Hanafuda

Hanafuda (花札?, « jeu des fleurs ») est un jeu de cartes traditionnel japonais. Ces cartes sont très répandues et populaires au Japon et en Corée où le jeu est nommé sakura ou higobana et également à Hawaï où elles sont appelées hwa-t'u. Inspirées par les jeux de cartes de missionnaires étrangers en 1549, les hanafuda sont l'ultime résultat d'une prohibition de tout élément étranger ainsi que des jeux d'argent du XVIIe au XIXe siècle, durant lesquels des dizaines de jeux de cartes furent créés de façon à contourner l’interdit.

Histoire du hanafuda

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Les Japonais ont découvert les cartes à jouer grâce aux Portugais au XVIe siècle. Le principe trop guerrier des cartes portugaises ne correspondait pas à la philosophie japonaise. Au lieu d'utiliser les thèmes qui régissent le combat, la fortune et l'amour, les Japonais ont fait évoluer leurs propres cartes vers une thématique plus culturelle : les fleurs.

Le plus connu des cartiers de hanafuda est Nintendo. La célèbre marque (qui est plus connue maintenant pour ses jeux vidéo) a en effet été créée en 1889 afin de commercialiser les cartes de hanafuda (elle a été leader dans ce domaine au Japon et exportait ces jeux aux États-Unis dans les années 1930).

Un jeu de cartes hanafuda comporte habituellement 48 cartes florales divisées en 12 séries de 4 cartes, chaque série représentant une fleur spécifique et un mois de l'année ou lune (le caractère japonais possède les deux significations, toutes deux plausibles selon le point de vue adopté).

Ces cartes peuvent également être réparties en familles selon ce qu'elles représentent, leur valeur allant en concordance :

  • 24 normales ne représentant que la fleur du mois, valant 1 point ;
  • 10 rubans représentant des bandes de papier traditionnelles destinées à l'écriture de poésies, valant 5 points, dont :
    • 3 avec poésie,
    • 3 bleus ;
  • 9 animaux valant 10 points (comprenant également les cartes coupe de saké et pont de 8 planches) ;
  • 5 spéciales ou lumières représentant des éléments symboliques de la tradition japonaise, valant 20 points.

La valeur des cartes peut être considérée comme inutile ou arbitraire et n'est pas utilisée par tous les jeux mais elle permet de mieux catégoriser les cartes.

De même, 5 cartes animaux comportent des nuages dans leurs motifs traditionnels bien qu'il ne s'agisse pas d'éléments utilisés en jeu.

Mois / Lune

(Hana?)

Fleur

カス (Kasu?, déchet)

Normales

1 point

短冊 (Tanzaku?)

Rubans

5 points

(Tane?)

Animaux

10 points

(?)

Spéciales / Lumières

20 points

1月

Janvier

(Matsu?)

Pin (Pinus)

avec poésie[R 1]

-

Grue japonaise et soleil

2月

Février

(Ume?)

Abricotier du Japon (Prunus mume)

avec poésie[R 1]

Bouscarle chanteuse (et nuages)

-
3月

Mars

(Sakura?)

Fleurs de cerisier (Prunus serrulata)

avec poésie[R 2]

-

Rideau de campement

4月

Avril

(Fuji?)

Glycine (Wisteria floribunda)

Petit coucou (et croissant de lune)

-
5月

Mai

菖蒲 (Shōbu / Ayame?)

Iris d'eau japonais (Iris laevigata)

ou Iris sanguinea

Pont de 8 planches[R 3] (et nuages)

-
6月

Juin

牡丹 (Botan?)

Pivoine (Paeonia suffruticosa)

bleu (?)

Papillon (et nuages)

-
7月

Juillet

(Hagi?)

Lespédéza (Lespedeza)

Sanglier (et nuages)

-
8月

Août

薄 / 芒 (Susuki?)

Miscanthus sinensis

-

Oies en vol

Pleine lune sur ciel rouge

9月

Septembre

(Kiku?)

Chrysanthème (Chrysanthemum morifolium)

bleu (?)

Coupe de saké (et nuages)

-
10月

Octobre

紅葉 (Momiji?)

Érable (Acer)

bleu (?)

Cerf

-
11月

Novembre

(Yanagi?)

