Météores
| |||||||||||||||||||||||||||||||
|
Les Météores (en grec moderne : Μετέωρα) sont une formation géologique du nord de la Grèce, dans le district régional de Trikala, en Thessalie, dans la vallée du Pénée. Ils abritent des monastères chrétiens orthodoxes (en grec moderne : Μετέωρα Μοναστήρια, « monastères suspendus au ciel ») perchés au sommet de falaises et pitons rocheux gris, sculptés par l'érosion.
Le site est inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1988[1].
Géographie
[modifier | modifier le code]Localisation et géologie
[modifier | modifier le code]Les monastères sont perchés dans les falaises détritiques, composées de « poudingue » (conglomérat formé de galets liés par un ciment sableux) qui surplombent au nord la petite ville de Kalambaka, en Thessalie. Depuis 2018, la région est incluse au sein du parc national des Tzoumérka, de la vallée de l'Achelóos, des Ágrafa et des Météores.
D’après la mythologie locale, des roches furent envoyées du ciel sur la terre par la Providence (d’où leur nom de « météores ») pour permettre aux ascètes de se retirer et de prier.
La formation détritique date de l’ère tertiaire, un grand affluent de la mer de Thessalie ayant déposé petit à petit, galets et sédiments, comme le montre l'aspect stratifié des rochers. Pendant le plissement qui a donné naissance à la péninsule hellénique (les « Hellénides » des géologues) ce fleuve a été déplacé ou a disparu, les alluvions ont été en partie métamorphisées sous l'effet de la pression et de la chaleur, tandis que l’ensemble était soulevé, puis dégagé par l’érosion, donnant un modelé gréseux fait de blocs arrondis typiques de ce type de roche.
Climat
[modifier | modifier le code]Le climat méditerranéen de la Grèce présente, dans la région des Météores, des caractères continentaux liés à l'enclavement et l'altitude, avec des hivers plus froids et neigeux, et des étés chauds et orageux. L'année peut être divisée en deux saisons principales : une première période relativement froide et pluvieuse à partir du mois de novembre jusqu'à fin mars, et une seconde saison chaude et orageuse à partir d'avril à septembre. Tous les monastères sont pourvus des paratonnerres et l'ascension est interdite pendant les orages.
Monastères
[modifier | modifier le code]Seuls six monastères sont aujourd'hui en activité, ayant parfois été réoccupés après une période d'abandon :
- Agios Nikolaos (Saint-Nicolas) ;
- Agios Stefanos (Saint-Étienne) ;
- Agía Triáda (Sainte-Trinité) ;
- Grand Météore, ou monastère de la Transfiguration, il est le premier en taille et en ancienneté, c'est aussi le seul qui n'a jamais cessé d'être occupé depuis sa création ;
- Roussanou ;
- Varlaam.
Subsiste également le monastère d'Ypapantis qui est maintenant ouvert en visite guidée seulement.
Histoire
[modifier | modifier le code]Antiquité
[modifier | modifier le code]Dans la mythologie grecque, la région était réputée avoir été une des patries du peuple des Lapithes (en grec ancien Λαπίθαι / Lapíthai). Au vu des traces d’occupation (remontant jusqu’à l’Antiquité) le site a pu servir ponctuellement de refuge aux villageois et bergers des environs lors des invasions celtiques (IIIe siècle av. J.-C.), gothiques (IVe siècle), slaves (VIIe siècle), bulgares (IXe siècle) ou turques (XIVe siècle). En revanche, aucune trace de sanctuaire antique n’a été trouvée sur le site.
Christianisation
[modifier | modifier le code]Le christianisme s’est implanté dans la région au Ve siècle mais les premiers moines à habiter les Météores ne sont attestés qu’au XIe siècle : comme les bergers ou les réfugiés avant eux, ils vivaient dans les grottes, en ermites.
Athanase, chassé de la République monastique du Mont-Athos, fonda le Grand Météore avec plusieurs de ses fidèles, suivi par d’autres communautés (jusqu’à 24 lors de l’apogée au XVe siècle) qui occupèrent les sommets des rochers.
À partir du XVIIe siècle, de nombreux monastères furent progressivement abandonnés (surtout les dépendances appelées skites). Certains furent détruits ou abîmés au cours des guerres, notamment au début du XIXe siècle par les troupes d’Ali Pacha.
À l'époque moderne
[modifier | modifier le code]Vers 1920 furent aménagés les escaliers actuels permettant un accès plus facile. Auparavant, on montait dans de grands paniers suspendus à des poulies et manœuvrés à l’aide de contrepoids.
Pendant la Seconde Guerre mondiale le site fut occupé par les troupes italiennes jusqu'en octobre 1943, puis allemandes en 1944, combattues par les Antartes. Ces résistants, notamment l'ELAS, contrôlent la région de 1945 à 1949, y compris pendant la Guerre civile grecque. De nombreux moines et popes s'engagent parmi les Antartes[2] : « dès l’été 1943, l’ELAS a libéré un tiers du territoire de la Grèce, tout au long de la zone montagneuse qui va de la Macédoine occidentale au golfe de Corinthe. Dans cette Grèce libre, la résistance crée un véritable État de type nouveau : des assemblées générales où participent les popes (qui tenaient une place importante du fait qu’ils étaient parfois les seuls à savoir lire et écrire), et aussi les femmes (chose inédite alors en Grèce) qui élisent différents comités locaux : auto-administration, tribunal populaire et commissions pour la sûreté, le ravitaillement, l’école et l’église »[3].
Tourisme
[modifier | modifier le code]Le départ de la visite se fait depuis Kalambaka. Un circuit de 17 km environ permet de faire le tour des monastères.
Au cinéma
[modifier | modifier le code]- 1961 : une scène du film franco-belge Tintin et le Mystère de La Toison d'or de Jean-Jacques Vierne, est tourné aux Météores.
- 1976 : les Météores sont le cadre du film Intervention Delta (Sky Riders) de Douglas Hickox, avec James Coburn.
- 1980 : On a volé la cuisse de Jupiter de Philippe de Broca, tourné en Grèce du 3 septembre au 14 novembre 1979.
- 1981 : John Glen y tourna le film britannique Rien que pour vos yeux dans la série des James Bond.
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- (en) M. Provatakis-Theocharis (trad. Météores : Histoire des monastères et du monachisme), Meteora: History of the Monasteries and Monasticism, Michalis Toumpis, , 112 p. (ISBN 978-9605400958).
- Spyrídon Vlióras (trad. du grec moderne par Marcel Durand), Saints Météores : Des Rochers suspendus dans le ciel, Mílitos, (ISBN 978-9604649297).
- Denis Roubien, Météores : Entre Terre et Ciel, Independently published, , 53 p., Voyage dans la culture et le paysage (ISBN 979-8544802464).
- John Kendril, Guide de Voyage MÉTÉORES 2024 : Dévoiler la mystique: votre guide essentiel du royaume enchanté des Météores, Independently published, , 179 p. (ISBN 979-8883655837).
Notes et références
[modifier | modifier le code]- « Météores », sur unesco.org (consulté le )
- Mark Mazower, Inside Hitler's Greece - The Experience of Occupation, 1941-44, Yale University Press, 2001, p. 108-109 - trad., Dans la Grèce d'Hitler 1941-1944, Les Belles lettres, 2002
- Joëlle Fontaine, La Grèce fut un pilier de la résistance
Liens externes
[modifier | modifier le code]- Ressource relative à l'architecture :
- Ressource relative aux beaux-arts :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :