Louis Régis

Louis Régis
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 96 ans)
AntibesVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Jean Joseph Louis Regis dit MilanoVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
française (à partir de )Voir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Fratrie
Parentèle
Daniel Saurin (d) (beau-frère)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Distinction

Louis Régis, né le à Sétif et mort le à Antibes, est un militant antisémite et médecin français.

Biographie[modifier | modifier le code]

Né à Sétif (Algérie française), rue Saint-Augustin, le 21 octobre 1876, Jean-Joseph-Louis Régis, dit Milano, est le fils d’Émilie Guelpa et de l'entrepreneur Jean Régis, dit Milano[1],[2] (1832-1895), un colon piémontais qui ne sera naturalisé français qu'en 1888. Trois ans après l'un de ses frères aînés, Max, Louis Régis reçoit la nationalité française à sa majorité en application de la loi du 26 juin 1889[3].

Élève de plusieurs établissements scolaires de la métropole puis étudiant à l'École supérieure de médecine et de pharmacie d'Alger dans la seconde moitié des années 1890, Louis Régis devient externe à l'hôpital civil de Mustapha[4].

Portrait de Louis Régis par Édouard Herzig (supplément illustré de L'Antijuif algérien, 12 juin 1898).

En , Max et Louis Régis sont exclus des Écoles supérieures d'Alger[5] pour y avoir mené des manifestations estudiantines contre un jeune professeur juif, Emmanuel Lévy (1871-1944), récemment chargé de cours à l’École supérieure de droit[6]. Max, épaulé par Louis, prend alors la tête de la Ligue antijuive d'Alger et fonde un journal, L'Antijuif algérien, dont son frère devient l'administrateur[4]. En janvier suivant, Louis prend une part active aux graves troubles antisémites dirigés par son frère aîné[7].

En mai 1898, alors que Max est incarcéré, Louis Régis aide le polémiste antisémite Édouard Drumont à être élu député d'Alger à l'occasion des élections législatives de 1898. Au cours d'un meeting de campagne à Mustapha, il profère des paroles menaçantes à l'encontre de deux procureurs[8], ce qui lui vaut une peine de trois mois de prison avec sursis pour outrage à magistrat[9]. Quelques jours plus tard, il est également condamné par défaut à un an de prison pour sa participation aux scènes de pillage du mois de janvier précédent[7]. Il obtient cependant son acquittement après avoir fait opposition de ce dernier jugement, les faits n'étant pas suffisamment établis[10].

Entre les mois de novembre 1898 et octobre 1899, Louis Régis effectue son service militaire dans le 1er régiment de zouaves[11]. Pendant ce temps, Max est élu maire d'Alger mais se fait rapidement révoquer. Une fois libéré, Louis remplace provisoirement son frère à la tête de L'Antijuif algérien et du « parti » antijuif[12].

Sur cette photographie prise à Mustapha en mai 1900, Louis Régis est debout à la droite du député Édouard Drumont, assis au centre.

L'année suivante, il écope de huit jours de prison pour voie de fait sur un adversaire politique[13]. Il purge cette peine en février 1901. Deux mois plus tard, Louis et son frère sont blessés à l'issue d'une violente bagarre les opposant à leurs ennemis, dont Étienne Laberdesque, à la terrasse de la brasserie Tantonville[14]. En juillet, à Oran, Louis prend part à de nouveaux troubles et se voit condamner à une amende et à trois jours de prison pour tapage injurieux[15].

Miné par les dissensions internes dues aux excès de Max Régis, l'antisémitisme algérien connaît un coup d'arrêt aux élections du mois de mai 1902, notamment avec la défaite de Drumont. « Candidat républicain d'union antijuive » au poste de conseiller général que son frère venait d'abandonner dans la 4e circonscription d'Alger[16], Louis Régis est battu, avec 1306 voix contre 1506, par le républicain André Serpaggi (d)[17].