Saule (Salix)

Foudre[R 4]

Hirondelle

Homme au parapluie[R 5]

12月

Décembre

(Kiri?)

Paulownia (Paulownia tomentosa)

[R 6]

- -

Phénix chinois

Remarques et explications

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  1. a et b Il n'est pas écrit anoyoroshi mais akayoroshi, le second caractère étant le hentaigana pour « ka ». Malgré tout sa signification reste disputée (le site web de Nintendo affirme néanmoins être en cours de recherches, (ja) « Teach », sur nintendo.co.jp (consulté le ).
  2. On peut lire sur le ruban à poésie « Miyoshino », le nom d'une ville à Nara connue pour ses cerisiers japonais.
  3. Ce pont fait référence à un conte : Mikawanokuni yatsuhashi. Il raconte l’histoire d’une famille pauvre dont la mère travaille beaucoup pour élever ses deux enfants. Un jour, les enfants décident d’aller ensemble voir leur mère qui est occupée. En chemin, ils doivent traverser une rivière, mais se noient. Depuis cet accident, la mère prit l’habitude de prier pour ses enfants chaque jour. Elle bâti un pont avec 8 petites planches de bois pour que les enfants puissent traverser la rivière. (yatsu?) en japonais signifie 8 et (hashi?) pont.
  4. La foudre est ici imagée par la présence d'un dragon dont on ne voit qu'une patte et d'un tambour dont le son peut évoquer le tonnerre.
  5. Cette carte dépeint l'histoire d'un calligraphe, vivant à l'époque Heian, nommé Ono no Michigaze (couramment appelé Ono no Tofu). Alors que le jeune homme marchait sous la pluie, il vit une grenouille essayant de manger un insecte sur un saule. Voyant la grenouille tomber, et encore tomber, avant de finir par réussir, il apprit la valeur de la persévérance.
  6. Deux de ces 3 cartes sont le plus souvent utilisées pour afficher la marque du fabricant du jeu, comme le sont les jokers ou les as dans les jeux de cartes traditionnels occidentaux.

Version coréenne

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En Corée, le jeu hanafuda connu sous le nom hwa-t'u a connu quelques modifications mineures :

  • les cartes des mois de novembre et décembre sont commutées ;
  • les rubans ont pu voir leur teinte varier (jaune à la place de rouge, violet à la place de bleu) ;
  • les inscriptions des rubans ont été remplacées par du coréen, les rubans bleus ont aussi, dans certaines versions, reçu une inscription ;
  • la carte de la foudre a été redessinée.

Comme nombre de jeux traditionnels, le jeu hanafuda a connu de nombreuses variantes plus ou moins fructueuses dont voici quelques représentants parmi les plus connues ou originales :

Nom Cartes Région Description
Fine bouche (薄口(うすくち)) 48 Tokyo Cartes de plus grande qualité, incorporation de couleur argentée, notamment dans la pleine lune, dans les détails de plantes, etc.[1].
Echigo-bana (越後花(えちごばな)) 48 Niigata Les cartes comportent les paroles d'une chanson, ainsi qu'un filet d'argent[2].

Fonctionnelles

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Nom Cartes Région Description
虫花(むしばな)/ 虫札(むしふだ)

Insectes (Mushi-bana / Mushi-fuda)

40 Osaka, Kyoto, Hyogo Jeu dont sont retirées les cartes des mois de juin et juillet[3].
Echigo-kobana (越後小花(えちごこばな)) 52 Niigata Ajout de 4 cartes supplémentaires faisant office de joker, modification et simplification des motifs traditionnels[4],[5].

Une carte normale paulownia devient un ruban :

Hybride Hanafuda-Atouts 52 Dans les jeux hybrides Hanafuda-Atouts, les mois de janvier à décembre sont habituellement assignés la valeur d'as à dame comme dans les jeux de cartes traditionnels occidentaux. Alors que certains compensent le manque de cartes pour assigner les rois par des cartes jokers ou de service (qui donnent divers bonus aux cartes de hanafuda), Universal Playing Card Company a créé un 13e mois pour compléter le jeu[6] :

Mois / Lune

(Hana?)

Fleur

カス (Kasu?, Déchet)

Normales

1 point

短冊 (Tanzaku?)

