Pierre Kamdem Ninyim
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Domicile | Baham (à partir de ) |
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Pierre Kamdem Ninyim, plus jeune ministre africain à 20 ans, parlementaire, chef Baham, est un homme politique camerounais, condamné et exécuté à Bafoussam sur la place publique le .
Biographie
[modifier | modifier le code]Enfance, éducation et débuts
[modifier | modifier le code]Fils du « chef traditionnel » de Baham, Max Kamhoua, il est envoyé très jeune à Paris, au lycée Blaise-Pascal dans le 16e arrondissement. Samuel Kamé, aussi étudiant en France et comme lui fils de Baham l'aurait longtemps parrainé. Il s'est peu à peu rapproché des milieux « progressistes » parisiens et, comme beaucoup des compatriotes de son âge, s'intéresse davantage au projet nationaliste qu'à celui des colons.
L'administration cherche à en faire le successeur de son père et l'agent docile de sa politique coloniale. Lorsque le chef traditionnel de Baham meurt, le , c'est Kamdem Ninyim qui est placé sur le trône. Il quitte Paris pour les cérémonies d'intronisation à Baham.
Louis-Paul Aujoulat veut en faire le nouveau chef Baham, chefferie au leadership contesté, et épicentre de la contestation nationaliste en pays Bamiléké.
Carrière
[modifier | modifier le code]Pierre Kandem Ninyim a été Chef Baham en succédant à son père en 1954[1], ministre de la santé publique et de la population à seulement 23 ans dans le premier gouvernement de Charles Assalé et député apparenté Front populaire pour l’unité et la paix (FPUP) qui finit par rejoindre les rangs de l’Union Camerounaise (UC) d’Ahmadou Ahidjo en 1961.
Politique
[modifier | modifier le code]Dès son retour précipité de France, il ne cesse de se rapprocher des milieux nationalistes, d'accueillir au sein de son palais les réunions clandestines du mouvement nationaliste et d'encourager ses « sujets » à la désobéissance civile.
Très populaire en pays Bamiléké, il est bientôt rejoint par d'autres jeunes chefs traditionnels de la région tels le chef Marcel Feze de Bandenkop et le chef Jean-Rameau Sokoudjou de Bamendjou, Kamdem Ninyim est un allié pour Soppo Priso.
Soupçonné d'avoir reçu la promesse de Moumié d’être ministre de la défense en cas de victoire et d'organiser un maquis à l’Ouest avec Paul Momo, un climat de méfiance s'installe entre lui et le régime.
Circonstance de sa capture
[modifier | modifier le code]Paul Audat considère l'ex-chef de Baham comme une personne controversée : « Kamdem Ninyim était un assassin, un voyou choisi à l'origine par Aujoulat et qui jouait un double jeu. En 1963, Ninyim était venu me voir à mon bureau, quand la police le recherchait. Je lui ai donné rendez-vous au même endroit le lendemain et c'est là que la police l'a arrêté. Il a été jugé, placé en résidence surveillée et exécuté ».
Il est arrêté manu militari, le , et inculpé pour - entre autres motifs - possession d'armes, incitation à la désobéissance et « reconstitution de ligue dissoute » (l'UPC). Cette arrestation cause un montée des violences dans le maquis en pays Bamiléké. Trois pelotons de gardes camerounais sont envoyés à Baham pour effectuer cette arrestation[2].
Destitution
[modifier | modifier le code]Trois mois plus tard, le , le jeune chef traditionnel est officiellement destitué par le pouvoir colonial au profit de son frère Jean Marie Téguia.
Des historiens considèrent que cette immixtion du pouvoir colonial dans les successions des chefferies constitue l’étincelle qui fit « exploser la poudrière bamiléké».
Exécution
[modifier | modifier le code]Son entreprise visant à convaincre ex maquisards d’abandonner la lutte dans la région la région de l’Ouest convainquent Paul Momo et Noé Mopen d’abandonner le maquis. Ils seront exécutés et assassinés. Il est accusé du meurtre du député Noé Mopen, jugé au mois d’, condamné à mort, et fusillé le [3] à Bafoussam » sur la place publique. Il est exécuté devant des milliers de personnes (40 000 « spectateurs ») sommées par les autorités d'assister au supplice[4].
Par son exécution sur la place publique à Bafoussam, il paierait ainsi le prix de ses sympathies avec l’UPC qu'il a connue au milieu des années 1950 pendant ses études en France.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- « UN PARLEMENTAIRE CAMEROUNAIS EST CONDAMNÉ A MORT », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- Kamerun ! Une guerre cachée aux origines de la Françafrique, 1948-1971, avec Manuel Domergue et Jacob Tatsitsa, La Découverte, "Cahiers libres", Paris, 2011, 742 p. (ISBN 9782707159137) p. 209.
- Daily Retro, « 03 janvier 1964 : Kamdem Ninyim Pierre est exécuté à Bafoussam », sur Daily Retro, (consulté le )
- Kamerun ! Une guerre cachée aux origines de la Françafrique, 1948-1971, avec Manuel Domergue et Jacob Tatsitsa, La Découverte, "Cahiers libres", Paris, 2011, 742 p. (ISBN 9782707159137) p. 547.