Délaissant la politique, Louis Régis obtient son doctorat en médecine à Lyon le 27 novembre 1902[18] après avoir soutenu une thèse intitulée Du Prurit dans la syphilis. Tout d'abord installé au no 5 du boulevard de Denain, à Paris[18], il s'établit ensuite durablement au no 10 du boulevard Poissonnière.

Le 30 mars 1912, Louis Régis épouse sa nièce, Jane-Émilie-Hyacinthe Audroing-Houssais (1891-19..)[19]. L'un des témoins du mariage est le docteur Guillaume Guelpa, oncle maternel de Louis, à qui il a dédié un livre en 1910[20]. Louis Régis et son épouse sont les parents de Marcel-Armand-Jean-Louis Régis (1913-2009)[21] et de Jane-Armande-Flore Régis (1914-2001)[22], qui épouse en 1939 le médecin Georges Govaerts[23]. Jane Govaerts a rédigé une thèse de doctorat en médecine sur Augustin Cabanès, publiée en 1941 (Un Médecin an service de l'histoire, le docteur Augustin Cabanès, Paris, Jouve, 1941, 83 p).

Pendant la Première Guerre mondiale, Louis Régis sert dans plusieurs ambulances militaires avant d'être affecté à l'hospice mixte de Saint-Germain-en-Laye avec le grade de médecin aide major en 1917[24].

Spécialisé dans la stomatologie, le docteur Louis Régis est nommé chevalier de la Légion d'honneur par un décret présidentiel du 11 avril 1930[25].

Âgé de 96 ans, Louis Régis meurt le 22 janvier 1973 à la résidence Miramar d'Antibes[2].

Distinctions[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. ANOM, état civil de Sétif, registre des naissances de 1876, acte no 173.
  2. a et b Archives de Paris, état civil du 9e arrondissement, registre des décès de 1973, acte no 60 (vue 9 sur 31).
  3. Le Siècle, 20 janvier 1901, p. 2.
  4. a et b Le Turco, 10 mai 1902, p. 1.
  5. La France, 14 février 1897, p. 2.
  6. Le Journal des débats, 13 février 1897, p. 2.
  7. a et b Le Siècle, 18 mai 1898, p. 2.
  8. Le Temps, 15 mai 1898, p. 2.
  9. L'Intransigeant, 16 mai 1898, p. 1.
  10. La Loi, 5 juin 1898, p. 491.
  11. Le Moniteur universel, 19 novembre 1898, p. 3.
  12. La Libre Parole, 29 octobre 1899, p. 2.
  13. Le Temps, 15 octobre 1900, p. 2.
  14. L'Écho de Paris, 1er mai 1901, p. 3.
  15. Le Soir, 18 août 1901, p. 2.
  16. L'Antijuif algérien, 11 mai 1902, p. 2.
  17. Le Constitutionnel, 13 mai 1902, p. 2.
  18. a et b Liste des docteurs en médecine, officiers de santé, sages-femmes, chirurgiens-dentistes, pharmaciens..., 1er janvier 1914, p. 104.
  19. Archives de Paris, état civil du 7e arrondissement, registre des mariages de 1912, acte no 246 (vue 30 sur 31).
  20. Guillaume Guelpa, Autointoxication et désintoxication, Paris, Doin, 1910, 317 p.
  21. Archives de Paris, état civil du 9e arrondissement, registre des naissances de 1913, acte no 208 (vue 6 sur 31).
  22. Archives de Paris, état civil du 9e arrondissement, registre des naissances de 1914, acte no 452 (vue 7 sur 31).
  23. Archives de Paris, état civil du 9e arrondissement, registre des mariages de 1939, acte no 1115 (vue 9 sur 31).
  24. ANOM, registres matricules militaires, classe 1897, no 648.
  25. Revue des établissements et des œuvres de bienfaisance, juillet 1930, p. 305.

Liens externes[modifier | modifier le code]

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