Rubans

5 points

(Tane?)

Animaux

10 points

Spéciales / Lumières

20 points

13月 Bambou sous la neige

Moineaux

Princesse Yaegaki

La princesse Yaegaki est l'héroïne du conte Honchô nijûshikô écrit originellement pour le théâtre de marionnettes (bunraku), joué pour la première fois le premier mois lunaire 1766 et adapté quelques mois plus tard au kabuki. Le récit prend place dans le Japon féodal où la princesse Yaegaki, fille du clan Uesugi, amoureuse de Katsuyori, héritier du clan Takeda, s'en remettra à laisser un renard blanc envoyé par le dieu du sanctuaire Suwa la posséder afin de traverser un lac gelé pour sauver son aimé d'une embuscade et lui rapporter le casque de guerre magique des Takeda qu'il avait essayé d'obtenir et l'avait mené à cette situation mortelle[7].

Jūsan-gatsu-bana (十三月花(じゅうさんがつばな)) 52 - Version non traditionnelle créée et fabriquée par Matsui Tengudo à Kyoto comme nouvelle forme de hanafuda, un mois supplémentaire est ajouté sur le thème du bambou avec une carte « Tigre » à 20 points, des « Moineaux » à 10 points, un ruban à 5 points et une normale. Le nombre de points a été ajusté de manière que quatre personnes puissent jouer le jeu des huit cents.

On voit également une normale de paulownia se colorer de rouge (telle son homologue jaune), ainsi qu'une miscanthus dont l'herbe aurait été rasée[8].

Jūyon-gatsu-bana (十四月花(じゅうよんがつばな)) 56 - Autre version non traditionnelle créée et fabriquée par Matsui Tengudo à Kyoto comme nouvelle forme de hanafuda ; il s'agit d'une extension de sa version à 13 mois avec un 14e mois supplémentaire sur le thème du lotus. Les points sont rééquilibrés de façon différente: le « Tigre » ne vaut que 10 points et une carte « Dragon » vaut 20 points[9] :

Mois / Lune

(Hana?)

Fleur

カス (Kasu?, Déchet)

Normales

1 point

短冊 (Tanzaku?)

Rubans

5 points

(Tane?)

Animaux

10 points

Spéciales / Lumières

20 points

13月 Bambou

Tigre (et nuages)

-
14月 Lotus -

Dragon chinois (et nuages)

Exemples de cartes anciennes hanafuda

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Les cartes de hanafuda présentées sur cet exemple sont courbées en arc. Le carton est dur et cette courbure permet de les saisir facilement.

Ces cartes peuvent être utilisées pour jouer à différents jeux. Au Japon, on peut jouer à hachi, hachi-hachi, Hana-Awase, hiyoko, isuri, koi-koi, mushi, poka, roppyakken, sudaoshi ou encore tensho. En Corée, on joue à godori, minhwatu et sutda. À Hawaï, on joue à sakura.

Notes et références

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  1. (ja) « 地方札・薄口 », sur asahi-net.or.jp (consulté le ).
  2. (ja) « 地方札・越後花 », sur asahi-net.or.jp (consulté le ).
  3. (ja) « 地方札・虫花 », sur asahi-net.or.jp (consulté le ).
  4. (en) « Anthony L. esq. Echigokobana (越後小花) », sur anthonylesq.blogspot.com (consulté le ).
  5. (ja) « 地方札・越後小花 », sur asahi-net.or.jp (consulté le ).
  6. (ja) « 四人花札 » [archive du ], sur web.archive.org,‎ (consulté le ).
  7. (en) « Kitsunebi », sur kabuki21.com (consulté le ).
  8. (ja) « 地方札・十三月札 », sur asahi-net.or.jp (consulté le ).
  9. (ja) « 地方札・十四月札 », sur asahi-net.or.jp (consulté le ).

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Bibliographie

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  • Véronique Brindeau et Frédéric Clément, Le Jeu des fleurs. Hanafuda, Arles, Éditions Philippe Picquier, (ISBN 978-2-8097-0059-6).
  • Jean-Manuel Mascort, Les Jeux du Japon, Chantilly, Le Comptoir des Jeux, , 109 p. (ISBN 978-2-9545731-0-6).

Articles connexes

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Liens externes

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