L'Isle joyeuse

L'Isle joyeuse
FL 109
Image illustrative de l’article L'Isle joyeuse
Antoine Watteau, Le Pèlerinage à l'île de Cythère (1717)

Musique Claude Debussy
Effectif Piano seul
Dates de composition 19031904
Création
Salle Pleyel, Concert Parent, Paris
Interprètes Ricardo Viñes
Claude Debussy - L´Isle joyeuse par Eunmi Ko (Madrid, 2016).

L'Isle joyeuse est une pièce pour piano de Claude Debussy publiée en 1904 avec Masques.

Claude Debussy compose cette pièce entre 1903 et [1]. Elle est créée par Ricardo Viñes à Paris, au Concert Parent, .

Première page de la partition autographe.

L'Isle joyeuse a été inspirée par une œuvre de Watteau de 1717, Le Pèlerinage à l'île de Cythère. Le compositeur revient dans une lettre du à Désiré Walter sur sa source d'inspiration et précise :

« On y rencontre des masques de la comédie italienne, des jeunes femmes chantant et dansant ; tout se terminant dans la gloire du soleil couchant[2]. »

Diffusée par un biographe de Claude Debussy, Léon Vallas, cette inspiration a été nuancée par un autre biographe, Marcel Dietschy[3], mais elle demeure convaincante pour la plupart des commentateurs de l'œuvre[4]. Masques et L'Isle joyeuse semblent avoir été toutes deux esquissées plus tôt, lorsque Debussy écrivait, vers 1890, ses mélodies sur des textes de Verlaine. Les musicologues considèrent généralement Masques et L'Isle joyeuse comme des œuvres jumelles, toutes deux influencées par la vie personnelle du compositeur, voyant des rapprochements jusque dans leurs différences :

« Si l'Isle joyeuse reflète la joie du triomphe solaire de l'amour de Claude et d'Emma Bardac, Masques représente le tunnel oppressant qui y mène[5]. »

« C'est comme si Masques était une danse de mort et L'Isle joyeuse une danse de vie[6]. »

D'après Roy Howat, le compositeur aurait eu l'intention de construire un triptyque avec ces deux pièces et D'un cahier d'esquisses[7].

Roy Howat avance aussi que Claude Debussy aurait été inspiré musicalement par Islamey de Mili Balakirev, que Ricardo Viñes jouait souvent au piano depuis 1902[8]. Le musicologue remarque également des similarités avec la partition de La Mer[9].

Le chef d'orchestre Bernardo Molinari (1880–1958) en a écrit une version pour orchestre en 1917, publiée chez Durand en 1923[1].

Introduction du morceau.

La partition colorée et brillante de L'Isle joyeuse où le pianiste est invité à modifier sans cesse sa sonorité et à faire preuve de finesse dans le jeu, pourrait illustrer la frivolité, l'insouciance, l'évasion.

La brève introduction sur un trille est suivie d'un divertissement sur un rythme de habanera ; puis se développe une longue phrase voluptueuse, qui se termine sur un final très vif et brillant. Debussy s'engage dans un univers sonore nouveau avec notamment l'utilisation importante de la gamme par tons et le recours à de nouvelles couleurs musicales.

Bibliographie

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  • Roy Howat, « En route for L'isle joyeuse: restoration of a triptych », Cahiers Debussy, 1995, no19.
  1. a et b Claude Debussy, L'Isle joyeuse, sur le site de la bibliothèque nationale.
  2. Jean-Noël von der Weid, Le flux et le fixe: Peinture et musique, Fayard, 2012, chapitre « Les Images des musiciens ».
  3. Marcel Dietschy, La Passion de Claude Debussy, À la Baconnière, 1962, p. 171-172.
  4. Paul Roberts, Images: The Piano Music of Claude Debussy, Hal Leonard Corporation, 2001, p. 105-106.
  5. François-René Tranchefort, « Masques », Guide de la musique de piano et de clavecin, Fayard, 1987.
  6. Roy Howat, « Debussy and the Orient », chapitre 3 in C. Andrew Gerstle (dir.) Recovering the Orient: Artists, Scholars, Appropriations, Psychology Press, 1994, p. 79.
  7. Roy Howat, « Debussy's piano music: sources and performance », in Richard Langham Smith, Debussy Studies, Cambridge University Press, 1997, p. 96.
  8. Roy Howat, « Russian Imprints in Debussy's Piano Music », in Elliott Antokoletz et Marianne Wheeldon (dir.), Rethinking Debussy, Oxford University Press, 2011, p. 42.
  9. Roy Howat, Debussy in Proportion: A Musical Analysis, Cambridge University Press, 1986, p. 135.

Liens externes

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