. Liborel rejoignit le corps échevinal de la ville d'Arras.
L'efficace Le Bon débusque alors (trop) rapidement à Saint Omer[3] un juriste du nom de Liborel[4], qu'il fait condamner[5] et guillotiner en quatre jours, pour s'apercevoir après coup qu'il s'agissait en fait de l'oncle du proscrit, qui avait remplacé son neveu comme avocat et conseil à l'Abbaye de Saint-Vaast. Le Bon, prévenu à temps de la méprise, aurait tout de même envoyé l'infortuné se faire guillotiner à Cambrai (), jurant de prendre sous huit jours le rival de Robespierre. Promesse jamais tenue puisque ce fut Le Bon qui fut arrêté deux jours après... Cette épreuve et son dénouement auraient durablement conforté Guillaume Liborel dans sa foi chrétienne[6].
Émigration ?
[modifier | modifier le code]À la Révolution, l'ancien échevin[7] arrageois devient président du Directoire du district d'Arras (1791), puis émigre provisoirement[8] pour fuir la vindicte de Robespierre.
Retour dans la vie publique à la fin de la Terreur
[modifier | modifier le code]À la chute du Comité de salut public, Liborel rentre (ou réapparaît) à Saint-Omer[9] pour en devenir président du tribunal (), puis député du Pas-de-Calais (), et, à ce titre, membre du Conseil des Anciens (1796 à 1799), dont il est plusieurs fois secrétaire[10] (à partir du ), se signalant par sa grande activité de législateur et de rédacteur[11]: il y combat avec succès, notamment, l'admissibilité des créances des émigrés[12].
Président de la section civile de la Cour de cassation
[modifier | modifier le code]Nommé le à la Cour de Cassation, il y reste 15 ans, pour en présider plusieurs fois la section civile[13], les représentants en titre étant accaparés par la rédaction du Code civil.
Son parcours politique (quoique proche des idées nouvelles, il avait toujours blâmé l'exécution du couple royal et n'avait jamais abjuré son catholicisme, étant resté toujours extrêmement pieux[14] ; il n'a pas participé activement à l'aventure napoléonienne), sa contribution à la mise en place du nouveau système juridique français et sa fidélité à Louis XVIII durant les Cent-jours lui valent en 1818 le titre de baron, avec institution de majorat[15].
Retraite pour grand âge
[modifier | modifier le code]Retiré de la vie publique du fait de son âge[16] à partir du , avec le titre de Conseiller honoraire, il participe néanmoins activement à la création de la cour d'assises de Saint-Omer.
Distinctions
[modifier | modifier le code]- Chevalier de la Légion d'Honneur le [17]
- Chevalier de l'Empire (création du [18])
- Officier de la Légion d'honneur le
- Baron (création du [19])
Œuvres
[modifier | modifier le code]- Mémoires du baron Liborel (non publiées à ce jour)
Notes et références
[modifier | modifier le code]- L'ancêtre Henry Liborel (Liborelle), écuyer, est seigneur de Roussent (Rouhem), près de Montreuil. Son arrière-petit-fils devint par mariage seigneur de Mont-en-Béalencourt (Artois), où il s'installa. Appauvrie, la famille dérogea au début du XVIIe siècle, cultivant sa terre de Mont, quoique certains membres soient encore qualifiés d'écuyers.
- Il fait sa première plaidoirie deux jours plus tard.
- Rebaptisée alors Morin-la-Montagne.
- Il s'agissait en fait de son oncle paternel, Ignace Liborel.
- L'acte d'accusation, rédigé à la hâte, mentionne que Liborel aurait correspondu avec les sujets des puissances étrangères et calomnié les patriotes...
- Mémoires, souvenirs et portraits, Alissan de Chazet, 1837
- Élu une première fois le 18 novembre 1774, puis le 21 avril 1764, et enfin le 15 avril 1788. A la disparition de l'échevinage, il fut élu conseiller municipal d'Arras le 25 janvier 1790. Il resta toujours très apprécié dans sa région.
- Information incertaine: certaines sources mentionnent qu'il se cacha dans la région de Calais.
- Nommé aussi président du district de Saint-Omer, il prononça un discours célébrant la disparition du régime de la Terreur qui marqua durablement ses auditeurs.
- Une de ses filles épousera d'ailleurs le fils du juriste Jacques de Maleville, lui-même membre du Conseil.
- Révolution française – Table alphabétique du Moniteur, de 1787 à l’an 8 de la République
- Vraisemblablement aussi pour des raisons personnelles, la rumeur l'accusant d'avoir bâti une solide fortune grâce aux biens nationaux : en effet, son acquisition à ce titre, le 14 février 1791, du château d'Arques-Saint Bertin et des biens de l'ancienne seigneurie se révéla une excellente affaire, Guillaume Liborel le revendant deux fois son prix huit ans plus tard.
- Il fut attaché à cette section en 1800-1803, 1807-1811 et 1813-1814.
- Sa longue carrière de juriste ayant d'ailleurs commencé au barreau épiscopal d'Arras.
- Sur la ferme de Villescamp (Lattre-Saint Quentin).
- Il exerçait encore dans l'année de ses 75 ans...
- Base Léonore: cote 1637/35
- Certains biographes lui donnent un titre de baron d'Empire à cette date, assertion jamais corroborée et vraisemblablement erronée.
- Les armes sont celles des Liborel du Ponthieu/Artois: d'argent aux trois gerbes de sinople liées de sable, posées 1 et 2, accompagnées de trois maillets de sables, 2 en chef et 1 en pointe (ce relèvement des armes ancestrales et la politique (systématique) d'achat de fiefs menée par le (futur) baron témoignent de la constante volonté des Liborel de récupérer la qualité de leurs ancêtres de jadis).
Sources
[modifier | modifier le code]- Notice sur M. le baron Liborel, conseiller honoraire à la Cour de cassation, officier de la Légion d'honneur, par M. Bouton, Paris
- Notice historique sur le baron Liborel, avocat au Conseil d'Artois, membre de l'Echevinage d'Arras et des Etats d'Artois, etc., dans Mémoires de l'Académie des Sciences, Lettres et Arts d'Arras, tome XI (page 57), par A-J. Paris, 1879
- « Guillaume Liborel », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition]